Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2010-04-23

2010-04-23: Perte de signal, Andrew Violette, Musik Oblik, Bonedome, Gabriel Yacoub

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-23


PERTE DE SIGNAL / Chroniques (Perte de signal)

Organisme montréalais de création sonore, Perte de signal présente ici quatre œuvres de ses membres, quatre assemblages de sons puisés dans des lieux publics, sans être remarqués. Nous sommes ici dans un univers de “field recording” très transformés, utilisés comme matériau brut dans des pièces acousmatiques immersives. Nelly-Ève Rajotte propose un voyage binaural entre la roche et la voix. Les trois autres participants sont les trois membres du trio Bold (qui sera du FIMAV 2010): Érick D’Orion (de morceaux_de_machines), Nicolas Bernier (de l’étiquette Ekumen) et Alexis Bellavance. La pièce de D’Orion est plus bruitiste et glauque; celle de Bernier est sombre, mystérieuse, inquiétante; celle de Bellavance m’a rendu perplexe dans son enchevêtrement de petits sons et de petites voix. À fouiller plus avant. Un disque court (35 minutes) mais bien serré, somme toute une belle proposition.

A Montreal-based sound art organization, Perte de signal offers here four works by some of its members, four pieces made from field recordings made in public locations with hidden microphones. This is a soundworld of highly treated field recordings, recordings used as raw material in immersive acousmatic works. Nelly-Ève Rajotte, goes binaural for a journey between a rock wall and voices. The other three participants are the three members of Bold (who will be playing at FIMAV 2010): Érick D’Orion (of morceaux_de_machines), Nicolas Bernier (from the Ekumen label), and Alexis Bellavance. D’Orion’s piece is noisier and gloomier; Bernier’s is dark, mysterious and disqueting; Bellavance’s perplexed me with its tangle of tiny sounds and voices. Needs further investigation. A short record (35 minutes), but tight. All in all a fine proposition.


ANDREW VIOLETTE / Ultra Violette (Innova)

Jamais de demi-mesures pour le compositeur-pianiste Andrew Violette. Connu pour ses pièces fleuves (ses sonates pour piano sont épiques, autant en durée qu’en densité), le voici qui propose un recueil d’œuvres courtes... mais il en fait un disque double 2 h 25 min... plus 17 minutes de musique supplémentaire en format mp3! Ultra Violette regroupe des œuvres composées entre 1970 et 2002. Il y a de tout: des solos de piano, une sonate pour flûte, un duo de piano, un trio, un septette et beaucoup de chansons pour baryton ou soprano et piano. En fait, la suite “American Song Set” (1996, 2002), 40 minutes, constitue le point le plus intéressant de ce disque. Chantées par le baryton Raemond Martin (les 5 premières) et la soprano Sherry Zannoth (les 5 dernières), ces chansons sont complexes, poignantes, vibrantes et excessives comme seul Violette sait les faire. Les “Five Sonatinas” de 1994 valent aussi le coup d’oreille - elles sont presque légères si on les compare à ses monstrueuses sonates (que j’aime bien, incidemment).

Andrew Violette never does something half-heartedly. Known for his epic works (his piano sonatas are incredibly long and dense), now he comes back with a collection of short works… but he makes it a 2-CD, 2-hours-25-minutes affair… plus 17 minutes of bonus mp3s! Ultra Violette culls works composed between 1970 and 2002. There’s a little of everything: piano solos, a flute sonata, a piano duo, a trio, a septet, and lots of songs for baritone or soprano. In fact, the 40-minute “American Song Set” (1996, 2002) is the album’s highlight. Sung by baritone Raemond Martin (the first five songs) and soprano Sherry Zannoth (the last five), these are complex, poignant, vibrant, and excessive songs, like only Violette can write I guess. The “Five Sonatinas” from 1994 are also noteworthy – they feel almost light-hearted when compared to his monstrous sonatas (which I am fond of, incidentally).


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Musik Oblik: Musics in the Margin 2 (Sub Rosa - merci à/thanks to Forced Exposure)

Ce volume d’outsider music est nettement supérieur au premier. On y a droit à un large éventail de pratiques et d’époques, mais tout est lié à l’art brut ou l’outsider art, soit de l’art fait par des amateurs, des non-artistes. Le Québécois que je suis a ri de Normand L’Amour autant qu’un autre, et les deux chansons incluses ici (parmi ses plus délirantes) sont un sommet du ridicule fait musique - du moins dans les textes, d’une banalité si poussée qu’ils en deviennent psychotroniques. Ses programmations musicales sont par contre très étranges, très “musique actuelle”. Parlant programmations, les boucles de Klaus Beyer sont si incertaines qu’elles font presque oubliées son chant dénué de toute justesse (sa version de “Hey Jude” est une pièce d’anthologie). Le reste du disque laisse le pathétique pour tomber dans des avenues plus sérieuses mais toutes aussi tordues. Beaudoin Oosterlynck ralentit les voix d’handicapés mentaux pour colliger un “Oratorio” glauque et émouvant. Notons aussi Baudouin De Jaer qui interprète les fragments musicaux qu’insérait Adolf Wölfli dans ses œuvres picturales. Beaucoup de choses étonnantes et déstabilisantes sur ce disque, surtout si on survit à l’amateurisme psychotronique de Beyer et L’Amour en début de programme.

This volume of outsider music is so much better than the first one. We are “treated” to a wide range of practices, all tied to “art brut” or outsider art, i.e. art made by amateurs or non-artists. Being a Quebecois, I have laughed at Normand L’Amour as much as the next guy, back when he had his 15 minutes of fame in the media, and the two songs included here (among his most representative) mark a new low in musical ridicule - at ;east in the lyrics, so trite they turn psychotronic. His music programming though is pretty weird, almost avant-garde. Speaking of programming, Klaus Beyer’s music loops are so shaky they could almost distract from the fact they he never sings in tune (his cover of “Hey Jude” is the stuff of legend). The rest of the album steers away from the pathetic and into more serious though just as torturous pths. Beaudoin Oosterlynck slows down the voices of mentally handicapped people for a gloomy and surprisingly moving “Oratorio.” Also noteworthy is Baudouin De Jaer’s performances of some of the musical fragments Adolf Wölfli used to integrate to his paintings and drawings. Lots of surprising and destabilizing stuff on this CD, especially if you can survive the psychotronic amateurism of Beyer and L’Amour early in the tracklist.


