Journal d'écoute / Listening Diary
2011-03-10
ANTHONY BRAXTON / Trillium R: Shala Fears for the Poor (Composition No. 162) (New Braxton House)
Composé en 1991, enregistré en 1996, publié en 1999, puis réédité virtuellement par New Braxton House en 2011, Trillium R: Shala Fears for the Poor est un opéra. Oui. Une grosse production avec 10 chanteurs, des solistes, un orchestre, des danseurs - la totale. Quatre actes, trois heures de matériel, un appareillage philosophique qui encadre le tout, un système compositionnel typiquement braxtonien (où tout est en relation avec tout), des personnages dont les caractères changent d’un acte à l’autre, une histoire de consommation, de manipulation des goûts de la population, de crises éthiques, de pression sociale. Pensé comme le premier de toute une série d’opéras - mais cette production a coûté très cher (monétairement) à Braxton, qui a mis de côté les grands déploiements de ce genre depuis. Quelques thèmes très mélodiques (pour du Braxton), fortes influences de Berg, Shoenberg, Stravinsky, Lutoslawski (entre autres). Pourtant un style très braxtonien (suffit d’entendre la toute première mélodie pour le reconnaître). En somme, très différent mais familier - et, comme tout Braxton, impossible de tout absorber la matière en une seule écoute. Il en faudra plusieurs pour percer les subtilités du livret et les méandres de la partition.
Composed in 1991, recorded in 1996, released in 1999, then reissued in virtual form by New Braxton House in 2011, Trillium R: Shala Fears for the Poor is an opera. Yep. A large production with 10 singers, soloists, orchestra, dancers – the whole enchilada. Four acts, three hours of material, a philosophical framework, a typically Braxtonian compositional system (where everything is related to everything else), characters whose personalities change with each act, a plot about consumerism, manipulating people’s tastes, ethical crises, and peer pressure. Designed as the first in a whole series of operas – although the production was very costly and Braxton seems to have shelved such large-scale projects since. A few highly melodic themes (in Braxtonian terms), strong influences from Berg, Shoenberg, Stravinsky, Lutoslawski (among others). And yet, the style is Braxtonian to the bone, recognizable from the very first soprano sax line. All in all, very different yet familiar-sounding, and, like any Braxton work, impossible to absorb in a single listen. It will take several listens to get to the bottom of the libretto and score’s multiple meanings.
RON ANDERSON’S PAK / Secret Curve (Tzadik)
Après le long “headrush” de Trillium R, j’avais besoin de me ventiler les esprits. Ouf! Ça soufflait de partout avec ce nouveau PAK. Sur Secret Curve, Ron Anderson joue de la basse (au lieu de son habituelle guitare électrique) et a sciemment composé le matériel pour mettre son batteur Keith Abrams au défi. Tim Byrnes (trompette, cor français (!) et claviers) complète le trio de base, auquel s’ajoute quelques invités de marque, dont le pianiste Anthony Coleman sur l’excellente “Caffeine Static Rendezvous” et l’électronicien Jérôme Noetinger (de la cellule d’intervention Metamkine). Onze compositions math-rock/avant-prog frénétiques, pleines de rebondissements et exécutées à la perfection, avec, dans le cas de “Kempelen’s Automaton”, un côté carrément festif. Chaudement recommandé!
After the long headrush that was Trillium R, I needed to vent out my ears. And the new PAK was quite a gust of fresh air. On Secret Curve, Ron Anderson plays bass instead of his trusted electric guitar, and specifically wrote music to challenge his drummer Keith Abrams. Tim Byrnes (on trumpet, French horn (!), and keyboards) rounds up the core trio, to which are grafted a number of guests, like pianist Anthony Coleman on the excellent “Caffeine Static Rendezvous” and electronician Jérôme Noetinger. Eleven compositions of frantic math rock/avant-prog, full of twists and turns, and perfectly executed, with, in the case of “Kempelen’s Automaton,” a surprisingly festive side. Heartily recommended.
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