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2013-11-27

2013-11-25/26: Copernicus, The Claudia Quintet, Chrome Hoof, 21, Metal-o-Phone, Brigitte Fontaine

Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-11-25/26

COPERNICUS / L’Éternité immédiate (Nervermore – merci à/thanks to Moonjune)
J’aime bien Copernicus – son personnage, ses musiques, son propos. Or, avec L’Éternité immédiate, c’est la débandade. Je m’explique: en 2001, Copernicus enregistre Immediate Eternity en Équateur, avec des musiciens équatoriens, en espagnol et en anglais. Il considère encore aujourd’hui qu’il s’agit de son meilleur album en carrière. Au cours des deux années suivantes, il a réenregistré des paroles en fançais et en allemand. En 2013, à l’occasion d’une longue entrevue dans un magazine français, son étiquette Nervermore a réédité L’Éternité immédiate pour les marchés européen et québécois. Bon. Musicalement, c’est très enlevé comme disque, et les paroles compteraient parmi les meilleurs textes de Copernicus – qui, à l’aide de notions de physique quantique, cherche à nous convaincre que la réalité n’existe pas. Le problème, c’est que ces textes français sont très mal traduits. Un exemple: la première phrase de “Libre de moi”: “J’ai fermé les yeux au bruit environ de moi et J’ai couvri à la noire tachée avec ma connaissance élémentaire de l’atome.” Maintenant, ajoutez à ce type de traduction le fait que Copernicus ne maîtrise pas la prononciation du français (un exemple récurrent: le mot “sens”, dans sa bouche, sonne comme “sang”). C’est malheureux, parce que “Le bâton” est un groove monstrueux au texte décapant, entre autres moments forts. Je vais me trouver un exemplaire de la version anglaise.
I really like Copernicus – his character, his music, his discourse. But L’Éternité immédiate is a misstep. In 2001, Copernicus recorded Immediate Eternity in Equator, with local musicians, in both Spanish and English. He still calls it his best album ever. In the next two years, he recorded French and German versions of the same material. In 2013, in conjunction with the publication of a lengthy interview in a French magazine, Copernicus’s imprint Nevermore reissued L’Éternité immédiate for the European and Quebecois markets. It’s a good record musically, quite gripping, and the texts are very strong indeed, but the French translations are of very poor quality, and Copernicus’ often ill-advised pronunciation makes his lyrics even harder to decipher. It just doesn’t work out in French. Too bad, because “Le bâton” (“The Stick”) is one phenomenal groove, among other highlights. Guess I’ll just have to find me a copy of the English version.

THE CLAUDIA QUINTET / September (Cuneiform)
Il y a une lenteur suave à la musique du Claudia Quintet. September regorge de pièces longues, mais aussi de longueurs, peut-être parce que l’instrumentation du groupe (accordéon, clarinette, vibraphone, basse acoustique, batterie) limite la palette sonore. Une suavité qui plonge souvent dans la mélancolie automnale. Belle écriture tout de même, appartenant à un jazz créatif mais accessible associé à l’étiquette Songlines. Mais ce disque me convainc moins que les albums précédents du groupe de John Hollenbeck.
There is a suave slowness to The Claudia Quintet’s music. September is full of long pieces and overlong passages – perhaps because the instrumentation (accordion, clarinet, vibes, acoustic bass, drums) reduces the scope of the sound palette. Autumnal melloncholy. Very fine writing though, belonging to a creative yet accessible form of jazz reminiscent of the Songlines label. But I find this opus from John Hollenbeck’s group definitely less convincing than their previous titles.

CHROME HOOF / Chrome Black Gold (Cuneiform)
C’était quoi, ça?!? Chrome Hoof, la créature de Leo Smee, est un groupe de métal/funk/disco/prog/techno/ska. Oui. “Knopheria” est la seule chanson de tout le catalogue de l’étiquette Cuneiform dont on pourrait tirer un 12 pouces avec deux ou trois “extended mixes” pour le plancher de danse. Chaque chanson développe son propre style en empruntant à des sources différentes. Les seuls à s’être approchés d’une telle diversité de palette (en excluant le genre-zapping, ce que ceci n’est pas) sont… les Mothers of Invention… Ping… c’est à peu près tout. L’attitude fait penser à Shining, à Goat, mais ne vous fiez pas à ces repères. Saisissant, stupéfiant et très entraînant. Je n’aime pas tout sur ce disque, mais j’aime que ce disque contienne tout ça.  [Ci-dessous: Trois extraits de l’album sur bandcamp.]
What the #$&% was that?!? Chrome Hoof, Leo Smee’s creature, is a metal/funk/disco/prog/techno/ska band. Yep. And “Knopheria” is the only track in all of Cuneiform’s vast catalog that could be released as a dance-floor extended-mix 12”. Each song develops its own style(s) and borrows from different sources. The only bands to have had such a large palette (excluding genre-zapping, which this is not) are… The Mothers of Invention… Ping… that’s about it. Their attitude reminds me of Shining, and Goat, but don’t zoom in on those markers please. Stunning, stupefying, and quite entertaining. I don’t like all that’s on this record, but I love the fact that this record contains it all.  [Below: Listen to three songs on bandcamp.]

