2010-04-05
JONAS KOCHER / Materials (Creative Sources)
Un disque court (35 minutes) et minutieux, enregistré au STEIM, lieu de prédliection pour développer des instruments et interfaces étranges, ou encore des techniques d’enregistrement microscopique. Jonas Kocher propose un programme de sept pièces courtes, en solo, dont les titres énumèrent les matériaux utilisés pour les créer. Par exemple, “Bellow, bow” annonce le soufflet d’un accordéon et un archet (joué sur quoi, on ne sait trop). Au fil du disque, on trouve aussi des boutons (de vêtements), une cymbale, de laine d’acier et des électroniques (très discrètes). Il faut monter le son, faire fi des bruits extérieurs et accorder ses oreilles à l’univers lilliputien de Kocher. Cet univers n’est pas riche en rebondissement mais propose des textures qui, si elles ne sont plus inusitées, ont tout de même de quoi intriguer. Le parti-pris minimaliste n’est pas trop aliénant, et son utilisation du soufflet d’accordéon, bien que limitée par nature, est intéressante.
A short (35 minutes), meticulous CD recorded at STEIM, the perfect place to develop strange instruments and interfaces or microscopic recording techniques. Jonas Kocher presents seven short solo pieces with titles that list the materials used to make them. For instance, “Bellow, bow” announces the bellow of an accordion and a bow (played on what, I’m not sure). In the course of the album, we also encounter buttons, a cymbal, steel wool, and very quiet electronics. You have to turn up the volume, ignore extraneous sounds, and attune your ears to Kocher’s lilliputian soundworld. His universe is not feature-rich, but it includes intriguing textures, even though they are not all as unheard-of as they would have been ten or fifteen years ago. His minimalist stance is not too alienating, and his use of the accordion’s bellow, though limited by design, is quite interesting.
MINIATUR ORCHESTER / Pro Specie Rara (Unit Records)
Premier album de cet ensemble qui se décrit comme étant “dixiebalkanimproworldbeat”. Mouais. Bon. Disons qu’il s’agit d’un septette à deux batteurs et vents qui s’amuse à mélanger les influences. C’est généralement sympathique, pas nécessairement léger. Ça s’approche parfois de l’Orkestre des pas perdus, en moins fou. Les rythmes sont créatifs, mais les lignes mélodiques manquent parfois d’originalité. 17 courtes pièces (rien au-dessus de quatre minutes).
The debut album by this ensemble self-described as “dixiebalkanimproworldbeat.” Well. It is a septet consisting of two drum kits and horns, and they clearly enjoy mix-and-matching styles and influences. It’s mostly fun, enjoyable, not necessarily light. I was often reminided of a slightly less over-the-top Orkestre des pas perdus. The beats are quite creative, but the melodies occasionally lack originality. 17 short pieces (nothing over four minutes).
2e écoute/2nd Listen: THE INCREDIBLE STRING BAND / The Hangman’s Beautiful Daughter (Fledg’ling - merci à/thanks to Forced Exposure)
Comme je m’y attendais (voir ma chronique du 2010-04-01), plus j’écoute celui-ci, plus il me plaît. “A Very Cellular Song” (13 minutes) et “Three Is A Green Crowd” (presque huit) sont rigolotes, riches et joyeusement disjonctées. “The Minotaur’s Song” aussi, malgré son côté Monty Python (“I’m a lumberjack and I’m okay...”) qui a mal vieilli. Je comprends mieux le statut quasi-mythique de ce disque. Mais ma préférence va encore à The 5000 Spirits, réécouté pendant la fin de semaine de Pâques.
As I expected (see my review on 2010-04-01), the more I listen to this one, the more I like it. “A Very Cellular Song” (13 minutes) and “Three is A Green Crowd” (almost eight) are funny, rich, and marvelously disjointed. “The Minotaur’s Song” is something too, despite its Monty Python feel (“I’m a lumberjack and I’m okay...”), which hasn’t aged well. I better understand the near-mythical status of this record. Still, my preference goes to The 5000 Spirits, which I also revisted during the Easter weekend.
