Journal d'écoute / Listening Diary
2012-09-19/20
FISCHERMANNS ORCHESTRA / Conducting Sessions (Unit Records)
Le Fischermanns Orchestra est une créature du
clarinettiste suisse Philipp Z’Rotz. Il s’agit d’un big band de jazz actuel.
Seize musiciens – anches, cuivres, synthétiseur, et quatre percussionnistes,
dont un à la caisse claire et un à la grosse caisse, en mode fanfare. Les
pièces sont composées par voie de codes visuels – Z’Roth, Samuel Blatter et Jan
Trösch s’échangent la direction. Effets de textures, pièces festives, élément
rythmique très présent. Une musique qui vise le divertissement comme aboutissement
d’une recherche assez poussée à travers l’histoire (plutôt brève) de la
“conduction” de grand ensemble improvisant.
The Fischermanns Orchestra is the creature of Swiss
clarinetist Philipp Z’Rotz. This is an avant-jazz big band with 16 musicians -
reeds, brass, one synthesizer, and four percussionists, including one on snare
drum and one on bass drum, fanfare style. Pieces are composed through visual
signs – the conductor’s podium is alternately occupied by Z’Rotz, Samuel
Blatter and Jan Trösch. Textural effects and festive tunes, with a strong
rhythmical element. This music’s aim is to entertain, through a rather thorough
research process on the (rather short) history of conduction of large
improvising ensembles.
SABU TOYOZUMI / Kosai Yujyo
(Improvising Beings /
Inaudible)
Kosai Yujyo est un album
double constitué d’extraits de concerts de Sabu Toyozumi, percussionniste et
joueur de erhu (violon sur pique chinois), enregistrés à l’automne 2010 et
2011. Toyozumi y improvise avec une belle palette de musiciens européens, dont
les guitaristes John Russell et Pascal Marzan, le vocaliste Jean-Michel van
Schouwburg, le violoniste Dan Warburton, les contrebassistes Jean Demay et Joel
Grip, le clarinettiste Jacques Foschia, etc. Les ensembles vont du duo (entre
Toyozumi au erhu et Van Schouwburg, excellent) à l’octuor (“Kris’ Wish”, 17
minutes, un peu confus). Le premier disque donne la part forte au erhu, la
batterie est à l’honneur sur le second. Évidemment, le choix entre l’un et
l’autre donne une tournure différente à l’improvisation, mais en toutes
circonstances Toyozumi se révèle un improvisateur fin et sagace.
Kosai Yujyo is a double CD set of live performances
by percussionist/erhu player Sabu Toyozui, recorded in the fall of 2010 and
2011. Toyozumi improvises with a fine selection of European musicians, among
whom guitarists John Russell and Pascal Marzan, vocalist Jean-Michel Van
Schouwburg, violinist Dan Warburton, bassists Jean Demay and Joel Grip,
clarinettist Jacques Foschia, etc. Ensembles range from duo (between Toyozumi
on erhu and Van Schouwburg, excellent) to octet (the 17-minute “Kris’ Wish,” a
bit hectic). CD 1 gives precedence to the erhu (a Chinese lap violin), while
the drum kit is the main feature on disc 2. Obviously, Toyozumi’s choice of
instrument has an impact on the improvisation’s character, but he proves to be
a fine and clever improviser in any context.
L’étiquette américaine Moonjune nous dévoile un autre
power trio indonésien. Après Tohpati Bertiga, voici Ligro, dont les
compositions allient caractère, style, élégance, exotisme et grosse énergie
rock. Les pièces tendent vers la longueur (quatre sur huit font plus de dix
minutes), mais la qualité de l’écriture justifie cette tendance – lire: ces
durées ne sont pas uniquement remplies de démonstrations de virtuosité, elles
sont aussi riches en idée. Jazz-rock inspiré.
US label Moonjune just pulled another Indonesian
power trio out of its sleeve. After Tohpati Bertiga, here’s Ligro, whose
compositions feature character, style, elegance, exoticism, and a lot of pure
rock energy. Tracks tend to be long (four out of eight clock in at over ten
minutes), but the quality of the songwriting justifies such lengthiness – i.e.
these tracks are not simply filled with virtuoso solos, they are also rich in
ideas. Inspired jazz rock music.
