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2010-06-21

2010-06-21: Luc Ferrari, Z'eV, Water on Mars, Mats/Morgan Band, Agitation Free

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-06-21


Tiens, allons-y d’un avant-midi tout en vinyle.

Let’s have an all-vinyl morning.


LUC FERRARI / Didascalies 2 (Sub Rosa - merci à/thanks to Forced Exposure)

Le grand compositeur Luc Ferrari est décédé en 2005. Peu avant sa mort, il a travaillé avec le pianiste Jean-Philippe Collard-Neven et l’altiste Vincent Royer. Il a alors remis à ces deux musiciens la partition de “Didascalies 2”, en spécifiant que le deuxième piano soit joué par Claude Berset. La première a été donnée en 2008, dans le cadre d’un grand événement Ferrari, et il s’agit de la dernière œuvre de Ferrari qui n’était pas encore connue du public. Sur ce vinyle (oui, disponible uniquement sur vinyle), “Didascalies 2” est présentée en deux versions: la répétition générale devant la conjointe de Luc, puis la première mondiale. Dans les deux cas, il s’agit d’une longue pièce (18 minutes) partant d’une seule note répétitive au piano, à laquelle s’ajoute d’autres notes, puis retour à ce point de départ. Un mécanisme simple, efficace, minimaliste, mais très exigeant pour les instrumentistes et hypnotique pour l’auditeur. Un beau cas d’espèce illustrant à la voix le caractère obsessif et ludique de la musique de Ferrari.

Major composer Luc Ferrari died in 2005. Shortly before he passed away, he had been working with pianist Jean-Philippe Collard-Neven and violist Vincent Royer. He then handed them the score for “Didascalies 2,” specifying that he wanted Claude Berset to be the other pianist. The world premiere took place in 2008, as part of a grand Ferrari event, and it was the last of his works to be made public. This LP (yes, out only on LP) features two recordings of “Didascalies 2” (both around 18 minutes): the dress rehearsal before Ferrari’s spouse, and the premiere performance. In both cases, the piece tarts from a single note repeated on the piano, to which other notes are gradually added, then substracted to return to the initial note. A simple, minimal, efficient device, though very demanding on the performers and quite hypnotic for the listeners. A fine case where Ferrari’s obessive streak and playful streak have met.


Z’EV / as/if/when (Sub Rosa - merci à/thanks to Forced Exposure)

Deux prestations en concert, alors que le percussioniste Z’EV développait une approche radicale de la musique. D’abord “as”, en février 1978, puis “if”, en février 1982, présentent un artiste fougueux obmubilé par la physicalité de la performance. Il empoigne ses instruments (surtout métalliques) et les fait tournoyer, tel un derviche, les traînant au sol, les percutant, dans un numéro de force et d’endurance autant que d’agilité et de virtuosité. Évidemment, l’élément visuel de ces performances manque à l’appel, mais les enregistrements traduisent l’énergie et, surtout, la courbe d’écoute de ces pièces conceptuelles qui, aussi bruyantes soient-elles, ne sont jamais cacophoniques. On sent la structure, la pensée, l’attention au détail. Ce qui est d’autant plus étonnant.

Two live performances from a time when Z’EV was busy developing a radical approach to music-making. First is “as”, February 1978, then “if”, February 1982. Both showcase a fierce artist entirely focused on the physicality of performance. He grabs his instruments (mostly metallic percussion) and makes then turn, like a dervish, raking them on the ground, hitting them, in a stunning performance of strength and endurance, as much as technical proficiency or virtuosity. Of course, the visual element of these performances is lacking on this document, but the recordings manage to convey the energy and, most of all, the listening curve of these conceptual pieces which, as noisy as they are, never become chaotic. You can feel and hear the structure, the thought, the care for detail. Which makes as/if/when even more striking.


