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2014-10-10

2014-10-09: Zeitkratzer/Haino, Frode Haltli, Kalipo, Schlammpeitziger, Felix Kubin

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-10-09

ZEITKRATZER & KEIJI HAINO / Zeitkratzer + Keiji Haino (Zeitkratzer – merci à/thanks to Dense Promotion)
Deuxième collaboration entre l’ensemble de musique contemporaine Zeitkratzer et Keiji Haino – et celui-ci est un must. Enregistré en concert, il propose une fusion parfaite entre les univers acoustiques de l’ensemble (où les textures rèches dominent souvent) et la voix – uniquement la voix – du grand prêtre japonais de la noirceur. Haino a deux micros aux effets différents; il les utilise à bon escient tout au long des six morceaux qui composent ce disque. Je crois qu’il s’agit d’improvisations dirigées (par Reinhold Friedl), mais d’une efficacité telle qu’on peut aussi bien parler de compositions instantanées. Un enregistrement impeccable et un projet qui transporte Haino hors de sa zone de confort pour notre plus grand ravissement. [Ci-dessous: Un montage d’extraits de l’album.]
The second collaboration on record between contemporary music ensemble Zeitkratzer and Keiji Haino – and this one’s a must-have. Recorded live, this CD chronicles a complete mind/sound-meld between the acoustic universe of the ensemble (where raw textures abound) and the voice – and only the voice – of the Dark Priest of Japanoise. Haino has two microphones with different effects in them, and he uses them wisely through the course of six pieces. I believe these pieces are conducted improvisations (Reinhold Friedl is at the helm), but they are so tight and coherent I might as well call them instant compositions. An impeccable recording, and a project that takes Haino out of his comfort zone for all the right reasons and with all the right outcomes. [Below: A set of excerpts of the album.]

FRODE HALTLI / Vagabonde Blu (Hubro - merci à/thanks to Dense Promotion)
L’accordéoniste Frode Haltli, en concert en 2009, dans un programme de musique contemporaine pour accordéon solo. Au menu: “Vagabonde blu” de Salvatore Sciarrino, “Flashing” d’Arne Nordheim et “Ein kleines...” d’Aldo Clementi. Un programme relevé qui table sur la grâce et la lenteur d’exécution plutôt que sur une virtuosité frivole. Le Nordheim est une petite merveille de retenue, de grands espaces, de pensées qui se diffusent par osmose au lieu de s’élancer. Une très belle écoute, ces trois œuvres se côtoyant merveilleusement bien. [Ci-dessous: “Vagabonde Blu”.]
Accordion play Frode Haltli in a live program of solo accordion works recorded in 2009. “Vagabone blu” by Salvatore Sciarrino, “Flashing” by Arne Nordheim, and “Ein kleines...” by Aldo Clementi. A top-quality program focused on grace and slow pace instead of more frivolous forms of virtuosity. “Flashing” is a wonder of restraint, wide spaces, and thoughts that travel through osmosis. A very fine listen, these three works go very well together. [Below: “Vagabonde Blu.”]

KALIPO / Yaruto (Antime - merci à/thanks to Dense Promotion)
Premier album de l’Allemand Jakob Häglsperger sous le pseudo Kalipo. Techno ordinaire, sans profondeur. J’ai abandonné à mi-parcours.
Debut album by German producer Jakob Häglsperger under the project name Kalipo. Run-of-the-mill chillroom techno, no depth. I gave up halfway through.

SCHLAMMPEITZIGER / What’s Fruit? (Pingipung - merci à/thanks to Dense Promotion)
À titre de comparaison, ce disque de Schlammpeitziger est nettement plus intéressant. Dansant, oui, mais bons grooves, petit côté naïf agréable, petit côté dada tout aussi agréable, le tout sans prétention ni affectation. Digne de l’étiquette Pingipung, qui fait de la bonne électronica accessible, humaine et ouverte.
In comparison, this new CD by Schlammpeitziger is much more interesting. Dance-floor oriented, yes, but it has good grooves, an enjoyable naive side, an enjoyable dada side too, and the whole thing sounds unpretentious and real. Then again, the Pingipung label usually delivers accessible, human, open-minded electronica, and that’s exactly what this CD is about.

 FELIX KUBIN / Chromodioxidgedächtnis (Gagarin Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
La cassette audio refuse de mourir (je sais, mon groupe La Forêt rouge vient d’en sortir une), même si sa mort a été annoncée depuis longtemps. Le compositeur, électroniciste et fabuliste Felix Kubin la célèbre avec Chromodioxidgedächtnis, ce qui signifie “mémoire en dioxyde de chrome”. L’album se présente sous forme de coffret de 13cm de côté. À l’intérieur: un CD, une cassette et un livret généreux. Sur le CD, la pièce titre, une composition de 45 minutes qui s’intéresse aux particularités du médium cassette, sorte de réflexion sur ses limites et le “cassette underground” des années 80. Un peu froid mais très amusant, riche, et typiquement Kubinien. Mais j’ai préféré la cassette. Sur sa face A, un collage de 30 minutes où Kubin puise dans ses archives cassettes: enregistrements de son enfance (il était précoce), messages de répondeur, trucs captés à la radio – c’est fou, délirant, décousu parfois, mais on ne s’en lasse pas. Une partie de ce matériel figure aussi dans la pièce plus formelle du CD; il revient ici à son état brut. Sur la face B, une entrevue avec Wim Langenhoff, ex-ingénieur chez Phillips et électroniciste, entrecoupée d’apartés et d’apories musicaux. Dans le livret, on retrace l’histoire de la cassette audio et Kubin explique son influence sur son propre développement musical. L’ensemble forme un projet artistique très cohérent. [Ci-dessous: Quelques extraits sur cette page.]
The audio cassette refuses to dies (I know, my band La Forêt rouge just released one), although its demise has been foretold for ages. The composer, electronician and zany creator Felix Kubin celebrates the cassette on Chromodioxidgedächtnis, which means “chromium dioxide memories”. The album takes the shape of a box that contains a CD, a cassette, and a generous booklet. On the CD: the 45-minute title composition where Kubin focuses on the characteristics and peculiarities of the cassette, a reflection of sorts on its limitations and the “cassette underground” of the ‘80s. It’s a tad cold, but a lot of fun, rich, and typically Kubin-like. But I prefer the cassette. On side A: a 30-minute collage where Kubin digs into his personal tape archive, with recordings from his childhood (he started at a very early age), answering machine messages, stuff taped off the radio, etc. – it’s crazy, hodge-podge, relentless, and I just love from start to finish. Some of this material was also used in the CD composition, but here it appears in its raw form. On side B is an interview with ex-Phillips engineer and electronicist Wim Langenhoff, with musical insertions and fun cut-ups. The booklet tells the history of the audio cassette and the cassette’s role in Kubin’s own artistic development. The project as a whole is highly convincing. [Below: This page contains a few audio clips.]


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