Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2009-11-14

2009-11-13: Present, KREV, Eleh/Nana April Jun, Christof Migone, The Giles Brothers, Tatsuya Yoshida

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-13


PRESENT / Barbaro (ma non troppo) (Ad Hoc)

Hier soir et tôt ce matin, j’ai terminé le visionnement du DVD offert avec le nouvel album studio de Present. Près de trois heures de matériel, allant des deux concerts du groupe au Rock in Opposition France de 2007, jusqu’à des archives des années 90. Les deux concerts du RIO sont splendides, tout particulièrement celui à deux pianos et cinq percussions. Bon son, bien filmé, des prestations enlevantes. Mais côté énergie, la palme va au concert d’une demi-heure du festival de Gouveia 2006. Tournage un peu étrange (l’image est plus étroite qu’une l’image carrée habituelle), mais Dave Kerman est en feu dans “The Limping Little Girl”, qui demeure la pièce la plus effrayante de ce groupe d’avant-prog. Sur une note triste, ce voyage dans le temps (jusqu’au début des années 90 avec une prestation de Present C.O.D.) est parallèlement un voyage à travers la maladie de Roger Trigaux. On voit l’âme du groupe passer d’un rôle de guitariste-chanteur et maître d’œuvre à celui d’un homme limité à plaquer des accords de piano, faire du bruit sur sa guitare et vociférer. IL porte tout de même la vision du groupe et en écrit la musique, une musique qui atteint de nouveaux sommets avec “Vertiges” (sur le disque studio et deux fois sur le DVD). Pour les nouveaux venus et les intéressés: avec cet album double (CD+DVD), vous entendrez toutes les grandes pièces du groupe, à l’exception du “Poison qui rend fou” (représentéee en partie seulement). Les archives vidéo ont l’air de et sonnent comme des archives VHS, évidemment, mais le reste est de première qualité. [Ci-dessous: Un extrait de “Ceux d’en bas”, tiré de la prestation au RIO 2007 (l’extrait commence brutalement, en plein milieu de la pièce; oubliez les 15 premières secondes)]

Last night and early this morning I finished watching the DVD that comes with Present’s latest studio CD. Almost three hours worth of video footage, from the band’s two sets at the 2007 Rock in Opposition France festival all the way back to early ‘90s archives. The two RIO concerts are splendid, especially the short set with two pianos and five percussion stations. Good sound, good filming, rapturing performances. However, energy-wise, the performance from the 2006 Gouveia Art Rock Festival is even better. The image format’s askey (narrower than your usual square image), but Dave Kerman is on fire in “The Limping Little Girl,” which remains Present’s scariest composition. On a sad note, this journey through time (all the way up to an early ‘90s performance by Present C.O.D.) is also a journey through Roger Trigaux’s illness. We witness him move from a role of lead guitarist/singer to the role of a vision-holder reduced to hammering piano chord and making guitar noise on the sidelines. However, he is still carrying the torch and writing killer music, with the new piece “Vertiges” (included once on the studio CD and two more times on the DVD) reaching new heights. With this CD+DVD set, newcomers and parties interested in great, obsessive avant-prog rock will get exposed to all of the band’s major works (except for “Le Poison Qui Rend Fou,” represented only in part). The video archives look and sound like the dated VHS tapes they are, of course, but the rest is premium quality material. [Below: An excerpt from “Ceux d’en bas,” taken from the RIO 2007 set (the excerpt starts abruptly halfway into the song; just forget the first 15 seconds).]


START! / The KREV National Anthem #6 (Ash International - merci à/thanks to Dense Promotion)

KREV, c’est le royaume d’Elgaland-Vargaland, le projet d’art conceptuel le plus délirant qui soit: la création, fin des années 90, d’un pays qui a réclamé la souveraineté sur tous les territoires virtuels et les frontières (oui, la ligne même de démarcation entre les pays). Plusieurs artistes-électroniciens sont devenus citoyens du KREV (qui émet des passeports, d’ailleurs). On en parle peu dernièrement, mais Ash International a publié quelques 7” présentant de possibles hymnes nationaux. Ce 7” (le quatrième de la série, malgré son titre) semble être l’oeuvre de Mike Harding et Heitor Alvelos: deux pièces étranges mêlant drones électroniques et éléments acoustiques, d’une manière trouble, diffuse, presque ectoplasmique. Pas entièrement convaincant.