BONEDOME / Thinktankubator (Summer Break Records - merci à/thanks to XO Publicity)

La voix du chanteur Allan Hayslip rappelle beaucoup celle de Peter Murphy. C’est la première chose que vous remarquerez à l’écoute de Bonedome. Ce n’est pas une mauvaise chose, loin de là, mais c’est notable. Pour le reste, Thinktankubator propose une bonne brochette de chansons inspirée par le rock alternatif intelligent des années 80 (Murphy époque Holy Smoke, XTC, Love and Rockets), vu à travers le prisme du indie rock d’aujourd’hui. On me l’a présenté comme de l’indie-prog, ce que je rejette: les chansons sont courtes, simples, sans développements instrumentaux. Cela dit, elle sont intelligemment arrangées, bien mûries, et elles ont de l’ambition. Les fans de Murphy y trouveront quelque chose, j’en suis sûr. “Girl One” est particulièrement réussie.

The voice of singer Allan Hayslip is strongly reminiscent of Peter Murphy. It’s the first thing you’ll notice when listening to Bonedome. It’s not a bad thing, of course, but it leaps at you. That aside, Thinktankubator offers a good selection of songs inspired by the intelligent alternative rock of the ‘80s (Holy Smoke-era Peter Murphy, XTC, Love and Rockets), seen through the prism of today’s indie rock. The album was introduced to me as “indie-prog” but that’s just wrong: the songs are short, simple, without instrumental developments. That said, they are intelligently arranged, matured, and they show ambition. Fans of Murphy will find something to like in here, as did I. “Girl One” is a particularly good song.


GABRIEL YACOUB / De la nature des choses (Le Roseau)

Gabriel Yacoub peut prendre tout le temps qu’il veut si c’est pour produire des disques aussi beaux que De la nature des choses. L’ancien chanteur de Malicorne livre ici un album qu’on pourrait qualifier d’unplugged - pas qu’il fasse grand usage de l’électricité en temps normal, mais l’instrumentation est ici réduite à sa plus simple expression, souvent même pas un trio. Cette une différence frappante si on compare avec des disques richement arrangés comme Quatre ou Babel. Cela dit, cette économie de moyens réussit à merveille à cette collection de chansons, aussi poétiques, tendres et attendrissantes que jamais. La plume de Yacoub est raffinée sans devenir éthérée, et son utilisation des musiques traditionnelles comme source d’inspiration rend ses pièces intemporelles. De la nature des choses pourrait être son meilleur disque solo, simplement parce qu’il n’y a rien à y redire: aucune chanson plus faible, aucun choix discutable. Merci, M. Yacoub, pour l’intelligence de vos musiques et la richesse de vos poèmes. [Ci-dessous: Deux extraits de l’album. Plein d’autres extraits ici.]

Gabriel Yacoub can take all the time he wants if it gives us records as beautiful as De la nature des choses. Malicorne’s singer delivers an album that could be called unplugged – not that he ever had much use for electricity in the past, but the instrumentation is reduced to the bare essentials, at times not even a trio. It’s a striking change from richly arranged albums like Quatre or Babel. That said, spare means work wonders for these songs, as poetic, sweet and endearing as ever. Yacoub’s songwriting is sophisticated without turning detached, and the way he draws from traditional folk music makes his songs timeless. De la nature des choses could be his best solo record, simply because there’s nothing here to complain about: no weaker track, no arguable choice. Thank you, Mr. Yacoub, for the intelligence in your music and the richness in your poems. [Below: Two songs from the album. Tons more clips here.]

http://www.gabrielyacoub.com/uploads/titre/88_souvenirs.mp3

http://www.gabrielyacoub.com/uploads/titre/90_poete.mp3

2010-04-22

2010-04-22: Jana Winderen, Roedelius, Rolf Julius, Little Women, Elephant9, Steve Swell

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-22


JANA WINDEREN / Energy Field (Touch - merci à/thanks to Forced Exposure)

Jana Wanderen poursuit son exploration des profondeurs de l’Arctique à l’aide d’hydrophones. Energy Field propose trois compositions (entre 12 et 20 minutes) faites de superpositions d’enregistrements faits dans la mer de Barents, dans des failles de glacier et sur des banquises. Le vent, les corbeaux, mais surtout l’eau et la vie marine (poissons, crustacés), présentés sous forme de symphonie extraterrestre, les hydrophones utilisés captant parfois les sons d’une manière saugrenue. C’est là tout l’art de Winderen. Si un Chris Watson se limite à couper, superposer et fondre en croisé pour faire passer le temps plus vite, elle n’hésite pas à fausser la perspective, jouer sur la perception, dévoiler en clair pour mieux semer le doute. Univers immersifs... par définition.

Jana Wanderen continues to explore the depths of the Arctic Ocean with her hydrophones. Energy Field features three compositions (between 12 and 20 minutes) made from layers of recordings made in the Barents Sea, in the cracks of glaciers, and on the ice floe. The wind, the ravens, but mostly the water and the sea life (fish, crustaceans) produce a near-extraterrestrial symphony, since the hydrophones she uses occasionally capture sounds in a strange manner. And that’s the art of Winderen. Where Chris Watson limits himself to editing, overlaying and crossfading to compress the time line, Winderen doesn’t hesitate to skew perspectives, play on perception, clearly unveil in order to better instigate doubts. Immersive universes… by definition.


ROEDELIUS / The Diary of the Unforgotten (Selbstportrait VI) (Bureau B) - merci à/thanks to Forced Exposure)

Numéro six dans la série des autoportraits de Roedelius, d’abord paru en 1990 mais réalisé entre 1972 et 1978, et maintenant réédité chez Bureau B. Une série de pièces électroniques mélodiques, tendres, à la frontière du nouvel âge (mais le nouvel âge de l’école franco-allemande, celui de Jarre, d’Edgar Froese et de Popol Vuh). Neuf pièces courtes au synthétiseur, boucles gambadantes, entre gaité et pensivité, plus une longue pièce réflexive au piano, “Hommage à Forst” (24 minutes). Sans prétention, un peu brinquebalant (enregistrement lo-fi, sans aucune superposition, reprise ou retouche), mais touchant.

Number 6 in Roedelius’ series of self-portraits, first released in 1990 but recorded between 1972 and 1978, and now reissued by Bureau B. A series of melodic, sweet electronic pieces on the verge of New Age music (but the French/German school of New Age, the New Age of Jarre, Edgar Froese, and Popol Vuh). Nine short synthesizer pieces, with walloping loops, between joy and thoughtfulness, plus one long reflexive piano piece, “Hommage à Forst” (24 minutes). Pretentiousless, a bit makeshift (lo-fi recording, no overdubs or retakes), a moving record.


