Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2009-11-21

2009-11-20: Sun Ra, Oli Kuster Kombo, The Opposite, Contraction, Yvan Ouellet

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-20


SUN RA / Disco 3000 (Art Yard - merci à/thanks to ReR Megacorp)

En 2008 (où était-ce 2007?), l’étiquette Art Yard publiait deux disques doubles présentant l’intégrale des sessions de Sun Ra à Milan en 1978, une période de travail en quartet avec Michael Ray, Luqman Ali et John Gilmore. L’un de ces deux albums, The Complete Disco 3000 Concert, remettait en contexte les extraits de concert parus à l’époque sur le vinyle Disco 3000 (Media Dreams recevait le même traitement sur l’autre disque double). Voilà que la même étiquette réédite maintenant, sur un disque, le vinyle original Disco 3000... avec les mêmes notes de livret de Michael Ray! Redite, vous dites?!? Cela dit, l’opération dessert Disco 3000, qui, sous cette forme, sonne mieux, à la fois en termes de qualité sonore et de séquence. Plus ramassé, moins éclectique, plus extatique. C’est un très bon disque de Sun Ra, fort sur le “jam”. Et petite formation égale meilleur captation de chaque instrument. Je recommande donc d’opter pour cette version plutôt que l’intégrale en disque double. Évidemment, si vous avez déjà l’intégrale...

In 2008 (or was it 2007?), the small label Art Yard released two 2-CD sets presenting the complete sessions Sun Ra made in Milan in 1978, a period during which he worked with a quartet line-up consisting of himself, Michael Ray, Luqman Ali, and John Gilmore. One of those albums, The Complete Disco 3000 Concert, recontextualized the concert excerpts released in the late ‘70s as the Disco 3000 LP (Media Dreams received the same treatment on the other 2-CD set). And now that same label has released, on a single CD, the original version of Disco 3000 (in remastered/restored form)… with the same liner notes by Michael Ray as in the 2-CD set! That said, the operation works in favour of Disco 3000, both in terms of sound quality and sequence. This leaner version is more focused, less eclectic, and more ecstatic. It’s a darn good Sun Ra record to boot, heavy in jam content. And small line-up equals better sound capture of each instrument. So I recommend this version over the 2-CD one. Unless you already own it, of course…


OLI KUSTER KOMBO / Flokati (Unit Records)

Un bon disque de jazz dans un genre bop moderne. Le pianiste Oli Kuster a de la souplesse, du lyrisme, un joli sens de la circonvolution, tout en demeurant dans les limites d’un jazz moderne audacieux mais très accessible. Cela dit, pour moi, la vedette de ce disque et le clarinettiste Jürg Bucher: beaucoup de souplesse dans son son, de la créativité aussi. Des compositions agréables, parfois un peu sombre, ce qui ajoute à la palette du disque.

A good jazz record in a modern bop style. Pianist Oli Kuster’s playing shows flexibility, lyricism, a pretty sense of circumvolution, allthewhile remaining within the confines of daring yet highly accessible modern jazz. That said, in my eyes, the star of the record in clarinet player Jürg Bucher: supple sound, creative. Kuster’s compositions are enjoyable, and occasionally a tad dark, which adds to the record’s scope.


THE OPPOSITE / Intertwined (Kopasetic Productions)

Une bande de Suédois sortis de nulle part, je ne connais aucun des six musiciens. Et vlan, ils donnent un grand coup avec Intertwined. Il s’agit d’un sextet saxo-piano-guitare-basse électrique-batterie-percussions qui fait la musique actuelle à la René Lussier et Fred Frith: créative, primesautière, faite de confrontations, de fantaisie, de virtuosité et de jeux de mains. Une surprise totale et ravissante, une découverte à faire! [Ci-dessous: “By No Means”. Deux autres extraits du disque sur le site de Kopasetic.

A bunch of Swedes out of nowhere – I didn’t know any of them prior to listening to this. And bang, Intertwined is a one-two punch. This sextet – sax, piano, guitar, electric bass, drums, percussion is playing what here in Quebec we call musique actuelle: creative, funny music build on confrontations, childlikeness, virtuosity, and byplays. Think Fred Frith or René Lussier. This is a total surprise and I’m completely won over. Discover them too! [Below: “By No Means”. Find two more audio clips on Kopasetic’s website.]

http://www.kopasetic.se/upload/MP3/Intertwined/ByNoMeans.mp3


CONTRACTION / Live 1974 (ProgQuébec)

Un concert donné un soir où Contraction partageait l’affiche avec Gentle Giant. Une bande complètement oubliée, retrouvée 35 ans plus tard, parfaitement nettoyée. Une prestation qui supplante les deux albums studio du groupe, par son énergie et la sélection des pièces. Une sélection qui, en plus de ramasser les essentiels de ces deux albums, ajoute trois chansons inédites, dont l’excellente “Le Temps fuit comme une ombre”. Et oui, il y a “La Bourse ou la vie”, au complet. Christiane Robichaud en chanteuse extraordinaire, l’une des grandes voix oubliées du Québec (oubliez Céline, d’accord? OUBLIEZ CÉLINE!). Un must, une leçon, un rite de passage. [CI-dessous: Un extrait de “Le Temps fuit comme une ombre”. D’autres extraits sur cette page.]

