Journal d'écoute/Listening Diary
2009-10-21
GOH LEE KWANG / Hands (Herbal International)
De tout ce que j’ai entendu de l’artiste sonore Goh Lee Kwang, Hands est de loin son disque le plus divertissant. Sans compromettre ses recherches aux confins des textures sonores, il se laisse aller ici à une certaine forme de facétie, de jeu. Je suis prêt à parier qu’il s’est particulièrement amusé avec ce disque, et ce plaisir se ressent à l’écoute. Pourtant, ce disque n’a rien de facile, mais les pièces sont courtes, bien ciselées et menées avec la résolution d’un enfant déterminé... jusqu’à ce qu’il s’intéresse à autre chose. Kwang manie la matière sonore en grands mouvements larges, un peu à la manière des acousmaticiens. En fait, les sonorités font même rétro, un peu comme le projet Space de Rafael Toral peut faire rétro. [Ci-dessous: Goh Lee Kwang en concert, mars 2009.]
Of everything I’ve heard from sound artist Goh Lee Kwang, Hands is by far his most entertaining record. This he achieved without compromising his research into the confines of sonic textures. But he’s being more playful here. I’d bet he had more fun than usual with this record – at least I believe I feel that coming from the music. That said, it’s not an easy CD to listen to, but the tracks are short, focused, and carried with the resolve of a determined child... well, determined until he finds something else to do. Kwang manipulates sound matter in large encompassing gestures, a little like academic acousmaticians. His sound palette even sounds a bit retro, like Rafael Toral’s Space project. [Below: Live performance by Goh Lee Kwang, March 2009.]
GRUTRONIC / Essex Foam Party (Psi)
Un disque actif d’improvisation électroacoustique, dans une veine semblable à celle de Furt (dont un membre, Paul Obermayer, est ici à titre d’invité sur trois pièces). Un quatuor à la base (plus Obermayer et Orphy Robinson), Grutronic est formé d’instrumentistes passés aux électroniques: claviers, modules Buchla, dispositifs d’oscillation et de transduction – le tout donne une musique hautement électrifiée, ondulante, hyperactive et insaisissable. Pas aussi étourdissante que Furt (un cas à part, croyez-moi), mais diablement intéressante.
A busy record of electroacoustic improvisation, in a vein similar to Furt (incidentally, Furt’s Paul Obermayer guests on three tracks). Basically a quartet (plus Obermayer and Orphy Robinson), Grutronic consists of instrumentalists gone rogue with electronics: keyboards, Buchla modules, oscillation and transduction devices, etc. Their music is highly electrified, sinuous, hyperactive, fleeting. Not as dizzying as Furt’s (a special case, believe me), but darn interesting nonetheless.
MATTHIAS SPILLMANS MATS-UP / 5 (Unit Records)
La dernière fournée de disques reçue de l’étiquette suisse Unit a été plutôt décevante, mais ce CD du Matthias Spillmans Mats-Up est nettement meilleur, et très agréable après la frénésie des disques de ce matin. Un jazz moderne bien équilibré entre le feutré et le mordant, la douceur et l’audace. À noter la présence du pianiste Colin Vallon, mais surtout les deux cuivreurs: Spillmann à la trompette et flugelhorn, Reto Suhner au saxo alto et à la clarinette alto. Ils s’échangent des mélodies un peu anguleuses et des solos qui jouent à la frontière du mélodisme et de l’atonalité. Un beau disque de jazz songé et non complaisant. [Ci-dessous: Mats-Up en concert.]
The last crop of CDs from Swiss label Unit has been rather disappointing, but this CD from Matthias Spillmans Mats-Up is much better, and a pleasure to listen to after the previous frantic albums this morning. Modern jazz that’s well balanced between velvety and bite, sweetness and boldness. Worth noting is the presence of pianist Collin Vallon, but mostly the two brass players: Spillmann on trumpet and flugelhorn, Reto Suhner on alto sax and alto clarinet. They trade lightly-angular melodies and solos that foray on the verge of atonalism. A fine album of deep, noncomplacent jazz. [Below: Live footage of Mats-Up.]
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