2014-03-26
Enfin,
une nouvelle œuvre majeure de Janek Schaefer... et son premier disque chez 12k,
une étiquette très fiable. Lay-by Lullaby
fait suite, en quelque sorte, à son installation Asleep at
the Wheel. Bruit de véhicules qui filent, musique soporifique à la radio,
l’assemblage sonore de Schaefer invite à faire une pause, à faire une sieste
même, parce que la fatigue au volant tue. Un album très délicat qui joue sur
diverses notions – le kitsch, la relaxation, le rêve – d’une manière fine et
approfondie.
Finally, a new major work from Janek Schaefer... and his debut release
on the much-trusted 12k label. Lay-by
Lullaby is a follow-up of sorts to his sound installation Asleep
at the Wheel. Sounds of cars passing by, soporific music
drifting from the radio, Schaefer’s audio assemblage invites us to stop on the
curb and take a nap (tiredness as the wheel kills, folks). A very quiet album
that plays with ideas like kitsch, relaxation, and dreams in sophisticated
ways.
Le
pianiste suisse Jacques Demierre dans la série compositeurs de Tzadik. Breaking Stone propose trois œuvres bien différentes: un duo
violon et guitare (tiens, je ne savais pas qu’il composait pour d’autres
instruments que le piano), un triptyque pour piano mécanique et pianiste (qui
se limite à actionner la pédale forte) et la pièce-titre pour piano et voix.
Cette dernière, à 40 minutes, est le point d’attrait principal du disque. Il
s’agit d’une exploration approfondie des relations possibles entre le piano et
la voix. Demierre aboie, sussurre et psalmodie, ses vocalises intersectant les interventions
pianistiques, résonant avec elles dans le corps du piano. C’est une étude
fascinante, bien qu’aliénante par moments. La pièce pour violon et guitare
s’intéresse à des sonorités ténues, des techniques étendues et les harmoniques
– palette sonore intéressante, écriture pas entièrement convaincante.
Swiss pianist Jacques Demierre in Tzadik’s “composer series”. Breaking Stone features three very
different works: a violin/guitar duo (I didn’t know he was writing for other
instruments), a triptych for player piano and pianist (whose role consists in
depressing the sustain pedal), and the title track for piano and voice. The
latter, with its 40-minute duration, is the magnum opus on this CD. It consists
in an in-depth exploration of possible relationships between voice and piano.
Demierre barks, whispers and chants, his vocals intersecting with his pianistic
interventions, both resounding together in the body of the piano. This is a
fascinating study, though it gets alienating at times. The violin and guitar
piece focuses on tiny sounds, extended techniques, and harmonics – interesting
sound palette, but I’m not entirely convinced by the piece’s organization.
Au
départ, Cordâme était un trio à cordes. Puis, au fil des albums, le groupe du
contrebassiste montréalais Jean-Félix Mailloux a grandi. Sur Rêve éveillé, violon, violoncelle et contrebasse sont
rejoints par les clarinettes de Guillaume Bourque, la harpe d’Annabelle Renzo,
la batterie d’Isaiah Ceccarelli et, surtout, le piano de François Bourassa.
Enregistré devant public en mars 2013, ce disque propose surtout de nouvelles
compositions (et les trois ou quatre déjà connues ont droit à de nouveaux
arrangements). La musique de Mailloux rejoint de plus en plus celle de John
Zorn (dans son côté jazzé un peu mystique): facile d’écoute, métissée de
diverses influences mondiales, sensuelle et riche d’une profonde recherche
artistique. Le mariage entre Cordâme et Bourassa frôle la perfection. Un baume
pour l’âme. [CI-dessous: Ce lien ouvrira le lecteur média du site
actuellecd.com, chargé de quatre morceaux du disque.]
At first, Cordâme was a string trio, but Montreal bassist Jean-Félix
Mailloux’s band keeps on growing in size. On Rêve éveillé, violin, cello and
doublebass are joined by Guillaume Bourque’s clarinets, Annabelle Renzo’s harp,
Isaiah Ceccarelli’s drumkit, and, most importantly, François Bourassa’s piano.
Recorded live in March 2013, this new album features mostly new compositions
(and the ones that were previously recorded have been rearranged). Mailloux’s
music is growing closer and closer to John Zorn’s jazzier, mystical side: easy
to listen to, hybridized with various world cultures, sensual, and rich from a deep
artistic process. The match between Cordâme and Bourassa (one of Quebec’s
top-rated jazz pianists) borders on perfection. Balm for the soul. [Below: This link will open the
actuellecd.com media player loaded with four tracks from the album.]
Depuis
La Poursuite de l’excellence en 2011,
Vialka s’était fait discret sur disque. Oui, il y a eu des tournées incessantes
et cette collaboration avec Kruzenshtern i Parohod sous le nom de KiV
Orchestra... bon, finalement, le duo d’Eric Boros et Marylise Frecheville n’a
pas chômé une minute. Et arrive maintenant À l’abri des regards
indiscrets, un projet complètement différent livré sous forme
d’objet inusité. Le projet d’abord: un opéra à deux! 40 minutes, 12 scènes, des
textes chantés en anglais et en français (avec parfois des jeux de mots
glissant d’une langue à l’autre), une instrumentation hyper-réduite (la guitare
baryton de Boros, quelques percussions – pas de batterie – pour Frecheville).
Le thème: la relation amoureuse. La musique: souvent simple, minimaliste même,
très différente des morceaux déjantés auxquels Vialka nous a habitué, même si
on reconnait la folie du duo dans cette œuvre qui se perd un peu dans son
propre désir de recherche. Après deux écoutes, je salue le courage, mais je
doute qu’À l’abri des regards indiscrets se
glisse parmi mes Vialka préférés. Cela dit, l’objet-disque, lui, est splendide:
livre toilé de 12 cm x 21 cm, pages à rabats, conception très originale,
photos, textes reproduits avec mise en page imagée et traductions françaises,
anglaises et chinoises (!) – la totale, quoi. [Ci-contre: En plus de la
pochette, une photo qui donne une idée de la beauté de l’objet. Ci-dessous:
Écoutez tout l’album sur bandcamp.]
Since La Poursuite de
l’excellence in 2011, Vialka has been quiet on record. Yes,
there’s been incessant touring, and that project with Kruzenshtern i Parohod
entitled KiV Orchestra, and... okay, I doubt Eric Boros and Marylise
Frecheville even took one weekend off. And here they are with À
l’abri des regards indiscrets, a completely different
project delivered as a completely different object. First, the project: an
opera for two! 40 minutes, 12 scenes, a libretto sung in French and English
(with bilingual word plays as they switch from one language to the other),
hyper-limited instrumentation (Boros’s baritone guitar, some percussion for
Frecheville – no drum kit). The topic: the romantic duo. The music: often
simple, minimalist even, very different from the off-kilter songs we’re used
to, though the duo’s zaniness is immediately recognizable. This work kinda lose
itself in its own format. After two spins, I commend Vialka for their boldness
and courage, but I doubt that À l’abri des regards indiscrets will find a spot among my favourite Vialka records. However, the
physical object is fabulous: a CD housed in a book, 12x21 cm, folding pages,
highly original design, great photographs, and the whole libretto reproduced in
French, English, and Chinese (!) – they went all the way for this release. [Beside: In addition to the cover artwork,
a picture that gives you an idea of what this object looks like. Below: Stream
the whole album on bandcamp.]
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