A show played on a night Contraction shared the bill with Gentle Giant. A tape completely forgotten about, rediscovered 35 years after the fact, marvelously cleaned up. A performance that tops the group’s two studio records, energy-wise and tracklist-wise. A selection of songs that culls the essentials from the two LPs, AND adds three songs that were never recorded in the studio, one of them being the excellent “Le Temps fuit comme une ombre”. And yes, they play “La Bourse ou la vie” from A to Z. Christiane Robichaud is a fantastic singer, one of the great forgotten voices of Quebec (can we forget Céline? PLEASE FORGET CÉLINE!). A must, a lesson, a rite of passage. [Below: A sample from “Le Temps fuit comme une ombre.” More audio samples on this page.

http://www.progquebec.com/Contraction_MP3/contraction_letempsfuitcommeuneombre_live.mp3


YVAN OUELLET / Le Chant des choses (ProgQuébec)

Yvan Ouellet était le claviériste de Toubabou et du Ville Émard Blues Band. Il avait aussi collaborer avec Contraction, Raôul Duguay et Marie-Claire Séguin. En 1979 il lançait ce qui est demeuré son seul album solo, Le Chant des choses. C’est un disque agréable mais ce n’est pas un grand disque. L’écriture de Ouellet est ici plutôt jazzée d’un côté, fortement influencée par Duguay de l’autre. Ça donne un disque en douceur, feutré, pas dénué de mièvrerie. Mais on y trouve aussi de belles prestations vocales de Christiane Robichaud (Contraction), Duguay et Séguin.

Yvan Ouellet played keyboards in Toubabou and Ville Émard Blues Band. He also worked with Contraction, Raôul Duguay, and Marie-Claire Séguin. In 1979, he released what would remain his only solo album, Le Chant des choses. This is an enjoyable record, but not a great one. Here, Ouellet’s writing is jazzy on one stide, and strongly influenced by Duguay (the crooner, not the wacky L’Infonie singer) on the other). As a result, the album is soft, quiet, and a bit tame. But there’s a bunch of fine vocalists on here, including Christiane Robichaud (Contraction), Duguay, and Séguin.


Et pour compléter ce vendredi après-midi en ProgQuébec, je retourne dans les deux rééditions de Sloche (relisez mes chroniques des 16 et 17 novembre si ça vous chante, mon opinion ne change pas).

And since it’s Friday PM and I’m already knees deep in ProgQuébec release, I’ll give the two Sloche reissues another spin. (You can read again my comments from 2009-11-16 and 2009-11-17if you wish to - I haven’t changed my mind.)

2009-11-19

2009-11-19: Klaxon Gueule, Laura Andel, Joachim Gies, Ergo, Do Make Say Think

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-19


KLAXON GUEULE / Infininiment (Ambiances Magnétiques)

Klaxon Gueule, un groupe qui publie peu mais qui persévère et qui se renouvelle constamment. Sur Infininiment (non, ce n’est pas une faute de frappe), le trio de base (Michel F. Côté, Bernard Falaise, Alexandre St-Onge) est augmenté de trois musiciens: Gordon Allen, Jean Derome et Philippe Lauzier. Le groupe continue de faire dans l’improvisation libre entre acoustique et électronique, entre son et bruit, entre dur et mou. Plus mou que dur en fait, surtout au début du disque, où la matière sonore donne l’impression de plastique laissé trop près d’un chauffage et pas tout à fait repris. Drôle d’image? Peut-être. Tout de même intrigant, ce disque, presque captivant même. J’y reviendrai, une deuxième écoute s’impose.

Klaxon Gueule, a band that makes few albums but carries on and keeps on renewing itself. On Infininiment (no, it’s not a typo), the core trio – Michel F Côté, Bernard Falaise, Alexandre St-Onge – is joined by three guests: Gordon Allen, Jean Derome, and Philippe Lauzier. The group is still playing free improvisation sitting between the acoustic and the electronic, between sound and noise, between hard and soft. More soft than hard, actually, especially early on this CD, where the sonic matter feels like plastic left too close to the heater. Strange image? Possibly. Still, an intriguing record, almost captivating even. I’ll have to get back to it. A second listen is mandatory.


LAURA ANDEL ORCHESTRA / Doble Mano (Rossbin)

La compositrice Laura Andel propose ici une œuvre aux multiples facettes, pour une instrumentation hautement inhabituelle: cornet (Taylor Ho Bynum), alto, clarinette (Matt Bauder), bandonéon, Fender Rhodes, piano, contrebasse (Ken Filiano), vibraphone et deux joueurs de gamelan. Une composition pour improvisateurs aux mouvements un peu flous, imbriqués, avec des relations complexes entre les instruments. À réécouter une ou deux fois pour bien saisir le flot de la musique, mais à elle seule l’instrumentation attire mon attention. [Ci-dessous: un extrait trouvé sur le site de Laura Andel.]

Composer Lauren Andel delivers a multi-facetted work for a highly unusual instrumentation: cornet (Taylor Ho Bynum), viola, clarinet (Matt Bauder), bandonion, Fender Rhodes, piano, doublebass (Ken Filiano), vibraphone, and two gamelan players. A composition for improvisers, with blurry, integrated movements featuring building complex relations between the instruments. I’ll have to listen again once or twice to get a grip on the flow of the music, but the instrumentation alone got a hold of my attention. [Below: An excerpt available on Laura Andel’s website.]

http://www.lauraandel.com/DobleManoBrac254.mp3


JOACHIM GIES & SOUND/BODY/CELLS / Shimmering (Leo Records)

Je ne suis pas un fan du saxophoniste Joachim Gies, mais je ne saurais dire pourquoi: trop froid? Trop cérébral? Cela dit, Shimmering compte parmi les meilleurs disques que j’ai entendus de lui. Il est entouré du percussioniste Denis Stilke et de la vocaliste Ronni Gilla. Cette dernière a une formation de soprano mais utilise des techniques étendues qui l’approchent à la fois du côté atavistique/primal et du côté enfantin de la voix. Par le timbre et le style, elle ressemble beaucoup à Lauren Newton (avec qui Gies a déjà travaillé, d’ailleurs). C’est la star de ce disque, et sa prestation sur “Magically Attracted” (alternances entre chant de gorge et cris) vaut le détour. Plusieurs belles pièces sur ce disque, de belles explorations sonores, souvent délicates et ténues.

