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2014-03-12

2014-03-11: Pastor/Hug, Hanuman Jazz Quartet, Thumbscrew, Raoul Björkenheim, Klô Pelgag, Serge Fiori

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-03-11

STEFANO PASTOR & CHARLOTTE HUG / Paragone d’Archi (Leo Records)
Un beau pairage: l’italien Stefano Pastor, violoniste au style à la fois lyrique et grinçant, qui utilise des cordes de guitare au lieu des traditionnelles cordes de violon, et la suissesse Charlotte Hug, aux techniques étendues très expressives et sensuelles (elle relâche beaucoup la tension de son archet). Paragone d’Archi propose 17 courtes pièces enregistrées sur trois jours de studio. De belles danses pour l’oreille. Une rencontre convaincante, mais qui n’est pas dénuée de redites.
A nice pairing: Italian violinist Stefano Pastor, who has a lyrical and edgy style and uses guitar strings in place of the usual violin strings, and Swiss viola player Charlotte Hug, who uses highly expressive and sensual extended techniques (including releasing all tension from her bow). Paragone d’Archi features 17 short pieces recorded over three days of studio work. Fine dances for the ear. A convincing meeting, though a bit too long.

HANUMAN JAZZ QUARTET / Soundhousing (Leo Records)
Le mot-clé du Hanuman Jazz Quartet, c’est le jazz; un jazz vif, amusant, qui s’inspire de Steve Lacy et de l’école italienne (c’est un groupe italien), et qui évoque parfois l’univers de Robert Marcel Lepage. Belles lignes doubles entre la clarinette de Fabio martini et le saxo de Marco Franceschetti. Mais je trouve ce disque inégal, avec des pièces trop jazz à mon goût, alors que d’autres me plaisent franchement.
The key word with the Hanuman Jazz Quartet is “jazz” – a lively, playful form of jazz that draws inspiration from Steve Lacy and the Italian school (they are Italians), and bring to mind Robert Marcel Lepage’s soundworld at times. Nice twin melody lines between Fabio Martini,s clarinet and Marco Franceschetti’s saxophone. But I find this CD to be uneven and, though I truly like the more adventurous pieces, some of the tracks are too jazz-sounding for my personal tastes.

THUMBSCREW / Thumbscrew (Cuneiform)
Très bon premier disque du trio Thumbscrew (Mary Halvorson, Michael Formanek et Tomas Fujiwara) chez Cuneiform. Guitariste, contrebassiste et batteur contribuent trois compositions chacun, mais celles-ci forment un ensemble fort cohérent. Jazz actuel complexe qui allie lignes de tête tarabiscotées et mécanismes d’improvisation ingénieux. J’aime beaucoup. Le jeu appuyé de Formanek s’agence très bien au son coulant, presque liquide, de Halvorson. La toute courte “Nothing Doing”, “Still...Doesn’t Swing” et “Line to Create Madness” sont les moments (très) forts de ce disque fortement recommandé.  [Ci-dessous: “Cheap Knock Off”.]
Very good debut album from Thumbscrew (Mary Halvorson, Michael Formanek, Tomas Fujiwara) on Cuneiform. Guitarist, bassist, and drummer each contribute three compositions, and they all form a highly cohesive whole. Complex avant-jazz that blends twisted heads and ingenious improvisation schemes. I like it a lot. Formanek strong-footed playing makes a fine complement to Halvorson’s liquid-like sound. The very short “Nothing Doing,” “Still...Doesn’t Swing,” and “Line to Create Madness” rank among the highlights of this highly recommended CD.  [Below: “Cheap Knock Off.”]

RAOUL BJÖRKENHEIM / eCsTaSy (Cuneiform)
Une première écoute décevante. J’espérais quelque chose de punchy comme le solide Blixt, mais ce quartet est plutôt ancré dans le jazz. Il y a de bonnes compos dans une veine jazz-rock un peu exploratoire (“No Delay”, “As Luck Would Have It”), mais les impros ne m’ont pas impressionné.
I’m disappointed after a first spin. I was hoping for something punchy like the strong Blixt project, but this new quartet is too deeply anchored in jazz. There are some good compositions in a slightly exploratory jazz-rock vein (“No Delay,” “As Luck Would Have It”), but I’m not impressed by the collective improvisations.

