Journal d'écoute / Listening Diary
2013-02-05/06
NICK BROOKE / Border Towns (Innova)
Imaginez un croisement entre les plunderphonics de
John Oswald et le projet Say No More de Bob Ostertag
(où de vrais musiciens apprenaient les pièces montées par Ostertag à l’aide
d’échantillons de leur jeu). Nick Brooke a parcouru l’Amérique profonde
(physiquement et culturellement) pour glaner des échantillons sonores, qu’il a
ensuite assemblées en pièces complexes qui rappellent People Like Us. Puis, il
a demandé à sept chanteurs et chanteuses d’apprendre à marier leurs voix aux
échantillons, question de réduire au minimum la distinction entre
enregistrement et performance en direct. Le résultat est impressionnant et
déroutant. Kitsch et ironie côtoient l’hommage. Le grésillement des sources est
doublé de prestations virtuoses, et le tout forme une toile musicale complexe,
avec des moments microtonaux troublants et des juxtapositions étonnantes. Une
certaine monotonie dans la forme s’installe au fil des 14 pièces, mais ça n’affecte
pas trop la qualité du projet. [Ci-dessous:
Un extrait de l’album, “Silver City”.]
Imagine a cross between John Oswald’s
plunderphonics and Bob Ostertag’s Say No More project (where real
musicians had to learn the pieces created by Ostertag using samples of their
own playing). Nick Brooke travelled the deeper recesses of America (physically
and culturally) to gather sound samples. Then, he assembled these samples in
complex tracks reminiscent of People Like Us. Finally, he asked seven singers,
male and female, to learn to blend their voices with the samples in order to
minimize the distinction between live performance and sample. The results are
impressive and confounding. Kitsch and irony brush elbows with homage. The
grating sound of very old samples is paired with virtuoso performances. And the
whole thing forms a complex musical web, with troubling microtonal moments and
surprising juxtapositions. A certain monotony in form sets in through the 14
tracks, but that doesn’t lessen the quality of the project. [Below: “Silver City,” the opening
track.]
SROM / One (Accretions - merci
à/thanks to John Bourke P.R.)
sroM est le pseudo de Stephanie Robinson. Sur One, elle
propose huit études sur synthétiseurs analogiques: une pièce, une note, jouée
sur des synthés qu’elles manipulent en temps réel. Des musiques qui nous
rappellent les possibilités des claviers à boutons et tirettes, ceux qui
permettaient toutes sortes de manipulations du son. Cela dit, c’est tout de
même un peu limité comme projet. Ce disque est paru sur vinyle et sur disque
compact, mais je n’ai vu aucun de ces formats (j’ai eu droit uniquement à des
mp3 - et les tags des fichiers ne correspondent pas à l’ordre des pièces sur le
communiqué de presse, alors je n’ose pas citer des titres).
sroM is the alias of Stephanie Robinson. On One,
she delivers eight analog synthesizer studies: one track, one note, played on
synths she fiddle with in real time. Music to remind us of the possibilities
these knobs-and-sliders keyboards offered. However, the results are somewhat
limited in scope. This album is out on CD and LP, but I haven’t seen either
format (I only got mp3s, and file tags don’t match the track list on the press
release, so I don’t dare mention actual titles).
ANTHONY BRAXTON / Sax Quintet (New York) 1998 (New Braxton House)
En 1998, la Knitting Factory a présenté un festival
Braxton sur trois jours, où tous les ensembles ont interprété la même
œuvre,”Composition No. 173.” – question d’illustrer la malléabilité du système
de Braxton. Voici ce que cette composition (à l’origine pour 4 acteurs, 2
solistes et ensemble) donne en version quintette de saxophones. En présence:
Braxton, James Fei, Chris Jonas, Seth Misterka et Jackson Moore. Un arrangement
très vif, au mélodisme complexe, rehaussé de solos enlevants. Emballant. Offert
gratuitement en février 2013 aux abonnés de New Braxton House et à la carte aux
autres.
In 1998, the Knitting Factory presented a 3-day
Braxton festival where all the ensembles performed the same work, “Composition
No. 173”, to show off how flexible Braxton’s system is. Here’s what this piece
(originally scored for 4 actors, 2 soloists, and ensemble) sounds like in sax
quintet version. The players are Braxton, James Fei, Chris Jonas, Seth
Misterka, and Jackson Moore. An ultra-vivid rendition, with complex melodicism
spiced up by spirited solos. A thrilling listen. A free download for New
Braxton House subscribers in February 2013, also available a la carte.