I’m not a fan of saxman Joachim Gies, but I couldn’t say why: too cold? Too cerebral? That said, Shimmering ranks among his best works I’ve heard. His companions are percussionist Denis Stilke and vocalist Ronni Gilla. The latter is a classically-trained soprano using extended techniques to access the atavistic/primal and childlike facets of the hman voice. Her tone and style put her very close to Lauren Newton (with whom Gies has previously worked, incidentally). She is the star of this CD, and her performance on “Magically Attracted” (back and forth between throat singing and sudden outbursts) is worth the price of admission. Several beautiful pieces, delicate and thin sonic explorations.


ERGO / Multitude, Solitude (Cuneiform)

Ceci n’est pas le genre de disque qu’on attend de Cuneiform: un trio d’électrojazz ambiant. Pas que c’est mauvais, au contraire, mais ça surprend. Ergo, c’est un trio: Brett Sroka (trombone), Carl Maguire (claviers) et Shawn Baltazor (batterie), avec beaucoup d’électroniques en plus. De longues pièces aux grooves ambiants, aux textures fines, au son flottant. Pas mal. Je vais y prendre goût au fil des écoutes, mais ce n’est pas une révélation.

This is not the kind of record you would expect from Cuneiform: an ambiant electrojazz trio. It’s not bad, quite the contrary, but it’s surprising. Ergo is a trio: Brett Sroka (trombone), Carl Maguire (keys), and Shawn Baltazor (drums), with a lot of electronics in the mix. Long tracks with ambiant grooves, fine textures, a floating sound. Not bad at all. I’ll warm to it with each listen. That said, it’s not a revelation.


Do Make Say Think / Other Truths (Constellation)

Je crois bien que c’est le meilleur disque de post-rock que j’aie entendu depuis Slow Riot for New Zero Kanada de Godspeed You Black Emperor. Ce genre de post-rock (atmosphères en demi-teintes, crescendos réguliers, augmentations de tensions presque imperceptibles et relâchements nirvanesques) ne tient qu’à un fil. Peu de groupes le réussissent, et peu souvent. Do Make Say Think le réussit ici, merveilleusement bien. Quatre pièces, une dizaine de minutes chacune, chacune un petit bijou. Leur meilleur disque à ce jour. [Ci-dessous: Un montage d’extraits de l’album trouvé sur le site de Constellation.]

I think this is the best post-rock record I have heard since Godspeed You Black Emperor’s Riot for New Zero Kanada. This type of post rock – half-hued moods, nogoing crescendos, near imperceptible tension-rising, mind-melting climaxes) holds only by a thread. Few groups manage to pull it off, and those that do don’t do it often. Here, Do Make Say Think succeed superbly. Four pieces, ten minutes or so each, and each one a marvel. Their best album to date. [Below: A mix of excerpts from the album found on Constellation’s website.]

http://cstrecords.com/audio_files/0000/0018/DMST_Other_Truths_Mix.mp3

2009-11-18: Fred Frith, The Red Masque, Miriodor

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-18

FRED FRITH / Impur Part II (Fred Records/ReR Megacorp)

Ceci est la suite d’Impur, mais n’a rien à voir stylistiquement avec sa première partie. Un rappel: Au milieu des années 90, Fred Frith enseigne à l’École Nationale de Musique de Villeurbanne (France), une résidence de deux ans qui se conclut par un grand événement: professeurs et élèves occupent toutes les pièces de l’édifice, jouant simultanément une œuvre constitué de fragments composés et d’improvisation libre, le public étant invité à circuler sur les lieux ou à écouter de l’extérieur, par les fenêtres ouvertes. Impur était un collage d’enregistrements faits à divers endroits dans l’édifice. Puis, dans la salle de concert commençait une prestation par un ensemble de 20 musiciens, sans que le public en soit informé (les gens sont arrivés à mesure que l’information a circulé). C’est cette seconde partie qui constitue Impur II. Il s’agit d’une très bonne composition de Frith, dans son plus pur style complexe mais rigolo, sensible et pas barbant pour deux sous. On pense à René Lussier. On pense à Gravity version âge mur. Et on a beaucoup de plaisir. Un bon ensemble (pas phénoménal, mais assez solide pour rendre l’oeuvre), du bon matériel, une écoute beaucoup plus aisée que le premier Impur.

This is a follow-up to Impur, but the music has nothing to do with that “part one”. First, a reminder: in the mid-‘90s, Frith spend two years teaching at the Ecole National de Musique in Villeurbanne (France). His residency came to a close with a large-scale event where teachers and students occupied the whole building playing simultaneously in every room, following a score of timed events, free improv, and composed fragments. The audience was free to walk the halls and enter the rooms or listen from outside (the windows were all open). Impur (part one) is a collage of recordings made throughout the building. Then, in the concert hall, a 20-piece ensemble started a performance, unbeknownst to the audience - people started to come in as the word spread out. This second part is documented on Impur II. It’s a very fine Frith composition, in his typical complex-yet-entertaining, sensitive, not the least bit boring style. I’m thinking of René Lussier. I’m thinking of a more mature take on Gravity. And I’m having a lot of fun. A good ensemble (not phenomenal, but more than good enough to pull it off), good material, and a much easier - and satisfactory - listen than the first Impur.

FRED FRITH / Nowhere - Sideshow - Thin Air (Fred Records/ReR Megacorp)

Oui, Fred vient de publier non pas un mais DEUX nouveaux disques. Nowhere - Sideshow - Thin Air regroupe des musiques pour la danse et, stylistiquement, se compare favorablement à The Happy End Problem. La violoniste Carla Kihlstedt est en vedette sur deux des trois suites (datant de 2000-2001). Fred Frith s’occupe d’à peu près tout le reste. “Nowhere” est une suite solide, à l’écriture souple, prenante, rythmée (y trouverait-on des fragments de ce que deviendrait le corpus de Cosa Brava que je n’en serais pas surpris). “Sideshow”, plus conceptuel dans son dispositif, intègre de l’échantillonnage, une approche plus cinématique. “Thin Air” (2007) est plus tendue et repose fortement sur le jeu de guitare de Frith - c’est le clou de ce disque. De l’excellent Frith.

