2014-11-25
D’abord, les technicalités: il existe trois versions
du nouvel album de Peter Hammill: le CD, le vinyle et le coffret de trois CD.
La version CD simple correspond au premier disque du coffret (The Ciné). La
version vinyle correspond au second disque (The Songs), mais dans un ordre
différent. J’ai opté pour le coffret. Hammill explique qu’il a d’abord
improvisé du matériel en studio, puis sculpter quelques chansons, mais que
l’ensemble du projet a rapidement développé une métastructure de type cinématographique.
Il a donc produit deux versions différentes: l’une (The Ciné) où les chansons
sont fragmentés et réarrangées en scènes – une série de fuites en avant et de
retours en arrière; et l’autre (The Songs) où les chansons sont présentées dans
leur état normal. Or, de l’aveu même de Hammill, le vrai disque, c’est The
Ciné. C’est aussi le meilleur des trois disques. En fait, je vois ...all that might have been... ...Ciné...
comme l’aboutissement d’un travail de recherche dont les origines remontent à Clutch, soit l’époque à laquelle Hammill
s’est mis à sérieusement amasser des tonnes de pistes vocales comme
contrepoints texturaux à ses chansons. Ce travail avait, quant à moi, frappé
une impasse dans Consequences, son
disque précédent, parce qu’ambiances et textures y nuisent aux chansons (à
moins que ce soit l’inverse). Or, en s’affranchissant du format chanson comme
il le fait ici, Hammill arrive à développer parfaitement sa vision, une vision
à cheval entre l’art sonore et le “tone poem”, une œuvre complète. The Ciné s’écoute donc d’une seule
traite: 21 segments d’une à trois minutes, des couplets de chansons qui
s’entrecroisent comme dans un roman où plusieurs trames narratives sont mises
en chantier, plusieurs personnages présentés au lecteur, dont les relations se
clarifieront à mesure qu’on avancera dans l’intrigue. C’est exactement ça, ...all that might have been... ...Ciné...,
et c’est, pour moi, un succès sur toute la ligne. Au point où je trouve ...The Songs... plutôt décevant:
présentées dans leur état reconstitué, les chansons me semblent monotones et je
n’y entends aucun classique en devenir (comme avec Consequences). Un mot sur le troisième disque du coffret, intitulé The Retro: il s’agit d’une demi-heure
d’ébauches instrumentales, un work-in-progress que Hammill avait offert à ses
fans à l’occasion d’une tournée japonaise en 2013. On y découvre les fondements
de l’album, des improvisations déjà retravaillées et collagées – une rare
occasion de jeter un œil au processus créative de Peter Hammill. [Ci-dessous:
“Inklings, darling” tirée de “Ciné” (source non officielle).
Let’s get the
technicalities out of the way first: there are three versions of Peter
Hammill’s new album: a CD, an LP, and a 3-CD box set. The single CD version
corresponds to disc 1 in the box set (The Ciné). The LP presents the material found on
disc 2 (The Songs) in a different
order. I have opted for the box set. Hammill explained that he started with
improvised material, then he started sculpting a few songs, but the project
soon developed a metastructure of a cinematographic kind. So he produced two versions:
one (The Ciné) where the songs are
fragmented and rearranged into scenes – with flashbacks and flashforwards – ,
and a second version (The Songs)
where the songs are presented in their normal state. However, in Hammill’s own
words, the real album is The Ciné.
It’s also the best CD in the box set. I see ...all that might have been...
...Ciné... as the culmination of an
artistic process that started as early as Clutch, when Hammill began to seriously pile masses of vocal tracks into
textural counterpoints to his songs. In my opinion, this idea had reached an
impasse in Consequences, Hammill’s
previous solo album, because there ambiences and textures ended up working
against the songs (or it might have been the other way around). However,
divested of the song format altogether on The Ciné, Hammill managed to fully and perfectly develop his vision, a vision
that stands between sound art and tone poem. The Ciné must be listened to in a single sitting: 21 segments, one to three
minutes long, verses of songs that criss-cross the way a novel will begin with
various narrative threads or introduce characters whose relationships will be
elucidated later on, as the intrigue unfolds. That’s exacly how ...all that
might have been... ...Ciné... works and,
for me, it’s a complete artistic success. So much so that I find ...The
Songs... disappointing: presented in
their “whole” state, the songs feel monotonous, and I don’t hear a single
live-staple-to-be among them (as was the case with Consequences). The third disc in the vox set consists a
half hour of instrumental sketches, a work-in-progress Hammill had offered to
his fans on a Japan tour in 2013. We hear the bases of the album,
improvisations that had already been reworked and collaged. It represents a
very rare glimpse in Hammill’s creative process. [Below “Inklings, darling”
from “Ciné” (unofficial source).]
Un disque beau et intéressant de musique générative...
ou presque. Bill Seaman et John Supko ont créé une vaste collection
d’échantillons sonores, puis un logiciel capable de la naviguer pour choisir et
combiner des sons afin de composer des morceaux multipistes. Ces morceaux, ils
les ont ensuite retravaillés chacun de leur côté. On a donc 26 morceaux d’à peu
près trois minutes, sans savoir qui a “composé” quoi au final. Et il s’agit de
musiques alliant électronique et musique de chambre. C’est délicat, chantant à
sa façon, créatif, différent mais accessible. Le projet dans son ensemble (j’ai
sauté bien des détails, mais sachez qu’un poème est inscrit dans ses gènes)
offre une cohésion remarquable.
A beautiful and
stimulating album of generative music... well, almost generative music. Bill
Seaman and John Supko worked together on creating a vast database of samples.
Then they developed software capable of navigating that database to select
sounds, combine them and make multitrack pieces of music. They later reworked
these pieces on their own. What we have is 26 three-minute pieces with a
generative foundation but in the end composed by either Seaman or Supko – and
we’re not told that last info. The music is delicate, crafty, creative,
different yet accessible, with an oddly singing quality. The project as a whole
(I skipped a lot of details, but do know that it has a poem inscribed in its
genes) is remarkably cohesive.
No comments:
Post a Comment