Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

Home of François Couture's music journalism and activism.

2010-01-20

2010-01-20: Éric La Casa, Mike Cooper, Hession/Wilkinson/Fell/Morris, Fehlfarben, Yellow Swans, King Crimson

Journal d'écoute/Listening Diary

2010-01-20

ÉRIC LA CASA / Zone sensible 2/Dundee 2 (Room40)

J’aime beaucoup le travail d’Éric La Casa, un artiste de field recording sensible et créatif. Ce disque propose deux œuvres mises côte à côte, deux projets in situ pour espaces publics. “Zone sensible 2” tourne autour des ruches d’un certain Olivier Darné, en banlieue de Paris, une œuvre étourdissante, fascinante dans ses agencements et traitements de bourdonnements. Beaucoup de vie dans cette pièce. “Dundee 2” s’intéresse à la ville de Dundee (Écosse), à travers l’agencement de regards scrutateurs sur ses éléments constituants (lieux, objets, machines, habitants). La Casa ne tombe jamais dans le narratif, laissant les sons parler d’eux-mêmes plutôt que leur imposer une structure linéaire et unidirectionnelle. Superbe travail.

I am very fond of Éric La Casa’s work. He is a sensity and creative field recordist. This CD features two works put side by side, two site-specific projects for public spaces. “Zone sensible 2” revolves around the bee hives of one Olivier Darné, near Paris. It’s a dizzying piece with fascinating layerings of sounds and buzz treatments. Lots of life in this one. “Dundee 2” focuses on the two of Dundee (Scotland), through arrangements of scrutinizing looks at its constituents (places, objects, machines, and people). La Casa never falls for the narrative, letting the sounds speak for themselves instead of imposing a linear, unidirectional structure to them. Splendid work.

MIKE COOPER / Rayon Hula (Room40)

Room40 publie des disques physiques (celui de La Casa, par exemple), mais aussi des albums offerts uniquement en téléchargement, comme cette réédition remasterisée de Rayon Hula, L’œuvre avant-exotica qui a valu à Mike Cooper un prix Ars Electronica en 2005. À partir des disques de jazzman exotica hawaïen Arthur Lyman et en s’inspirant des motifs de sa collection des chemises hawaïennes (je n’invente rien!), Cooper a composé un disque hybride qui intègre parfaitement électronique ambiante et exotica. Disons, pour donner une idée, qu’il s’agit d’une version hawaïenne d’Endless Summer, l’ode rétro-surf de Fennesz. Mais il n’y a pas d’imitation ici (et Fennesz ne travaillait pas à partir d’échantillonnages). Très heureux de découvrir ce disque, même cinq ans en retard.

Room40 releases physical CDs (like the La Casa title above), but also download-only albums, like this remastered reissue of Rayon Hula, the avant-exotica opus that brought a Prix Ars Electronica to Mike Cooper’s lap back in 2005. From records by Hawaiian exotica jazzman Arthur Lyman and drawing inspiration from the patterns on his Hawaiian shirts (I am not kidding), Cooper has composed a hybrid work of perfectly integrated ambient eletronica and exotica. To give you an idea, imagine an Hawaiian version of Fennesz’ retro-surf anthem Endless Summer. But Rayon Hula is no imitation (and Fennesz wasn’t proceeding from sampling). I’m very happy to discover this record, even five years after the fact.

HESSION/WILKINSON/FELL + MORRIS / Registered Firm (Incus)

C’est un vieil enregistrement (1996) qui manquait à ma collection, ramassé au vol lors d’une vente de feu. Une très belle session qui paire un trio britannique bien établi (Alan Wilkinson au saxo, Simon H. Fell à la contrebasse et Paul Hession à la batterie) et le guitariste américain Joe Morris. De l’improvisation libre attentive mais énergique, cérébrale mais sexy – oui, sexy! C’est aussi le point de départ de la collaboration entre Fell et Morris qui a mené, 12 ans plus tard, au trio Morris/Ward/Fell présenté au 25e FIMAV.

It’s an old release (1996) that was missing from my collection. I grabbed on the fly in a sale. A very fine session that brings together a long-standing British trio (Alan Wilkinson on sax, Simon H. Fell on bass, Paul Hession on drums) and US guitarist Joe Morris. Acute-listening yet energetic free improv, cerebral yet sexy - yes, sexy! This was also the starting point of the collaboration between Fell and Morris, which has led, 12 years later, to the Morris/Ward/Fell trio performance at the 25th FIMAV.

