Journal d'écoute / Listening Diary
2010-01-21
DARIN GRAY & LOREN CONNORS / The Lost Mariner + At the Old Factory (Family Vineyard)
Depuis quelques années, Family Vineyard travaille fort à remettre en circulation l’œuvre du guitariste Loren Connors, à coup de compilations et de rééditions (physiques et numériques). The Lost Mariner est l’un des deux premiers disques publiés par cette étiquette à sa fondation en 1999. Cette réédition souligne ce 10e anniversaire, mais c’est plus que ça. En fait, The Lost Mariner est l’un des plus beaux disques de Connors. En collaboration avec le bassiste Darin Gray, il crée ici sept pièces délicates, entièrement absorbées, ne tenant qu’à un fil, mais un fil d’une beauté lancinante. Chaque note compte, déposée goutte à goutte, comme l’essence d’une fleur rare. Dans le spectre de Connors (qui peut se faire bruyant à ses heures), ce disque appartient à son style post-blues ultra-calme, mesuré et doux. Très beau. Cette réédition se présente sur vinyle et est accompagnée d’un bonus: un 7 pouces exclusif intitulé At the Old Factory et présentant le même duo en concert - un peu plus cru, mais tout aussi envoûtant. Amateurs de Connors, ce disque est un must. Aussi disponible en téléchargement (sans le bonus). [Ci-dessous: “Part 4”, trouvée sur le site de Family Vineyard.]
For the past few years, Family Vineyard has been hard at work putting back into circulation the works of guitarist Loren Connors, with a couple of high-profile best-ofs and a few physical and digital reissues. The Lost Mariner was one of the label’s very first two releases, back in 1999. This LP reissue celebrates the label’s 10th anniversary, but there’s more to it, for The Lost Mariner is simply one of Connors’ finest moments. In collaboration with bassist Darin Gray, here he creates seven delicate, entirely absorbed pieces that barely hold together by a thread of entrancing beauty. Each note counts, like droplets of essence from a rare flower. Within Connors’ spectrum (the man can get noisy at times), this album belongs to his ultra-calm post-blues oeuvre. It’s paced and quet, and beautiful. This LP reissue includes a bonus 7” entitled At the Old Factory, exclusive to this release and featuring the duo in concert - a bit raw but just as captivating. Fans of Connors, this album is a must. Also available as a download (without the bonus 7”). [Below: “Part 4”, found on Family Vineyard’s website.]
JAILBREAK / The Rocker (Family Vineyard)
Jailbreak est un duo de “power free” formé du batteur Chris Corsano et de Heather Leigh à la pedal steel et la voix. J’admire beaucoup Corsano, dont le jeu est époustouflant de vitesse et d’énergie. Je connais beaucoup moins Leigh. Elle mène du train, avec beaucoup d’énergie et de passion. The Rocker paraît sur vinyle, une longue improvisation par face, peu de changements, qu’un feu roulant d’intensité à fond de train. Bruitiste à souhait, mais presque free jazz aussi, en raison du style de Corsano qui, même lorsqu’il tapoche à tour de bras, conserve une touche jazzée.
Jailbreak is a “power free” duo consisting of drummer Chris Corsano and pedal steel player/singer Heather Leigh. I admire Corsano’s incredibly fast and energetic playing. Leigh I know a lot less. She’s noisy, in a driving and passionate way. The Rocker is release in LP format, with one long improvisation per side, little changes, just a constant rollercoast of intensity. It’s noise music, but it’s also almost free jazz, thanks to Corsano’s playing retaining a jazzy feel even with a full head of steam.
CIRCUM GRAND ORCHESTRA / Le Ravissement (Circum-Disc)
Deuxième disque de ce grand orchestre de l’étiquette/collectif Circum, avec, entre autres, Jean-Baptiste Pérez, Sébastien Beaumont, Peter Orins et Olivier Benoit. Ce dernier signe toutes les compositions sauf une, et j’avoue aimer BEAUCOUP son écriture (dans le projet Hué/Circum, particulièrement). De l’excellent jazz actuel, dans un moule “musique actuelle” très québécois - je pense à Je me souviens de Jean Derome, à NOMA de Tom Walsh. Belle section de cuivres, deux guitares, section rythmique double, des pièces intelligentes, vives, aux arrangements riches et beaux. Sans jeu de mots, je suis effectivement ravi.