KREV is the Kingdoms of Elgaland-Vargaland, the zaniest conceptual art project there is: the creation, in the late ‘90s, of a country that claimed sovereignty over all virtual territories and borders (yes, the line itself separating neighbouring countries). Several artists and electronicians became citizens of KREV (which issues passports, believe it or not). KREV has faded from the public eye since, but Ash International has been releasing a string of 7” with possible national anthems. This 7”, the fourth in the series (despite its title), seems to be the work of Mike Harding and Heitor Alvelos: two strange pieces that blend electronic drones with acoustic elements in an opaque, diffuse, almost ectoplasmic way. Not entirely convincing.


ELEH - NANA APRIL JUN / Observations & Momentum (Touch - merci à/thanks to Forced Exposure)

Un “split LP” (pourquoi? Dur à dire) par la vénérable étiquette Touch. Sur la face A, une pièce inédite d’Eleh, “Slow Fade for Hard Sync” (22 minutes). C’est une pièce immersive de textures analogiques, minimaliste à prime abord, mais riche en micro-détails; très intéressant. Sur la face B, une pièce de Nana April Jun, “Sun Wind Darkness Eye” (13 minutes), déjà parue sur son CD The Ontology of Noise, disque qui ne m’avait pas impressionné. J’admets que, tant qu’à publier une pièce de ce disque sur vinyle, c’était celle à retenir, mais quelque chose m’embête dans l’approche cassée, désincarnée, surconceptualisée de cet artiste. Bref, je suis ambivalant à propos d’Observations & Momentum. Disons: oui, pour la pièce d’Eleh.

A split LP (why? Hard to tell) from the venerable label Touch. Side A is a previously unreleased 22-minute piece by Eleh entitled “Slow Fade for Hard Sync”. It’s an immersive composition of analog textures, minimalist on the surface, rich in micro-details underneath. Quite nice. Side B featured a piece by Nana April Jun, “Sun Wind Darkness Eye” (13 minutes), taken from his CD The Ontology of Noise. I admit that, if you had to pick on track from that album (which didn’t impress me) to release on vinyl, this is the track to select. However, there’s something bugging me about his severed, disembodied, overconceptualized approach. So I’m uncertain about the merits of this LP. I’ll say have a go at it for Eleh’s piece.


CHRISTOF MIGONE / Disco sec (OHM Éditions)

Un objet songé, un disque conceptuel, un cas typique chez Christof Migone: l’idée derrière l’oeuvre, sa conception, sa dimension visuelle/textuelle sont plus intéressantes que sa dimension sonore. Au centre de Disco sec: le vinyle et son époque. Migone propose un collage de 72 minutes fait uniquement des premières et dernières secondes d’une centaine de vinyles. Chaque seconde est placée suivant une logique imparable, et les pochettes, titres et paroles desdits disques sont découpés et recombinés de diverses manières, en ordre alphabétique. Le tout prend la forme d’un CD dans une pochette de carton, inséré dans une pochette de vinyle qui contient aussi cinq encarts 11x11 avec photos de l’installation, explication de ses composantes et reproduction des textes recomposés. Une oeuvre très intéressante au point de vue conceptuel mais qui, sur disque, donne un long agencement de silence parsemé de courts sursauts sonores.

A conceptual record, a thought-out object, a typical case with Christof Migone: the idea behind the work, the conception of the work, the visual/textual dimensions of the work are more interesting than its audio component. Disco sec is a piece about vinyl and the vinyl era. Migone delivers a 72-minute collage of the first and last seconds excerpted from 100 vinyls. Each second is placed within the work following strict rules – the rest is all silence; LP sleeves, titles, and song lyrics have been cut up and recombined in vary ways, alphabetically. The project takes the form of a CD in a cardboard sleeve, inserted in an LP sleeve, along with five 11x11” inserts showcasing photos of the art installation, notes about the work’s various components, and the recombined texts. A very interesting work, conceptually speaking, but on record a long composition of silence with occasional outbursts of short samples.


THE GILES BROTHERS / 1962-1967 (Voiceprint)

À la formation de Giles, Giles & Fripp et de King Crimson, Robert Fripp était un jeunot plein d’idée mais sans expérience sur le terrain. Ce qui n’était pas le cas des frères Peter Giles (basse) et Michael Giles (batterie). Tous deux comptaient quelques années d’expérience professionnelle avec une série de groupes pop sans conséquence, avec lesquels ils avaient même endisqués. 1962-1967 regroupe tous ces enregistrements pour la première fois, à la fois les 45 tours et d’autres pièces demeurées sur les tablettes. Est-ce que c’est bon? Non: The Dowland Brothers sont un rip-off des Everly Brothers, Trendsetters Ltd et The Trend étaient des mod groups comme tant d’autres. Seul The Brain montre réellement le germe de ce que sera Giles, Giles & Fripp (on a d’ailleurs droit à la version originale de “One in a Million”). C’est bien de savoir ce matériel disponible, mais laissez-le aux complétistes. Et, dans la pure tradition “pourquoi faire du contrôle de la qualité” de Voiceprint, la séquence des pièces sur le disque ne correspond pas à celle imprimée dans le livret et sur la carte.