ROLF JULIUS / Music for the Ears (Western Vinyl)

Western Vinyl s’embarque dans une série de huit disques intitulée Small Music et consacrée au travail de l’artiste sonore Rolf Julius. Ce premier volume, Music for the Ears, propose deux œuvres de 1979, au tout début de la carrière professionnelle de cet artiste, livrées sans détails ou texte explicatif. “Song from the Past” (29 minutes) est une pièce très douce, gorgée de silence, entrecoupé de gestes doux et lents. Il s’agit peut-être d’une déconstruction d’une vieille chanson, qui sait, mais le résultat est un jeu envoûtant entre son et silence. “Music on Two High Poles” (26 minutes) un long bourdon de cornemuse (ou quelque chose qui imite le son de la cornemuse), jeux de superposition de phases qui deviennent vite lassants. Un point pour, un point contre, donc, mais saluons l’entreprise de Western Vinyl, puisque le meilleur reste à venir.

Western Vinyl is kicking off an eight-volume series entitled “Small Music” and devoted to the works of sound artist Rolf Julius. The first installment, Music for the Ears, features two works from 1979, at the very beginning of the man’s professional career, presented without details or liner notes. “Song from the Past” (29 minutes) is a very quiet, silence-filled track with soft and slow sound actions interspersed. It might be a deconstructed old song, I don’t know, but the result is a bewitching interplay between sound and silence. “Music on Two High Poles” (26 minutes) is a long drone on bagpipes (or something imitating the sound of bagpipes), a game of phase superimpositions that grows tiresome quickly. So one plus, one minus, but I tip my hat to Western Vinyl’s endeavour, knowing that the best is yet to come.


LITTLE WOMEN / Throat (AUM Fidelity - merci à/thanks to improvised communications)

Quel disque impressionnant! J’avais reconnu le nom du saxophoniste Darius Jones (dont le disque en trio Man’ish Boy figurait au top 30 2009 de Délire actuel), alors je m’attendais à de la qualité, mais pas à ce fabuleux pavé dans la mare! Little Women est un quatuor avec Jones et Travis Laplante aux saxos (ténor dans le second cas), Andrew Smiley à la guitare électrique et Jason Nazary à la batterie. Pas de basse, donc, ce qui se sent dans le son du groupe, un peu nasillard et fort en tête. Throat est une suite de 41 minutes en sept parties, une suite free jazz avec des sections très écrites, d’autres très libres, mais peu de choses sont laissées au hasard, du moins à entendre comment elles progressent rondement. À l’ouverture, Throat semble être un hommage au Machine Gun de Peter Brötzmann: thème criard et dissonnant, martelé avec vigueur. Mais des sections plus skronk, thrash même, s’ajoutent, des bouts presque plus tendres aussi, et voilà que Throat se révèle une composition stupéfiante, quelque part entre Brötzmann, The Ex et The Flying Luttenbachers. Ça décape, c’est dément, mais quelle démarche, et quel résultat! Je suis en amour! [Ci-dessous: Un extrait de la première partie et un autre de la deuxième. Vous trouverez d’autres extraits sur le site d’AUM Fidelity.]

What an impressive record! I recognized the name of saxman Darius Jones (his CD Man’ish Boy ended up on Délire Actuel’s 2009 Top 30), so I was expecting quality, but not this stunning scorcher! Little Women are a quartet with Jones and Travis Laplante on saxes (alto and tenor, respectively), Andrew Smiley on electric guitar, and Jason Nazary on drums. No bass, something clearly felt in the band’s sound, a bit whiney and heady. Throat is a 41-minute suite in seven parts, a free jazz suite with written-down sections and freeform bits, but there is little left to chance here, at least judging from how the piece progresses quickly. The opening sounds like a tribute to Peter Brötzmann’s seminal Machine Gun: screaming dissonant theme hammered forcefully. Then, skronk and thrashy sections are added, almost tender bits too, and Throat becomes a tour de force of a composition, somewhere between Brötzmann, The Ex, and The Flying Luttenbachers. It rips, it’s mad, but what artistic vision, and what result! I think I’m in love! [Below: An excerpt from Part 1 and another from Part 2. More excerpts on AUM Fidelity’s website.]

http://www.aumfidelity.com/Excerpts/61/TI-X.mp3

http://www.aumfidelity.com/Excerpts/61/TII-X.mp3


ELEPHANT9 / Walk the Nile (Rune Grammofon)

Le premier disque d’Elephant9 était bien - plus que bien. Mais celui-ci est mieux et plus. Mieux écrit, plus énergique, plus mélodique, mieux agencé. Le trio de Ståle Storløkken gagne en confiance et en dynamique interne. Les riffs d’orgue sont fumants, la section rythmique bouille, mais le tout est contenu dans un format jazz-rock instrumental qui confine à la chanson. On se donne des libertés, on se permet beaucoup d’audace, mais on s’accroche tout de même à la composition, ce qui fait de Walk the Nile une proposition presque aussi accessible que Medeski, Martin & Wood (et plus accessible que, disons, (juste) Claudette). Recommandé aux amateurs de jazz bien poilu. [Écoutez quelques extraits sur leur MySpace (lien ci-dessus). Je vous recommande “Hardcore Orientale” et “Fugl Fønix”.]

Elephant9’s debut CD was good, better than good. But this one’s better and more: better written, more energetic, more melodic, better sequenced. Ståle Storløkken’s trio has gained confidence and internal dynamics. The organ riffs are smoking, the rhythm section is boiling, but the whole thing stays in line with the instrumental jazz-rock format. The musicians are bold and take liberties, but they still stick to compositions, which makes Walk the Nile a proposition almost as listener-friendly as Medeski, Martin & Wood (and more listener-friendly than, say, (juste) Claudette). Recommended to fans of hairy muscle jazz. [Listen to tracks from the album at their MySpace (linked above). I recommend “Hardcore Orientale” and “Fugl Fønix.”]


