Journal d'écoute / Listening Diary
2012-04-02
SVEN-ÅKE JOHANSSON / Die Harke und der Spaten: About the Love Life of
the Garden Tools (Umlaut Records)
Cette nouveauté d’Umlaut Records est en fait un
document d’archive. Enregistré en 1998, ce disque présente un projet pour le
moins particulier du célèbre batteur free-jazz Sven-Åke Johansson – particulier
et germanophone. Johansson n’y joue pas de batterie (à peine un peu
d’accordéon): il y raconte les positions amoureuses des outils de jardin. Un long
texte dadaïste dit-chanté (surtout dit, mais on sent l’influence de Harry
Partch), accompagné de musiques interprétées par Matthias Bauer, Axel Dörner,
Mats Gustafsson, Per-Åke Holmloander, Sten Sandell et Raymond Strid - un bel
ensemble. Le texte est omniprésent et la barrière linguistique est donc haute,
ce qui ne permet pas d’apprécier la musique (mélange de segments composés et
d’improvisation libre) en elle-même.
This new Umlaut Records release is actually an
archival document. Recorded in 1998, this CD documents a rather peculiar
project by famous free-jazz drummer Sven-Åke Johansson – peculiar and
Germanophone. Johansson doesn’t play the drums on this (just bits of
accordion): instead he is telling us about the various positions found in love
rituals of garden tools. It is a long Dada text, spoken-sung (mostly spoken,
but there is a Harry Partch influence) by Johansson and backed by music
performed by Matthias Bauer, Axel Dörner, Mats Gustafsson, Per- Åke Holmlander,
Sten Sandell and Raymond Strid - a fine ensemble. The text is key to this work,
which makes the language barrier very difficult to ignore. I can’t appreciate
the music (a blend of composed segments and free improvisation) on its own
terms.
RON ANDERSON - ROBERT L. PEPPER - DAVID TAMURA - PHILIPPE PETIT / Closed Encounters
of the 4 Minds (Live @ BC Studio) (Public
Eyesore)
Collaboration inattendue et fort intéressante entre le
guitariste Ron Anderson (The Molecules, PAK, The Infusion), le claviériste
Robert L. Pepper (PAS), le saxophoniste David Tamura et le
platiniste-électronicien Philippe Petit (Strings of Consciousness). Une
improvisation de 48 minutes découpée en huit parties et enregistrée en une
passe en novembre 2010 – seul Petit a ajouté par la suite une piste de
psaltérion électrique à deux des huit parties. De l’impro oscillant entre vol
planant et free rock puissant – une version plus bruyante et intense de la
trilogie en cours de Petit. Un peu brouillon (sursaturation dans la dernière
partie), quelques longueurs, mais plusieurs moments inspirés. Et Pepper déploie
d’impressionnantes envolées rétrofuturistes.
An unexpected and quite interesting collaboration
between guitarist Ron Anderson (The Molecules, PAK, The Infusion), keyboardist
Robert L. Pepper (PAS), saxophonist David Tamura, and turntablist-electronician
Philippe Petit (Strings of Consciousness). A 48-minute improvisation split into
eight parts and recorded in one take in November 2010 – only Petit went on to
add a track of electric psalterion in two parts. Free improvisation oscillating
between aerial headtrip and powerful free rock – a noisier and more intense
take on Petit’s current trilogy in progress. An imperfect recording (serious
oversaturation in track 8), some overlong passages, but there plenty of
inspired moments. And Pepper pulls off some impressive retrofuturistic bits.
Évidemment, je reçois ce nouveau disque du compositeur
turc Erdem Helvacioglu APRÈS lui avoir consacré une heure à Délire actuel.
J’aurai donc à diffuser un addendum à mon portrait musical. D’autant plus que
ce disque est délectable et très différent de ses œuvres antérieures. Eleven
Short Stories propose onze courtes pièces au piano préparé. Pas du
tout d’électroniques ou d’électroacoustiques. Qu’un piano à queue, cinq
microphones et des préparations. La musique est souvent lente et méditative,
avec la pédale gardée bien enfoncée, pour laisser le temps à toutes les
résonances de se déployer. La prise de son est parfaite, l’ambiance recueillie
et la beauté palpable. Des musiques simples mais finement étudiées. [Ci-dessous: La pièce d’ouverture, “The
Billowing Curtain”.]