When Giles, Giles & Fripp - and later King Crimson - formed, Robert Fripp was an indealistic youngster without any real field experience, whereas brothers Peter Giles (bass) and Michael Giles (drums) had been playing pro since 1962. They had been with a string of unimportant pop bands that recorded a few singles. 1962-1967 culls all these recordings for the first time, including tracks that were never released. Is it good? No: The Dowland Brothers were an Averly Brothers rip-off, while Trendsetters Ltd. And The Trend were nothing more than your subpar Mod group. Only The Brain wasi nteresting and holds the seeds of what Giles, Giles & Fripp would be (we even get to hear their original version of “One in a Million”). It’s good to know that this material is now available, but leave to completist. And, in Voiceprint’s pure “why bother with quality control?” tradition, the actual track order on the disc doesn’t match the track list printed in the booklet and on the tray card.


TATSUYA YOSHIDA w/ IGOR KRUTOGOLOV & ASSIF TSAHAR / Live in the Head (Auris Media)

Enregistré en 2006, paru en 2008 sur l’étiquette israélienne Auris Media, Live in the Head présente les deux faces du grand batteur dément Tatsuya Yoshida: une moitié (un peu plus en fait) de l’album consiste en improvisations avec le saxo Assif Tsahar - du free-prog puissant et chaotique; l’autre moitié consiste en compositions de Yoshida interprétées avec le claviériste Igor Krutogolov - tout à fait dans la veine de Ruins et Koenjiyakkei. Puissant, excessif décoiffant et d’une précision à tout casser.

Recorded in 2006, released in 2008 on the Israeli label Auris Media, Live in the Head features both sides of the great demented drummer Tatsuya Yoshida. Over the half the record consists of improvisations with saxman Assif Tsahar – powerful free-prog – while the rest features compositions Yoshida performs with keyboardist Igor Krutogolov – all in the Ruins/Koenjiyakkei vein. Powerful, excessive, blisterning, and incredibly precise.

2009-11-12

2009-11-12: Bruce Gilbert, DJ /Rupture & Matt Shedetek, Iain Matthews, Beat Circus

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-12


BRUCE GILBERT / This Way (Editions Mego - merci à/thanks to Forced Exposure)

Le groupe Dome tombait en léthargie, le groupe Wire n’était pas encore reformé et, pour tuer le temps, le guitariste Bruce Gilbert a produit son premier disque solo. C’était en 1984. This Way en avait surpris plus d’un: que fait ce guitariste rock à produire de la musique concrète? 25 ans plus tard (et réédité chez Editions Mego), This Way demeure un solide disque de drones, de sons transformés et d’ambiances grises. Immersif.

Dome was winding down, Wire was not yet reformed, and to keep himself busy, guitarist Bruce Gilbert made his first solo record. It was in 1984. This Way a took few people by surprise: what was this rock guitarist doing making musique concrète? 25 yeas later (and reissued on Editions Mego), This Way remains a strong opus of drones, transformed sounds, and grey ambiences. Immersive.


DJ /RUPTURE & MATT SHADETEK / Solar Life Raft (The Agriculture - merci à/thanks to Dense Promotion)

Un mix-CD réalisé en temps réel, sur trois tourne-disque, par le New-Yorkais Matt Shadetek et le néo-Brooklynois DJ /Rupture. Quelques productions des deux compères parmi ces 22 pistes, plus du dubstep à la tonne, un peu de hip-hop, des influences antillaises et des surprises (Nico Muhly, Luc Ferrari?!). Pulssant, rondement mené, intelligent, mais un peu hors de ma zone de confort (lire: un peu trop dansant).

A mix-CD produced in real time, on three turntables, by New-Yorker Matt Shadetek and neo-Brooklyner DJ /Rupture. They slip in a few of their own tunes among the 22-track set, plus tons of dubstep, a dab of hip-hop, Caribbean influences, and a few surprises (Nico Muhly, Luc Ferrari?!). Tight and powerful, intelligent too, but a bit outside my personal comfort zone (i.e. too dancefloor friendly).