STEVE SWELL’S SLAMMIN’ THE INFINITE / 5000 Poems (Not Two Records - merci à/thanks to Braithwaite & Katz)

Un quatrième album pour le quintette Slammin’ the Infinite du tromboniste Steve Swell. Avec Swell et le saxophoniste (et clarinettiste, et flûtiste) Sabir Mateen à l’avant-scène, on sait qu’on ne s’ennuira pas. La section rythmique n’est pas toujours à la hauteur (le batteur Klaus Kugel est plutôt quelconque), mais tout de même, il y a du plaisir à avoir sur ce disque de free jazz. Mais c’est un peu long: 77 minutes réparties en sept pièces, la plupart entre 10 et 20 minutes. Swell a composé des thèmes, qu’on abandonne rapidement au profit d’improvisations collectives - tant mieux, les thèmes aussi sont plutôt quelconques. Swell et Mateen brodent des dialogues tendus et efficaces. Bien, mais pas lumineux.

Fourth album for trombonist Steve Swell’s quintet Slammin’ the Infinite. With Swell and saxophonist Sabir Mateen (also on clarinet and flute) on the front line, you know this will be at least interesting. The rhythm section does not always live up to expectations (drummer Klaus Kugel is pretty ordinary), but still, there’s fun ahead on this free jazz record. But it’s long: 77 minutes across seven tracks, most of which are between 10 and 20 minutes in duration. Swell has composed heads, but they’re quickly dropped in favour of collective improvisation – good, they too are pretty ordinary. Swell and Mateen weave some nicely tense and efficient dialogues. Good, fun, not stellar.

2010-04-21: Art Giraffefungal, Vernon & Burns, FNS, Ougenweide, Jónsi

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-21


ART GIRAFFEFUNGAL / Black Porridge Kaleidoscope (Pointy Bird Records - merci à/thanks Dense Promotion)

Larsen, bruit, électroniques sales, approchées d’une manière presque rythmique, presque mélodique aussi. Une version pop de Merzbow? Pas tout à fait. Une musique sombre, viscérale, un peu naïve mais assez réussie. On sent la tentation d’un formalisme à la Frank Rothkamm, mais aussi un élan animal qui rappelle Merzbow. Pas mal.

Feedback, noise, dirty electronics, shaped into something almost rhythmical, even melodic at times. A pop take on Merzbow? Not quite. Dark, visceral music, slightly naive but artistically successful. There’s a temptation toward formalism a la Frank Rothkamm, counterbalanced by the animalism of Merzbow. Not bad at all.


VERNON & BURNS / The Light at the End of the Dial (Gagarin Records - merci à/thanks Dense Promotion)

Un vinyle constitué de 14 courtes pièces oscillant entre la vignette électro-pop (il y a ici des trucs qui font beaucoup penser à Helgoland ou Felix Kubin) et le mini-hörspiel: électroniques antiques, enregistrements de terrain, sons repiqués de films, collages superposant piano honky-tonk et musique de jeux vidéo 8-bit, bribes évoquant l’âge d’or de la musique concrète, etc. Et ça se tient à peu près, le délire créatif étant le fil d’ariane de ce disque. Un peu brouillon, éclaté, mais on perçoit facilement le sérieux de la démarche derrière le maquillage burlesque. Du cabaret plunderphonique concret! Trrrrrès sympa. [Pour entendre des extraits de ce disque, rendez-vous sur la page MySpace du duo (lien ci-dessus). Je vous recommande “Residual Values” et “A Touch of the Vapours.”]

This vinyl consists of 14 short tracks oscillating between electro-pop vignettes (some are strongly reminiscent of Helgoland or Felix Kubin) and mini-hörspiels: antique electronics, field recordings, sounds lifted from movies, collages slicing honky-tonk piano with old-school 8-bit video game music, nods to the golden age of musique concrète, etc. And it almost holds together, creative madness being the unifying factor. It’s a bit messy, wild, but you can clearly hear a serious artistic process behind the mask of burlesque. Plunderphonic cabaret concrète! Great stuff. [For audio clips, head over to the duo’s MySpace (linked above). I recommend “Residual Values” and “A Touch of the Vapours.”]


FNS / FNS (Miasmah - merci à/thanks to Forced Exposure)

Premier (?) album solo de Fredrik Ness Sevendal (ou FNS), qui a travaillé avec Slowburn, DEL et Kobi, joué avec Makoto Kawabata, etc. Un disque sans prétention de pièces instrumentales et méditatives à la guitare et aux effets. Boucles multipistées, recherche d’une beauté troublée mais présente, forte influence psychédélique. “Wooden Leg” fait très Kawabata période Inui, à d’autres moments la musique est plus trouble, entre le post-folk et le psychédélique lysergique. Rien de brouillon par contre: un disque appliqué. Et une autre pochette remarquable d’Erik Skodvin.

First (?) solo album from Fredrik Ness Sevendal (aka FNS), who has worked in the past with Slowburn, DEL and Kobi, and played with Makoto Kawabata, etc. A simple album of instrumental and meditative pieces on guitar and effects. Multilayered loops, the search for a troubled form of beauty, a strong psychedelic influence. “Wooden Leg” is strongly reminiscent of Inui-era Kawabata. Elsewhere the music is stranger, between post-folk and LSD-laced psychedelia. But it’s definitely not lo-fi or muddy. This is a skillful, artful record. And another striking cover by Erik Skodvin.


OUGENWEIDE / Herzsprung (Grosse Freiheit/Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)

Oui, Ougenweide, cet ensemble allemand de musique traditionnelle progressive qui vaquait surtout dans les années 1970. Les voici de retour avec un album qui a demandé 10 ans de travail. Amalgame d’instruments ordinaires, d’époque et carrément rares (waldoline, monochorde, nyckelharpa et j’en passe), l’instrumentarium de ce groupe rappelle Malicorne. Le choix de chansons est un mélange de pop médiévale et de musique traditionnelle. Malheureusement, les arrangements manquent parfois de créativité, certaines pièces tombant à plat. Il y a de jolis moments sur Herzsprung, mais j’ai fini par m’ennuyer.

Yep, Ougenweide, that ‘70s German progressive folk band. They’re back with a CD that took them 10 years to make. A blend of conventional, period, and downright rare instruments (waldoline, monochord, nyckelharpa, and so on) – their instrumentarium reminds me of Malicorne. Their selection of songs draws from medieval pop and traditional folk. Sadly, the arrangements lack some new ideas, some tracks falling flat. There are nice moments on Herzsprung, but I found myself bored after a while.