FEHLFARBEN / Glücksmaschinen (Tapete - merci à/thanks to Forced Exposure)

Un gros bof. Fehlfarben, selon le communiqué de presse, est un vieux supergroupe allemand de new-wave/punk. Ce que j’entend sur Glücksmanschinen, c’est un groupe de rock indie au son vintage, le genre qui pourrait placer une chanson dans une pub d’iPod. Pas mauvais, mais cliché, prévisible et facile à oublier. À ignorer aussi.

Blah. Fehlfarben, says the press release, is an old German new-wave/punk supergroup. What I’m hearing on this new album, Glücksmanschinen, is a vintage-sounding indie rock band, the kind that could land a song in an iPod advert. Not bad but cliché, predictable, and forgottable. Easy to ignore.

YELLOW SWANS / Going Places (Type - merci à/thanks to Forced Exposure)

Le duo Yellow Swans n’est plus, mais Peter Swanson et Gabriel Mindel ont pris le temps de peaufiner un dernier disque avant de tirer leur révérence. La différence est frappante. On entend tout de suite qu’ils ont consacré plus de temps à Going Places. Il est moins garroché et nettement plus élégant. Élégant? Pour du noise? Oui, tout à fait. En fait, c’est de loin le meilleur Yellow Swans que j’aie entendu et un des très bons disques de noise qui ont croisé mes oreilles. Du noise ambiant immersif, sensuel, un tantinet triste, puissant d’une révolte assumée et non d’une rage destructrice. Très solide et hautement recommandable aux amateurs du genre.

Yellow Swans have called it quits, but Peter Swanson and Gabriel Mindel have taken the time to spit-shine one final CD before taking a last bow. The difference is striking. You can hear right frm the start how much more time they spent on Going Places. It doesn’t sound hastily thrown together like most of their other records. It sounds a lot more elegant too. Elegant? Noise music, elegant? Yes, absolutely. In fact, this is by far the best Yellow Swans I’ve heard, and one of the very good noise CDs to have crossed my path. Immersive ambient noise, sensual, a tad bit sad, empowered by a feeling of assumed revolt, not destructive rage. Very strong and highly recommended to fans of the genre.

KING CRIMSON / Lizard [40th Anniversary Edition] (DGM)

Enfin. Dès l’annonce que Robert Fripp avait mandaté Steven Wilson de Porcupine Tree pour remixer le catalogue de King Crimson en 5.1, j’attendais impatiemment d’attendre ce qui adviendrait de Lizard. C’est que, dans l’univers crimsonien, on aime ou on n’aime pas Lizard, disque ovni, résultat de l’intérêt de plus en plus poussé que portait Fripp à la scène free jazz britannique, et tout particulièrement au travail du pianiste Keith Tippett. Ce disque incroyablement touffu (arrangements free, force instruments d’orchestre classique et de jazz, nombreux traitements vocaux) a toujours sonné tronqué, réduit, contraint, sur vinyle ou sur CD. Et voilà que Wilson exauce toutes mes prières: chaque instrument séparé, des arrangements qui dansent littéralement, et le jeu de Keith Tippett, éblouissant d’un bout à l’autre, ancré bien au centre, vedette d’un disque qu’on dirait conçu pour le mettre en valeur. C’est officiel, Lizard est maintenant mon disque préféré du King Crimson pré-1972, et peut-être même…

Finally. From the moment it was announced that Robert Fripp had mandated Porcupine Tree’s Steven Wilson to remix King Crimson’s catalog in 5.1 sound, I was eagerly waiting to hear what would become of Lizard. In KC’s universe, you either love or hate Lizard, a UFO of a record, the result of Fripp’s growing interest in the British free jazz scene in general and the work of pianist Keith Tippett in particular. This incredibly dense record (free arrangements, tons of orchestral and jazz instruments, a plethora of vocal treatments) has always sounded truncated, reduced, constricted, on LP and on CD. And here comes Wilson, answering all my prayers: each instrument carefully separated, arrangements that literally dance around the room, and Keith Tippett’s playing set squarely in the middle, under the spotlight, as if the whole album had been designed to highlight him. It’s official, Lizard is my favorite pre-1972 KC album, and it might even…

No comments:

Post a Comment