IAIN MATTHEWS & SEARING QUARTET / Joy Mining (Fledg’ling - merci à/thanks to Forced Exposure)

J’approchais avec caution, je me suis inquiété aux premières notes: le grand folkman britannique Iain Matthews (Fairport Convention) en mode jazz (avec le Searing Quartet des Pays-Bas)? Danger de mièvreté! Puis le charme opère et je me retrouve étonnamment captivé. Pourtant, c’est un album très commercial, très BCBG, on ne peut plus baby-boomer! Mais il y a la voix de Matthews, et cette douzaine de nouvelles chansons coécrites spécialement pour ce disque avec le leader du Searing Quartet. Un disque en demi-teintes, feutré, langoureux, hyper-léché mais pourtant très humain. Bravo. [Ci-dessous: Vidéo officielle pour la chanson “Randolph Scott”.]

I approached this one with caution, and I got worried at the very first notes: the great UK folkman Iain Matthews (Fairport Convention) in jazz mode (with Dutch group Searing Quartet)? “Tackiness warning!” I thought. Then, charm waltzed in, and I found myself surprisingly captivated. I mean, this is a very commercial album, a baby-boomer, shirt-and-tie dinner affair! But there’s Matthews’ voice, and this dozen new songs cowritten especially for this project with Searing Quartet’s leader. A half-hued record, velvety, crooning, extremely cleanly produced, yet so human-sounding. Bravo, says I, bravo. [Below: Official video for the song “Randolph Scott.]


BEAT CIRCUS / Boy from Black Mountain (Cuneiform)

Qu’est-il arrivé à Brian Carpenter pour que son groupe Beat Circus marque un si gros changement d’attitude entre le premier disque (dépressif et rempli de spectres) et ce second (jovial et primesautier)? Peu importe, Boy from Black Mountain est excellent! De l’Americana actuel vif, intelligent, parfois exagéré, souvent tendre, toujours créatif. Ce disque est plus ramassé et illustre une approche mieux définie que le précédent. Il donne aussi moins l’impression d’être un “side project” des Eyesores (pas qu’il l’était, mais c’est l’impression que le son donnait). J’accroche instantanément et je sais que j’y reviendrai souvent. [Ci-dessous: “February Train”, tirée du site de Cuneiform Records.]

What happened to Brian Carpenter for his band Beat Circus to change its attitude so drastically between their first album for Cuneiform (depressive and full of spectres) and this second one (cheerful and bouncy)? Whatever it was, Boy from Black Mountain is excellent! A vivid modern take on Americana, overexaggerated at times, often sweet, always creative. This record is tighter and showcases a better-defined sound than the previous effort. It also sounds a lot less like an offshoot of The Eyesores (which it wasn’t, though it sounded like it). I’m instantly hooked and I just know I’ll be coming back to this one often. [Below: “February Train”, found on Cuneiform’s website.]

http://www.cuneiformrecords.com/realaudio/February_Train.mp3

2009-11-11: John Wolf Brennan, Fujii/Kihlstedt, Arms and Sleepers, Aus, Sun Ra

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-11


JOHN WOLF BRENNAN / The Speed of Dark (Leo Records)

John Wolf Brennan compte parmi mes pianistes préférés. Lyrisme, tendresse, recherche, fantaisie sont ses qualités premières. The Speed of Dark reprend là où Pictures in a Gallery nous avait laissé. Il s’agit d’un disque de solos pour piano et variations pianistiques (accordéon, harmonium, piano électrique, mais aussi cadre de piano, piano préparé, etc.), enregistré en partie dans une galerie d’art, lors d’un vernissage, ainsi qu’en studio. Vingt-trois courtes pièces, 71 minutes en tout, beaucoup de variété, de musicalité, de surprises. Du bonheur pur. [Ci-dessous: Un extrait du concert documenté sur The Speed of Dark.]

John Wolf Brennan is one of my favorite pianists. He’s lyrical, sweet, experimental, and fanciful. The Speed of Dark takes up where Pictures in a Gallery had left; it’s a CD of piano and piano-related solos (accordion, harmonium, electric piano, and also piano frame, prepared piano, etc.), recorded in part in an art galery, and in the studio. Twenty-three short pieces, 71 minutes in all, lots of diversity, musicality, and surprises. Pure bliss. [Below: An excerpt from the concert documented on The Speed of Dark.]


MINAMO / Kuroi Kawa - Black River (Tzadik - merci à/thanks to Braithwaite & Katz)

Pas le groupe post-rock/drone japonais! Ici, Minamo est le duo de la pianiste Satoko Fujii et de la violoniste Carla Kihlstedt (Sleepytime Gorilla Museum, etc.). Après un premier album documentant leur première rencontre en concert (sur étiquette Henceforth, fort bien), voici un album double sur Tzadik. Le premier disque consiste en 18 courtes pièces improvisées en studio; le second présente six improvisations en concert, plus longues. Si vous connaissez déjà ces deux musiciennes, vous vous attendez déjà à quelque chose et vous ne serez pas déçu. Je soulignerai tout de même qu’elles ont toutes deux un côté tendre (voire surémotif) et un côté fougueux (voire surémotif aussi): Fujii et ses mélodies instantanées très saccadées, ses accords très appuyés; Kihlstedt et son alternance entre son lyrique et grinçant, son recours aux vocalises aussi. C’est superbe, rien de moins. Le disque en concert est poignant (et moins hésitant que le premier album du duo); celui en studio est raffiné, délicat, symbiotique - du genre à se greffer à votre cerveau et vous suivre partout, longtemps après son écoute. Je suis un fan fini et un homme comblé.