JÓNSI / Go (XL Recordings)

Inutile de se plaindre du fait que Go est plus pop, plus commercial, c’est ainsi que ce disque solo du chanteur de Sigur Ros a été conçu. Une fois cela admis, qu’en est-il de Go? Un des meilleurs disques pop que j’aie entendu dernièrement. Évidemment, Jónsi n’a qu’à chanter trois notes pour que je frissonne de plaisir. Cela dit, je préfère ne pas comprendre ce qu’il chante (en hopelandic, langage inventé en usage chez Sigur Ros) que saisir ses paroles (en anglais dans plusieurs des chansons de ce disque). Outre cet aspect, Go est un disque superbement tourné. Oui, quelques chansons ont une rythmique insistante et un refrain... facile. Mais d’autres ont cette langueur, cet espoir, cet angélisme scandinave si typique de Sigur Ros (“Hengilas”, entre autres). L’objectif est de percer le marché radiophonique, soit. Sachant cela, ne boudez pas votre plaisir inutilement. [Ci-dessous: “Go Do” est de loin la chanson la plus pop du disque. Si vous la tolérez bien, y a pas d’inquiétude à avoir pour le reste.]

I won’t waste my breath (or fingers) complaining about the fact that Go sounds more pop, more commercial -- that’s how Sigur Ros frontman Jónsi designed it. Once you admit that, how is it, may you ask? Well, it’s one of the best pop albums I’ve heard lately. Of course, the guy only has to sing a note or two for my whole spine to break out in goosebumps (pleasurable ones). That said, I prefer not understanding what he sings about (in Hopelandic in Sigur Ros) than grasping the meaning (in English in several of this record’s songs). That point aside, Go is a wonderful record. Yes, a few songs have a persistent beat and an over-catchy chorus. But some others have that languor, that yearning, that Scandinavian angelism you expect from Sigur Ros (“Hengilas,” among other tracks). So the goal is to make a foray on the radio market, fine. That being known, don’t go snobbing this album. [Below: “Go Do” is by far the poppest song on the album. If you tolerate it well, the rest will go down easy.]

Jónsi - Go Do from Jónsi on Vimeo.

2010-04-20

Délire actuel, 2010-04-20

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 20 avril 2010
Show aired on April 20, 2010

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Flotter sur un post-nuage: Deux heures de post-rock, post-folk, post-classique, post-que-sais-je. Des musiques ambiantes, souvent mélodiques, lentes, tendres ou mélancoliques, et faisant preuve d'une réelle recherche musicale.
On Post-Cloud 9: Two hours of post-rock, post-folk, post-classical, post-whatever. Ambient music, often melodious, slow, sweet and sour, and displaying a serious level of musical creativity.

*RASHOMON / The First Race (13:52) - The Finishing Line (Film Music Volume 2) (Hinterzimmer Records)
MINAMO / Elementary Domain (7:23) - Durée (12k)

SLOW SIX / Sympathetic Response System (Parts One & Two) (14:33) - Tomorrow Becomes You (Western Vinyl)

BALMORHEA
/ Palestrina (5:28) - Constellations (Western Vinyl)
*NICOLA RATTI / Tropical Malady (5:52) - Ode (Preservation)

NICO MUHLY / The Only Tune (Parts 1, 2 & 3) (15:41) - Mothertongue (Brassland)
ZELIENOPLE / Aging (7:57) - Give It Up (Type Records)

**RAMESES III / I Could Not Love You More (10:20) - I Could Not Love You More (Type Records)
***ERIC GLICK RIEMAN / In You, I See Your Past Identities (8:31) - Trilogy From the Outside (Water Goes Into the Air)

***ERIC GLICK RIEMAN / Animist (6:41) - Trilogy From the Outside (Water Goes Into the Air)


merci à/thanks to:
*Dense Promotion

**Forced Exposure
***John Bourke P.R.


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

SLOW SIX
Vidéo du premier extrait du nouveau disque de Slow Six.
First music video from Slow Six's new album.

"Because Together We Resonate" by Slow Six from Western Vinyl on Vimeo.



RAMESES III
Vidéo d'un fan sur la pièce titre de l'album I Could Not Love You More.
A fan video for the title track of the album I Could Not Love You More.

Délire musical, 2010-04-20

DÉLIRE MUSICAL
Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire musical ICI (cherchez Délire Musical dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire musical broadcast HERE (look for Délire Musical on the list of shows).

Édition du 20 avril 2010
Broadcast Date: April 20, 2010

(avec/with Stéphane Rocheleau remplaçant/filling in for Daniel Ouellette)

LISTE DE DIFFUSION

PLAYLIST


Thème/Theme: JONATHAN BADGER / Neurosmith - Unsung Stories from Lilly's Days as a Solar Astronaut (MTG Records)

A SILVER MT. ZION MEMORIAL ORCHESTRA / Kollaps Tradixionales (Bury Three Dynamos) (6:48) - Kollaps Tradixionales (Constellation)
*HEAVEN AND / Babylon (7:18) - Bye and Bye I'm Going to See the King (Staubgold)

*TREMBLING BELLS / Adieu, England (3:47) - Abandoned Love (Honest Jons Records)
*MEG BAIRD, HELENA ESPVALL & SHARRON KRAUS / The Nightingale (3:11) - Leaves from Off the Tree (Bo'Weavil)
VIC CHESNUTT / We Hovered with Short Wings (5:15) - At the Cut (Constellation)

HILDEGARD LERNT FLIEGEN
/ The Angry Man (2:34) - ...vom fernen Kern der Sache (Unit Records)
FRIENDLY RICH / Fatwa (4:18) - Dinosaur Power (Pumpkin Pie Corporation)
*BERNARD FALAISE & FRANK MARTEL / Mouflon choufleur (3:21) - À l'école du ara (Monsieur Fauteux m'entendez-vous?)

CONVENTUM / Les Criticotteuses (5:18) - À l'affut d'un complot (ProgQuébec)

merci à/thanks to:
*Forced Exposure
**DAME



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

VIC CHESNUTT
Une chanson, "Supernatural", enregistrée live en studio lors de sa dernière tournée européenne.
"Supernatural" recorded live in the studio on his last European tour.


