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2010-09-21

2010-09-20: Anne LeBaron, Blob, Etron Fou Leloublan, Joanna Newsom

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-09-20


ANNE LEBARON / 1, 2, 3, 4 (Innova)

Innova propose un album double consacré à la harpiste Anne LeBaron, à la fois interprète, compositrice et improvisatrice. Ce disque double la présente dans des solos, duos, trios et quatuors d’improvisation en tous genres, acoustiques et électroacoustiques. Parmi les musiciens qu’elle côtoie ici, remarquons Wolfgang Fuchs, Torsten Müller, Leroy Jenkins (deux beaux duos), Paul Rutherford et John Lindberg. Il s’agit d’un joli compendium, mais je n’ai pas été interpellé, outre par les trois pièces d’un quatuor composé de LeBaron, Müller, Rutherford et Fuchs ou Chris Heenan.

Innova proposes a double album of music by harpist Anne LeBaron. It features the performer/composer/improviser in solo, duo, trio, and quartet settings, all improvisations. She plays alongside Wolfgang Fuchs, Torsten Müller, Leroy Jenkins (two beautiful duos), Paul Rutherford, and John Lindberg. 1, 2, 3, 4 is a fine compendium, but nothing here really grabbed me, except for the three pieces by a quarter consisting of LeBaron, Müller, Rutherford and Fuchs or Chris Heenan (in one track).


BLOB / Earphonious Swamphony (Innova)

Musique improvisée des marais! John Lindberg (contrebasse), Ted Orr (guitare MIDI), Harvey Sorgen (batterie) et leur invité Ralph Carney (instruments à vent) proposent de l’improvisation qui bouillonne, purule, s’enlise, mute, et qui groove avec les grenouilles. Le plus surprenant, c’est que ça ne stagne pas! Trève de plaisanterie, voici un excellent disque de musique tordue et engageante, habillée d’une présentation rigolote. Et les grenouilles, c’est pas une blague: leurs coassements reviennent constamment dialoguer avec les musiciens. 13 courtes pièces qui vont droit au but. “Humidity” est merveilleusement loufoque.

Improvised swamp music! John Lindberg (doublebass), Ted Orr (MIDI guitar), Harvey Sorgen (drums) and their guest Ralph Carney (wind instruments) play bubbling, gargling, festering, mutating improvisations that groove with the frogs. And the surprising thing is that their music is not stagnating! Joking aside, this is an excellent record of twisted and engaging music dressed up in a funny concept. And I’m not kiding about the frogs: their songs provide the album’s leitmotiv, and the musicians engage with them. 13 short, focused tracks. “Humidity” is brilliantly awkward.


ÉTRON FOU LELOUBLAN / Étron Fou Leloublan à Prague (Gazul)

Splendide! Un enregistrement en concert d’Etron Fou, qui plus est à Prague - à l’ambassade française, puisque le gouvernement communiste avait refusé au groupe le droit de se produire en Tchécoslovaquie. Nous sommes en 1984, neuf mois avant l’enregistrement de Face aux éléments déchaînés. Le groupe (alors un trio: Guigou Chenevier, Ferdinand Richard, Jo Thirion) interprète donc surtout les pièces de cet ultime disque à venir, dont les excellentes “Gifle Hubert”, “Tous le poussent” et “Comment choisir son infirmière”. Et un solo déjanté de jouets signé Guigou. Pas un disque essentiel, mais un ajout bienvenu à la discographie du groupe, qui ne comptait pas encore de documents d’archive.

Splendid! A live recording from Etron Fou Leloublan, in Prague - at the French Embassy, since the Communist government had refused the band’s request to play in Czechoslovakia. The year is 1984, nine months before the recording sessions for Face aux éléments déchaînés. The band (by then a trio: Guigou Chenevier, Ferdinand Richard and Jo Thirion) are performing mostly material from that ultimate album, including key tracks like “Gifle Hubert”, “Tous le poussent” and “Comment choisir son infirmière.” Plus a crazy toy solo from Guigou and a coupl of older tracks. Not an essential record, but a welcome addition to the band’s discography, which included no such archival release until now.


JOANNA NEWSOM / Have One on Me (Drag City)

Je bois ses paroles à la fois profondes et naïves; sa voix de fée mutine m’enchante et m’envoûte; ses arrangements me vont vibrer, qu’il s’agisse de harpe solo ou de tout un orchestre. Joanna Newsom fait résonner en moi quelque chose qu’avait fait résonner avant elle Joni Mitchell (Blue), Jane Siberry (The Walking) et Tori Amos (Little Earthquakes). Ys demeure un sommet - un des cinq disques que j’amènerais sur une île déserte), mais Have One on Me lui succède fièrement, après une longue attente. Un album généreux (un triple, deux heures de chansons), qui s’approche pas à pas, en laissant les mélodies complexes et les structures non-linéaires de Newsom séduire l’oreille petit à petit. La dame n’a rien perdu de son originalité, mais elle a calmé les idiosyncraties de sa voix. “’81’ est pour moi un classique instantané. Et “No Provenance”. Et “In California”. Et “Esme” et “Ribbon Bows”. Et. [Ci-dessous: “’81”, prestation pour la BBC.]

I drink her deep-yet-naive lyrics; I am enchanted and entranced by her pixie voice; her arrangements move me, be it solo harp or full orchestra. Joanna Newsom makes me resonate like few ladies before her have: Joni Mitchell (Blue), Jane Siberry (The Walking), Tori Amos (Little Earthquakes). Ys remains a pinnacle, one of the five records I would take with me on a desert island, but Have One on Me is a worthy follow-up, after a long wait. It’s a generous album (three CDs, a total of two hours of songs), that should be approached step by step, giving time to her complex melodies and non-linear developments to gradually charm your ears. The lady has lost nothing of her uniqueness, but she has tamed her vocal idiosyncrasies. To me, “’81” is an instant classic. And so is “No Provenance.” And “In California.” And “Esme” and “Ribbon Bows.” And. [Below: “’81”, live on the BBC.]

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