Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2010-03-13

2010-03-12: David S. Ware, Ian Tordella, Gray Code, Philippe Petit, Rashomon, Steven Wilson, Yes

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-12


DAVID S. WARE / Saturnian (Solo Saxophones, Volume 1) (AUM Fidelity - merci à/thanks to Improvised Communications)

Ça fait du bien d’entendre David S. Ware en forme, après une dure bataille contre la maladie. Voici un court concert solo (40 minutes) enregistré en octobe 2009 à New York. Trois pièces, chacune à un instrument différent: le saxello (un saxo ténor droit), le stritch et le ténor. Trois petites merveilles de développement mélodique élégant mais échevelé, pleines de passion et de générosité. Je suis tombé sous le charme immédiatement. “Anthe”, au ténor, voyage entre mélodisme et bruitisme sans distinction, portée par un souffle créatif qui rappelle à quel point Ware est l’une voix majeures du saxo. [Ci-dessous: Un extrait de “Anthe”.]

It’s good to hear David S. Ware in good shape after battling a serious illness. This is a short solo set (40 minutes) recorded live in New York, October 2009. Three improvisations, each on a different instrument: the saxello (a straight tenor sax), the stritch and the tenor sax. Three gems of elegant yet busy melodic developments, full of passion and generosity. I immediately fell for them. “Anthe”, on tenor sax, goes back and forth between melodicism and noise and is carried by a creative breath that reminds us of why Ware is one of today’s major sax voices. [Below: An excerpt of “Anthe.”]

http://www.aumfidelity.com/Excerpts/60/Anthe-X.mp3


IAN TORDELLA / Magnolia (Circumvention Music)

Honnêtement, j’ai peu à dire sur Magnolia. Il est passé presque inaperçu. Ian Tordella est un saxophoniste ténor et son quintette joue un jazz assez prévisible, définitivement trop “straight” pour mon goût personnel. C’est une musique élégante, pas monotone, mais peu excitante et plutôt convenue.

Honestly, I have little to say about Magnolia. It went by unnoticed. Ian Tordella is a fine tenor sax player but his quintet plays predictable jazz - definitely too straight for my taste. Classy music, not monotonous per se, but it lacks excitement and it’s been done before.


GRAY CODE / Floating Point (Circumvention Music)

Décidément meilleur que Magnolia (ci-dessus), et pas du jazz. Gray Code est un trio d’improvisation électroacoustique composé de Kevin Patton (guitare et électroniques), Butch Rovan (clarinette et électroniques) et Frederick Kennedy (percussion). La prise de son laisse à désirer sur quelques pièces (trop ambiante), mais la musique, elle, me parle: elle explore les relations sonores et humaines, n’hésite pas à se requestionner, plonge dans l’inconnu avec un sentiment d’urgence. Les transformations électroacoustiques de Patton et Rovan sont intéressantes, mais c’est surtout leur interaction qui interpelle. Un bel effort.

Now, this one is much better, and it’s not jazz. Gray Code are an electroacoustic improvisation trio consisting of Kevin Patton (guitar and electronics), Butch Rovan (clarinet and electronics) and Frederick Kennedy (percussion). Some of the tracks are poorly recorded (too ambient-sounding), but the music speaks to me. It explores sonic and human relations, isn’t afraid to question itself, dives into the unknown with a sense of urgence. Patton and Rovan’s electroacoustic manipulations are interesting, but the real draw here is their interaction. A fine effort.


PHILIPPE PETIT & FRIENDS / Silk-Screened (Trace Recordings)

Philippe Petit est toujours prêt à faire rejaillir l’intérêt de ses disques sur ses collaborateurs, mais le fait demeure qu’il est responsable de l’excellente qualité de ses albums. Ne vous laissez pas berner par le “& friends”, il s’agit bien d’un disque solo d’un des cerveaux derrière Strings of Consciousness (et de l’homme derrière l’étiquette Bip-Hop). Un peu comme le premier SoC ou son Reciprocess +/vs, Silk-Screened présente Petit aux traitements, aux bandes et aux tourne-disque, accompagné d’un groupe variable de musiciens, dont plusieurs sont accoquinés à SoC d’ailleurs. Textures granuleuses et bourdonnantes appuyant des mélodies oscillant entre l’industriel et le jazz, improvisations reconstruites en studio, périples oniriques post-Nurse with Wound - ce disque est fait pour laisser un côté du cerveau divaguer tandis que l’autre se pâme devant la maîtrise de l’artiste. Peut-être le meilleur disque auquel Petit est associé depuis le premier SoC (et peut-être seulement parce que je n’ai pas encore entendu The Iron Man). (Ci-dessous: “A Swirling Mix of Dystopia” avec Andy Diagram, entre autres.]