Yes, Fred has released not one but TWO new CDs. Nowhere - Sideshow - Thin Air culls pieces for dances. Stylistically, it compares favourably to The Happy End Problem. Violinist Carla Kihlstedt is featured on two of the three suites (recorded in 2000-2001). Frith takes care of near everything else. “Nowhere” is a strong suite featuring supple writing. It’s captivating and it has rhythm (I wouldn’t be surprised if some of the Cosa Brava repertoire had early fragments in here). “Sideshow” has a more conceptual design, and it integrates samples and a cinematic approach. “Think Air” (2007) is more tense and relies strongly on Frith’s multi-facetted guitar playing - it’s this album’s highlight. An excellent opus from Frith.

THE RED MASQUE / Stars Fall On Me (The Red Masque)

Un disque en concert, disponible seulement sous forme numérique (eMusic, iTunes, etc.), qui fait suite à l’excellent disque studio Fossil Eyes paru l’an dernier. Fossil Eyes marquait un tournant pour ce groupe de rock progressif gothique, avec maintenant une forte composante RIO/impro. En puisant dans les albums précédents aussi, Stars Fall On Me est un peu moins expérimental, plus axé sur des chansons. Le son est correct (un peu creux), les prestations solides, Lynnette (la chanteuse/muse gothique du group) en pleine forme et bien en voix. C’est la qualité de l’écriture de Red Masque qui ressort de ce concert. Ceux qui ont trouvé Fossil Eyes difficile à digérer vont préférer les versions des chansons clés de cet album telles que présentées ici. Personnellement, je préfère lorsque le groupe lâche son fou, mais j’apprécie tout de même ce document.

A live album available only as a digital download (from eMusic, iTunes and the likes), following up on last year’s excellent studio release Fossil Eyes. Fossil Eyes marked a new turn for this Gothic prog rock group, who now boasts a strong RIO/improv component. However, since this concert also features tracks from their previous albums, it sounds a bit less experimental and more song-focused. The sound is okay (a bit hollow), but the performances are strong, and Lynnette (the band’s gothic singer/muse) is in fine shape. Stars Fall On Me highlights the high quality of The Red Masque’s songwriting. Folks who found Fossil Eyes hard to digest will prefer the songs from that album in their live guises. Personally, I think the band could have broken loose a bit more, but I still find this live document satisfying.

MIRIODOR / Live 89 (ProgQuébec)

Incroyable, cette trouvaille de ProgQuébec: Miriodor, époque trio (Pascal Globensky, Sabin Hudon, Rémi Leclerc), en concert à Montréal, à Québec et en France, entre 1987 et 1989 (surtout 1989). Miriodor développait alors son son, qui porte encore l’empreinte d’Univers Zero. Une belle sélection de pièces issues de l’album éponyme (en fait le deuxième du groupe), de la cassette parue avant, et du matériel qui sera endisqué sur 3e avertissement. Ceux qui ne connaissent Miriodor que pour leurs plus récents disques avec le guitariste Bernard Falaise peuvent très bien se tourner vers Live 89 avant de s’attaquer aux premiers disques. Recommandé!

Unbelievable, this find from ProgQuébec: Miriodor in their trio era (Pascal Globensky, Sabin Hudon, Rémi Leclerc), live in Montréal, Québec, and in France, between 1987 and 1989 (mostly the latter). Back then, Miriodor was knees deep into developing their sound, which still bore the imprint of Univers Zero. A nice cross-section of tunes from their eponymous LP (actually their 2nd), the previous cassette release, and material that would become a part of 3rd Warning. Folks who only know Miriodor for their latest releases with guitarist Bernard Falaise can turn to Live 89 if they want to sample the band’s earlier sound. Recommended!

2009-11-17

Délire actuel, 2009-11-17

DÉLIRE ACTUEL

Édition du 17 novembre 2009
Show aired on 17 novembre 2009

DESCRIPTION
DESCRIPTION


L'essor de l'improvisation libre britannique: Une édition historique de Délire actuel consacrée à l'improvisation libre en Angleterre dans les années 60 et 70. Évidemment, dans la plus pure tradition Délire actuel (pourquoi respecter le sujet auto-imposé?), nous touchons aussi à l'Europe continentale et à la composition pour improvisateurs.
The Rise of British Free Improvisation: A historical focus tonight, as we look at the rise of free improvisation in England in the '60s and '70s. Of course, in pure Delire Actuel fashion (why stick to a self-imposed topic?), we also brush on Continental Europe and on compositions for improvisers.

SPONTANEOUS MUSIC ENSEMBLE / End to a Beginning (4:16) - Challenge (Emanem)
SPONTANEOUS MUSIC ENSEMBLE / Thirty-Five Minutes (Part 2) - Quintessence (Emanem)

DEREK BAILEY / M3 (4:15) - Improvisation (Ampersand)
PAUL RUTHERFORD / Lonescariso (5:29) - The Gentle Harm of the Bourgeoisie (Emanem)
PEOPLE BAND / Part 2 (8:26) - 1968 (Emanem)

PETER BRÖTZMANN QUARTET / Tell a Green Man (15:32) - Nipples (Atavistic)

EVAN PARKER / Titan Moon (20:45) - The Topography of the Lungs (Psi)

AMM / Live at the Royal College of Art (6:24) - Not Necessarily English Music (Leonardo Music Journal)
RON GEESIN / Duet for One-String Banjo and Water Cistern (2:54) - Not Necessarily English Music (Leonardo Music Journal)

HOWARD RILEY TRIO / Spliced (9:54) - Overground (Emanem)



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

European Free Improvisers Pages
La ressource Internet la plus vaste sur l'impro libre britannique. Biographies et discographies à profusion (en anglais).
The largest Internet resource on British free improvisation. Bios and discogs a-plenty.

Improvisation libre / Free Improvisation
Article de Wikipédia.
Wikipedia entry.