A second record from Circum label/collective’s orchestra, with Jean-Baptiste Pérez, Sébastien Beaumont, Peter Orins, and Olivier Benoit, among others. The latter penned all the compositions save one, and I admit to LOVE his writing (especially in the Hué/Circum project). This is excellent avant-jazz, with a very Quebec-style musique actuelle feel – I’m thining of Jean Derome’s Je me souviens and Tom Walsh’s NOMA. Nice brass section, twin guitars, double rhythm section, intelligent and lively pieces, rich arrangements. I’m thrilled.
ETRON FOU LELOUBLAN / Face aux éléments déchaînés (Gazul/Musea)
Le dernier disque d’Etron Fou Leloublan, paru en 1985, et le dernier réédité par Gazul Records (un subsidiaire de Musea). Un disque superbe, à mon goût le meilleur des trois avec Jo Thirion. Des chansons folles, aux rythmiques complexes et aux textes joyeusement échevelés, mais livrées avec un air pince-sans-rire saisissant. Ce disque fait TRÈS années 80 et porte la marque de la réalisation de Fred Frith - un son très RecRec: clinique, mécanique, dépouillé, ce qui jure avec la nature foisonnante des chansons. Cette tension se traduit par de merveilleux moments. Moins accessible que Les Poumons gonflés et moins outrageusement délirant que Batelages ou Les 3 fous perdégagnent… Somme toute, un excellent point d’orgue à l’histoire de ce groupe mythique, fier représentant français du mouvement Rock-in-Opposition et la créature rock la plus incongrue qu’ait produite l’Hexagone.
Etron Fou Leloublan’s final opus, released in 1985, and the last reference in Gazul’s EFL reissue program. A splendid record - the best of the three records with Jo Thirion, in my opinion. Cazy songs with complex rhythms and very odd lyrics delivered in striking no-nonsense fashion. This records bears the mark of the ‘80s… and Fred Frith’s production: a typical RecRec sound: clinical, mechanical, stripped-down, which contrasts heavily with the luxuriousness of the songs. This tension leads to fabulous moments. Less accessible than Les Poumons gonflés, less outrageously mad than Batelages or Les 3 fous perdégagnent… All in all, an excellent finale for this mythical group, proud representative of France in the Rock-in-Opposition movement, and the most unclassifiable rock creature ever to come out of France.
PORCUPINE TREE / Metanoia (Snapper Music)
Pas un essentiel de Porcupine Tree, mais un disque néanmoins intéressant. Cet album est constitué d’improvisations en studio et de matériel préparatoire à l’album Signify (qui lui même s’est vu bonifié d’un disque complet d’outtakes, il y a quelques années). Un disque instrumental donc, axé sur le jam, avec beaucoup de bons solos de Steven Wilson. Sympathique. Recommandé pour ceux qui, comme moi, aiment Voyage 34. Les autres peuvent passer leur tour, à moins d’être complétistes.
This is not an essential Porcupine Tree album, but it definitely has its moments. Metanoia consists of studio improvisation and preparatory material for the Signify album (of which there is already a disc worth of outtakes). So it’s all instrumental, jam-focused, with lots of guitar solos from Steven Wilson. Fun. Recommended to folks who, like me, enjoy Voyage 34. The others can skip this one, unless they’re completists.
KING CRIMSON / In the Court of the Crimson King [40th Anniversary Edition] (DGM)
La transformation sonore de ce disque est moins impressionnante que Lizard ou même Red. Le mix 5.1 de Steven Wilson est encore étonnant de justesse, mais les versions stéréo antérieures de cet album étaient déjà très satisfaisantes. Tout de même, soulignons le jeu d’haut-parleurs créatif sur “21st Century Schizoid Man” et la spatialisation soignée de “Moonchild.” D’ailleurs, cette dernière pièce ne devait pas être raccourcie? La version 5.1 est pourtant intégrale (celle du CD est tronquée de trois minutes). Beaucoup de pièces boni, toutes des versions différentes (à divers stades d’enregistrement) des mêmes cinq chansons de l’album. D’un certain intérêt, mais pas tant que ça. Achetez pour le nouveau mix 5.1 ou même le nouveau mix stéréo si vous n’aviez pas l’édition “définitive” de 2004.
The sonic transformation on this record is less impressive than on Lizard or even Red. Steven Wilson’s 5.1 mix is once again dead on, but the previously available stereo versions of this album were already quite satisfying. Still, I must point out the creative loudspeaker plays in “21st Century Schizoid Man@ and the delicate spatialization on “Moonchild.” Incidentally, wasn’t the latter supposed to be edited? The 5.1 version is complete (the one on the CD is three minutes shorter). Lots of bonus tracks, all alternate versions (at various stages of recording) of the same five album tracks. Of some interest, though not that much. Buy it for the new 5.1 mix or even the new stereo mix if you don’t have the “definitive” 2004 edition.
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