Philippe Petit seems always ready to deflect the appeal of his records on his collaborators, but the fact is that he is responsible for his excellent material. So don’t get fooled by that tag “& Friends”, for this is a solo album by one of the brains behind Strings of Consciousness (and the man behind the Bip-Hop label). Like the first SoC and his Reciprocess +/vs CD, Silk-Screened features Petit on treatments, field recordings and turntables, backed by a shifting cast of musicians, most of whom are related to SoC. Grainy and drony textures relyinf on melodies oscillating between Industrial and jazz, improvisations reassembled inthe studio, dreamy post-Nurse with Wound journeys - this record is made for letting one side of your brand drift out while the other one fans over the artist’s mastery. This may be Petit’s best effort since the first SoC (and that “may” is only because I have yet to hear The Iron Man). [Below: “A Swirling Mix of Dystopia” featuring Andy Diagram, among others.]

http://www.tracerecordings.com/audio/dystopia.mp3


RASHOMON / The Finishing Line (Film Music Volume 2) (Hinterzimmer - merci à/thanks to Dense Promotion)

Derrière le pseudo Rashomon se cache Matt Thompson, membre fondateur du groupe Guapo. Ce disque fait suite à The Ruined Map (Film Music Volume 1) paru en 2007 et que je n’ai pas entendu. Les quatre pièces sur ce disque (entre huit et 14 minutes) ne se veulent pas tant des bandes sonores que des tentatives d’appliquer des procédés cinématographiques à la musique, un peu comme le faisait Ennio Morricone, Toru Takemitsu ou même le groupe italien Goblin. D’ailleurs, j’entend un peu de tout cela dans The Finishing Line, disque ambiant mais ténébreux, chargé de mellotron languissant et d’orgue inquiétant. Certains passages sont très texturaux, mais dans l’essentiel c’est assez accessible et ça plaira aux amateurs de Goblin et de Morte Macabre, en particulier. Quelque part entre Goblin et Svarte Greiner?

Behind Rashomon lies Matt Thompson, founding member of Guapo. This CD follows up on 2007’s The Ruined Map (Film Music Volume 1), which I haven’t heard. The four tracks on this CD (between 8 and 14 minutes) are not actual soundtracks but attempts at applying film processes to music, aking to what Ennio Morricone, Toru Takemitsu or even Italian band Goblin used to do. In fact, I hear a little of all of them on The Finishing Line, an ambient and dark record loaded with languishing mellotron and worrying organ. Some passages are highly textural, but as a whole the album is rather accessible. It should especially appeal to fans of Goblin or Morte Macabre. Somewhere between Goblin and Svarte Greiner, perhaps?


STEVEN WILSON / NSRGNTS RMXS (Kscope Records)

Steven Wilson multiplie les projets, mais son premier album solo, Insurgentes, paru l’an dernier, marque un point de ralliement, une synthèse entre son rock mélodique (No-Man), son rock alternatif-progressif (Porcupine Tree) et sa musique expérimental (Bass Communion). Cet excellent disque a été rapidement suivi d’un album de remixes, NSRGNTS RMXS. La brochette de remixeurs est pour le moins éclectique: David Sitek, Dälek, Engineers, Pat Mastelotto (trois fois), Danse Macabre et Fear Falls Burning. Tous ou presque soulignent par leur travail le côté expérimental de l’album. La chanson “Abandoner”, en particulier, est l’objet de deux remixes très différents mais réussis. Procurez-vous d’abord l’original, évidemment, mais ne passez pas outre ces relectures.

Steven Wilson is involved in several projects, and his first solo album Insurgentes released last year offered a convincing synthesis of his melodic rock (No-Man), alt-prog rock (Porcupine Tree) and experimental music (Bass Communion). This has been quickly followed by a set of remixes entitled NSRGNTS RMXS. The line-up of remix artists is eclectic to say the least: David Sitek, Dälek, Engineers, Pat Mastelotto (three times), Danse Macabre, and Fear Falls Burning. Almost all of them are highlighting the experimental side of the album. The song “Abandoner”, in particular, is subjected to two very different and successful remixes. Get the original album first, of course, but don’t ignore these rereadings.


