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2013-11-19

2013-11-18: Taylor Ho Bynum 7-Tette, Gabriel Saloman, Shub-Niggurath

Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-11-18

TAYLOR HO BYNUM SEXTET & 7-TETTE / Navigation (The Complete Firehouse 12 Recordings) (Firehouse 12)
Le problème avec les compositions à canevas variable, c’est qu’elle prenne par défaut une forme “définitive” lorsqu’elles sont endisquées. Un morceau, comme “Navigation”, aux éléments combinatoires (six mouvements distincts, dont l’ordre, les enchaînements et la teneur dépendent de diverses décisions) se retrouve ainsi figée pour la postérité dans l’une de ses nombreuses formes possibles. Comment, donc, présenter l’éventail des possibilités d’une telle composition à son auditoire? La réponse de Taylor Ho Bynum? En en proposant quatre versions. Et que faire si cela représente vraiment beaucoup de matériel? La réponse de Firehouse 12 Records: publier deux réalisations (Possibility Abstracts X & XI) sous forme de vinyle double, publier les deux autres (Possibility Abstracts XII & XIII) sous forme de CD double, et offrir aux acheteurs de l’un et de l’autre un code pour télécharger l’ensemble. Les quatre réalisations (de 43 à 54 minutes chacune) sont vraiment différentes les unes des autres – suffisamment pour que je décide de les écouter toutes la même journée, sans regretter ce geste. Bynum est un compositeur très fort, on le sait, mais il atteint ici un niveau inégalé. “Navigation” ouvre de merveilleuses possibilités et combinent habilement passages de jazz actuel finement composés, improvisations libres et de nombreux états entre ces deux pôles. Il est appuyé par de très grands musiciens – Jim Hobbs, Bill Lowe, Mary Halvorson, Ken Filiano, Tomas Fujiwara et Chad Taylor. Je crois préféré la version XII, qui contient des passages rythmiques plus appuyés, mais cette impression pourrait bien changer à chaque écoute successive.  [Ci-dessous: Écoutez l’album sur bandcamp.]
The problem with variable-geometry compositions is that they take a “definitive” form by default when they get recorded. A piece like “Navigation”, consisting of combinatory elements (six distinct movements whose order, transitions and feel depends on various decisions) becomes fixed into only one of its countless possible outcomes. So, how can one give the music-buying public an adequate idea of the possibilities of such a work? Taylor Ho Bynum’s answer: by releasing four realizations of said work. And what should you do with such an abundance of material? The Firehouse 12 label’s answer: release two realizations as a double LP set (Possibility Abstracts X & XI), two more as a double CD set (Possibility Abstracts XII & XIII), and give buyers of either a code to download the whole shebang. All four realizations (each 43 to 54 minutes in length) are truly different from one another – enough so that I decided to listen to all four today, and I didn’t regret that decision. Bynum is one strong composer, that I knew, but here he achieves an unparalleled level. “Navigation” opens wonderful possibilities and combines carefully written-down avant-jazz passages, moments of free improvisations, and numerous other states in between these extremes. And Bynum is surrounded by top musicians: Jim Hobbs, Bill Lowe, Mary Halvorson, Ken Filiano, Tomas Fujiwara, and Chad Taylor. I believe my favourite one is version XII, which contains heavier rhythmic bits, but that feeling will probably change with each subsequent listen. [Below: Listen to the album on bandcamp.]

GABRIEL SALOMAN / Soldier’s Requiem (Miasmah – merci à/thanks to Dense Promotion)
Deuxième album solo de Gabriel Saloman (une moitié des Yellow Swans). Soldier’s Requiem convient parfaitement à l’esthétique de l’étiquette Miasmah (qui publie aussi Kreng et Svarte Greiner): mélange de post-classique, de drone, de bruitisme, d’un gothique raffiné. “Mine Field” propose de splendides guitares planantes qui évoquent Godspeed You Black Emperor, avant d’introduire un piano un peu bancal qui nous plonge directement dans le territoire un peu horreur/suspense de Kreng. On a aussi droit aux percussions d’une marche militaire de fin du monde, entre autres bonbons amers. Pas parfait au niveau du “pacing”, mais très réussi.
Second solo album by Gabriel Saloman (one half of Yellow Swans). Soldier’s Requiem is a perfect fit for the Miasmah label (who also has releases by Kreng and Svarte Greiner): a blend of post-classical, drone, noise, and a sophisticated Gothic esthetic. “Mine Field” features gorgeous guitar textures reminiscent of early Godspeed You Black Emperor, before it introduces a clanky piano that takes us straight into Kreng’s horror/suspens pasture. The percussion line of an end-of-the-world military march also ranks among the bitter ear candy this album has to offer. Not perfect pacing-wise, but an artistically successful album.

SHUB-NIGGURATH / C’étaient de très grands vents (Musea)
Évidemment, les Français Shub-Niggurath ont peu endisqué, ce qui donne l’impression que leur musique a progressé par d’immenses bons. Or, cinq ans se sont écoulés entre Les Morts vont vite (1986), un sommet du rock-in-opposition zeulesque, synthèse d’Univers Zero et de Magma, et C’étaient de très grands vents (1991), où l’improvisation et les techniques étendues occupent beaucoup de place (mais moins que sur Testament). Ce deuxième disque studio est toute une aventure, une écoute difficile. L’arrivée du batteur Edward Perreau change complètement la donne – finesse, recherche et spontanéité remplacent la pesanteur (fort agréable) du premier disque. Déroutant, même s’il y a des moments forts. Il faut presque approcher ce disque comme l’œuvre d’un autre groupe.
Of course, French band Shub-Niggurath recorded very seldomly, which gives the impression that their music progressed in huge leaps. But five years went by between Les Morts vont vite (1986), a magnum opus of in the field of zeulesque RIO, a synthesis of the soundworlds of Univers Zero and Magma, and C’étaient de très grands vents (1991), where free improvisation and extended techniques take a lot of room (but not as much as on the next one, Testament). This second studio opus is quite an adventure, and a demanding listen. The arrival of drummer Edward Perreau changed everything – finesse, research, and spontaneity replaced the (quite enjoyable) heaviness of the debut album. A surprising album, not without its highlights, but it should be approached as the work of a different band, as for Testament.


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