2010-04-19

2010-04-19: Society of Composers, Inc., Dan Fröberg, Dirac, Andrew Liles, Gibson/Rose, Sudden Cosmic Dissolution

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-19

SOCIETY OF COMPOSERS, INC. / Mosaic (Navona Records)

L’organisme américain Society of Composers, Inc. propose ici une compilation très variée de musique de chambre de sept (surtout) jeunes compositeurs.Cela va du solo de piano (“Transparencies” de James Romig, interprétée par Ashlee Mack) au septette (“Gorintou-Five Rings Pagoda” de Stephen Yip), d’œuvres mélodies et presque doucereuses à des trucs violents et provocateurs, post-Lutoslawski. Beaucoup de choses médiocres (et le manque de cohésion n’aide pas), mais j’ai bien aimé la sensibilité du quintette “Memoir of Dong-Hak” de Hee Yun Kim, ainsi que la complexité harmonique de “Aneresis”, un duo violon-piano signé Tasos Stylianou.

The US organization Society of Composers, Inc. delivers a highly diverse compilation of chamber music by seven (mostly) young composers. The selection ranges from a piano solo (James Romig’s “Transparencies” performed by Ashlee Mack) to a septet (“Gorintou-Five Rings Pagoda” by Stephen Yip), from melodic, almost sweetly-sweet melodic works to provocative post-Lutoslawskian affairs. Lots of it is mediocre (and the album’s lack of cohesion doesn’t help), but I really liked the sensitivity displayed by Hee Yun Kim in her quintet “Memoir of Dong-Hak” and the harmonic complexities in “Aneresis,” a violon/piano duo composed by Tasos Stylianou.

DAN FRÖBERG / At Dawn We All Fall Down the Stairs (Ideal Recordings - merci à/thanks to Dense Promotion)

Le premier de deux parutions simultanées du compositeur suédois Dan Fröberg chez Ideal Recordings. Celui-ci propose deux œuvres. La première (“At Dawn We All Fall Down the Stairs”, 42 minutes) est pour instruments de verre, enregistrés en plusieurs passes par multipiste. Fröberg y explore des sonorités étonnantes qui paraissent, à l’oreille, à mi-chemin entre des sons de synthèse et des larsens. Une écoute longue, il faut vouloir se laisser noyer dans cette marée de sons envahissants. La seconde (“Hat Down Wee Owl Foul Drown Death Stares”, 12 minutes) propose un collage d’enregistrements de terrains (voix diverses) sur fond d’instruments de verre. Moins intéressante.

The first of two CDs by Swedish composer Dan Fröberg released simulatenously on Ideal Recordings. This one features two works. The first one (“At Dawn We All Fall Down the Stairs,” 42 minutes) is for multitracked glass instruments. Here, Fröberg explores surprising sonics that feel halfway between synthesized sounds and feedback. It’s a long listen, and you need to be willing to embrace this sea of immersive sounds. The second piece (“Hat Down Wee Owl Foul Drown Death Stares,” 12 minutes) is a collage of field recordings (mostly voices) over glass instruments. Less interesting.

DAN FRÖBERG / The Existence of Do-Ti-La-So-Fa-Mi-Re-Do Is Everything! (Ideal Recordings - merci à/thanks to Dense Promotion)

Ce second disque est à la fois différent et tout aussi enveloppant que le premier. Il s’agit ici d’une pièce pour orgue d’église de 48 minutes intitulée “In Times Like These, The Existence of Do-Ti-La-So-Fa-Mi-Re-Do Is Everything!”. À partir d’une improvisation de Mikael Wahlin, Fröhberg a assemblé une pièce-fleuve explorant les harmoniques riches de l’instrument. Développements lents, splendides superpositions de phases, mais plutôt statique. Je pense à certaines œuvres de Phill Niblock ou de Jean-Luc Guionnet, quoi que la recherche de Fröhberg se fonde sur le son orthodoxe de l’orgue et non sur la mécanique interne de l’instrument. Notons que les textes accompagnant ces deux disques sont à la fois poétiques et frivoles, dans un style explicatif presque farfelu.

This second CD is both different and as immersive as the first one. It consists of a single track for church organ, “In Times Like These, The Existence of Do-Ti-La-So-Fa-Mi-Re-Do Is Everything!” From an improvisation by Mikael Wahlin, Fröhberg has developed an epic piece exploring the rich harmonies of the organ. Slow developments, gorgeous phase surperimpositions, but rather static. I’m thinking of some works by Phill Niblock or even Jean-Luc Guionnet (although Fröhberg’s music is based on the orthodox sounds of the organ, not its inner mechanics). Note that both CDs are accompanied by strangely poetic and frivolous liner notes that explain the music in zany, inconclusive terms.

DIRAC / Phon (Valeot - merci à/thanks to Dense Promotion)

Disque numéro trois pour Dirac, dont le précédent, Emphasis, s’était glissé dans le Top 30 2009 de Délire Actuel. Phon propose une seule pièce continue, enregistrée “live en studio” par le trio, avec ajout ultérieur de clarinette basse et d’un enregistrement de terrain.On serait tenté de parler de post-rock, mais l’approche de Dirac, malgré la présence de batterie et de guitare électrique (entre autres choses), a plus à voir avec le “drone” tel qu’il est issu de la musique de chambre contemporaine - James Tenney pour instrumentation rock. Une pièce calme mais tendue, pleine de flottements et de subtilités, pas cinématique mais offrant beaucoup de place à la rêverie dirigée. Moins zen que Emphasis, plus difficile d’écoute aussi (vu la durée), mais très réussi.

Album number three for Dirac, whose previous effort Emphasis made Délire Actuel’s Top 30 last year. Phon features a single continuous live-in-the-studio track by the trio, with a bass clarinet track and a field recording added later on. It’s tempting to label it as post-rock, but the truth is that Dirac’s approach, despite the presence of a drum kit and electric guitar, is closer to the “drone” as it evolved from contemporary music – James Tenney for a rock band instrumentation. A calm yet tense piece of music, with room, unresolved elements, and subtleties. Not cinematic, but leaving lots of space for framed reverie. Less Zen than Emphasis, a more demanding listen too (due to its duration), but very well done.

ANDREW LILES / The Dead Submariner (Beta-lactam Ring Records)

The Dead Submariner était un CD boni inclus dans une édition limitée de l’album The Dying Submariner, en 2007. J’ai la version régulière de ce disque troublant. Constatant que le disque boni était maintenant en vente en version numérique, j’ai sauté dessus. The Dying Submariner était un concerto pour piano et réverbération, un truc lourd en désespoir, en claustrophobie, en résignation. The Dead Submariner est une variation sur le même thème, soit un concerto pour guitare avec archet et réverbération. Pourtant, ce disque est moins sinistre. Le son des cordes frottées de la guitare n’est pas aussi “noyé”, aussi “à la dérive” que celui du piano. Effet d’émoussement? Je ne crois pas. C’est tout simplement que le piano sonne plus incongru au fond de l’océan. The Dead Submariner est un solide disque de musique ambiante sombre, mais ce n’est pas l’affolante illustration du vide qu’est The Dying Submariner.