Of course I had to receive this new opus from
Turkish composer Erdem Helvacioglu right after I broadcasted a one-hour musical
profile on him on Délire actuel. Oh well, I guess I’ll have to broadcast an
addendum, especially since this new CD is so enjoyable and different. Eleven
Short Stories feature 11 short pieces for prepared piano. No electronics, no
electroacoustics, only a concert piano, five microphones, and various
preparations. The music is often slow-paced and meditative, with the sustain
pedal depressed through out, in order to let every resonance unfold. The sound
capture is perfect, the mood is quiet, and the beauty is palpable. Simple,
meticulously-designed music. [Below:
The opening track “The Billowing Curtain.”]
JOHN ZORN / Songs from the Hermetic Theatre (Tzadik)
On parle d’hermétique, de mysticisme et de création
sur ce disque qui collige quatre œuvres de Zorn, unifiées par leur sujet mais
disparates dans leurs approches et instrumentations. On a droit à deux cas
rares: une pièce de musique électornique et une pièce de musique électronique
par ordinateur - et la première, “American Magus”, est ma fois plutôt réussie.
Aussi une pièce pour basse électrique piano, tambour, flûte, eau et bol, mais
surtout “Beuysblock”, une pièce pour cordes (Jennifer Choi), piano et une
ribambelle d’objets hétéroclites. Zorn joue tous les instruments (sauf le
violon). “Beuysblock” rappelle l’esprit débridé de ses toutes premières
compositions.
Hermeticism, mysticism and creation are the main
topics on this CD compiling four works. If they are unified thematically, they
are extremely diverse in terms of approach and instrumentation. We are treated
to two rare cases of Zorn composing (and playing) electronic music and computer
music – the former piece, “American Magus,” is a successful kaleidoscopic work.
There is also a piece for electric bass, piano, bass drum, wooden flute, water
and glass bowl, but the main draw here is “Beuysblock” for strings (Jennifer
Choi), piano, and a plethora of small objects. Zorn plays all instruments
(except the violin). “Beuysblock” reminds me of the carefree spirit of Zorn’s
very early works.
DERDIYOKLAR IKILISI / Disko Folk (Guerssen
- merci à/thanks to Forced Exposure)
La région turque de la planète rock recèle bien des
trésors. Derdiyoklar Ikilisi était un groupe d’expatriés turcs basés en
Allemagne. Disko Folk (1979) était leur troisième album. Un très
joyeux mélange des genres, avec airs traditionnels, saz électrique, production
occidentale, textes en turc, etc. La totale du dépaysement et de la “World
Fusion” avant la lettre. À ranger aux côtés d’Edip Akbayram et d’Erin Koray,
bien que ce groupe était plus “freak” que l’un et l’autre. [Ci-dessous: La
chanson “Alman Markl”].
The Turkish corner of our Planet Rock hides many a
gem. Derdiyoklar Ikilisi was a band of Turkish expats based in Germany. Disk
Folk (1979) was their third LP. A fun blend of genres, with folk melodies,
electric saz, Western production values, Turkish lyrics – the whole “World
Fusion” thing before it even existed. File beside Edip Askbayram and Erin
Koray, although this group was freaker than either of them. [Below: The
track “Alman Marlk.”]
ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Saigon Rock & Soul: Vietnamese
Classic Tracks 1968-1974 (Sublime
Frequencies - merci à/thanks to Forced
Exposure)
Maintenant disponible sur CD (après une première
parution sur vinyle), la compilation signée Mark Gergis de rock et de soul
vietnamienne des années 68 à 74. À juger par ce disque, la scène vietnamienne
était nettement plus pesante que celles du reste de l’Asie du Sud-Est. Est-ce
la guerre qui inspirait ces grosses guitares électriques, cette distortion dans
les orgues? Quoi qu’il en soit, Saigon Rock & Soul,
malgré une sélection inégale, propose son lot de trouvailles, à commencer par
les chansons du CBC Band et d’Elvis Phu’o’ng. La qualité des enregistrements
laisse à désirer, mais c’est chose attendue. L’intérêt de ce disque réside dans
les pièces plus hard rock, qui forment environ la moitié du contenu.
Now available on CD (after a first run as a double
LP in 2010) is Mark Gergis’s compilation of Vietnamese soul and rock music from
’68 to ’74. Judging by this record, the Vietnamese scene was clearly heavier
than the rest of South-Eastern Asia. Was it the war that inspired these loud
electric guitars, and all that distortion in the organ tones? In any case, Saigon
Rock & Soul, despite an uneven track selection, features its fair share
of gems, starting with the songs by the CBC Band and Elvis Phu’o’ng. Sound
quality is flawed, but that was to be expected. The main interest here is the
hard rock tracks, which account for roughly one half of the set.
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