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2014-02-26

2014-02-24: Christine Wodrascka, 2e étage, Zoor, Things to Sound, Susan Clynes, Lavoie/Guardo, Midwich Youth Club

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-02-24

CHRISTINE WODRASCKA / Linéaire (Mr. Morezon)
La pianiste française Christine Wodrascka dans un concert solo capté par Radio France en novembre 2012, additionné de trois pièces enregistrées en mai 2013. Improvisations souvent vives, parfois tendues, qui exploitent les touches et l’intérieur du clavier. Une certaine légèreté aussi à l’occasion. Et du jeu: aux sens d’amusement et d’exécution. Un jeu dans lequel on sent l’étude approfondie transmuée en découverte.
French pianist Christine Wodrascka in a solo concert recorded by Radio France in November 2012, plus three pieces recorded in May 2013. Often lively free improvisations, at times quite tense, making use of the piano’s keys and insides. There’s some lightness in there too. And playing, both in terms of execution and being playful. Playing in which you can hear in-depth studies transmuted into discoveries.

2E ÉTAGE / Grey Matter (No Business Records - merci à/thanks to Freddy Morezon P.R.O.D.)
Continuons avec Christine Wodrascka, cette fois dans un trio dont font aussi partie le trompettiste Jean-Luc Cappozzo et le batteur Gerry Hemingway. Un trio offrant une belle palette d’intensités. “Échappée belle” ouvre le bal en mode microsonique: beaucoup de silences, gestes mesurés, borborygmes quasi inaudibles de la part de Cappozzo. Ailleurs, on a droit parfois à des montées d’adrénaline dignes du free jazz teuton. Le groupe arrive à maintenir l’équilibre entre les extrêmes. Belle écoute entre les musiciens et, évidemment, une grande virtuosité.
Let’s stay with Christine Wodrascka, this time in a trio with trumpeter Jean-Luc Cappozzo and drummer Gerry Hemingway. This trio offers a fine range of dynamics. “Échappée belle” opens the set in microsonic mode: lots of silence, measured gestures, near-inaudible grumbles from Cappozzo. Elsewhere, we are treated to adrenaline rushes worthy of teutonic free jazz. The group manages to maintain a balance between these extremes. Finally, these virtuoso players  display a high level of listening among them, but that’s no surprise considering who’s involved.

ZOOR / Volumes a + b (Umlaut)
Zoor est un trio français d’improvisation libre composé de Bertrand Denzler (saxo ténor), Jean-Sébastien Mariage (guitare électrique) et Antonin Gerbal (batterie). Bel alignement de talents – notons que deux des trois musiciens faisaient partiem du mirifique quintette Hubbub. Volumes a + b propose deux longues pièces (40 et 30 minutes) enregistrées au printemps 2013. Il y a quelques passages vifs, mais l’essentiel de la musique se développe dans la durée: Gerbal a souvent recours à de longues roulades; Mariage développe des lignes au fil de répétitions; Denzler varie les angles d’attaque tout en demeurant en phase avec ses collègues. La manière fait penser aux Necks, avec ici et là l’économie de mouvements de Hubbub, et c’est très solide dans l’ensemble. Recommandé.
Zoor is a French free improvisation trio consisting of Bertrand Denzler (tenor sax), Jean-Sébastien Mariage (electric guitar), and Antonin Gerbal (drums). A fine, talented line-up – two of these guis used to be in the magnificent quintet Hubbub. Volumes a + b delivers two long pieces (40 and 30 minutes) recorded in the spring of 2013. There are some vivid bits, but most of the music develops through duration: Gerbal often falls back to quiet press rolls; Mariage develops his lines through repetition and variation; Denzler varies his angles of attack while staying in phase with his partners. The modus operandi is similar to The Necks’, with here and there the economy of means of Hubbub. A very strong album overall. Recommended.

THINGS TO SOUND / Organism (Wide Ear Records)
Un type d’improvisation plus délicat, avec encore un orteil dans le jazz. Avec Tobias Meier au saxo alto, Yves Theiler au piano (et Fender Rhodes) et David Meier à la batterie. J’ai senti quelque chose d’hésitant dans ce disque, quelque chose qui n’est pas encore pleinement formé, même s’il y a une belle qualité d’écoute et des choix esthétiques exigeants. Je suis ambivalent.
A more delicate type of free improvisation, this time with a toe still steeping in jazz. With Tobias Meier on alto sax, Yves Theiler on piano (and Fender Rhodes), and David Meier on drums. I felt some hesitation on this record, something not quite fully formed, despite the strong listening skills of the players and their demanding aesthetic choices. I’m ambivalent.