JOHN STEVENS & DEREK BAILEY


DEREK BAILEY


EVAN PARKER

Délire musical, 2009-11-17

DÉLIRE MUSICAL

Édition du 17 novembre 2009
Broadcast Date: 17 November 2009

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST


Thème/Theme: *BALSARA & HIS SINGING SITARS / Boots - Music for Mentalists (Psychic Circle)

MAGMA / Ëmëhntëtt-Rê III (extrait/excerpt: 1:25 - 8:00= 6:35) - Ëmëhntëtt-Rê (Seventh)
KING CRIMSON / Fallen Angel () - Red (Discipline Global Mobile)

BEAT CIRCUS / (2:59) - Boy from Black Mountain (Cuneiform)
VRIL / The Desperate Twins (3:11) - The Fatal Duckpond (ReR Megacorp)
*MOEBIUS - PLANK - NEUMEIER / All Repro (3:29) - Zero Set (Bureau B)

*LIM LING & THE SILVERTONES / Si Li Li Li Li (2:17) - Singapore A-Go-Go (Sublime Frequencies)
*KWAN JIT SRIPRAJAN / Panatibat (3:33) - Siamese Soul (Sublime Frequencies)
*RENE & RENATA / It's a Lovely Day (2:21) - Music for Mentalists (Psychic Circle)
THE NICE / Happy Freuds (3:27) - Ars Longa Vita Brevis (Charly)

*IAIN MATTHEWS & SEARING QUARTET / Waves (extrait/excerpt: 4:00) - Joy Mining (Fledg'ling)

merci à/thanks to:
*Forced Exposure


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

MAGMA
Le nouveau Magma s'accompagne d'un DVD présentant un "making-of" d'une heure intitulé "Phases". En voici un extrait.
The new studio album by Magma comes with a bonus DVD consisting of a one-hour making-of entitled "Phases". Here's a sample.


IAIN MATTHEWS & SEARING QUARTET
Une chanson de l'album interprétée à la télé.
A song from the album, performed live on TV.


2009-11-17: Wodracksa/Lopez, Vlor, Aarktica, Mahavishnu Orchestra, Sloche, Califone

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-17


CHRISTINE WODRASCKA & RAMON LOPEZ / Momentos (Leo Records)

Ce disque est en quelque sorte une suite ou une mise à jour d’Aux portes du matin. Wodrascka (pianiste) et Lopez (batteur) forment un beau duo bien solide, et ils improvisent ensemble avec beaucoup de finesse et d’émotion. Rien de convenu dans leur musique, beaucoup de parallélismes entre les doigts fugaces de la dame et les baguettes fébriles du monsieur. Rien de particulièrement impressionnant ou nouveau sur ce disque, ce qui ne le rend pas moins remarquable, ne serait-ce que pour le climat d’aise et d’échange qu’il instigue.

This CD is a sequel or update of sorts to Aux portes du matin. Wodrascka (piano) and Lopez (drummer) form a nice and strong duo, and they improvise togheter with lots of finesse and feeling. Nothing’s quite predictable in their music, but there is a lot of parallel action between the fugitive fingers of the lady and the frantic sticks of the gent. Nothing particulary impressive or new on thsi record, but that doesn’t make any less remarkable, if only for the atmosphere of comfort and exchange it is imbued with.


VLOR / Six-Winged (Silber)

Vlor est un projet “all-star” de l’étiquette Silber. À sa tête se trouve Brian John Mitchell, directeur de l’étiquette, qui enregistre des bases de chansons et de pièces instrumentales qu’il dissémine ensuite parmi les artistes de l’étiquette. Collaborent donc à Six-Winged (le second disque de Vlor réalisé de cette façon) Jessica Bailiff et des membres d’Aarktica, 6PM, Rollerball, Plumerai, Electric Bird Noise, mwvm, et j’en passe. Sans surprise, c’est la vision musicale de Mitchell (l’homme derrière la folk lo-fi post-apocalyptique de Remora) qui prédomine. L’album couvre beaucoup de territoire, du slowcore à la punk-pop, en passant par le drone. Les instrumentales sont agréables, les chansons joliment torturées. Un beau projet indie, et un disque plus consistant que le précédent, A Fire is Meant for Burning.

Vlor is an “all-star” project from the Silber label. It is spearheaded by label mogul Brian John Mitchell, who records basic tracks for songs and instrumentals that he sounds out to other artists for completion. So, Six-Winged (the second Vlor album produced in such manner) features collaborations from Jessica Bailiff and members of Aarktica, 6PM, Rollerball, Plumerai, Electric Bird Boise, mwvm, and more. Unsurprisingly, the dominating musical vision is Mitchell’s (the man behind post-apocalyptic lo-fi folk project Remora). The album covers a lot of ground, from slowcore to punk-pop and drone. The instrumentals are quite fine, the songs nicely tortured. A strong indie project, and more consistent than Vlor’s previous effort A Fire is Meant for Burning.


AARKTICA / In Sea (Silber)

Un splendide nouveau disque d’Aarktica. Jon DeRosa laisse un peu les électroniques pour revenir à sa première manière: des agencements riches et troubles de guitares flottantes. Un disque à thématique marine, mais aux sonorités terreuses et ocres. Seulement deux pièces chantées, dont une reprise de Danzig (méconnaissable), le reste consiste en compositions instrumentales parfois optimistes, souvent rêveuses. Bravo.

A splendid new album by Aarktica. Jon DeRosa steps away from electronics to come back to his early approach: rich and troubled arrangements of floating guitars. A marine-themed album with – paradoxically – earhty and ochre tones. Only two tracks are sung (including one unrecognizable Danzig cover); the rest consists in instrumentals that are at times optimistic, but mostly dreamy. Congratulations.


