2014-10-09
ZEITKRATZER & KEIJI HAINO
/ Zeitkratzer + Keiji Haino (Zeitkratzer – merci à/thanks to Dense Promotion)
Deuxième collaboration entre l’ensemble de musique
contemporaine Zeitkratzer et Keiji Haino – et celui-ci est un must. Enregistré
en concert, il propose une fusion parfaite entre les univers acoustiques de
l’ensemble (où les textures rèches dominent souvent) et la voix – uniquement la
voix – du grand prêtre japonais de la noirceur. Haino a deux micros aux effets
différents; il les utilise à bon escient tout au long des six morceaux qui
composent ce disque. Je crois qu’il s’agit d’improvisations dirigées (par
Reinhold Friedl), mais d’une efficacité telle qu’on peut aussi bien parler de
compositions instantanées. Un enregistrement impeccable et un projet qui
transporte Haino hors de sa zone de confort pour notre plus grand ravissement. [Ci-dessous:
Un montage d’extraits de l’album.]
The second
collaboration on record between contemporary music ensemble Zeitkratzer and
Keiji Haino – and this one’s a must-have. Recorded live, this CD chronicles a
complete mind/sound-meld between the acoustic universe of the ensemble (where
raw textures abound) and the voice – and only the voice – of the Dark Priest of
Japanoise. Haino has two microphones with different effects in them, and he
uses them wisely through the course of six pieces. I believe these pieces are
conducted improvisations (Reinhold Friedl is at the helm), but they are so
tight and coherent I might as well call them instant compositions. An
impeccable recording, and a project that takes Haino out of his comfort zone
for all the right reasons and with all the right outcomes. [Below: A set of
excerpts of the album.]
L’accordéoniste Frode Haltli, en concert en 2009, dans
un programme de musique contemporaine pour accordéon solo. Au menu: “Vagabonde
blu” de Salvatore Sciarrino, “Flashing” d’Arne Nordheim et “Ein kleines...”
d’Aldo Clementi. Un programme relevé qui table sur la grâce et la lenteur d’exécution
plutôt que sur une virtuosité frivole. Le Nordheim est une petite merveille de
retenue, de grands espaces, de pensées qui se diffusent par osmose au lieu de
s’élancer. Une très belle écoute, ces trois œuvres se côtoyant merveilleusement
bien. [Ci-dessous: “Vagabonde Blu”.]
Accordion play
Frode Haltli in a live program of solo accordion works recorded in 2009.
“Vagabone blu” by Salvatore Sciarrino, “Flashing” by Arne Nordheim, and “Ein
kleines...” by Aldo Clementi. A top-quality program focused on grace and slow
pace instead of more frivolous forms of virtuosity. “Flashing” is a wonder of
restraint, wide spaces, and thoughts that travel through osmosis. A very fine
listen, these three works go very well together. [Below: “Vagabonde Blu.”]
Premier album de l’Allemand Jakob Häglsperger sous le
pseudo Kalipo. Techno ordinaire, sans profondeur. J’ai abandonné à mi-parcours.
Debut album by
German producer Jakob Häglsperger under the project name Kalipo.
Run-of-the-mill chillroom techno, no depth. I gave up halfway through.
À titre de comparaison, ce disque de Schlammpeitziger
est nettement plus intéressant. Dansant, oui, mais bons grooves, petit côté
naïf agréable, petit côté dada tout aussi agréable, le tout sans prétention ni
affectation. Digne de l’étiquette Pingipung, qui fait de la bonne électronica
accessible, humaine et ouverte.
In comparison,
this new CD by Schlammpeitziger is much more interesting. Dance-floor oriented,
yes, but it has good grooves, an enjoyable naive side, an enjoyable dada side
too, and the whole thing sounds unpretentious and real. Then again, the
Pingipung label usually delivers accessible, human, open-minded electronica,
and that’s exactly what this CD is about.
La cassette audio refuse de mourir (je sais, mon
groupe La Forêt rouge vient d’en sortir une), même si sa mort a été annoncée
depuis longtemps. Le compositeur, électroniciste et fabuliste Felix Kubin la
célèbre avec Chromodioxidgedächtnis,
ce qui signifie “mémoire en dioxyde de chrome”. L’album se présente sous forme
de coffret de 13cm de côté. À l’intérieur: un CD, une cassette et un livret
généreux. Sur le CD, la pièce titre, une composition de 45 minutes qui
s’intéresse aux particularités du médium cassette, sorte de réflexion sur ses
limites et le “cassette underground” des années 80. Un peu froid mais très
amusant, riche, et typiquement Kubinien. Mais j’ai préféré la cassette. Sur sa
face A, un collage de 30 minutes où Kubin puise dans ses archives cassettes:
enregistrements de son enfance (il était précoce), messages de répondeur, trucs
captés à la radio – c’est fou, délirant, décousu parfois, mais on ne s’en lasse
pas. Une partie de ce matériel figure aussi dans la pièce plus formelle du CD;
il revient ici à son état brut. Sur la face B, une entrevue avec Wim
Langenhoff, ex-ingénieur chez Phillips et électroniciste, entrecoupée d’apartés
et d’apories musicaux. Dans le livret, on retrace l’histoire de la cassette
audio et Kubin explique son influence sur son propre développement musical.
L’ensemble forme un projet artistique très cohérent. [Ci-dessous: Quelques
extraits sur cette page.]
The audio
cassette refuses to dies (I know, my band La Forêt rouge just released one),
although its demise has been foretold for ages. The composer, electronician and
zany creator Felix Kubin celebrates the cassette on Chromodioxidgedächtnis, which means “chromium dioxide memories”.
The album takes the shape of a box that contains a CD, a cassette, and a
generous booklet. On the CD: the 45-minute title composition where Kubin
focuses on the characteristics and peculiarities of the cassette, a reflection
of sorts on its limitations and the “cassette underground” of the ‘80s. It’s a
tad cold, but a lot of fun, rich, and typically Kubin-like. But I prefer the
cassette. On side A: a 30-minute collage where Kubin digs into his personal
tape archive, with recordings from his childhood (he started at a very early
age), answering machine messages, stuff taped off the radio, etc. – it’s crazy,
hodge-podge, relentless, and I just love from start to finish. Some of this
material was also used in the CD composition, but here it appears in its raw
form. On side B is an interview with ex-Phillips engineer and electronicist Wim
Langenhoff, with musical insertions and fun cut-ups. The booklet tells the
history of the audio cassette and the cassette’s role in Kubin’s own artistic
development. The project as a whole is highly convincing. [Below: This page
contains a few audio clips.]
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