Journal d'écoute / Listening Diary
2010-05-13
ANATOLY PERESLEGIN / Xenophobia (Electroshock Records)
Anatoly Pereslegin compose de la musique électronique très bruitiste, très conceptuelle et très longue. Xenophobia présente trois pièces de 20 à 27 minutes chacune, toutes coulées dans le même moule: hautes fréquences chuintantes et continues, grondements évanescents. C’est long, étiré, à la fois planant et violent, changeant et statique. Et le disque ne laisse pas une pause suffisante entre les pièces pour reprendre son souffle: ça coupe sec et ça reprend aussitôt. Ça me rappelle beaucoup le travail de Zbigniew Karkowski et de Tetsuo Furudate. Une, c’est bien (ça décape les oreilles et ça laisse dans un état second), mais trois c’est de la redite. Tout de même, je compte en diffuser une sur Délire actuel une de ces quatre.
Anatoly Pereslegin makes very noisy and conceptual and long electronic music. Xenophobia features three works, 20 to 27 minutes each, all made using the same mold: continuously screeching high frequencies, evanescent low rumbles. Sounds are long and stretched out, the music is ambient yet violent, changing yet static. And there’s not enough time between the tracks to let you take a breather – one track ends abruptly and the next one starts immediately. I’m strongly reminded of the work of Zbigniew Karkowsky and Tetsuo Furudate. One piece is fine (it scrubs your ears clean and leaves you in an altered state, dizzy), but three of them gets repetitive. Still, I intend to broadcast one track on Délire Actuel one of these days.
DMITRY MAZUROV / Creature on a Lavatory Pan (Electroshock Records)
Un album qui joue sur plusieurs plans à la fois. Il commence en mode électronique expérimentale ambiante, avec des textures caverneuses, puis, plus tard, on a droit à un solo de piano impressionniste. Entre les deux, Creature on a Lavatory Pan passe de l’instrumentale tendrelette au bruitisme plastique, en passant par l’électronique d’inspiration allemande. Trop fourre-tout. Il aurait gagné à être ramassé en moins de 78 minutes.
This album tries many different things at once. It starts in ambient experimental electronic mode, with abyssal textures, then later features an impressionistic piano solo. In between, Creature on a Lavatory Pan goes from the sickly-sweet instrumentals to artsy noise and German-style electronic music. Too much of a mish-mash. It could have been tidied up and edited from this 78-minute set to something shorter.
ROSS BOLLETER / Night Kitchen: An Hour of Ruined Piano (Emanem)
Heureux hasard: le FIMAV a lieu la semaine prochaine, et Érick D’Orion y présentera une installation à base de pianos en ruine s’inspirant du travail de Ross Bolleter. Et voilà qu’arrive un nouveau disque de Bolleter chez Emanem, un petit bijou intitulé Night Kitchen. 14 improvisations courtes sur cinq pianos en ruine. Ça fait, toc, clac et dongngngng. Aucun de ces pianos ne produit une note stable. Et Bolleter connaît leurs particularités par cœur. Et les utilise à merveille, combinant, sonorités et textures en constructions sonores bruitistes, soit, mais tendres et délicates. Berceuses claudiquantes pour maison hantée.
How convenient! FIMAV starts next week, and there I’ll be seeing (and hearing) a sound installation by Érick D’Orion with ruined pianos, inspired by the work of Ross Bolleter. And there comes a new record by Bolleter on Emanem, a gem of a CD called Night Kitchen. 14 short improvisations on five ruined pianos. The music goes tock, clac and dongngngngn. None of these pianos produces a stable tone. And Bolleter knows all of their indiosyncrasies by heart. And he puts them to great use, combining sounds and textures into noisy yet very delicate and tender constructs. Limping lullabies for a haunted house.
ERNESTO DIAZ-INFANTE, MANUEL MOTA, GINO ROBAIR & ERNESTO RODRIGUES / Our Faceless Empire (Pax Recordings)
Une solide séance d’improvisation entre deux Portuguais, l’altiste Ernesto Rodrigues et le guitariste (électrique) Manuel Mota, et deux Californiens, soit le guitariste Ernesto Diaz-Infante (à la steel-string acoustique) et Gino Robair (aux surfaces électrifiées). Une musique abstraite, plutôt dénuée d’émotion, faite de gratouillages et de bizouaillages qui tissent des textures floues mais imbues d’une vie propre. Vraiment pas facile d’écoute, mais une belle rencontre d’esprits créatifs.
A strong free improvisation session between two Portugese musicians (Ernesto Rodrigues on viola and Manuel Mota on electric guitar) and two Californians (Ernesto Diaz-Infante on steel-string acoustic guitar and Gino Robair on energized surfaces). Abstract music, rather emotionless, consisting of scratchings and scrubbings and tweakings, producing fuzzy textures that take on a life of their own. Definitely not an easy listen, but a fine meeting of creative minds.
VLADIMÍR VÁCLAVEK, MILOS DVORÁCEK, FRIEDER ZIMMERMANN & MATTHIAS MACHT / Edel (Indies Scope)
Dans un passé maintenant lointain, la scène alternative tchèque, celle de Brno en particulier, frémissait d’artistes avant-gardistes. Malheureusement, depuis une dizaine d’années, l’étoile d’Iva Bittova, Pavel Fajt et Vladimír Václavek a bien pâli, leurs projets ayant perdu beaucoup d’intérêt. Mais voici que Václavek me fait rêver à un futur plus reluisant avec ce disque, Edel, une collaboration avec le guitariste Frieder Zimmermann et les percussionnistes Miloš Dvořáček et Matthias Macht. Des chansons sensibles, intelligentes, complexes, à l’écriture mûrement réfléchie. On retrouve un peu de l’ambiance du Bilé Inferno de Bittova. Le genre de disque avec lequel le plaisir croît avec l’usage, j’en suis certain.
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