Not the Japanese post-rock/drone band! Here, Minamo is pianist Saokoto Fujii and violinist Carla Kihlstedt (of Sleepytime Gorilla Museum fame). After a first duo CD documenting their first live meeting (on the Henceforth label, quite nice), here comes a double album on Tzadik. Disc 1 features 18 short pieces improvised in the studio; disc 2 contains six longer live improvisations. If you are already familiar with these two, you know what to expect and you won’t be disappointed. I’ll point out the fact that both ladies have a tender side and a feisty side, both sides pushing them occasionally to play extremely emotively: Fujii and her choppy instant melodies and hammered chords; Kihlstedt and her shifts between a lyrical sound and grating textures, and her occasional vocalizing. It’s nothing short of gorgeous. The live record is poignant (and less tentative-sounding than the previous album); the studio disc is sophisticated, delicate, and symbiotic – the kind that grafts itself to your brain and follows everywhere, long after you’ve listened to it. I’m a fan and a happy man.


ARMS AND SLEEPERS / Matador (Fake Chapter Records - merci à/thanks to Nice Promo)

Un post-rock léger et très accessible, métissé d’électro, de trip-hop. Entre Epic45 et Air - les mélodies ont un petit quelque chose d’éminemment français. Agréable mais sans conséquence. Bien réalisé. Pourrait s’avérer infectieux...

Light, highly accessible post-rock with electronica and trip-hop blended in. Somewhere between Epic45 and Air – the melodies have a strong French flavour. Enjoyable though inconsequential. Nicely produced. Could prove to be addictive...


AUS / Light in August, Later (Someone Good)

Beaucoup plus original et singulier est ce court disque signé Aus (Yasuhiko Fukuzono). Je ne sais trop pourquoi ce disque est paru sur Someone Good, l’étiquette plus “pop” de la maison Room40, puisque ses textures glitch et ses espaces sonores très ouverts correspondent aux intérêts esthétiques de Room40. Nonobstant, il s’agit d’un beau disque, bien ficelé, lent et mélancolique, avec des touches de voix ici et là. Et parfois, un côté Fennesz au piano plutôt qu’à la guitare. J’aime.

Much more original and unique is this short CD by Aus (Yasuhiko Fukuzono). Why is this being released on Room40’s “pop” imprint Someone Good? Its glitchy textures and wide-open sonic spaces are in tune with Room40’s experimental esthetics. No matter, it’s a very nice CD, tightly woven, slow and melancholy-filled, with touches of vocals here and there. And it sometimes sounds like Fennesz if he had been a pianist instead of a guitar player. I like.


SUN RA & HIS SOLAR MYTH-ARKESTRA / Strange Worlds (Atom)

J’ai ramassé ce disque double à petit prix chez Wayside, avec ma dernière commande. Il s’agit d’une réédition des albums classiques The Solar Myth Approach, volumes 1 et 2, parus à l’origine en 1970 chez BYG/Actuel. La réédition est piteuse, mais le matériel donne la pleine mesure de l’Arkestra de l’époque: solos de synthés spaciaux, improvisations collectives déroutantes, litanies cosmiques reprises en choeur. Ça ferait une bonne introduction à l’univers de Sun Ra (moins brutale que d’autres). Plaisir confus.

Picked up this two-CD set at a small price from Wayside with my last order. It’s a reissue of Sun Ra’s classic 1970 recordings for BYG/Actuel The Solar Myth Approach, vols. 1 & 2. The packaging (liner notes included) is cheapo, but the material showcases the full breadth of what the Arkestra was about at the turn of the ‘70s: spacy synth solos, confusing (not confused!) group improvisations, and eveybody-sing cosmic anthems. Could make a good introduction to Sun Ra’s world. Distraught pleasure.