YES / Rock of the ‘70s (Voiceprint)

D’abord, pourquoi n’a-t-on pas inclus cette émission de 25 minutes sur le DVD The Lost Broadcasts paru récemment? Pourquoi répartir une heure de matériel de l’époque 1969-1970 de Yes sur deux DVD, outre pour soutirer plus d’argent aux fans? D’autant plus que Rock of the ‘70s est d’un intérêt... mitigé. Dans cette spéciale tournée pour la télévision belge en 1970, on voit le groupe (dans son incarnation The Yes Album) jouer et faire des pitreries (à la Help! des Beatles: sur la plage, dans un parc, dans une barque, se faisant poursuivre par une nonne, etc.) dans quatre chansons de l’album Time and a Word. Calmez-vous: je sais, vous vous dites “donc Steve Howe joue le matériel de Time and a Word!” Non. Tout est mimé au son des enregistrements originaux (avec Peter Banks à la guitare). Même que sur “Then”, Tony Kaye et Chris Squire ont échangé leurs rôles (et Squire joue clairement n’importe quoi pour la caméra). Sympathique? Ouais. Rigolo? Mouais. Satisfaisant? Que non. Au programme donc, des “vidéos” pour “Astral Traveller”, “Everydays”, “Then” et “No Opportunity Necessary, No Experience Needed”.

First of all, why wasn’t this 25-minute program included on the recently released DVD The Lost Broadcast? Why released a total one hour of footage from Yes’s 1969-1970 era over two DVD, besides sucking more money out of the fans? Especially since Rock of the ‘70s of a somewhat very liimted interest. In this half-hour special shot for the Belgian TV in 1970, we see the band (in its The Yes Album line-up) perform and kid around (Beatles’s Help!-style: on the shore, in the park, on a small boat, being chased by a nun, etc.) in four songs from Time and a Word. Now calm down. I know you’re thinking “so Steve Howe is playing material from Time and a Word!”. Well, he’s not. Everything is lip-synched to the album tracks (featuring Peter Banks on guitar). Not only that but for “Then”, Tony Kaye and Chris Squire trade off instruments, and Squire is clearly playing rubbish for the camera. Funny, yeah, Satisfying? Darn no. The program includes “music videos” for “Astral Traveller,” “Everydays,” “Then” and “No Opportunity Necessary, No Experience Needed.”

2010-03-11

2010-03-11: Zeitkratzer, Sylvain Chauveau, Finjarn & Jensen, Moses, Motorpsycho

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-11


ZEITKRATZER / John Cage (Zeitkratzer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)

L’ensemble de musique contemporaine Zeitkratzer, unique en son genre parce qu’il regroupe des improvisateurs aux techniques étendues et à la recherche sonore pointue, propose une série intitulée “old school” et consacrée aux musiques d’une ou deux générations antérieures. John Cage propose trois compositions tardives (1986-1992) de Cage enregistrées au festival d’Huddersfield en novembre 2006. Au programme: “Four6”, “Five” et “Hymnkus”, toutes des œuvres explorant structure et liberté, intention et arbitraire. Toutes minimalistes aussi. Cela dit, “Four6” est étonamment charmante, malgré son économie de moyens.

The contemporary music ensemble Zeitkratzer, unique for its reliance on improvisers with extended techniques and cutting-edge sonic approaches, offers a CD series entitled “old school” and devoted to the works from one or two generations ago. John Cage features three late Cage compositions (1986-1992) recorded live at the Huddersfield Festival in November 2006. “Four6”, “Five” and “Hymnkus” all explore structure and freedom, intention and arbitrariness. And they are all minimalistic. That said, “Four6” is surprisingly enticing, despite its stripped-down nature.


ZEITKRATZER / James Tenney (Zeitkratzer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)

Dans la même série que John Cage et paru simultanément, mais enregistré en octobre 2009 (en concert également), ce volume consacré à James Tenney propose aussi trois œuvres: “Critical Band”, “Harmonium #2” et “Koan: Having Never Written a Note for Percussion”. Toutes trois explorent la montée-descente (le “climax”). Les deux premières, pour ensemble sont des jeux toniques et harmoniques très subtils et merveilleusement rendus par Zeitkratzer. Ce n’est certes pas une écoute facile, et elle est diamétralement opposée à celle du Cage, dont la musique est faite de sons qui commencent et finissent abruptement. Ici, tout s’inscrit dans un continuum ou les éléments distincts se perdent dans un tout multiharmonique.

