2014-07-02
Sur Rimbaud, Zorn
avait publié “Illuminations”, une composition pour trio jazz où la partie du
piano, minutieusement notée était adossée à une section rythmique qui
improvisait. Satisfait du résultat, Zorn a continué à écrire un répertoire pour
cette instrumentation. Résultat: In the Hall of Mirrors,
où “Illuminations” (dans un nouvel enregistrement) côtoie cinq autres
compositions, toutes inspirées de poèmes en prose. Stephen Gosling au piano,
Greg Cohen à la contrebasse et, surprise, le batteur Tyshawn Sorey. L’écriture
est jazz, mais d’une précision rarement entendue dans les projets “jazz” de
Zorn. Les parties de piano sont parfois touffues et rapides, parfois délicates
et évocatrices, et Gosling interprète le tout avec sensibilité. La section
rythmique ajoute de la vie, gardant la partition de vue sans la respecter,
insufflant de la vie et un certain degré de danger à cette musique fort, fort
agréable.
On Rimbaud, there was
a piece for jazz trio called “Illuminations” where the piano part was
completely written-down and supported by an improvising rhythm section. Zorn
clearly liked the result, because he continued to write material for this
line-up. In the Hall of Mirrors features this line-up and
repertoire, including a new recording of “Illuminations” and five new pieces,
all inspired by prose poems. Stephen Gosling on piano, Greg Cohen on bass, and,
surprise, Tyshawn Sorey on drums. The writing is jazz, but we’ve very rarely
heard material this precisely-written in Zorn’s jazz catalogue. The piano parts
are at time busy and fast-paced, elsewhere delicate and evocative, and Gosling
performs it all with extreme sensitivity. The rhythm section breathes life into
the music, keeping the score in sight without actually following it, adding a
certain degree of danger to the proceedings. Quite enjoyable.
Ce disque et le précédent faisaient
partie de ma dernière commande chez Wayside. J’avais J’y avais ajouté celui-ci
à la suite d’une discussion sur Cardiacs sur le groupe facebook
avant-progressive... et d’une recommandation plus personnelle d’un ami. C’est
pour une révélation. Ce disque, publié en 1988, propose une délirante synthèse
pop-rock-new wave-RIO. Complexe, ridicule, splendide. À la fois très années
1980 et intemporel. Disque, dis donc, où te cachais-tu tout ce temps là? [Ci-dessous:
Vidéoclip de “Little Man and a House”. Le vidéo est trop simple, mais quelle
chanson!]
This album and the Zorn CD above
were part of my last Wayside order. I had added the Cardiacs one following a
discussion about that band on the avant-progressive facebook group... and a
recommendation from a close friend. It’s a revelation. Released in 1988, this
album delivers a mad synthesis of pop, rock, new wave, and RIO. Complex,
ridiculous, splendid. Both very 1980s and timeless. Where have you been all my
life? [Below: Music video for “Little Man and a House.” It’s a crude video,
but what a song!]
Il y a quelque temps, Superior Viaduct a
réédité en vinyle le sixième album de Heldon, Interface
(1977). Richard Pinhas a fait beaucoup de chemin (et de bruit) depuis cette
période de Heldon, mais pas tant que ça quand on compare ses deux derniers
disques (avec Oren Ambarchi et Tatsuya Yoshida) à la pièce-titre ou à “Jet
Girl”: rythmique hypnotique, électroniques dépaysantes (pour l’époque) et
guitares portantes – tout ce qui manque, c’est la mise en boucle à la vitesse
de l’éclair, qui viendra plus tard, quand la technologie le permettra. J’aime
beaucoup Stand By qui viendra après, mais Interface est fort aguichant avec son équilibre entre pièces
courtes et longues, sa poussée rythmique, sa qualité sonore (comparativement à Un rêve sans conséquence spéciale) et son inoubliable
pochette. [Ci-dessous: “Le fils des soucoupes volantes (vertes)”, édition
Superior Viaduct.]