Critiques AMG Reviews: 2009-11-12

Furt Plus: Equals

2009-11-10

Délire actuel, 2009-11-10

DÉLIRE ACTUEL

Édition du 10 novembre 2009
Show aired on 10 November 2009

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Parcours libre, forme longue: Pour faire changement, un parcours libre (pas de thématique) tout en longues pièces, celles-ci sélectionnées dans le but de couvrir le plus de territoires musicaux possibles. Mission accomplie: freakrock, noise, impro, électroacoustique, avant-metal et musique contemporaine!
Freestyle Journey, The Longs: A new spin on my trusty "freestyle journey" formula, this time consisting exclusively of extended tracks selected especially to cover as much musical grounds as possible. Mission accomplished: freakrock, noise, improv, electroacoustics, avant-metal, and contemporary classical!

*KARUNA KHYAL / [1] (24:32) - Alomoni 1985 (Phoenix Records)

**BULBUL & HEIMO WALLNER / Grand Kratzscha (13:18) - Supernova 2 (Interstellar Records)

SUNN 0))) / Big Church (9:42) - Monoliths and Dimensions (Southern Lord)

CHRISTOPHER HOBBS / Sudoku 82 (19:12) - Sudoku 82 (Cold Blue)

FURT / Uranus: Limen I-IV (16:40) - Sense (Psi)

*SUPERSILENT / 9.1 (12:23) - 9 (Rune Grammofon)


Merci à/Thanks to:
*Forced Exposure
**Dense Promotion


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

FURT
Ce ne sont que deux gars assis devant des échantillonneurs à clavier, mais ça bouge à fond!:
It may be only two guys sitting in front of keyboard samplers, but the music's just so busy!:


SUPERSILENT

Exemple en concert (tiré du DVD 7) de ce qu'il faut maintenant appeler l'ancienne version de Supersilent:
A live example (from the DVD entitled 7) of what must be called the old Supersilent line-up:

Délire musical, 2009-11-10

DÉLIRE MUSICAL

Édition du 10 novembre 2009
Broadcast Date: 10 November 2009

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST


Thème/Theme: PIERRE LABBÉ 4TET / La Kuchika - Manivelle (Ambiances magnétiques)

*RAOUL SINIER / Alternative Rush (4:08) - Tremens Industry (Ad Noiseam)
**LIQUID STRANGER / Mutants (4:42) - The Intergalatic Slapstick (Interchill)
**THE EMBASSADORS / Dagaz Eterna (5:31) - Coptic Dub (Nonplace)

***CORDÂME / La Caravane de Ravel (4:55) - Migration (Malasartes Musique)
ACTIS DATO QUARTET / Mandingo (5:37) - World Tour (Carlo Actis Dato)

****ORCHESTRE POLY-RITMO DE COTONOU / Mi ve wa se (4:24) - Echos hypnotiques (Analog Africa)
****HARDAL / Lânet Olsun (4:02) - Nasil? Ne Zaman? (Shadoks Music)
****THE ABSTRACT TRUTH / Original Man (3:33) - Silver Trees (Shadoks Music)

DIALLÈLE / Mais attendez... mais nan! (extrait/excerpt: 3:00) - Diallèle (Great Winds/Musea)


merci à/thanks to:
*Dense Promotion
**John Bourke P.R.
***DAME
****Forced Exposure




COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

RAOUL SINIER
Ses courts métrages sont aussi intéressants que ses musiques (et sont inclus avec l'album, sur un DVD boni). En voici deux.
His short films are just as good as his music (and included with the album, on a bonus DVD). Here's two.



CARLO ACTIS DATO
Voici une vidéo d'Actis Band, l'autre groupe principal du saxo italien.
Here's live footage of Actis Band, the Italian saxman's other main group.



2009-11-10: Jean-Philippe Collard-Neven, Braxton/Léandre, Cluster, Moebius/Plank/Neumeier

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-10


JEAN-PHILIPPE COLLARD-NEVEN / Incidental Music (Sub Rosa - merci à/thanks to Forced Exposure)

Le pianiste qui, aux côtés du violoniste Vincent Royer, a donné une si belle interprétation des Didascalies de Luc Ferrari, revient chez Sub Rosa pour quelque chose de très différent. Incidental Music collige 33 courtes pièces musicales écrites pour une douzaine de productions théâtrales. Il y a un peu de tout, des jolies facéties à la Michel Legrand (“STIB”, avec sifflement) au faux baroque, mais tout est très accessible et compris entre le beau et le joliet. Musique sans incidence, presque par principe, qui plaira aux amateurs de musiques de film (et tout particulièrement françaises). Personnellement, je trouve ça un peu trop léger... et trop long.

