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2012-05-16

2011-05-14/15: Kyle Bruckmann, Wadada Leo Smith, Cactus Truck, Tohpati Bertiga

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-05-14/15

KYLE BRUCKMANN / On Procedural Grounds (New World Records)
L’étiquette de musique contemporaine américaine New World Records consacre un disque à l’hautboïste Kyle Bruckmann. On Procedural Grounds propose un solo, un duo et deux pièces pour ensembles, toutes avec une part d’électroniques. Si le solo “Orgone Accelerator” manque de punch, le duo “Cell Structure” avec le clarinettiste Matt Ingalls en a beaucoup: la partie d’électroniques sonne la progression d’une cellule à l’autre à coups d’interventions flagrantes comme des décharges électriques. Mais la pièce de résistance est la pièce titre, 29 minutes, pour l’ensemble Wrack de Bruckmann, le Rova Saxophone Quartet et deux électroniciens (Gino Robair et Tim Perkis). Une œuvre complexe, dense, aux influences diverses (dont le jazz et le rock), avec des saxos exacerbés. Exaltant.
The American contemporary music label New World Records has just released a CD of compositions by oboe player Kyle Bruckmann. On Procedural Grounds includes one solo, one duo, and two ensemble pieces, all with an electronic component. The solo “Orgone Accelerator” lacks punch, but the duo “Cell Structure” with clarinetist Matt Ingalls has enough for two tracks worth: the electronic part sounds the switch from cell to cell with flagrant interventions that act like electric shocks. However, the piece de resistance is the 29-minute title piece written for Bruckmann’s ensemble Wrack, the ROVA Saxophone Quartet, and two electronicians (Gino Robair and Tim Perkis). A complex work, dense, with a melting pot of influences (including jazz and rock), and exacerbated saxes. Exhilirating.

WADADA LEO SMITH / Ten Freedom Summers (Cuneiform)
Difficile de chroniquer cette parution sans tomber immédiatement dans les superlatifs, alors commençons par les faits: Ten Freedom Summers est un coffret de quatre disques. C’est aussi un cycle de 19 compositions ayant pour thème le mouvement américain des droits civiques. Il met en vedette le Golden Quartet et le Golden Quintet de Smith, plus l’ensemble de chambre Southwest Chamber Music. Le tout a été enregistré en trois jours en novembre 2011, peu après la création de l’œuvre sur scène, mais il a fallu plusieurs années à Smith (et plusieurs commandes et subventions) pour l’écrire. La plupart des 19 pièces font entre 10 et 20 minutes. Plus de la moitié mettent en vedette le quatuor (Smith, Anthony Davis, John Lindberg et Pheeroan akLaff OU Susie Ibarra, en alternance) ou le quintette de Smith (les cinq; oui, deux batteurs). Quelques-unes ont été écrites pour Southwest et trois pour Southwest ET le groupe de Smith. Quatre et demie de musique. Voilà pour les faits. Maintenant, les superlatifs: il s’agit d’une somme musicale monumentale. Smith y déploie le meilleur de lui-même, comme compositeur, comme leader, comme trompettiste. Seules les pièces pour Southwest ont des passages à vide. Pour le reste c’est puissant, émouvant, parfois carrément torride, avec beaucoup de variations dans les arrangements (solos, duos, trios). Ten Freedom Summers n’est pas la lubie de grandeur d’un artiste vieillissant. C’est l’expression d’une voix musicale d’une grande pertinence.  [Ci-dessous: Écoutez une pièce complète de l’album, celle sur Martin Luther King.]
It’s hard to review this album without immediately resorting to superlatives, so let’s start with the facts. Ten Freedom Summers is a 4-CD set. It’s also a cycle of 19 compositions about the US civil rights movement. It features Smith’s Golden Quartet and Golden Quintet, plus the Southwest Chamber Music. The whole thing was recorded in three days in November 2011, soon after its live premiere, but its writing took Smith several years and several commissions and grants. Most of the 19 tracks fall within the 10-to-20-minutes range. Over half of them feature Smith’s quartet (Smith, Anthony Davis, John Lindberg and Pheeroan akLaff OR Susie Ibarra) or quintet (all five; yes, two drummers). Some pieces are performed by Southwest, and three feature Southwest AND Smith’s band. That’s the facts. Now, here come the superlatives. This is a gigantic summation of Smith’s work. The man showcases the best of himself as a composer, leader, and trumpet player. Only the pieces for Southwest alone show some dull moments. The rest is all power, emotion, scorching heart, and lots of variations in the arrangements (solos, duos, trios). Ten Freedom Summers is not the white elephant of a aging artist. It is the expression of a highly relevant musical voice.  [Below: Listen to a full track from the album - it’s the one about Martin Luther King.]

CACTUS TRUCK / Brand New for China! (Public Eyesore)
Trio terroriste d’improvisation libre, sale et bruitiste, Cactus Truck propose ici un disque coup de poing en trois parties. Une pièce de dix minutes qui, malgré sa durée, ne se complait pas dans la durée (justement); une séquence de quatre pièces courtes et ultra-courtes. Puis un addendum ponctué d’une finale éclair. Le saxo de John Dikeman domine du début à la fin, mais ce n’est pas parce que le guitariste Jasper Stadhouders et le batteur Onno Govaert n’essaient pas de l’enterrer!
A terrorist trio of free, dirty and noisy improvisation, Cactus Truck delivers a one-two punch of an album in three parts. One ten-minute track that never actually FEELS long; a sequence of four short and ultrashort tracks; and an addendum punctuated by a flash finale. John Dikeman’s sax dominates throughout, despite the fact that guitarist Jasper Stadhouders and drummer Onno Govaert are doing everything they can to drown him out!

Tohpati Bertiga est le power trio jazz-rock du guitar hero indonésien Tohpati (du groupe simakDialog). Riot n’a pas l’attrait ethnique du premier Tohpati Emission, mais il a un groove irrésistible - et je ne suis pas un grand fan de jazz-rock. Sauf je succombe pleinement aux métriques complexes et aux work-out de Riot, particulièrement la joyeusement ridicule “Rock Camp” et, à l’autre extrême, la très nuancée “Lost in Space”. La pièce-titre est un scorcher.  [Ci-dessous: Écoutez une minute de chaque pièce sur cette page.]
Tohpati Bertiga is the jazz-rock power trio of Indonesian guitar hero Tohpati (of simakDialog). Riot doesn’t have the world fusion charm of the first Tohpati Emission CD, but it has an irresistible groove – and I’m not a huge fan of jazz rock. But I’m falling for the complex metrics and rock-outs on Riot, especially the ludicrously fun “Rock Camp” and, at the other end of the spectrum, the finely nuanced “Lost in Space.” The title track is a scorcher.  [Below: Listen to one minute of each track on this page.]



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