MAHAVISHNU ORCHESTRA / Original Album Classics (Sony/BMG - Legacy)

20 $ pour les cinq albums originaux du Mahavishnu Orchestra? Où est l’attrape? Il n’y en a pas vraiment, si vous êtes prêt à vous passer des livrets. Je m’explique. Ce coffret à petit prix, de la taille d’un disque double, contient The Inner Mounting Flame, Birds of Fire, Between Nothingness and Eternity, Apocalypse et Visions of the Emerald Beyond. Chacun des cinq disques est inséré dans une pochette simple de carton reproduisant en miniature la pochette originale (avant et arrière). Ces cinq pochettes sont insérées dans un boîtier en carton plus épais. Point. Pas de livrets individuels, pas de livret pour le coffret. L’arrière du boîtier énumère les pièces de chaque disque. La pochette de chaque disque reproduit strictement les infos de la pochette originale, et puisque celle de Visions ne listait rien à l’arrière, pas d’info pour ce disque outre la liste des pièces. Par contre, le son est très bon et c’est une édition tout à fait légale. Et c’est les cinq grands disques du Mahavishnu pour 20$! Le meilleur que le jazz fusion des années 70 nous a offert! Avis aux intéressés: Il existe aussi des coffrets similaires pour Weather Report et John McLaughlin.

$20 for all five original Mahavishnu Orchestra albums? Where’s the catch? There isn’t really one, if you’re willing to do without booklets. Let me explain. This low-priced box set the size of a double CD set comprises The Inner Mounting Flame, Birds of Fire, Between Nothingness and Eternity, Apocalypse, and Visions of the Emerald Beyon. Each of these five discs is slipped in a simple cardboard sleeve with miniature reproductions of the front and back cover of the original LPs. These five sleeves fit inside a sturdier cardboard box. That’s it. No individual booklet, no boxset booklet. The back of the box gives individual tracklists, but any other information you’ll have to decipher from the scaled-down back covers (magnifying glass not included). And by the way, there was no personel information printed on the back cover of Visions..., so... That said, sound quality is good, and it’s a totally legit rlease. And it’s Mahavishnu’s five great albums for $20! The best ‘70s jazz fusion has to offer! Interested parties should know that there are also similar box sets for John McLaughlin and Weather Report.


SLOCHE / Stadaconé (ProgQuébec)

Je retombe en amour avec ce merveilleux disque de 1976. Merci ProgQuébec! Si j’avais à sacrer un triumvirat du rock progressif québécois, j’opterais pour l’éponyme de Pollen, La Marche des hommes de Morse Code et Stadaconé de Sloche. Pourquoi ce dernier? La qualité de l’écriture (complexe mais légère, variée, dense, drôle), la virtuosité des musiciens (techniquement parlant, le groupe québécois le plus impressionnant de l’époque), la qualité de l’enregistrement. Que de plaisir sur ce disque qui tient à la fois du jazz-rock de Canterbury, du Zappa période Waka-Jawaka et d’un son tout québécois. Un essentiel. Et la réédition 2009 de ProgQuébec sonne MERVEILLEUSEMENT BIEN. Ne crachez pas sur J’un oeil, le premier disque de Sloche (chroniqué hier, 2009-11-16, si ça vous intéresse), mais celui-ci doit primer dans votre liste de cadeaux de Noël! [Ci-dessous: un extrait de la pièce titre. D’autres extraits à écouter sur cette page du site de ProgQuébec.]

I’m falling in love all over again with this fabulous 1976 album. Thank you, ProgQuébec! If I had to crown a triumvirat of Quebec prog rock albums, it would be Pollen’s sole LP, Morse Code’s La Marche des hommes, and Sloche’s Stadaconé. Why the latter? The songwriting (complex yet light, diverse, dense, funny), the musicianship (this was Quebec’s most virtuosic band at the time), and the quality of the recording. There’s so much fun to get from this record and its blend of Canterbury jazz-rock, Waka-Jawaka-era Zappa, and that particular Quebec sound! This is a must-have. And ProgQuebec’s 2009 reissue sounds AMAZINGLY GOOD. You shouldn’t miss out on Sloche’s first album J’un oeil (reviewed yesterday, 2009-11-16), but this one deserves a higher slot on your Christmas wishlist. [Below: A clip from the title track. More sound clips on this ProgQuebec page.]

http://www.progquebec.com/Sloche_MP3/sloche_stadacone.mp3


CALIFONE / All My Friends Are Funeral Singers (Dead Oceans)

Trois ans après le très bon Roots & Crowns, Califone est de retour avec All My Friends Are Funeral Singers. Un disque très solide, moins country que le précédent (qui marquait un certain retour aux sources), arrangements léchés mais un peu plus agressifs, chansons lancinantes qui rappellent parfois Christian Kiefer (“1928” frôle le pastiche!), une atmosphère bien maintenue. Je n’ai que deux ou trois de leurs disques, mais celui-ci est déjà mon favori, après une seule écoute. Si vous aimez la folk indie et l’alt-country, ne boudez pas votre plaisir!

Three years after the very good Roots & Crowns, Califone are back with All My Friends Are Funeral Singers. A very strong record, less country-sounding than the previous one (which represented a back-to-roots move), sophisticated arrangements that still have something raw about them, languid songs reminiscent of Christian Kiefer (“1928” could be mistaken for a pastiche!), a well-sustained atmosphere. I only have two or three Califone records, but this one’s already my favorite. If you like indie folk and alt-country, proceed without caution.

2009-11-16

2009-11-16: Lene Grenager, R.S. Gjertsen, Kabelbrand, Magma, Sloche

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-16


LENE GRENAGER / Affinis Suite (+3dB Records - merci à/thanks Dense Promotion)

Lene Grenager: ce nom ne vous évoque rien, peut-être, mais il s’agit de la violoncelliste du groupe d’impro féminin norvégien Spunk. Elle est compositrice de formation. Affinis Suite est une suite de six pièces composées pour l’Affinis Ensemble, un ensemble de chambre contemporain de sept musiciens. L’œuvre est une série de permutations, variations et redéveloppements thématiques de son premier mouvement, “Attitude.” Une musique touffue (malgré quelques solos et duos plus aérés) et complexe, mais aussi vivante et interprétée avec brio. Belle utilisation folichonne des percussions.