In the same series as John Cage and released simultaneously but recorded live in October 2009, this volume is devoted to James Tenney. It features three works: “Critical Band,” “Harmonium #2” and “Koan: Having Never Written a Note for Percussion.” All three explore the climax. The first two, for ensemble, are very subtle tonal and harmonic plays, marvelously performed by Zeitkratzer. This is not easy listening for sure, and the music is the perfect opposite of Cage’s, whose pieces consisted of sounds that started and ended sharply. Here, sounds are part of a continuum and blend into a multi-harmonic whole.


SYLVAIN CHAUVEAU / Singular Forms (Sometimes Repeated) (Type Records - merci à/thanks to Forced Exposure)

Ça faisait longtemps qu’on avait pas vu un nouveau disque d’envergure de Sylvain Chauveau. Le communiqué de presse dit 5 ans, mais je ne sais pas comment Type Records en arrive à cette prétention (il faudrait ignorer à tout le moins l’album expérimental acoustique Touching Down Lightly, le mini-album S.). Néanmoins, c’est le premier disque MAJEUR de Chauveau depuis Down to the Bone, son album de reprises de Depeche Mode. Et Singular Forms (Sometimes Repeated) reprend presque exactement là où ce disque nous avait laissé. Avec ses propres chansons. Oui, des chansons. Sept. Un piano extrêmement dépouillé, tendre, mélancolique; des électroniques simples, parfois étrangement placées et surprenantes, mais généralement discrètes; et cette voix qui s’était révélée si suave, si absorbante, si près de celle de David Sylvian. Il faut écouter attentivement pour se laisser happer par ses microunivers spartiates mais ô combien vibrants d’émotion. Chauveau est un auteur-compositeur-interprète de grand talent. Nous avons la preuve irréfutable. [Ci-dessous: De grands extraits de l’album accessibles gratuitement sur Soundcloud.]

It’s been a long time since Sylvain Chauveau has released a new album. The press release says five years, but that would mean ignoring at least the experimental acoustic CD Touching Down Light and the EP S. However, Chauveau’s last MAJOR release was Down to the Bone, his tribute to Depeche Mode. And Singular Forms (Sometimes Repeated) picks up right where that one had left us. Except he’s playing his own songs. Yes, songs. Seven of them. Extremely stripped-down piano accompaniment, sweet and melancholic; simple electronics, occasionally awkwardly placed and surprising, but usually discreet; and that voice that turns out to be so suave, so captivating, so close to David Sylvian’s. You’ll need to listen attentively to get caught up in these spartan microuniverses, but there’s so much vibrant emotion therein. Chauveau is hugely talented singer-songwriter. We have irrefutable proof. [Below: Long excerpts from the album available for free on Soundcloud.]


FINJARN & JENSEN / Finjarn & Jensen (Shadoks Music - merci à/thanks to Forced Exposure)

Changement de registre: me voici dans le hard rock scandinave des années 70. Les Norvégiens (Svein) Finjarn et (Leif) Jensen ont commis ce disque (leur seul?) en 1970, maintenant réédité par Shadoks. Une belle surprise! Un son pesant qui rappelle Blossom Toes, un chanteur solide, des lignes de guitare assurées, un petit côté progressif et expérimental, fantasque aussi - “Lady Windsor” rappelle à la fois le Bonzo Dog Band et Samla Mammas Manna. Ce disque est une coche au-dessus de la moyenne de ce que rééditent les étiquettes s’adressant aux collectionneurs de raretés des années 60-70.

Let’s switch genres: here I am into ‘70s Scandinavian hard rock. Norwegians (Svein) Finjarn and (Leif) Jensen recorded this (their sole?) LP in 1970, now reissued by Shadoks. What a nice surprise! A heavy sound reminiscent of Blossom Toes, a strong singer, sure-footed guitar leads, a slightly progressive and experimental side, some fancy too - “Lady Windsor” recalls both the Bonzo Dog Band and Samla Mammas Manna. This record is a notch or two above the average ‘60s/’70s reissues churned out by collector-focused labels like Shadoks and Guerssen.