The pianist who, alongside violinist Vincent Royer, gave us such a beautiful performance of Luc Ferrari’s Didascalies is back on Sub Rosa with something entirely different. Incidental Music culls 33 short pieces composed for a dozen stage productions. There’s a little of everything, from pretty nothings a la Michel Legrand (“STIB,” replete with a whistled melody) to faux-Early Music, and it’s all very accessible and ranging between nice and cheeky. This music is unincidental almost by design, and it will be enjoyed by fans of film music – and especially French film music. Personally, I find it a bit too light… and too long.


ANTHONY BRAXTON & JOËLLE LÉANDRE / Duo (Heidelberg Loppem) 2007 (Leo Records)

Un rare duo entre ces deux grands, mais très grands improvisateurs. Un concert complet (sur deux disques) enregistré en mars 2007. Très, très beau et poignant. Je ne suis pas toujours entièrement convaincu du talent de Braxton dans un contexte d’improvisation libre, mais ici, il rayonne d’aise et de réceptivité.

A rare duo performance from these two MAJOR free improvisers. A complete concert (over two discs) recorded in March 2007. Very beautiful and poignant. I’m not always entirely convinced by Braxton as a free improviser, but here, he is obviously at ease, receptive, and pushing the envelope.


CLUSTER / Curiosum (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)

Le programme de réédition du catalogue Sky orchestré par Bureau B se poursuit avec deux autres titres liés au duo Cluster (voir aussi ci-dessous). Curiosum fut le sixième et le dernier disque de la première carrière de Cluster (il y aura un premier retour quelques années plus tard). Paru en 1981, c’est un disque plus tranquille, au son presque anachronique, un disque qui revient à une forme dépouillée de musique électronique à la fois musicale et expérimentale. Sympathique, relativement accessible pas dénué d’humour et de beauté. Mais pas un essentiel.

Bureau B’s reissue program of the Sky catalog continues with two more Cluster-related titles (see also below). Curiosum was the sixth and final LP in the duo’s first career stretch (they would come back a few years later). Released in 1981, this is a quieter record, with a near-anachronistic sound, a record that comes back to a stripped-down form of musical-yet-experimental electronic music. Enjoyable, relatively accessible, not without a sens of humour and beauty. But this is not an essential item.


MOEBIUS PLANK NEUMEIER / Zero Set (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)

Plus essentiel et enthousiasmant est cette collaboration entre Dieter Moebius de Cluster, l’ingénieur sonore Conny Plank (avec qui Cluster a souvent enregistré) et Mani Neumeier (batteur de Guru Guru). Un disque vivant, propulsif, expérimental encore une fois – Moebius y déploie beaucoup d’ingéniosité dans ses sons. Des pièces relativement courtes. Le tout accessible en raison des rythmiques “motorik” mais dentelées de Mani. Je ne connaissais pas ce disque et je suis très heureux de l’avoir entendu: un élément sous-estimé dans le canon clusterien. [Ci-dessous: Un extrait de “Speed Display”.]

More essential and exciting is this collaboration between Cluster’s Dieter Moebius, sound engineer Conny Plank (with whom Cluster had recorded many times), and Guru Guru drummer Mani Neumeier. This is a vivid, driving, experimental record – Moebius taps into treasures of resourcefulness with his keyboard sounds. Tracks are relatively short, and the whole thing is quite accessible due to Mani’s “motorik” yet detailed beats. I didn’t know this album and I’m very glad I got to hear it; it’s an underestimated gem in the Cluster cannon. [Below: An excerpt of “Speed Display.”]

http://www.bureau-b.com/Snippets/ZeroSet/SpeedDisplaySn.mp3

2009-11-09

2009-11-09: Bill Dixon, Music for Mentalists, Hearts No Static, King Crimson

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-09


BILL DIXON / Tapestries for a Small Orchestra (Firehouse 12 - merci à/thanks to improvised communications)

Qualifions-le de géant ce coffret de Bill Dixon – pas pour sa taille (tout à fait normale pour un album contenant deux CD et un DVD), mais pour son contenu, son importance et sa brochette de musiciens. Le résultat d’une résidence chez Firehouse 12, Tapestries for a Small Orchestra propose un document frappant sur la conception compositionnelle de ce grand trompettiste. Il est accompagné de Taylor Ho Bynum, Rob Mazurek, Stephen et Graham Haynes (avec Dixon, ça fait cinq trompettistes-cornettistes!), ainsi que Glynis Lomon et Ken Filiano. Des pièces longues, spacieuses, à l’écriture d’apparence simple mais aux ramifications infinies. Plus un DVD avec un documentaire de 31 minutes sur la création du projet. [Ci-dessous: Plusieurs extraits sonores sur cette page officielle.]