WATER ON MARS / Labrador Skyline (Audiolabe electrophones)

Euh... Grosse transformation pour le groupe québécois Water on Mars (ou WOM), semble-t-il. Ce troisième album laisse complètement de côté l’étiquette électro-jazz BCBG des disques antérieurs et propose une musique résolument plus rock et, somme toute, plus passéiste. La face A de ce vinyle 180 g (qui comprend aussi un CD) offre un space rock assez déjanté qui rappelle le Gong de Daevid Allen. La face B évoque ÉNORMÉMENT Pink Floyd autour de Meddle - même qu’on pourrait qualifer “Red Rocket” de rip-off de “Fearless”, si ce n’était que l’hommage est si bien senti. Passéiste peut-être, mais je préfère celui-ci aux deux autres.

Hmm... Quite a big transformation for Québec-based band Water on Mars (or WOM). This third album drops altogether the clean-cut electro-jazz approach of the previous two outings to focus on a classic rock sound. Side A of this 180g LP (a CD version is included in the gatefold jacket) features some wacky space rock reminiscent of Daevid Allen’s Gong. Side B is STRONGLY reminiscent of Meddle-era Pink Floyd - you could even call “Red Rocket” a rip-off of “Fearless”, if it weren’t for the fact that it is such a perfect homage. Backward-looking, perhaps, but I prefer Labrador Skyline over WOM’s previous two efforts.


MATS/MORGAN BAND / The Music or The Money? (Cuneiform Records)

The Music or The Money? est le deuxième album du dynamique duo formé par Mats Öberg et Morgan Agren. Il s’agissait à l’origine d’un CD double. Certains critiques s’étaient plaints de l’écart stylistique entre le disque de Mats (1), très axé sur la chanson zappaesque très complexe (mais chanson tout de même), et celui de Morgan (2), constitué d’instrumentales très expérimentales. Ce n’est plus un problème avec cette réédition: tant qu’à rajouter près de 45 minutes de matériel inédit, les compères ont choisi de réordonner le tout et de mélanger pièces de Mats, pièces de Morgan et inédites - vous ne vous y retrouverez plus! Ainsi, les deux disques débutent maintenant par un solo de piano, les chansons de Mats (vraiment splendides dans le genre Zappa en mode Overnight Sensation; “If I Only Had a Clavinet”, “Coco” et “Daisy” sont de grands crus) allègent régulièrement la pâte, et partout on se laisse surprendre par des morceaux inentendus. Un disque à redécouvrir, le summum du Mats/Morgan Band dans son époque disparate/éclectique. [CI-dessous: Un extrait de l’album, trouvé ur le site de Cuneiform.]

The Music or The Money? was the second album by Mats Öberg and Morgan Agren’s dynamic duo. It originally consisted in a double CD. Some reviewers had complained about a disparity between the Mats CD (1), focused on Zappa-esque complex songs, and the Morgan CD (2), made of highly experimental instrumentals. Well, that’s not an issue anymore, since, as long as they were throwing almost 45 minutes of extra previously unreleased material in the set, the pair decided to resequence the whole. Mats’s pieces, Morgan’s pieces, the extra stuff, it’s all been jumbled up! So now both discs open on a piano solo, Mats’s songs regularly lighten up the mood (they’re really great in that Overnight Sensation-era Zappa style, with “If I Only Had a Clavinet,” “Coco” and “Daisy” being timeless classics), and you get to cross unheard tracks at every corner. An album worth (re)disconvering, the peak of the Mats/Morgan Band’s eclectic phase. [Below: An audio clip from the album found on Cuneiform’s website.]

http://www.cuneiformrecords.com/realaudio/Mats-Morgan-Paltsug.mp3


AGITATION FREE / Live ’74 (Revisited)

Un solide concert (partiel) d’Agitation Free, groupe allemand qui faisait le pont entre le krautrock à tendance métissante d’Embryo et Popol Vuh d’un côté, la kosmische musik de l’autre. “Through the Moods” and “Big Fuzz” ont de quoi emporter. Par contre, “Laila” stagne dans un tempo lent de sous-Pink Floyd. Tout de même très sympathique.

A fine (partial) concert recording from Agitation Free, the German band that provided a bridge between Embry and Popol Vuh’s world music-tinged Krautrock on the one hand, and Kosmische Musik on the other. “Through the Moods” and “Big Fuzz” can carry you far. However, “Laila” gets stuck in a sub-Pink Floyd slow tempo. Still a very fine release.

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