Lene Grenager – the name might not ring a bell, but this is Norwegian all-female improv group Spunk’s cellist. She is a contemporary composer by trade. Affinis Suite is a six-piece suite composed for Affinis Ensemble, a chamber septet. The work consists in a series of permutations, variations, and thematic developments on its first movement “Attitude.” Dense, busy, complex music (despite a few solos and duos where the music has more room to breathe), vivid music too, and brilliantly performed. Nice playful use of percussion.


R.S. GJERTSEN / Grains (+3dB Records - merci à/thanks Dense Promotion)

Ruben Sverre Gjertsen est un jeune compositeur norvégien. L’étiquette +3dB consacre tout un disque à ses oeuvres. L’instrumentation va d’un solo pour violoncelle à un trio pour percussions, alto et harpe, à une pièce pour 14 musiciens. L’écriture de Gjersten est chaotique, fragmentaire, très difficile à suivre. “Fluente” pour violoncelle est très belle, mais les autres pièces sont disjointes et truffées d’idées qui semblent souvent à demi développées. Cela dit, ce langage déroutant, Gjertsen le maîtrise, et sa musique, à défaut de me séduire, me convainc qu’il sait ce qu’il fait.

Ruben Sverre Gjertsen is a young Norwegian composer. The +3dB label releases an entire CD of his works. Instrumentations range from a cello solo to a trio for percussion, alto and harp, up to a piece for 14 musicians. His writing is chaotic, fragmentary, hard to follow. “Fluente” for cello is beautiful, but the other pieces are disjointed and full of half-developed ideas. That said, although his language may be disconcerting, he masters it, and if his music failed to seduce me, it did convince me that Gjertsen knows what he’s doing.


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Kabelbrand: Sounds from the Max Brand Synthesizer (Moozak - merci à/thanks Dense Promotion)

Une collaboration entre Clemens Hausch, Benedikt Guschibauer, Gerald Krist et Ulrich Kühn, afin de rescussiter le son du synthétiseur Max Brand. Le quoi, vous dites? Le synthétiseur que Bob Moog (oui, CE Bob Moog) a bâti dans les années 50 (avant de se faire un nom) pour Max Brand, un compositeur autrichien émigré aux États-Unis dans les années 30. Kabelbrand présente donc d’abord une séquence de 12 pièces desdites personnes interprétées sur la bestiole en question - des pièces d’électronique expérimentale bien modernes, faisant appel aux diverses sonorités de l’appareil, qui lui-même a servi de banc d’essai au grand Moog. Puis, deux pièces DE Brand, dont “Ilian 4” (1974) qui fait près de 30 minutes et qui est éminemment extra-terrestre par ses sons et son approche. Un disque intéressant, et pas seulement pour sa dimension historique.

A collaboration between Clemens Hausch, Benedikt Guschibauer, Gerald Krist, and Ulrich Kühn, their goal being to ressuscitate the sound of the Max Brand synthesizer. The what? The synthesizer Bob Moog (yes, THAT Mr. Moog) build in the ‘50s (very early in his career) for Max Brand, an Austrian composer who had emigrated to the US in the ‘30s. Kabelbrand is a CD in two parts: first are 12 tracks by said people performed on that creature – electronic, resolutely modern experimental pieces that call on the machine’s full range of tones and possibilities. Then, two pieces BY Brand, including “Ilian 4” (1974), near 30 minutes long, and totally alien-sounding.


STOPPEZ LES ROTATIVES (virtuelles)! La factrice est passée et m’a laissé... le nouveau MAGMA!!!

STOP THE (digital) PRESS! The mailwoman just stopped by and handed me... the new MAGMA!!!


MAGMA / Ëmëhntëhtt-Rê (Seventh)

La Terre cesse de tourner pendant 50 minutes, le temps de donner une première écoute attentive à ce Magma nouveau, le premier en cinq ans. “Ëmëhntëhtt-Rê”, la pièce, est le dernier volet du second triptyque composé par Christian Vander dans les années 70. Commencée en 1975, elle n’avait pas été achevée, mais elle avait été tout de même présentée sur scène en 1977, puis démembrée (une partie retitrée “Hhaï” publiée seule, une autre retitrée “Zombies” refaite en studio pour Üdü Wüdu, une autre enfin retitrée “Rind/ë” et publiée sur Inédits), et enfin rapiécée en 2005 pour la série de concerts Ëpok (quatre DVD). Mise en chantier dès la complétion de K.A. en 2004, la version finale d’Ëmëhntëhtt-Rê aura pris beaucoup de temps à aboutir. Ça valait la peine d’attendre? Que diantre, oui! Ma première écoute me laisse subjuguer par l’intensité de cette composition, plus dense et soutenue que K.A., plus extatique que Kohntarkosz. Presque pas de développements instrumentaux, les voix à fond la caisse, à travers des arrangements à train d’enfer. La pièce est maintenant divisé en quatre mouvements, dont le premier correspond à “Rind/ë” (superbe, elle éclipse toutes les versions précédentes) et aux fragments qui l’encadrent, et le second réunit “Hhaï” et “Zombies” en une seule pièce, avec d’autres fragments et un rappel thématique de K.A. qui unit le triptyque. Voilà. Reste encore plus de 20 minutes de matériel entièrement nouveau! Et le troisième mouvement est une orgie d’acrobaties vocales en groupe qui me laisse pantois. Et que dire de “Funëhrarïum Kanht”, final funéraire qui sonne le glas de Kohntarkosz, héros prophétique! Superbe de retenue et de lourdeur. Je n’ai pas encore regardé le DVD (un making-of d’une heure), et je réécouterai quelques fois ce disque avant d’y revenir pour une appréciation plus définitive. Mais ma première réaction en est une d’enthousiasme sans borne! [Ci-dessous: Sur cette page, trois extraits du CD et un extrait du DVD.]