IANNIS XENAKIS / GRM
Works 1957-1962 (Recollection GRM -
merci à/thanks to Forced Exposure)
La collection vinyle Recollection GRM consacre un
volume aux travaux de Iannis Xenakis au sein du GRM – ce ne sont pas ses
meilleurs, il y a quelque chose de très cru dans ces pièces, mais certaines ont
un intérêt historique. Comme “Concret PH” présentée à l’Exposition universelle
de Bruxelles. “Orient-Occident”, une musique de film, est une œuvre
polysémantique intéressante à déconstruire. La face B propose “Bohor” (1962)
dans une version remaniée en 1968 par le compositeur et jamais publiée à ce
jour. Or c’est une pièce trop longue, au mixage inélégant. Je n’ai reçu que des
mp3 pour cette critique, mais le volume consacré à Ivo Malec était un objet
fort élégant et bien conçu.
The LP series Recollection GRM devotes a volume to
Iannis Xenakis’ GRM-based works. They are not his best works – there’s a crude
side to them – but some have historical significance. Like “Concret PH”
presented at the Brussels World Fair. And the film music “Orient-Occident” is a
polysemantic work that’s fun to deconstruct. Side B features “Bohor” (1962) in
a version revised by the composer in 1968 and never released before. But it’s a
very long track, with inelegant mixing. I only got mp3s for this review, the
volume devoted to Ivo Malec was a classy, well-designed object.
ARTISTES VARIÉS - VARIOUS ARTISTS / Traces Two (Recollection GRM - merci à/thanks to Forced Exposure)
Toujours dans la collection vinyle Recollection GRM
d’editions Mego, voici une compilation de quatre œuvres de la première moitié
des années 70, puisées dans les archives du Groupe de recherches musicales
(GRM). Elles sont signées Dominique Guiot, Pierre Boeswillwald, Rodolfo Caesar
et Denis Smalley. Le Guiot (“L’oiseau de paradis”) est une créature étrange et
aguichante, qui laisse plusieurs questions sans réponse – c’est la raison
principale pour se procurer ce disque. “Pentes” de Smalley est l’autre grande
attraction – une pièce délicate hantée par la cornemuse – mais celle-ci est
déjà disponible sur le CD Sources/scènes de Smalley
(empreintes DIGITAles, 2000).
Still in editions Mego’s Recollection GRM series,
here’s an LP compiling early-to-mid-‘70s works taken from the Groupe de
recherches musicales’ archives. They are by Dominique Guiot, Pierre
Boeswillwald, Rodolfo Caesar, and Denis Smalley. Guiot’s “L’oiseau du paradis”
is a strange and enticing creature that leaves several questions unanswered –
it’s the main reason to get this LP. Smalley’s “Pentes” is the other one – a
delicate piece haunted by Northumbrian pipes – but it’s already available on
Smalley’s CD Sources/scènes (empreintes DIGITALes, 2000).
ACID MOTHERS TEMPLE & THE MELTING PARAISO U.F.O. / Son of a
Bitches Brew (Important)
Deux raisons justifient d’attirer particulièrement
votre attention sur ce nouvel opus d’AMT: il marque le retour de Casino Cotton
(woo-hoo!) et, pour une fois, le jeu de mot de son titre traduit un réel
hommage. L’album démarre doucement en mode jazz électrique. “Son of a Bitches
Brew” est l’une des pièces les plus étonnantes du répertoire d’AMT: elle est
profondément inspirée par l’ambiance du classique de Miles Davis. C’est
sidérant. Puis, au fil des pièces, l’album redevient plus classiquement du AMT,
gagnant du volume et de la vitesse. J’en aurais pris plus dans la veine des
trois premières pièces, mais tout de même, c’est différent, et c’est très
réussi. [Ci-dessous: La pièce
titre.]
Two reasons for you to pay special attention to
this new AMT opus: Casino Cotton is back (woo-hoo!) and, for once, the pun-like
title is paralleled by an actual homage in the music. The album kicks off
slowly in electric jazz mode. “Son of a Bitches Brew” is one of the most
surprising tracks in AMT’s repertoire: it is deeply inspired by the mood on
Miles Davis’ classic album. It’s stunning. Then, track by track, the music
gains volume and speeds and turns into a more classic AMT sound. I would have
taken more like the first three tracks, but it’s still a very different and
highly successful album. [Below:
The title track.]
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