SUSAN CLYNES / Life is... (Moonjune)
L’étiquette Moonjune, connue pour son jazz-rock, s’aventure du côté de la chanson avec l’auteure-compositrice-interprète Susan Clynes. L’album propose des chansons piano-voix, deux avec section rythmique, mais surtout cinq où Clynes est accompagnée du violoncelliste Simon Lenski. Lyrique, agressif et fort en effets, Lenski apporte à ces chansons la même chose qu’apportait Stuart Gordon aux concerts de Peter Hammill: ambiance, couleur et folie (fin de cette comparaison). Clynes écrit des chansons recherchées. Développements inattendus ici et là, sans aller jusqu’à la complexité du rock progressif. Voix agréable, plutôt authentique. Bref, tout pour me plaire, sauf que... quelque chose ne clique pas. Au niveau de l’écriture, les chansons manquent d’accroches. Et côté exécution aussi, il me manque quelque chose... de la passion peut-être?
Best known for its jazz-rock, the Moonjune label makes a foray into the pop world with singer-songwriter Susan Clunes. The album features piano/vocals songs, a couple of songs with a rhythm section, and mostly five tracks where Clynes is accompanied by cellist Simon Lenski. Lyrical, aggressive, Lenski and his effects-laden cello bring to these songs the same thing that Stuart Gordon brought to Peter Hammill’s solo concerts for a while: settings, colours, and wildness (end of comparison). Clynes writes sophisticated songs with unexpected developments here and there, though they never get into prog-like complexity. Enjoyable, authentic-sounding voice. This album has everything to win me over, except... it doesn’t. The songs lack in hooks, and the execution lacks... I’m not sure, passion perhaps?

DANIEL LAVOIE & LAURENT GUARDO / La Licorne captive (Le Chant du Monde - merci à/thanks to Six Média)
Projet inattendu, une collaboration entre le compositeur Laurent Guardo, qui a travaillé essentiellement avec un quatuor à cordes baroque (incluant la viole de gambe), et le chanteur Daniel Lavoie, le tout publié dans la collection Le Chant du Monde de l’étiquette française Harmonia Mundi. Proposition et facture alléchantes, mais j’ai des doutes sur le contenu. Guardo a pondu un cycle de chansons médiévalisantes, aux thèmes lourds de sens (Ophélie, Icare, la chasse-galerie, les croisés). Les textes ont la métaphore trop appuyée à mon goût. De plus, les musiques tendent trop à l’homogénéité pour faire de ces 60 minutes une écoute agréable d’un trait: la plupart des chansons auraient gagné à être écourtées. Cela dit, la voix de Lavoie est magnifique, certaines chansons le sont également (“Icare”, “Le Bal des pendus”) et le projet dans son ensemble est une belle surprise.  [CI-dessous: “Icare”]
An unexpected collaboration between composer Laurent Guardo, who works here basically with an Early Music string quartet (with viola da gamba), and Québécois pop singer Daniel Lavoie, released on the French label Harmonia Mundi’s world music imprint Le Chant du Monde. An enticing proposition, but I’m doubtful about the contents. Guardo has written a Medievalesque cycle of songs based on heavy subjects (Ophelia, Icarus, the crusades). His lyrics (all in French) underline their own metaphors too strongly for me. Also, the arrangements sound too homogeneous to make this 60-minute album a joy to listen to in one sitting: most song would have benefitted from some editing. That being said, Lavoie’s voice (low, gravely, as charming as ever) is gorgeous, and some of the songs are too (“Icare,” “Le Bal des pendus”), and as a whole this project comes as a fine surprise.  [Below: “Icare”.]

MIDWICH YOUTH CLUB / From the City to the Country, from the Country to the Sea (Soft Bodies Records – merci à/thanks to Foundling PR)
Midwich Youth Club semble être le projet d’un seul homme, Allan R Murphy. Joue-t-il tous les instruments de ce “groupe” rock psychédélique? (C’est ça le problème avec les albums et les promos numériques, pas d’info!) Si c’est le cas, l’homme est très habile, parce que cet album a définitivement un son de groupe. Deux suites instrumentales de 20 minutes chacune, et on passe du rock rétro synthé à la Zombie Zombie au rock psychédélique à fond de train, en passant par des choses plus krautrock. Ça manque parfois d’assurance (côté batterie, particulièrement) et les mouvements pèchent parfois par excès de simplicité, mais c’est agréable.
Midwich Youth Club seems to be a one-man-band by Allan R Murphy. Is he really playing all the instruments in this psychedelic rock “band”? (That’s the problem with digital releases and promos – no info!). If that’s the case, the man is crafty for this definitely has a band sound. Two 20-minute instrumental suites that run from retro synth rock a la Zombie Zombie to all-out psychedelic rock through Krautrock-like pastures. Nektar and Guru Guru come to mind; Acid Mothers Temple too. The music occasionally lacks tightness (in the drums department mostly), and some movements are just too simple for their own good, but it’s a fun listen.

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