MARTY REGAN / Magic Mirror: Selected Works for Japanese Instruments,
Vol. 2 (Navona Records)
Ce disque fait suite à Forest Whispers paru
en 2010, et il lui est supérieur. En fait, Magic Mirror est un
splendide recueil de compositions pour instruments japonais. Une seule pièce,
“Voyage” sort de l’univers japonais pour pairer le shakuhachi au quatuor à
cordes occidental - et c’est la moins intéressante du lot. “Flamefox” pour
quatuor de shakuhachis est magnifique – pour les jeux de textures, oui, mais
surtout les mélodies enchanteresses. “In the Night Sky” pour shakuhachi, koto
et percussions et également fort réussie, avec des moments puissants. Navona
Records n’est pas une étiquette de musique contemporaine à tout crin, elle
vogue plutôt sur l’océan de la “nouvelle musique classique” et, en cela, les
compositions de Marty Regan ne sont pas particulièrement audacieuses ou
avant-gardistes. Or, cela n’enlève rien au charme de ce disque.
This CD is the follow-up to 2010’s Forest
Whispers, and it is better. Magic Mirror is a gorgeous
collection of new compositions for Japanese instruments. Only one track,
“Voyage”, steps out of the Japanese universe to match the shakuhachi with a
Western string quartet – and it’s the least interesting piece of this set.
“Flamefox” for shakuhachi quartet is beautiful – the textures of course, but
also the medidative melodies. “In the Night Sky” for shakuhachi, koto, and
percussion contains some very powerful moments. Navona Records is not cutting-edge
contemporary music label – they are more into “new classical music”, and
therefore Marty Regan’s compositions are not particularly bold, experimental,
or avant-garde. But that takes nothing out of the charm of this album.
PHILIPPE PETIT /
Extraordinary Tales of a Lemon Girl, Chapter 3: Hitch-Hiking Thru Bronze
Mirrors (Aagoo)
Voilà, c’est fait: la trilogie Extraordinary Tales
of a Lemon Girl de Philippe Petit est complète. Ce troisième disque
(tous parus chez Aagoo) est moins aride que le second tome (malgré l’étonnante
monochromie de sa pochette), mais tout aussi expérimental, se situant entre
l’onirisme du premier chapitre, où les tourne-disque régnaient en maître, et le
caractère plus musique concrète du second. S’il fallait caractériser cet ultime
volet, je parlerais de musique contemporaine, puisque les cordes y prennent
plus de place et les instruments (piano, cymbalum, psaltérion) y occupent une
place plus “conventionnelle”. Chaque disque a donc sa propre personnalité. Il
me reste à faire une écoute complète de la trilogue pour voir si l’ensemble se
tient.
Finally, Philippe Petit’s Extraordinary
Tales of a Lemon Girl trilogy is complete. This third CD (all released by
Aagoo) is just as experimental but less dry than Chapter 2 (don’t be mistaken
by the shockingly monochrome cover artwork). Stylistically, it sits between the
dreaminess of Chapter 1, where turntables ruled the floor, and the musique
concrete feel of Chapter 2. Had I to characterize this final chapter, I would
mention contemporary music, for strings have a prominent role, and instruments
(piano, cymbalum, psalterion) are used in a more “conventional” way. Each album
has its own personality. Now I’ll have to listen again to the whole trilogy to
see if they make sense together.
ELEPHANT9 with REINE FISKE / Atlantis (Rune Grammofon - merci à/thanks to Forced Exposure)
Yowza! Atlantis déchire et
déménage! Quelle dose d’adrénaline! Tous les éléments gagnants de ce power
trio construit autour de l’orgue
Hammond de Ståle Storløkken sont là: les riffs sales, l’énergie rock,
l’équilibre précaire entre groove déjanté et improvisation libre – tout quoi!
Mais ce n’est pas tout: pour le même prix, on a droit à la férocité
guitaristique de Reine Fiske (de Dungen), qui donne encore plus de gueule au
son du groupe. Le meilleur Elephant9 à ce jour, sans aucun doute. [Ci-dessous: La pièce titre, “Atlantis”.]
Yowza! Atlantis rips
and shreds! What a shot of adrenaline! All the winning elements are back for
this Norwegian Hammon organ-led power trio: the dirty riffs, the rock drive,
the precarious balance between unhinged grooves and free improvisation –
everything! Plus, for the same price, you also get the guitar crunch of guest
Reine Fiske (of Dungen). The band’s sound is herein bigger, louder, meanier
and, frankly, it’s quite a wow factor. Hands down the best Elephant9 album so
far. [Below: The title track “Atlantis.”]
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