Journal d'écoute / Listening Diary
2010-10-06
FRANK ROTHKAMM / Amerika (Flux Records)
Enfin, voici le 4e volet de la série Tetralogy qui nous a offert, au final, deux CD d’œuvres pour piano, un CD d’œuvres électroniques et un DVD d’œuvres électroacoustiques. Amerika propose cinq longues pièces (entre 12 et 18 minutes) pour piano solo. Elles sont toutes fortement idiosyncrasiques: départs abrupts, longs silences, moments de rêverie bruptement interrompus. Encore une fois, Rothkamm confond et trompe les attentes. La pochette le présente avec son piano (une épinette, en fait) au milieu d’une route qui ne mène nulle part - paysage américain par excellence - portant jeans, chapeau... et attelles aux poignets. Une composition visuelle polysémantique pour cet Allemand vivant aux États-Unis depuis 20 ans. Amerika n’est pas d’une écoute particulièrement agréable - malgré ses soubresauts, l’album tend vers la monotonie - mais tout en lui (concept, musique, visuel) parle... de quoi au juste? De l’aliénation? De l’acte de jouer? De l’imperfection du melting-pot américain? De la vie? Faites votre choix. [CI-dessous: On peut écouter tout l’album sur cette page officielle.]
Finally, the fourth and final part of the Tetralogy series is out. All in all: two CDs of piano works, one CD of electronic works, and one DVD of electroacoustic works. Amerika features five long piano solos (12-18 minutes each). These pieces are all highly idiosyncratic: lurching starts, long stretches of silence, moments of reverie abruptly interrupted. Once again, Rothkamm eschews expectations and dumbfounds listeners. The cover shows Rothkamm beside his piano (a spinet, actually) in the middle of a stretch of desert road to nowhere - the quintessential American landscape - wearing jeans, a hat, and... therapeutic support gloves. A polysemantic visual composition for this German-born now living in America for 20 years. Amerika is not a particularly enjoyable listen – despite its stops and starts, it tends toward the monotonous – but everything in it (concept, music, visuals) speaks… of what, actually? Alienation? The act of playing? The imperfect American melting-pot? Life? Pick your favorite. [Below: Listen to the whole album on this official page.]
JLIAT / Guitar Hero (Jliat)
Rothkamm et Jliat partagent le goût du questionnement et de la réflexion sur la nature du son et l’acte créatif. Cela dit, le travail de Rothkamm est nettement plus “musical” que les œuvres conceptuelles hyper-méthodiques de Jliat. Guitar Hero consiste en une piste continue où un fragment musical (de sa composition? Ça sonne plutôt comme un air baroque) est répété de nombreuses fois, en commençant par un son synthétique rappelant une guitare acoustique, puis progressant de plus en plus vers quelque chose rappelant une guitare électrique ultra distortionnée. Le guitar hero devient de plus en plus “sale”. Ça rappelle son disque précédent, où une pièce était jouée par ordinateur en utilisant divers sons synthétisés de piano, qui s’additionnaient. Une écoute inintéressante mais un concept qui laisse place aux discussions philosophiques sur la perception d’une composition en fonction de sa couleur sonore.
Rothkamm and Jliat share a taste for questioning and reflecting on the nature of sound and artistic creation. That said, Rothkamm’s work is clearly more “musical” than Kliat’s hyper-methodical conceptual works. Guitar Hero consists of a single track in which a musical fragment (may be his, but sounds like a Baroque-era tune) is repeated several times, starting with a synthesized sound patch recalling an acoustic guitar, and progressing to increasingly harsher patches up to a highly distorted electric guitar. So the guitar here grows dirtier with each iteration. This process recalls Jliat’s previous record where a piece of music was “performed” by a computer using different piano sound patches that were stacked one over another. A boring listen but a concept that can spark philosophical discussions on how a piece of music is perceived depending on its sonic palette.
JLIAT DASEIN THE EVENT-ACTION / The Moment of Non Signification (Jliat)
Une œuvre livrée sans détails, autre qu’un court texte accompagnateur où il est question d’esthétique, du sensible, d’intensité et de diversité. Ajoutez à cela la mention Jliat Dasein The Event-Action (“Dasein” est un concept existentialiste qu’on doit à Heidegger) et vous avez là tout un programme. Sauf que le CD propose simplement 15 minutes d’une voix informatisée (la voix “Veronica” d’Apple, si je ne m’abuse) qui énumère des choses, entre de longues pauses. Ce n’est pas la première fois que Jliat se fait se confronter parfaite objectivité (non-signification) de la voix informatique et contenu signifiant (The Beethoven Symphonies demeure l’un de ses plus grands coups de génie), mais cette variation sur ce même thème est moins engageante, sans jeu de mot déplacé...
A work delivered without any detail except for a short accompanying text about esthetics, the sensible, intensity and diversity. Add to this the mention Jliat Dasein The Event-Action printed on the CD (“Dasein” is an existentialist concept by Heidegger), and we have quite a program. Except that the CD features a simple 15-minute track of a computer voice (Apple’s “Victoria” voice, if I’m not mistaken) reading a list of things interspersed with long pauses. This is not Jliat’s first project using the perfect objectiveness (and in-significance) of a computer voice to read significant content (The Beethoven Symphonies remains one of his greatest strokes of genuis), but this variation on that theme is less engaging, somehow...
PATAPHONIE / Le matin blanc (Gazul)
L’ami Bussière m’a recommandé ce disque après avoir lu mes commentaires sur Noëtra. Le seul lien entre Noëtra et Pataphonie, outre la nationalité française, est leur caractère obscur. Néanmoins, c’était une excellente suggestion: j’adore Le matin blanc. Pensez Henry Cow métissé de Gong période You, avec une touche de Happy the Man. Enregistré en 1978, audacieux, original, mais groovy et entraînant aussi.
My good friend François Bussière had recommended this album after reading my comments on Noëtra. Well, the only relation between Noëtra and Pataphonie (besides their nationality) is their obscure status. However, it was an excellent recommendation: I love Le matin blanc. Think Henry Cow mixed with You-era Gong, with a dash of Happy the Man. Recorded in 1978. Bold, original, yet groovy and catchy too.
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