The Dead Submariner was first released a bonus CD in a limited edition of the 2007 album The Dying Submariner. I have the regular pressing of that disquieting record. Noticing that the bonus disc was now available from digital music vendors, I grabbed it. The Dying Submariner was a concerto for piano and reverberation, music heavy with despair, claustrophobia, and resignation. The Dead Submariner is a variation on the same theme, this time a concerto for bowed guitar and reverberation. Yet, this one is less sinister. The sound of bowed strings is not as “drowned,” as “lost at sea” as the piano. A dulling effect? I don’t think so. It’s simply that the piano sounded more otherwordly or out-of-place at the bottom of the ocean. The Dead Submariner is a strong album of dark ambient music, it’s just not the freaky illustration of voidness that was The Dying Submariner.

LAURA GIBSON & ETHAN ROSE / Bridge Carols (Baskaru)

Très belle collaboration entre la chanteuse néo-folk Laura Gibson (que je ne connaissais pas) et l’électronicien expérimental Ethan Rose (qui, sur son disque précédent chez Baskaru, modifiait un vieil orgue de théâtre). Bridge Carols est une collection de chansons improvisées, pastorales mais d’une ruralité extraterrestre. Voix angélique d’un autre monde, ambiances sonores feutrées, traitées et retraitées, filtrées, fantômatiques, textes déconstruits et réassemblées, bribes de sagesse et de folie. Joanna Newsom sur l’acide. Laura Barrett sans ses kalimbas. Bravo. [Ci-dessous: Vidéo officielle de la chanson “Sun”.]

A wonderful collaboration between neo-folk singer Laura Gibson (first time I hear her) and experimental electronica artist Ethan Rose (on his previous CD for Baskaru, he was playing a modified theatre organ). Bridge Carols is a collection of improvised songs, extraterrestrial pastoral songs. Angel-like vocals from another world, velvety sonic ambiences, treated and re-treated, filtered, ghostly, with deconstructed and reassembled lyrics, decontextualized bits of wisdom and madness. Joanna Newsom on acid. Laura Barrett without her kalimbas. Bravo. [Official music video for the song “Sun.”]

Ethan Rose & Laura Gibson, Bridge Carols "Sun" from Slater Dixon on Vimeo.

SUDDEN COSMIC DISSOLUTION / Sudden Cosmic Dissolution (Sonic Flame)

J’aime le nom de ce power trio d’improvisation. J’y retrouve le batteur Johannes Welsch, déjà entendu dans un truc “world fusion” beaucoup plus zen. Ici, on est dans un free-rock qui, au fil des 77 minutes de ce premier album, passe de l’impro tribale (avec chants de gorge) à un freeform jazz-rock à la sauce Canterbury (pensez Soft Heap ou, plus récemment, douBt), puis à un acid rock déjanté à la Acid Mothers Temple. Le disque est trop long, certaines improvisations tombent à plat, mais il y a une belle énergie et quelques idées solides. Avec Norm Howard à la guitare et Ryan Mitchell-Boch à la basse.

I like this improv power trio’s name. I’ve heard drummer Johannes Welsch before in much more Zen world fusion project. Here, we’re in free-rock land and, in the course of this CD’s 77 minutes, we gradually go from tribal improv (with throat singing) to freeform jazz rock a la Canterbury (think Soft Heap or, for something more recent, douBt), and then on to crazy acid rock a la Acid Mothers Temple. The album’s too long, some tracks don’t lift up, but there’s a nice energy here and a few strong ideas. With Norm Howard on guitar and Ruan Mitchell-Boch on bass.

2010-04-18

2010-04-16: Ember, Ercklentz/Neumann, @c, Flavie, Bako Dagnon, Piccadilly Sunshine 3

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-04-16


EMBER / Aurona Arona (Creative Sources)

Le dernier disque de cette fournée de l’étiquette Creative Sources (pour les chroniques des autres, consultez les entrées des derniers jours) met en vedette un quatuor allemand. Sous le nom d’Ember se cache un quatuor d’improvisation libre dont le membre le plus connu est le saxophoniste Urs Leimgruber. Il est accompagné d’Alexander Schubert aux électroniques, du pianiste Oliver Schwerdt et du batteur Christian Lillinger. De l’improvisation minutieuse, plutôt cérébrale mais bien menée, avec un apport intéressant des électroniques. Rien de phénoménal, mais un concert honnête (en avril 2008). De toute façon, Leimgruber s’associe très rarement à des projets médiocres.

The last CD from Portuguese label Creative Sources’ latest shipment (just go back a few days for my reviews of the other titles) features a German quartet. Behind the name Ember hides a free improvisation quartet whose best known member is saxophonist Urs Leimgruber. He plays here with Alexander Schubert on electronics, pianist Oliver Schwerdt, and drummer Christian Lillinger. Meticulous, rather cerebral, but consistent free improvisation, with a strong contribution from the electronics. Nothing phenomenal, but a honest live performance (from April 2008). In any case, Leimgruber has very rarely associated with mediocre projects.


SABINE ERCKLENTZ & ANDREA NEUMANN / LAlienation (Herbal International)

Sabine Ercklentz (trompette, électroniques) et Andrea Neumann (cadre de piano, électroniques) travaillent ensemble depuis un bout de temps, dans divers projets, mais leur duo est un lieu de création particulier, où elles se permettent un peu de tout. LAlienation (on aurait envie d’y mettre une apostrophe, oui, sauf que la pochette faisant allusion aux grosses lettres blanches du “Hollywood”, on comprend qu’il s’agit d’un jeu de mots entre Los Angeles et alienation) – LAlienation, donc, couvre une palette large, entre l’impro libre microsonique, le field recording et le post-jazz. Voilà un disque stimulant (par les techniques utilisées, mais aussi les juxtapositions), aguichant (on y trouve de jolies mélodies) et varié (chacune des cinq pièces propose un cadre, des outils et une approche différents). Et c’est la pochette la plus saisissante à m’être passée entre les mains dernièrement!

