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2014-11-26

2014-11-25: Peter Hammill, Seaman/Supko

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-11-25

PETER HAMMILL / ...all that might have been... (Fie Records)
D’abord, les technicalités: il existe trois versions du nouvel album de Peter Hammill: le CD, le vinyle et le coffret de trois CD. La version CD simple correspond au premier disque du coffret (The Ciné). La version vinyle correspond au second disque (The Songs), mais dans un ordre différent. J’ai opté pour le coffret. Hammill explique qu’il a d’abord improvisé du matériel en studio, puis sculpter quelques chansons, mais que l’ensemble du projet a rapidement développé une métastructure de type cinématographique. Il a donc produit deux versions différentes: l’une (The Ciné) où les chansons sont fragmentés et réarrangées en scènes – une série de fuites en avant et de retours en arrière; et l’autre (The Songs) où les chansons sont présentées dans leur état normal. Or, de l’aveu même de Hammill, le vrai disque, c’est The Ciné. C’est aussi le meilleur des trois disques. En fait, je vois ...all that might have been... ...Ciné... comme l’aboutissement d’un travail de recherche dont les origines remontent à Clutch, soit l’époque à laquelle Hammill s’est mis à sérieusement amasser des tonnes de pistes vocales comme contrepoints texturaux à ses chansons. Ce travail avait, quant à moi, frappé une impasse dans Consequences, son disque précédent, parce qu’ambiances et textures y nuisent aux chansons (à moins que ce soit l’inverse). Or, en s’affranchissant du format chanson comme il le fait ici, Hammill arrive à développer parfaitement sa vision, une vision à cheval entre l’art sonore et le “tone poem”, une œuvre complète. The Ciné s’écoute donc d’une seule traite: 21 segments d’une à trois minutes, des couplets de chansons qui s’entrecroisent comme dans un roman où plusieurs trames narratives sont mises en chantier, plusieurs personnages présentés au lecteur, dont les relations se clarifieront à mesure qu’on avancera dans l’intrigue. C’est exactement ça, ...all that might have been... ...Ciné..., et c’est, pour moi, un succès sur toute la ligne. Au point où je trouve ...The Songs... plutôt décevant: présentées dans leur état reconstitué, les chansons me semblent monotones et je n’y entends aucun classique en devenir (comme avec Consequences). Un mot sur le troisième disque du coffret, intitulé The Retro: il s’agit d’une demi-heure d’ébauches instrumentales, un work-in-progress que Hammill avait offert à ses fans à l’occasion d’une tournée japonaise en 2013. On y découvre les fondements de l’album, des improvisations déjà retravaillées et collagées – une rare occasion de jeter un œil au processus créative de Peter Hammill. [Ci-dessous: “Inklings, darling” tirée de “Ciné” (source non officielle).
Let’s get the technicalities out of the way first: there are three versions of Peter Hammill’s new album: a CD, an LP, and a 3-CD box set. The single CD version corresponds to disc 1 in the box set (The Ciné). The LP presents the material found on disc 2 (The Songs) in a different order. I have opted for the box set. Hammill explained that he started with improvised material, then he started sculpting a few songs, but the project soon developed a metastructure of a cinematographic kind. So he produced two versions: one (The Ciné) where the songs are fragmented and rearranged into scenes – with flashbacks and flashforwards – , and a second version (The Songs) where the songs are presented in their normal state. However, in Hammill’s own words, the real album is The Ciné. It’s also the best CD in the box set. I see ...all that might have been... ...Ciné... as the culmination of an artistic process that started as early as Clutch, when Hammill began to seriously pile masses of vocal tracks into textural counterpoints to his songs. In my opinion, this idea had reached an impasse in Consequences, Hammill’s previous solo album, because there ambiences and textures ended up working against the songs (or it might have been the other way around). However, divested of the song format altogether on The Ciné, Hammill managed to fully and perfectly develop his vision, a vision that stands between sound art and tone poem. The Ciné must be listened to in a single sitting: 21 segments, one to three minutes long, verses of songs that criss-cross the way a novel will begin with various narrative threads or introduce characters whose relationships will be elucidated later on, as the intrigue unfolds. That’s exacly how ...all that might have been... ...Ciné... works and, for me, it’s a complete artistic success. So much so that I find ...The Songs... disappointing: presented in their “whole” state, the songs feel monotonous, and I don’t hear a single live-staple-to-be among them (as was the case with Consequences). The third disc in the vox set consists a half hour of instrumental sketches, a work-in-progress Hammill had offered to his fans on a Japan tour in 2013. We hear the bases of the album, improvisations that had already been reworked and collaged. It represents a very rare glimpse in Hammill’s creative process. [Below “Inklings, darling” from “Ciné” (unofficial source).]

BILL SEAMAN & JOHN SUPKO / s_traits (Cotton Goods – merci à/thanks to DotDotDotMusic)
Un disque beau et intéressant de musique générative... ou presque. Bill Seaman et John Supko ont créé une vaste collection d’échantillons sonores, puis un logiciel capable de la naviguer pour choisir et combiner des sons afin de composer des morceaux multipistes. Ces morceaux, ils les ont ensuite retravaillés chacun de leur côté. On a donc 26 morceaux d’à peu près trois minutes, sans savoir qui a “composé” quoi au final. Et il s’agit de musiques alliant électronique et musique de chambre. C’est délicat, chantant à sa façon, créatif, différent mais accessible. Le projet dans son ensemble (j’ai sauté bien des détails, mais sachez qu’un poème est inscrit dans ses gènes) offre une cohésion remarquable.
A beautiful and stimulating album of generative music... well, almost generative music. Bill Seaman and John Supko worked together on creating a vast database of samples. Then they developed software capable of navigating that database to select sounds, combine them and make multitrack pieces of music. They later reworked these pieces on their own. What we have is 26 three-minute pieces with a generative foundation but in the end composed by either Seaman or Supko – and we’re not told that last info. The music is delicate, crafty, creative, different yet accessible, with an oddly singing quality. The project as a whole (I skipped a lot of details, but do know that it has a poem inscribed in its genes) is remarkably cohesive.



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