“Huge” is an appropriate word to describe this Bill Dixon set - not that it’s physically large (the usual size for a digipak housing two CDs and one DVD), but for its contents, importance, and line-up. Resulting from a residence at Firehouse 12, Tapestries for a Small Orchestra is a striking document updating us on this great trumpet player’s vision of composition. He is accompanied by, among others, Taylor Ho Bynum, Rob Mazurek, Stephen & Graham Haynes (with Dixon, that makes five trumpet/cornet players), plus Glynis Lomon and Ken Filiano, among others. Long, spacious pieces, seemingly simple yet unfolding endless ramifications. Plus a DVD with a 31-minute documentary on the project. [Below: Several sound clips on this official page.]

http://firehouse12.com/firehouse12_records_release.asp?id=74177


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Music for Mentalists (Psychic Circle - merci à/thanks to Forced Exposure)

De toutes les compilations étranges que j’ai vu passer en 2009 (merde, dans les années 2000!), celle-ci est DE LOIN, la plus étrange, incongrue et odieusement kétaine. C’est merveilleux!!! Sous ce titre (et le sous-titre “Unexpected Sounds for the Connoisseur”) Mick Dillingham propose ici une sélection tirée de sa collection personnelle de 45trs obscurs, étranges et déroutants. Que diriez-vous d’une ode aux extra-terrestres ayant élu domicile à Northampton? D’un hymne latino aux joies du magasinage à Leicester? D’une reprise risible en yiddish de “Rock Around the Clock”? Ou d’une reprise disco tout aussi risible de “Arnold Layne” du Pink Floyd? Pourquoi pas une poignée de jingles publicitaires d’époque? De tout pour tous les mauvais goûts!

Of all the odd compilations I have seen and heard in 2009 (heck, in this closing decade!), this is BY FAR the strangest, most unusual, and blatantly kitsch of them all. It’s wonderful!!! Under that title (and the subtitle “Unexpected Sounds for the Connoisseur”), Mick Dillingham delivers 33 tracks selected from his personal collection of obscure, strange and downright disturbing 45s. How about an ode to extraterrestrials living in Northampton? Or a Latin hymn to the joys of shopping in Leicester. Would you rather hear a Yiddish cover of “Rock Around the Clock”? Or a disco take on Pink Floyd’s “Arnold Layne”? How about a handful of period jingles to round it up? Stellar bad taste for everyone!


2e écoute/2nd listen: HEARTS NO STATIC / Motif (Bureau B - merci à/thanks to Forced Exposure)

Décidemment, un joli disque qui fait le bon entre krautrock (Can, Cluster) et post-rock. Rien de phénoménal, mais très agréable.

I persist: a damn fine record bridging Krautrock (Can, Cluster) and Post-Rock. Nothing phenomenal, but a very enjoyable listen.


KING CRIMSON / Red (Discipline Global Mobile - 40th Anniversary Series)

Enfin! Diantre qu’il est difficile de mettre la main sur les rééditions en 5.1 de King Crimson, du moins au Canada. Première écoute, le volume dans le tapis, de ce grand classique remixé en 5.1 par Steven Wilson. Superbe! Belle décision de mettre souvent Robert Fripp à l’arrière, pour placer l’auditeur au centre de l’action. Et le cornet de Marc Charig dans “Fallen Angel”, d’une clarté sidérante. Et la cymbale de Bill Bruford dans “One More Red Nightmare”. Et tout “Providence”, une improvisation qui tient de la haute voltige. Et “Starless” tant son essence même, magnifiée par ce remixage, si telle chose est possible. Je n’ai rien contre Porcupine Tree, au contraire, mais J’ADORE Steven Wilson le remixeur 5.1: sagesse, bon goût, dynamisme sans trop en faire. Je digère cette écoute et je garde les extras (deux “outtakes”, deux impros du coffret The Great Deceiver en 5.1, et une vidéo française de quatre en chansons live en 1974) pour plus tard.

Finally! How come it’s so difficult to find copies of the new 5.1-mix reissues of King Crimson, at least in Canada? My first run-through, volume turned way up, of this great classic now remixed in surround sound by Steven Wilson. Superb! Nice choice to tuck Robert Fripp in the back to put the listener in the middle of the action. And March Charig’s cornet in “Fallen Angel” comes in with stunning clarity. And Bill Bruford’s cymbal in “One More Red Nightmare.” And all of “Providence,” a high-flying improvisation. And “Starless” in everything that it is, magnified by the remix, if such a thing is possible. I’m quite fond of Porcupine Tree in general, but I ADORE Steven Wilson as a 5.1 remix engineer: wisdom, good taste, dynamic mixes without overdoing it. I’m digesting this listen, and I’ll keep the extras (two outtakes, two improvs from the Great Deceiver boxset remixed in 5.1, plus French video footage from 1974 of four songs) for later.