MOSES / Changes (Shadoks Music - merci à/thanks to Forced Exposure)

Ce disque des Danois Moses, un trio guitare-basse-batterie, est beaucoup plus ordinaire. Paru en 1971, il marque l’entrée du rock pesant sur la scène locale danoise, mais il n’y a pas de quoi s’emballer. Il s’agit du même blues progressif qui se faisait ailleurs à l’époque (et un peu avant), sans éléments distinctifs, sans virtuosité particulière. Plutôt plat. Laissez-le aux collectionneurs et tournez-vous plutôt vers le rock sud-africain de cette époque, déjà plus original.

This album by Danish band Moses, a guitar/bass/drums trio, is a lot more mediocre. Released in 1971, this marks the introduction of heavy rock on the local Danish scene, but it’s nothing to get excited about. It’s the same kind of progressive blues that was happening elsewhere at the time (and earlier), without any distinctive elements and no particular musicianship. It’s rather boring. Leave this one to the collectors and focus instead on South-African rock of that era, more original.


MOTORPSYCHO / Heavy Metal Fruit (Rune Grammofon - merci à/thanks to Forced Exposure)

Wow! Non de wow! Non de non de merde de wow! Heavy Metal Fruit est le troisième album de Motorpsycho à paraître chez Rune Grammofon. Ce groupe rock norvégien existe depuis 20 ans, je crois que ce disque est leur 17e, mais je le connais peu, outre son corpus chez Rune. Mais sur cette petite base, je peux dire que ce disque es tle meilleur du lot (et je vais de ce pas commencer à explorer ce qu’ils ont fait avant). Mélange délectable de gros rock pesant, de rock progressif et de musique expérimentale (très peu, surtout dans les transitions). Excellente écriture, voix solide, pièces riches en rebondissement, mais à un rythme facile à suivre. “Starhammer” frappe fort et là où ça compte, tandis que la suite “Gullible’s Travails” (superbe jeu de mot) revisite à merveille les excès du prog, dans tout le meilleur sens du terme. Pour l’instant, Heavy Metal Fruit est sans conteste le meilleur album de rock progressif de 2010 et saura plaire à beaucoup plus de gens que vous ne le croiriez. [Ci-dessous: “Starhammer”.]

Wow! *$%?&*$ wow! Heavy Metal Fruit is Motorpsycho’s third album for Rune Grammofon, but this Norwegian band has been going on for 20 years and I think this is their 17th release or something like that. However, I know them very little, except for their output on Rune. Still, this is the best one of that bunch (and I’ll explore their back catalogue starting now, believe me). A delightful blend of heavy rock, prog rock, and experimental leanings (discreet, mostly in transitions). Excellent songwriting, strong vocals, tracks full of twists though easy to follow. “Starhammer” is a stunner, and “Gullible’s Travails” (what a play on words) gloriously revisits the excesses of the prog rock epic. For now, Heavy Metal Fruiti is by far the best prog rock album I’ve heard in 2010, and it could appeal to a lot more people than you may think. [Below: “Starhammer.”]

2010-03-10

2010-03-10: Gato Libre, First Meeting, WITCH, Amanaz, Sullender/Cater

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-10

GATO LIBRE / Shiro (Libra Records - merci à/thanks to: Braithwaite & Katz Communications)

Quatrième album de ce projet de Natsuki Tamura, trompettiste et conjoint de Satoko Fujii. Le quatuor (Fujii à l’accordéon, Kazuhiko Tsumura à la guitare acoustique, Norikatsu Koreyasu à la contrebasse) poursuit sur la même lancée, en jouant des compositions de Tamura qui imitent une forme de musique traditionnelle triste et mélancolique. J’aime beaucoup ce groupe, mais j’ai très des longueurs à Shiro, un peu d’inconsistence, un manque d’inspiration. Je lui préfère Kuro, le précédent.

The fourth release by this Natsuki Tamura project, trumpeter and living partner of Satoko Fujii. The quartet (Fujii on accordion, Kazuhiko Tsumura on acoustic guitar, Norikatsu Koreyasu on doublebass) carries on with the same recipe, playing Tamura’s compositions, which mimick a dreamed-up form of sad traditional music. I really like this group, but I find Shiro a bit meandering and inconsistent, short on inspiration. I prefer their previous effort Kuro.

