Journal d'écoute / Listening Diary
2010-05-30
2e écoute/2nd listen: RICHARD CHARTIER / A Field for Mixing (Room40)
(D’abord chroniqué dans l’entrée du 2010-05-27.) Un très beau travail, à écouter fenêtres fermées, sans bruits extérieurs, mais pas nécessairement en lui consacrant toute son attention. “Fields for Recording 1-8”, très délicate, offre une série de longues ambiances spatiales, statiques ou non (on entend même de la musique dans l’une d’elles). “A Desk for Mixing” tient du génie: un assemblage si ténu mais si solide, de doux moments de son ambiant, qui s’effacent lentement, avec de longues pauses qui chaque fois semblent indiquer une fin toujours plus loin repoussée. La meilleure pièce de Chartier depuis quelque temps.
[First reviewed in journal entry 2010-05-27.] Some very fine work, worth listening with all windows closed, no outside noise, but you don’t have to devote all your attention to it. “Fields for Recording 1-8”, very delicate, features a series of long spatial ambiances, some static some not (you can even hear some music in one of them). “A Desk for Mixing is pure genius: an extremely frail assemblage of quiet moments of ambient sound, yet so strong, with pregnant pauses that each time lure you to think it’s over. Chartier’s best composition in a while.
2010-05 31
MICHAEL ELLISON / Invocation (Innova)
Compositeur américain, Michael Ellison réside à Istanboul. Invocation propose trois œuvres très différentes. D’abord un quatuor à cordes vif , presque “new complexity” dans sa facture, interprété par le Borromeo String Quartet. Puis un très beau triptyque pour flûte solo (Helen Bledsoe, tout à fait convaincante). Enfin, “Elif” pour hafiz et ensemble de chambre, mettant en vedette le hafiz Kâni Karaca, dont c’est le dernier enregistrement (il est décédé quatre mois plus tard). Il s’agit d’une complainte atmosphérique et monotone, intéressante sur papier, mais qui tombe plutôt à plat. Le reste est bien, le solo de Bledsoe étant particulièrement réussi.
American composer Michael Ellison now resides in Istanbul. Invocation features three very different works. First up is a lively string quartet, almost “New Complexity”-styled, performed by the Morromeo String Quartet. Then, a beautiful triptych for solo flute (Helen Bledsoe, totally convincing). Finally, “Elif” for hafiz and chamber ensemble, featuring hafiz singer Kâni Karaca in his last recording (he died four months later). This one is a monotonous dirge, interesting on paper but rather flat-sounding. The rest of the album is fine, with Bledsoe’s solo performance being the highlight.
ZEITGEIST / In Bone-Colored Light (Innova)
Un solide disque de musique contemporaine, j’aime beaucoup. Faut dire que Zeitgeist est un quatuor pas comme les autres: piano, vents et deux percussionnistes. L’accent est donc placé sur la rythmique. Œuvres d’Anthony Gatto, Ivo Medek, Jerome Kitzke, Kathy Kackanich et Ethan Wickman. Le Gatto, “Lucky Dreams” développe une complexité rythmique zappesque qui m’a parlé immédiatement. Le triptyque “Angles of Repose” de Wickman offre une musique étoffée et éminemment complexe, qui frôle Rock-in-Opposition.
A strong contemporary music record, I like it a lot. Then again, Zeitgeist is not your usual quartet: piano, woodwinds, and two percussionists. So the focus is on rhythm. Works by Anthony Gatto, Ivo Medek, Kerome Kitzke, Kathy Kackanich and Ethan Wickman. The Gatto piece, “Lucky Dreams”, unfolds in a Zappa-esque rhythmical complexity that immediately talked to me. Wickman’s triptych “Angles of Repose” offers sophisticated and highly complex music that verges on rock-in-opposition.
ROBERT MARCEL LEPAGE & RENÉ LUSSIER / Chants et danses du monde inanimé (Ambiances Magnétiques)
J’avais le vinyle depuis des lustres, mais pas la réédition CD de 1996. J’ai profité du passage de René Lussier au FIMAV pour me la procurer. Ce disque de 1984, le tout premier oficiellement paru chez Ambiances Magnétiques, est un excellent exemple de ce qu’on appellera “musique actuelle” québécoise. Lepage aux clarinettes multiples, souvent multipistes; Lussier à la guitare et la podorythmie, un peu de daxophone aussi je crois. Une séquence de courtes pièces semi-improvisées aux textures rêches comme le béton, dissonantes comme le trafic en ville, mais pleines de vie, une vie résolument urbaine. La réédition rajoutait une nouvelle séance enregistrée en 1996 (au prix d’éliminer une pièce de l’album original, “Beyrouth, à défaut d’être mort” - pourquoi diantre je ne sais pas), tout aussi folle et créative. Du grand art, du grand Lussier et possiblement le disque le plus exigeant de Lepage, au style habituellement plus léger.
