Journal d'écoute / Listening Diary
2012-10-31
KOJI ASANO / Mileage Reimbursement (Solstice)
À chacun sa musique d’Halloween, mais cette nouvelle
œuvre de Koji Asano pourrait faire fuir nombre de déguisés ce soir – c’est
qu’Asano n’entend pas le son comme le commun des mortels. Mileage
Reimbursement consiste en une seule pièce de 64 minutes.
Monolithique et statique, sans être carrément répétitive (ou alors sur un cycle
trop long pour que je puisse mettre le doigt dessus). On semble entendre: des
textures de cordes soutenues, sortes de glissandos atonaux; des accords
pointus, soit de piano, soit d’orchestre, soit des deux; d’occasionnelles notes
de cuivres (trompette, cor); et des roulements de caisse claire. En fait, tout
cela pourrait bien être une pièce pour orchestre déconstruite, recombinée et
filtrée par granulation – oui, cette granulation si caractéristique d’Asano,
qui donne à toute sa musique un air d’étirement temporel, de sursaturation
numérique, d’interférence. À plusieurs moments j’ai eu l’impression que, si ce
voile bruitiste pouvait se lever ne serait-ce que quelques secondes,
j’arriverais à identifier la source orchestrale. Or, je ne la connais peut-être
pas – c’est peut-être même une composition d’Asano. Mystère. Énigme. Asano.
To each his own Halloween music, but this new piece
by Koji Asano could easily keep trick-or-treaters at bay tonight. You see,
Asano doesn’t hear sound like you or even me. Mileage
Reimbursement consists of a single 64-minute piece. Monolithic, static,
though not exactly repetitive (or if it is repetitive, it would be over a cycle
that is too long for me to pinpoint). I feel like I’m hearing: sustained
strings textures, like atonal glissandos; piano chords or orchestral cues;
occasional brass notes (trumpet, horn); and snare drum rolls. Actually, all
this could be a piece for orchestra, deconstructed, recombined, and heavily
processed by granulation – yes, the granulation so characteristic of Asano’s
works, the treatment that often fives his music a sense of temporal stretching,
digital oversaturation, and interference. At several points in the piece, I
felt like I could identify the orchestral work if only the noise veil would
lift for only a few seconds. Yet, I probably don’t known the piece – and it
might even be one of Asano’s own compositions. Mystery. Puzzle. Asano.
LATA / Starlings (Exotic Pylon Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Lata, c’est Jacob Burns de Cindytalk, et Starlings est
son premier album solo. Ce disque consiste en une seule piste de 44 minutes,
mais il s’agit en fait d’une suite en neuf mouvements (et on aurait facilement
pu la diviser en neuf pistes). Musique électronique allant de la techno chill à
l’ambiant expérimental, avec de bons thèmes et des textures bien choisies.
L’ensemble est plutôt cinématique, évocateur, agréable d’écoute. Pas
phénoménal, mais convaincant.
Lata is Cindytalk’s Jacob Burns, and Starlings
is his solo debut. This CD features a single 44-minute track, although the
piece itself is in nine separate movements. Electronic music ranging from chill
techno to experimental ambient, with some good themes and well thought-out
textures. The album as a whole is quite cinematic, evocative, and enjoyable.
Nothing phenomenal, but convincing work.
CLOCKWORK ORCHESTRA /
Friends Without Names (White Label Music
- merci à/thanks to Dense Promotion)
Amusant, ce disque: Paul Mangan, un irlandais, écrit
et réalise de chansons plutôt naïves sur des instruments électroniques désuets:
boîtes à rythmes, casios, etc. Ces chansons réussissent à proposer une certaine
fraîcheur à partir d’une instrumentation poussiéreuse. Pensez à Dan Deacon sans
l’agacement. Sympa. [Ci-dessous:
Vidéomusique officielle pour la chanson “Talking to the Flowers”.]
This CD’s fun. Paul Mangan, an Irishman, writes and
produces rather naive songs on outdated electronic equipment: beatboxes,
Casios, you know. These songs manage to sound fresh despite their dusty
instrumentation. Think a less annoying Dan Deacon. Quite enjoyable. [Below:
Official music video for the song “Talking to the Flowers.”]
JACK DUPON /
Bascule à vif (Transit Music Group/Musea)
Fort de deux solides disques studio, voilà que le
groupe français de rock progressif déjanté Jack Dupon livre un disque double en
concert. Un live de 110 minutes capté en octobre 2011. Une énergie folle à
souhait pour coiffer des textes débiles appuyés par des musiques qui empruntent
autant à Etron Fou Leloublan qu’à King Crimson. La seule chose qu’on puisse
reprocher à Bascule à vif, c’est l’absence de nouveau matériel
– On a droit à presque tout le matériel du second album, Démon hardi, (dans
le désordre), plus “Cousine” et la “Trilogie des mouches” (une demi-heure, tout
de même) du premier opus. Solos plus longs, moments de folie, et on sent que le
groupe est à son meilleur devant public. [Ci-dessous: Écoutez tout l’album.]
With two studio albums on their belt, French
avant-prog rock band Jack Dupon have delivered a double live album. A
110-minute concert recorded in October 2011. Zany energy driving absurdist
lyrics backed by music falling somewhere between King Crimson and Etron Fou
Leloublan. Bascule à vif’s only downside is the lack of new
material – the band performs most of their second album, Démon
hardi (tracks are sequenced in a different order), plus “Cousine” and the
half-hour “Trilogie des mouches” from their debut CD. Longer solos, moments of
craziness, and it is clear that this band is at its best in front of an
audience. [Below: Stream the whole album.]
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