The Earth stopped turning for 50 minutes as I gave this new Magma a first attentive listen. This is the first new Magma in five years. “Ëmëhntëtt-Rê” is the final part of the second triptych Christian Vander wrote in the ‘70s. Started in 1975, it was left unfinished, but was still performed on stage in 1977, before being dismembered (one part retitled “Hhaï” came out as a stand-alone track on a live album; another retitled “Zombies” got a studio recording for Üdü Wüdü; another bit retitled “Rind/ë” came out on Inédits), and finally put back together for the Epok concerts in 2005 (four DVDs). Vander went back at it as soon as he completed K.A. in 2004, but it took five years before he had the final version of Ëmëhntëtt-Rê. Was it worth the wait? Darn straight, it was! The first listen leaves me stunned by the intensity of this piece, denser and more relentless than K.A., more ecstatic than Kohntarkosz. Almost no instrumental developments, the vocals/choir go at it constantly through rollercoaster arrangements. The piece is split into four movements, the first one corresponding to “Rind/ë” (beautiful, much better than any previous recording/version available) and the fragments that bookend it. The second movement brings together “Hhaï” and “Zombies” in a single piece, along with other fragments and a thematic reminder from K.A. to tie up the trilogy. There. We’ve reached the end of “Ëmëhntëtt-Rê” as it was featured on the Epok 3 DVD, and there’s still 20 minutes of music left! And the thirs movement is an orgy of acrobatic vocal interplay that left me speechless. And what can say about “Funëhrarium Kanht”, a final dirge that marks the end (Stephen King would say “the clearing at the end of the path”) for our prophetic hero Kohntarkosz. Splendidly restrained and heavy. I have yet to watch the DVD (a one-hour making-of), and I’ll be listening to the CD a few more times before I submit a more definitive appreciation. But my first reaction is one of boundless enthusiasm! [Below: On this page you’ll find three excerpts from the CD and one from the DVD.]

http://www.seventhrecords.com/MAGMA/EMEHNTETT-RE/html/french.htm


SLOCHE / J’un oeil (ProgQuébec)

Sloche fut l’un des groupes de rock progressif québécois les plus intéressants des années 70. Les disques qu’ils ont réalisé pour RCA font preuve d’originalité, de cran, de fantaisie. Si Morse Code était la réponse québécoise à Genesis et ELP, Sloche était notre réponse à Gentle Giant et à la mouvance de Canterbury. J’un oeil, premier de ces deux opus, est légèrement chaotique, mais cet éclectisme lui confère un fort facteur sympathique (Stadaconé est plus ramassé). “Le Karême d’Éros” et “Potage aux herbes douteuses” sont des compositions mal embouchées et loufoques, mais très divertissantes, alors que “J’un oeil” et “Algébrique” sont précises et complexes. Du grand art. Pas d’extras sur la réédition de ProgQuébec, mais un beau travail sur les bandes. Quelle joie de réentendre cet excellent disque!

Sloche was one of the greatest ‘70s progressive rock groups from Quebec. The two LPs they made for RCA were original, bold, and playful. If Morse Code was Quebec’s answer to Genesis and ELP, then Sloche was our answer to Gentle Giant and the Canterbury scene. J’un oeil, their first LP, is slightly chaotic, but it’s a good eclecticism that makes it endearing (Stadaconé is more focused). “Le Karême d’Éros” and “Potage aux herbes douteuses” are silly, irreverent compositions, very entertaining though, while “J’un oeil” and “Algébrique” are precise and complex pieces. Fantastic music. No extras on ProgQuébec’s reissue, but a fine remastering job. What a delight to hear this excellent record again!

2009-11-14: Han Bennink

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-14

HAN BENNINK / Hazentijd (Data)

Une soirée en compagnie d’un ami amateur de musique actuelle, l’occasion parfaite pour visionner ce documentaire sur le grand batteur free néerlandais Han Bennink. Réalisé par Jellie Dekker, ce documentaire simple de 70 minutes présente Bennink lisant et commentant des extraits de son journal personnel (remontant à ses débuts comme batteur de jazz) et suit le musicien dans quelques aventures récentes, allant d’un atelier pour des élèves du primaire à une classe de maître à Banff (Canada). Dekker porte aussi un regard sur son art visuel et sa relation avec la nature. Plusieurs musiciens sont interviewés, dont Peter Brötzmann, Terry Ex, Dave Douglas, Evan Parker et Guus Janssen. Le film inclut aussi des extraits de prestations s’échelonnant de 1980 à 2009, dans des contextes variant d’un solo et de duos jusqu’à des prestations avec l’ICP Orchestra. Ces prestations sont également présentes, entières, dans une section d’extras qui totalise près de 70 minutes (la durée du film, quoi!). J’aurais aimé plus de documents d’archives, plus d’histoire, mais tout de même une belle et généreuse production. (N.B. La plupart des commentaires de Bennink et plusieurs entrevues sont en néerlandais avec sous-titres anglais.)

An evening in company of a friend whose tastes in music run alongside mine – the perfect opportunity to watch this documentary on the great Dutch free jazz drummer Han Bennink. Directed by Jellie Dekker, this 70-minute film features Bennink reading and commenting excerpts from his diary (going back to his beginnings as a jazz drummer) and follows him in recent adventures, from primary school workshops to a masterclass in Banff (Canada). Dekker also devotes time to Bennink’s artworks and his relationship with nature. Several fellow musicians are interviewed, such as Peter Brötzmann, Terry Ex, Dave Douglas, Evan Parker, and Guus Janssen. The film also includes excerpts of performances ranging from 1980 to 2009, in contexts ranging from solos and duets to performances with the ICP Orchestra. The complete performances are included as extras and amount to 70 minutes of live footage (as long as the feature documentary!). Personally, I would have liked more of a historical focus on Bennink’s career, though this is a very nice and generous production. (Note: Most of Bennink’s commentaries and several interviews are in Dutch with English subtitles.)