FIRST MEETING / Cut the Rope (Libra Records - merci à/thanks to: Braithwaite & Katz Communications)

Un nouveau groupe dirigé par Natsuki Tamura, un projet d’improvisation bruitiste mettant aussi en vedette Satoko Fujii (au piano), le guitariste Kelly Churko et le batteur Tatsuhisa Yamamoto. Le couple Tamura-Fujii est rarement à son meilleur en mode impro, et c’est ce que je me disais au début de Cut the Rope, dont les deux premières pièces manquent de direction. Mais les choses s’améliorent dès la courte “Flashback” et atteignent au sommet avec “Sublimation” (13 minutes), vive, impliquée et réussissant à donner l’impression d’un niveau d’écriture derrière la prestation spontanée. Pas entièrement réussi, mais du beau travail, certainement meilleur que le premier Junk Box ou In the Tank avec Elliott Sharp.

A new group led by Natsuki Tamura, a noise improvisation project also featuring Satoko Fujii (on piano), guitarist Kelly Churko and drummer Tatsuhisa Yamamoto. Tamura and Fujii are rarely at their best in an improv setting, and that’s what I was thinking of early on into Cut the Rope, whose first two tracks lack some direction. But things improve, starting with the short “Flashback” and reach a peak with “Sublimation” (13 minutes), a lively, involved piece that manages to feel like it contains a certain level of writing underpinning the spontaneous performance. Not a complete success, but some nice work here, and certainly better than the first Junk Box CD or In the Tank with Elliott Sharp.

WITCH / Lazy Bones !! (Q.D.K. Media - merci à/thanks to Forced Exposure)

We Intend To Cause Havoc - c’est ce qui se cache derrière l’acronyme WITCH, un groupe de la Zambie (Afrique australe). Voici la première réédition officielle est approuvée par le groupe de Lazy Bones!!, leur troisième album, paru originellement en 1975. Un rock avec un petit côté funk sympathique, chanté en anglais. Malheureusement, le chanteur Emanyeo Jagari Chanda laisse beaucoup à désirer: il manque de justesse et de passion. La guitare fuzz de Chris Mbewe est agréable.Certaines chansons sont bonnes mais souffrent de conditions d’enregistrement difficiles. À laisser aux collectionneurs.

We Intend To Cause Havoc - that’s what lies behind WITCH, the name of a band from Zambia (Southern Africa). This is the first official and authorized reissue of Lazy Bones!!, the group’s third LP, originally released in 1975. Rock music with a nice funky backbone, sung in English. Sadly, singer Emanyeo Jagari Chanda is nothing to write home about: he sings out of key and out of fire. Chris Mbewe’s fuzz guitar is good. Some of the songs are fine but suffer from poor recording conditions. Leave this one to collectors.

AMANAZ / Africa (Q.D.K. Media - merci à/thanks to Forced Exposure)

Réédité en même temps que Lazy Bones (et portant les mêmes notes de livret), Africa (1975), seul disque du groupe zambien Amanaz, est nettement plus intéressant. Un chanteur charismatique, deux guitaristes aux lignes fuzzées plutôt originales, beau travail de percussion, et des chansons bien tournées. Ce n’est pas Fela Kuti (cela dit, ce n’est pas de l’afro-funk non plus). Trois chansons en bemba, le reste en anglais. Qualité sonore correcte, surtout pour les collectionneurs, mais tout de même plus inspiré et inspirant.

Reissued alongside Lazy Bones (and bearing the same liner notes), Africa (1975), the sole LP by Zambian group Amanaz, is much more interesting. An engaging singer, two guitarists playing rather original fuzz lines, nice percussion work, well-written songs. This ain’t Fela Kuti (then again, it ain’t afro-funk either). Three songs are sung in Bemba, the other ones are in English. Sound quality is fair. Mostly for collectors, though more inspired and inspiring.

UNCLE WOODY SULLENDER & SEAMUS CATER / When We Get to Meeting (Dead CEO)

Une rencontre intéressante (trois en fait), aux Pays-Bas, entre le banjoist new-yorkais Woody Sullender et l’harmoniciste néerlandais Seamus Cater. Paru sur vinyle, When We Get to Meeting propose huit improvisations aux accents passéistes mais aux approches très modernes – Sullender utilise un ordinateur portable pour étendre la palette sonore de son instrument, Cater réaccorde ses harmonicas en “just intonation” pour travailler sur les séries harmoniques. Pourtant, la musique porte en elle autant de blues que de bluegrass. Un mélange étonnant, approché avec simplicité et honnêteté. Différent mais très agrèable. Inspirant aussi, considérant que je viens de metre au banjo moi-même...