 KLÔ PELGAG / L’alchimie des monstres (Abusive Muzik/Coyote)
J’ai un gros faible pour les auteures-compositrices-interprètes à l’imaginaire débridé, la verve folle et la voix particulière. Avec Klô Pelgag, je suis comblé. Ce premier album (après un EP) est paru l’automne dernier – je suis passé à côté. La sortie de la vidéo pour “Tunnel” a capté mon attention et voilà que je me reprends. Cette chanson et “La fièvre des fleurs” (et “Les mariages d’oiseaux” et...) me font beaucoup penser à Joanna Newsom. Ailleurs, une flexion de la voix évoque Linda Perhacs; un bout d’arrangement rappelle Tomas Jensen à ses débuts; une image poétique surréaliste (il y en a plusieurs) tend vers Tricot Machine. Or, peu importe les références, Klô Pelgag tisse avec L’alchimie des monstres un univers complet et singulier, qui lui appartient en propre et auquel je ne changerais rien de rien. Les textes sont à faire pâmer l’amant de la langue française et de l’esprit décalé que je suis. Je vis pour ces moments de grâce où arrive de nulle part une jeune artiste qui, dès la première écoute, me met au tapis. Merci.  [CI-dessous: Quatre chansons en écoute libre sur bandcamp.]
I have a thing for female singer-songwriters with a wild imagination, a knack for surrealistic wordplay, and an idiosyncratic voice. Klô Pelgag is all that and I’m a very happy man. This debut full-length (after one EP) came out last fall, but it didn’t register on my radar. The release of the video for “Tunnel” caught my eye and ear, and quickly caught up. That song and “La fièvre des fleurs” (and “Les mariages d’oiseaux” and ...) make me think of Joanna Newsom. Elsewhere, a inflexion of the voice reminds me of Linda Perhacs; an arrangement brings back early Tomas Jensen; a poetic image tends toward Tricot Machine. Yet, despite all these references, Klô Pelgag has woven with L’alchimie des monstres a fully-formed and singular universe, one she can rightfully call her own, one in which I wouldn’t change a single thing. I live for these moments of grace where out of nowhere comes a young artist that sends me to my knees saying thank you on the very first listen. [Below: Stream the first four songs of the album on bandcamp.]

SERGE FIORI / Serge Fiori (GSI Musique)
On a beau calmer ses ardeurs, reste que les (mes) attentes étaient élevées à l’égard de ce nouveau disque de chansons, le premier du leader d’Harmonium depuis 30 ans. Et ça commence de manière saisissante avec “Le monde est virtuel”: on y retrouve la voix, le mellotron, l’atmosphère d’Harmonium, et rien n’a vieilli! N’eût été son texte, cette chanson serait intemporelle. Or, et c’est là un étrange paradoxe, les deux meilleures chansons du disque (celle-là et “Crampe au cerveau”) portent sur des sujets d’actualité (notre dépendance aux réseaux sociaux et Stephen Harper). Déception de ce texte. Déception aussi quant au fait que l’album part en lion – les quatre premières chansons sont splendides – et finit en mouton. Le duo avec Monique Fauteux (dans Harmonium à l’époque de L’Heptade) est un joli clin d’œil au passé sur papier, mais “Jamais” est plutôt mièvre. Et le reste du disque s’essouffle: jamais mauvais, jamais vraiment mainstream non plus, mais pas aussi inspiré que la salve d’ouverture. Cela dit, n’allez pas bouder votre plaisir...
Even though I tried to reason with myself, my expectations were high in regards this new album of songs, Harmonium’s leader’s first in 30 years. And it startsin striking form with “Le monde est virtuel”: the same voice, the mellotron, the very atmosphere of Harmonium can all be heard as if Fiori hadn’t aged a bit! Hadn’t it been for the lyrics, this song would be timeless. And it’s an odd paradox that the CD’s two best songs (that one and “Crampe au cerveau”) cover current issues topics (our dependence to social media, and Stephen Harper). That’s one disappointment (though it won’t affect non-Francophone listeners). My second disappointment is that the albums starts very strong – the first four songs are gorgeous – then peters out. It’s a fine nod to the past to do a duet with Monique Fauteux (she was in Harmonium circa L’Heptade), but that song, “Jamais”, is a schmaltzy ballad. The rest of the album isn’t bad, nor is it downright mainstream, but it loses its drive and never regains the strength of its opening salvo.


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