21 / 21 (Coax Records)
21, c’est un trio à deux guitares et batterie dirigé par Philippe Gordiani (l’autre guitariste: Julien Desprez; le batteur: Emmanuel Scarpa). Et ce disque éponyme évoque un croisement entre le King Crimson de Thrak et le jazz actuel suisse. Le côté poli, esthète du second, plus le côté in-your-face et imbriqué du premier – parce que plusieurs des douze morceaux se répondent de manière non séquentielle: par exemple, “258 A” et “258 B”, entre lesquelles intervient “Bzz (suite)”. Ou “Fenêtre droite” qui surgit cinq pistes plus loin que sa “Fenêtre gauche”. C’est dès “Siècle 21” que l’analogie crimsonienne s’impose: le crunch du riff, la complexité de l’écriture, l’élan. On s’ennuie peu sur ce disque rondement mené et fort concluant.  [Ci-dessous: Écoutez tout l’album sur bandcamp.]
21 is a trio, two guitars and drums, led by guitarist Philippe Gordiani (the other axe-wielder is Julien Desprez, with Emmanuel Scarpa at the drumkit). And this eponymous debut evokes a cross between Thrak-era King Crimson and Swiss avant-jazz. The well-mannered refinement of the latter, and the in-your-face and intertwined aspects of the former – because several of these 12 tracks answer each other in a non sequential manner: for instance, “258 A” and “258 B”, in between which the conclusion of “Bzz” gets slipped. Or “Fenêtre droite” (“right window”), appearing five tracks later than its sister “Fenêtre gauche” (“left window”). The Crimsonian analogy appears right in the opening cut “Siècle 21”: the crunchy riff, the complex writing, the drive. There’s little off time on this tightly sequenced album. Very convincing and highly addictive.  [Below: Stream the whole album on bandcamp.]

METAL-O-PHONE / Kosmos (Coax Records)
Un autre trio chez Coax Records, mais pas de guitares cette fois: vibraphone (Benjamin Flament), contrebasse (Joachim Florent) et batterie (Elie Duris). Les trois musiciens participent à la composition du répertoire du groupe. Un jazz créatif sympa, avec des influences plus rock et un peu d’improvisation libre, mais je m’attendais à quelque chose de plus mordant à l’écoute de “Playtime”. Tout de même un beau disque, et le vibraphone continue de s’installer pour de bon comme instrument soliste dans la nouvelle génération de jazzmen.
Another trio on Coax Records, though no guitars this time: vibraphone (Benjamin Flament), doublebass (Joachim Florent), and drums (Elie Duris). All three musicians contribute to the band’s repertoire. Fun creative jazz, with some rock influences and a dash of free improvisation, but I was expecting more bite after listening to “Playtime” on the label’s website. Still a nice record, and clearly the vibraphone continues to settle in as a solo instrument among the new generation of jazzmen.

BRIGITTE FONTAINE / Brigitte Fontaine est… folle! (Superior Viaduct)
Superior Viaduct réédite le 10 décembre, sur CD et sur vinyle, Brigitte Fontaine est… folle! (1968), premier album de la chanteuse iconoclaste (en fait, celui qu’elle juge être son premier, il y a eu d’autres trucs moins intéressants avant). Perle de la chanson française – parce que ça n’en est pas, tout en faisant semblant d’en être. La légèreté des musiques cache des paroles cyniques, ludiques, carrément surréalistes parfois, comme “Cet enfant que je t’avais fait”, dialogue de sourds (avec Jacques Higelin) au propos fort inquiétant (l’enfant en question est sérieusement en danger). “Il pleut” est un bijou, autant dans le texte que la musique et l’arrangement (de Jean-Claude Vannier). “Blanche Neige” est une charge féministe décapante. Du bonbon.  [Ci-dessous: deux chansons de l’album.]
Superior Viaduct is reissuing on December 10 Brigitte Fontaine est… folle! (1968) on CD and LP. This is the iconoclastic singer’s self-defined debut (she did released less interesting material before that). This is French chanson gem, because it is not French chanson, it only masquerades as such. The lightness of the music hides lyrics that are cynical, playful at times, and occasionally downright surrealistic, like “Cet enfant que je t’avais fait”, a dialogue of the deaf (with Jacques Higelin) about a child who seems to be in real danger. “Il pleut” is a wonderful pop song with strong lyrics and a strong arrangement (by Jean-Claude Vannier, the arranger for the whole album). And “Blanche Neige” is an acidic Feminist song. Ear candy, but the language barrier will lessen your pleasure.  ∫Below: Two songs from this album.]

BRIGITTE FONTAINE / Comme à la radio (Superior Viaduct)
Simultanément, Superior Viaduct réédite aussi Comme à la radio (1970), l’album de Fontaine le plus connu à l’extérieur de la France. Splendide et déroutante collaboration entre la chanteuse, Areski Belkacem, Wadada Leo Smith et l’Art Ensemble of Chicago. Mélange de chanson, de spoken word, de free jazz et de musique arabe. Encore une fois, les textes sont souvent surréalistes, déconnectés (dans “Leo”: “Mon mari a été exécuté ce matin. J’ai pris ça très mal. Question: qu’est devenu mon sens de l’humour?”). Les musiques valdinguent un peu partout et sont agrémentés de montages brusques, d’enchaînements par collages qui étaient avant-gardistes à l’époque et qui prennent encore par surprise aujourd’hui. La version CD inclut deux chansons boni (“Le goudron” et “Le noir c’est mieux choisi”).
Simultaneously, Superior Viaduct also reissues Comme à la radio (1970), Fontaine’s best known album outside of France. Gorgeous and destabilizing collaboration between the singer, Areski Belkacem, Wadada Leo Smith, and the Art Ensemble of Chicago. A mix of songs, spoken word, free jazz, and Arabic music. Once again, Fontaine’s lyrics often border on surrealism, alienation even (in “Leo”: “My husband was executed this morning. I took it very badly. Question: What happened to my sense of humour?”). The music covers a lot of ground, and some tape splicing adds to the strangeness of the album as a whole – avant-gardist back in 1970, still surprising today. The CD version includes two bonus songs (“Le goudron” and “Le noir c’est mieux choisi”).


2 comments:

  1. Les Brigitte qui suivent seront-ils réédités aussi? Ils sont excellents.

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