A while ago Superior Viaduct
reissued Heldon’s sixth album Interface (1977) on LP. Richard
Pinhas has covered a lot of ground (and made a lot of noise) since this period
of Heldon, but his path stayed true if you compare his latest pair of releases
(collaborations with Oren Ambarchi and Tatsuya Yoshida) with “Interface” or
“Jet Girl”: hypnotic rhythms, otherworldly electronics (back then), and soaring
guitars – all that’s missing is the fast-paced looping, but that will come later,
when the technology will make it possible. I love Heldon’s next album Stand
By, but Interface is also an
enticing proposition, with its sound balance between short and long tracks, its
rhythmic drive, its sound quality (compared to the band’s previous album Un
rêve sans conséquence spéciale), and its unforgettable
cover. [Below: “Le fils des soucoupes volantes (vertes),” from the Superior
Viaduct edition.]
Et Superior Viaduct publie à l’instant
une édition vinyle d’Allez-Téia, le
deuxième disque de Heldon (1975). Excellent choix: il s’agit du disque le plus
lyrique et le plus “acoustique” du groupe. Et on y trouve “In the Wake of King
Fripp”, premier clin d’œil de Richard Pinhas à Robert Fripp, qui lui vaudra
d’ailleurs le titre de “Fripp français”. Sur ce disque, nous sommes vraiment
loin du Pinhas d’aujourd’hui. L’écriture est plus délicate, même si on demeure
dans une musique instrumentale répétitive et cycliq ue. Un classique pur et simple, le meilleur Heldon pré-Interface. Visionnaire à l’époque et toujours excitant
aujourd’hui. (Je chronique Allez-Téia, et Interface à partir de téléchargements fournis par Superior
Viaduct; je n’ai pas vu les éditions vinyles.)
And Superior Viaduct is releasing
an LP edition of Allez-Téia, Heldon’s second LP (1975).
Excellent choice: this is the band’s most lyrical and “acoustic” record. And it
contains “In the Wake of King Fripp,” Richard Pinhas’ first tip of the hat to
Robert Fripp – he will become known as “the French Fripp.” The writing is more
delicate, even though Heldon always played repetitive, cyclical instrumental
music. This one is a stone cold classic, Heldon’s best effort pre-Interface. It was visionary back then, and it remains a thrilling listen today.
(I am revieweing Allez-Téia and Interface from downloads provided by Superior Viaduct; I have not seen their LP
reissues.)
J’ai approché le nouveau Ian Anderson
avec circonspection: je l’ai acheté en téléchargement. Après écoute, vais-je me
laisser tenter par la version CD+DVD avec livret et version surround 5.1? P’têt
bien. C’est que cet opus est nettement meilleur, à mon goût, que Thick as a Brick 2. Il s’agit d’un album concept (l’histoire
de la race humaine de -7000 à 2044, rien de moins) aux textes truculents (la
truculence manquait sur TAAB2). Les
chansons sont courtes, bien ciblées. Elles rappellent souvent la période Songs from the Woods de Jethro Tull, bien qu’il y ait aussi
des trucs plus carrés, moins intéressants. Mais, alors que les chansons de TAAB2 ne se sont jamais gravées dans ma tête, je pourrais
bien fredonner quelques airs de Homo Erraticus
dans la douche.Bref, un effort louable, plus convaincant que TAAB2 (entre autres parce qu’aucune filiation ne pèse sur
ses épaules).
I approached the new Ian Anderson
album with caution: I only bought the download version. After a couple of
spins, I’m thinking of getting the CD+DVD edition with liner notes and 5.1
surround sound. This opus is much better than Thick as a Brick 2. It’s still a concept album (the history of humanity from -7000 to
2044), lyrics are truculent (a quality TAAB2 lacked).
The songs are short and punchy, often reminiscent of Jethro Tull’s Songs
from the Woods, though there are a few that are squarer
than that and less interesting consequently. However, while I couldn’t sing
something from TAAB2 if my life depended on
it, I’ll probably end up whistling a tune or two from Homo Erraticus in the shower. This is a laudable efford, more convincing than TAAB2, probably in part because, despite its subject, it doesn’t have the
weight of history on its shoulders.
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