I have had the LP for ages, but not the 1996 CD reissue. So I grabbed at FIMAV, where René Lussier performed. From 1984, the very first official Ambiances Magnétiques release is an excellent example of what would be called Quebec “musique actuelle”. Lepage on multiple, often multitracked clarinets; Lussier on guitar, foot-tapping, and I think some daxophone. A sequence of rather short semi-improvised pieces with rough textures like concrete, dissonances like a trafic jam, and very lively, like a bustling city. The reissue added a new session recorded in 1996 (9 tracks, at the cost of eliminating “Beyrouth, à défaut d’être mort” from the original LP, don’t know why). These are just as creazy and creative as the original pieces. Great music, a great Lussier record, and Lepage’s most demanding album - his music is usually somewhat lighter and more accessible.
ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Cumbia Beat, Vol. 1 (Vampisoul - merci à/thanks to Forced Exposure)
Woo-hoo! 80 minutes (sur deux disques) de “sons tropicaux du Pérou dominés par la guitare expérimentale, 1966-1976”! En clair, 25 chansons et pièces instrumentales qui mélangent cumbia et guitare fuzz, un joyeux mélange de rythmes latinos et d’énergie rock. Oui, on pense à Santana, évidemment, mais il y a plus ici: de la musique des Andes, du kitsch, du go-go, de la guitare surf et même de la grosse distortion. Beaucoup de plaisir, peu de prétention, et des airs que vos amis n’ont jamais entendu auparavant, c’est garanti!
Woo-hoo! 80 minutes (over two CDs) of “experimental guitar-driven tropical sounds from Perú 196-1976”! In other words, 25 songs and instrumentals blending cumbia and fuzz guitar, a festive blend of Latin rythms and rock drive. Yes, Santana comes to mind, but there’s more: music from the Andes, kitsch, go-go, surf guitar, and even some thick distortion guitar. Lots of fon, very little pretension, and tunes your friends have never heard before, it’s guaranteed!
THE INGOES / Before We Were Blossom Toes (Sunbeam - merci à/thanks to Forced Exposure)
L’étiquette Sunbeam continue de gratter tous les fonds de tiroirs des Blossom Toes. The Ingoes était le groupe antérieur aux Blossom Toes, 1964-1966, produit à l’époque par le grand Giorgio Gomelsky. Ils ont connu le sort de nombreux autres groupes pop britanniques de l’époque: inconnus chez eux, populaires à l’étranger, au point de passer plusieurs mois à Paris. Le succès (relatif) de Blossom Toes a éclipsé les réalisations de ce groupe, qui a produit quelques 45 tours, colligés ici à côté de démos et d’une chanson en concert. Sympathique, très dérivatif des Beatles première époque - même une version française et une autre italienne de “Help”! Mais peu d’intérêt somme toute, autre qu’historique, et même là.
Sunbeam Records keep on ploughing the bottom drawers of The Blossom Toes. The Ingoes were the band that preceded the Toes, 1964-1966. They were managed by the great Giorgio Gomelsky. Like many other British acts, they were unknown at home, popular abroad, enough to land a residency in Paris for a while. The (relative) success of Blossom Toes has eclipses their achievements, but they did record a few 45s, culled here alongside demos and one live song. Enjoyable, highly derivative of early Beatles - there’s even a French and an Italian version of “Help!” But little interest over all, beside a historical one.
JÓHANN JÓHANNSSON / And in the Endless Pause There Came the Sound of Bees (NTOV / Cobraside)
D’abord paru l’an dernier sous forme de vinyle en édition limitée, maintenant disponible au grand public. Superbe album, une trame sonore, typiquement Jóhannssonesque: des tonnes de cordes langoureuses, des mélodies minimalistes mais évocatrices. Pas super-marquant, mais rien à redire sur le fond ou la forme. Un disque de fin de soirée.
First released last year as a limited-edition vinyl, now available to the masses. Splendid album, a soundtrack, typically Jóhannssonian: tons of languid strings, minimalistic but highly evocative melodies. Not stunning, but I got nothing to criticize about the form or content of this album. A late evening record.
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