Sabine Ercklentz (trumpet, electronics) and Andrea Neumann (piano frame, electronics) have been working together for a while now, in various projects, but their duo remains a special creative space where they can try a little of everything. LAlienation covers a lot of ground, from microsonic free improvisation to field recording and post-jazz. This is a stimulating record (the techniques used, their juxtaposition), sexy (there ARE some pretty melodies), and diverse (each of the five tracks has a different frame, tools and concept). And it’s the most striking cover artwork I have seen in a while!


@C / Music for Empty Spaces (Baskaru)

Miguel Carvalhais et Pedro Tudela (@c) ont offert à l’étiquette française Baskaru un solide disque d’électronique expérimentale. Music for Empty Spaces utilise des enregistrements réalisés en tournée - enregistrements de concert et de terrain - pour créer une longue œuvre faites d’espaces sonores en creux, de subtiles agencements d’ambiances et d’électroniques microscopiques. Un peu froid, mais profond, et d’une plasticité intéressante.

Miguel Carvalhais and Pedro Tudela (@c) have offered to the French label Baskaru a strong opus of experimental electronic music. Music for Empty Spaces is built from concert and field recordings made while on tour. A long multi-part work made of hollow sound spaces and delicate pairings of ambiences and microscopic electronics. A little cold to the ear, but deep, and aesthetically pleasing.


FLAVIE / Jazz et tralala (indépendant)

Changement de registre. C’est par le recommandation d’une amie qui s’y connaît (bonjour Eve-Marie!) que je me suis retrouvé avec un exemplaire du démo de Flavie, une jeune chanteuse-poète de Sherbrooke. Ce démo de quatre pièces enregistré avec un guitariste et un contrebassiste dévoile une auteur-compositrice-interprète facétieuse et éminemment honnête. Elle chante et récite, parfois les deux en même temps, d’une voix vraie, sans rien de fantastique mais qui vient du cœur. “Forestale Florale” est la chansons la plus réussie du lot, à cause de sa structure audacieuse et la qualité du texte. Je me soucie peu de Barbara et de la manière dont Flavie aborde son “Chapeau bas”, mais la “La valse du hic” est sympathique, entre la chanson française et brésilienne. “Pourquoi tu chantes?” est un poème dit a cappella, une “profession de voix” touchante qui, au lieu d’être mièvre (c’était un risque), réussit à contextualiser ce qui précédait. J’aurais aimé entendre plus de chansons de son crû, mais ce démo promet. Il y a dans Jazz et tralala une naïveté bon enfant qui m’agace un peu, mais elle fait partie intégrante de la démarche.

Let’s switch gears. Thanks to a recommendation from a friend of mine in the know (hi, Eve-Marie!), I found myself with a copy of Sherbrooke singer-songwriter-poet Flavie’s demo CDr. This four-track disc recorded with a guitarist and a bassist reveals a playful and thoroughly honest singer-songwriter. She sings and recites (simultaneously at times) with a not-so-great voice, but pleasant enough, and she sounds real and coming from the heart. “Forestale Florale” is my personal pick, because of its daring structure the quality of the lyrics (in French, in case you haven’t guessed yet). I don’t really care about Barbara or Flavie’s take on her song “Chapeau bas”,but “La valse du hic” is fine, somewhere between French and Brazilian chanson. “Pourquoi tu chantes?” is an a cappella poem about why Flavie sings, what it means to her. It could have been dreary, but it manages to contextualise what came before it. There’s a childlike naivete throughout Jazz and tralala that irritates me a little, but it fits Flavie’s character and artistic process.


BAKO DAGNON / Sidiba (Syllart Productions/Discograph - merci à/thanks to Forced Exposure)

Si Bako Dagnon est une quasi-légende au Mali depuis les années 80, elle s’est fait connaître du grand public occidental en 2007 seulement, avec son premier disque, Titati. Celui-ci lui fait suite. Cette chanteuse à la voix grave et chaude maîtrise l’art du chant qui raconte (dans sa langue natale), et cette voix est ici encadré avec beaucoup de classe. On passe aux grandes productions grand public d’Ali Farka Touré, Bassekou Kouyate, ou même Youssou N’Dour. À mon goût personnel, ça devient parfois trop joliet, trop facile, trop léché - et bien que j’aurais apprécié un son un peu plus sale, les quelques touches de dub, presque échappées, qu’on trouve sur ce disque n’arrivent qu’à sonner incongrues, sans vraiment le salir ou le contemporanéiser. Tout de même un beau disque qui plaira aux amateurs de “world beat” africain.

Bako Dagnon may be near-legendary in Mali since the 1980s, but the general non-African public is aware of her voice since 2007 only, with the release of her debut Titati. This one is the follow-up. This low-register singer has a warm voice and masters the art of telling stories through song (in her native tongue). And that voice is framed with classy arrangements, akin to and on par with the general public productions of Ali Farka Touré, Bassekou Kouyate, or even Youssou N’Dour. To my personal taste, it sounds a bit too pretty, easy and sterilized. However, as much as I’d like this to be a bit dirtier-sounding, the bits of dub surfacing here and there sound incongruous. Still, a fine record that will definitely appeal to fans of African World Beat.


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Piccadilly Sunshine Part Three: British Pop Psych and Other Flavours 1967-1970 (Past & Present - merci à/thanks to Forced Exposure)

Une compilation sympathique de 45 tours pop psychédéliques britanniques d’époque. Rien d’inquiétant, rien de connu non plus, quelques perles aussi, dont “Love Will Find a Way” interprétée par Howard Walker mais réalisée par Mel Collins avant son passage dans King Crimson, ainsi que “Lucky Sunday” d’Episode Six, dont le chanteur était alors Ian Gillan (futur Deep Purple). Pour le reste, du joli, du kitsch et quelques trucs bien sentis: “Remember Daphne” de Paul Slade, “I Can’t Sleep” de Studio Six, l’étrange “Dance with the Man in the Teapot” de J.A. Freedman.

A fun compilation of UK psych pop 45s. Nothing threatening, nothing known either, but there’s a few gems herein, like “Love Will Find a Way” by Howard Walker, a single produced by Mel Collins before he joined King Crimson, and Episode Six’s “Lucky Sunday” at a time when their singer was future Deep Purple frontman Ian Gillan. The rest of it is cute, kitsch, and occasionally ballsy: “Remember Daphne” by Paul Slade, “I Can’t Sleep” by Studio Six, the strange “Dance with the Man in the Teapot” by J.A. Freedman stood out.