PHANTOM BAND / Phantom Band (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)
L’étiquette Bureau B poursuit sa réédition du catalogue Sky, cette glorieuse étiquette électronique/krautrock allemande du tournant des années 80. Voici les deux premiers albums (sur trois) du Phantom Band réuni en 1980 par le batteur de Can, Jaki Liebezeit. Le premier disque, l’éponyme Phantom Band poursuit sur une lancée similaire aux derniers Can - oui, ceux sur lesquels on lève le nez, généralement. Le simple fait de changer le nom du groupe permet de regarder ce disque avec un regard différent. Et, ma foi, malgré qu’il trahisse facilement son âge, il se laisse écouter. Liebezeit est entouré du percussioniste Olek Gelba (aux tendances antillaises/jamaïcaines), du claviériste Helmut Zerlett, du guitariste Dominik von Senger et du bassiste-chanteur Rosko Gee. Ce dernier possède une voix androgyne qui confère à la musique un son disco-soul un peu déstabilisant, sans que ce soit mal fait. “I’m the One,” par exemple, est bien réussie. Cela dit, je préfère les instrumentales comme “For M.” ou “Absolutely Straight.” Un disque sympathique mais froid de la froideur typique des productions de 1980 (Conny Plank suivait la tendance à ce moment-là). Un krautrock influencé par le courant reggae qui balaie alors l’Europe.
The Bureau B label carries on with its reissue program of the Sky catalog, that glorious German electronic/krautrock label from the turn of the ‘90s. Here come the first two (out of three) albums by Phantom Band, brought together in 1980 by Can drummer Jaki Liebezeit. The first album, eponymous, picks up where Can had left - yes, those Can albums we usually disdain. But the fact that the band’s name on the cover is different allows us to approach the material differently. And, well, despite its age, which shows a lot, this album is a fun listen. Liebezeit is surrounded by percussionist Olek Gelba (with strong Carribbean/Jamaican leanings), keyboardist Helmut Zerlett, guitarist Dominik von Senger, and drummer/singer Rosko Gee. The latter’s androgynous voice gives the music a disco/soul feel that’s a bit destabilizing, although it ain’t bad. “I’m the One,” for instance, is well done. However, I prefer the instrumental tracks, like “For M.” or “Absolutely Straight.” A fun record but the production is cold, as was often the case in 1980 (here, Conny Plank is definitely going along with the current trend). This is krautrock influenced by the reggae wave that was sweeping Europe at the time.
PHANTOM BAND / Freedom of Speech (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)
Ce second disque est nettement supérieur au premier, et la raison en est bien simple: Rosko Gee a quitté le groupe. Sa voix à la Donna Summers est remplacée par celle beaucoup plus terre-à-terre du poète (aujourd’hui on dirait slammeur) Sheldon Ancel. Exit le côté plus disco, bonjour une dimension plus expérimentale. La musique demeure très krautrock, très Can: répétitive, lancinante, exploiratoire à l’intérieur du rythme dicté par Jaki Liebezeit et complété par Olek Gelba. L’influence dub est encore plus prononcée (“E.F. 1”). Les textes d’Ancel sont intéressants, ses performances conviennent parfaitement au style développé par le groupe. Une belle surprise, presque une révélation. Fans de Can qui ne connaissez pas Phantom Band, précipitez-vous sur cet album. [CI-dessous: Un extrait de “Brain Police”. D’autres extraits de l’album (et du premier, ci-dessus), sur le site de Bureau B.]
This second album is much stronger than the first one, and there’s one main reason for that: Rosko Gee is gone. His Donna Summers-like voice has been replaced by a spoken word artist with a down-to-earth attitude, Sheldon Ancel. The disco feel is gone, replaced by a more experimental aspect. The music remains very much in the krautrock realm - it’s very Can-like: repetitive, exploratory inside the beat dictated by Liebezeit and complemented by Olek Gelba. The dub influence is stronger here (“E.F. 1”). Ancel’s lyrics are interesting and his performances are a perfect fit with the style developed by the band. A nice surprise, almost a revelation. Can fans who weren’t aware of Phantom Band should run to this particular record. [Below: An excerpt of “Brain Police.” More audio samples from the album (and the first one too, see above) on Bureau B’s website.]
http://www.bureau-b.com/Snippets/PhantomBand/BrainPoliceSn.mp3
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