A fine meeting (three, actually), in The Netherlands, between New York banjoist Woody Sullender and Dutch harmonica player Seamus Cater. Out on vinyl, When We Get to Meeting features eight improvisations casting a retrospective look on very modern approaches - Sullender uses a laptop to expand the sonics of his banjo, while Cater retunes his instruments in just intonation to work on harmonic series. Yet, the music bears blues and bluegrass in equal parts. A surprising blend approached simply and honestly. Different but highly enjoyable. Inspiring too, since I just started playing banjo myself…

AMG reviews / critiques: 2010-03-10

Noah Creshevsky: The Twilight of the Gods

2010-03-09: Satoko Fujii Ma-Do, Satoko FUjii Orchestra Tokyo, Acid Mothers Temple, Welcome

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-09


SATOKO FUJII MA-DO / Desert Ship (NotTwo Records - merci à/thanks to: Braithwaite & Katz Communications)

J’adore Satoko Fujii. Je la tiens comme l’une des grandes pianistes de jazz de notre temps. Et la voici de retour avec deux disques. D’abord, Desert Ship, second album de son quatuor acoustique Ma-Do (Fujii, Natsuki Tamura à la trompette, Norikatsu Koreyasu à la contrebasse, Akira Horikoshi à la batterie). Un disque solide, moins véhément que Heat Wave. En fait, je dirais qu’ici, Ma-Do tente moins de sonner comme une version acoustique du Satoko Fujii Quartet (électrique, lui, avec Tatusya Yoshida à la batterie), pour se trouver une identité quelque part entre celui-ci et le Satoko Fujii Trio. Un disque mélodique donc, sensible quoi qu’énergique par moment. Un bel équilibre entre le lyrisme et la complexité rythmique, les deux pôles de l’écriture de Fujii. [Ci-dessous: Ma-Do en concert.]

I love Satoko Fujii. I hold her as one of the great jazz pianists of our times. And she has just released two CDs. First up today is Desert Ship, the second album by her acoustic quartet Ma-Do (Fujii, Natsuki Tamura on trumpet, Norikatsu Koreyasu on bass, Akira Horikoshi on drums). A solid record though lessvivid than Heat Wave Actually, I’d say that this time around Ma-Do is less trying to sound like an acoustic version of the Satoko Fujii Quartet (an electric outfit featuring Tatsuya Yoshida on drums) and more achieving its own identity, which lies somewhere between that band and the Satoko Fujii Trio. So this is largely a melodious album, sensitive though quite beat-driven at times. Nice balance between lyricism and rhythmical complexity, the two poles of Fujii’s compositional range. [Below: Live footage of Ma-Do.]


SATOKO FUJII ORCHESTRA TOKYO / Zakopane (Libra Records - merci à/thanks to: Braithwaite & Katz Communications)

Quatrième album du Satoko Fujii Orchestra Tokyo, qui demeure à mon avis le meilleur de ses quatre orchestres (oui, quatre!). Et l’écriture orchestrale de Fujii est si entraînante, ajoutant une touche progressive au son big band, avec quelque chose d’urgent mais d’enjoué. Zakopane est un merveilleux disque, même si j’aurais aimé voir peaufiner quelques solos, quelques cues (il a été enregistré et mixé en une seule journée). Notons la présence de “Desert Ship”, pièce titre du nouveau Ma-Do (ci-dessus), dans une version fortement remaniée comme il se doit (la dame fait régulièrement cela). Ce disque ne dame pas le pion au glorieux disque Live!! de cet orchestre, mais c’est tout de même une proposition solide.

The fourth album by the Satoko Fujii Orchestra Tokyo, still the best of her four orchestra in my opinion. And Fujii’s orchestral writing is so driving, adding a progressive touch to the big band sound, with something urgent yet playful. Zakopane is a wonderful record, although I would have liked her to fine-tu a few solos and cues (the whole thing was recorded and mixed in a single day, and it kind of shows). Let’s point out the inclusion of “Desert Ship”, the title track from the new Ma-Do CD (see above), in a strongly reworked version - she does that regularly. This record doesn’t top this orchestra’s glorious Live!! album, but it makes quite a strong proposition.


ACID MOTHERS TEMPLE & THE MELTING PARAISO U.F.O. / Nam Myo Ho Ren Ge Kyo (Ace Fu Records)

Paru en 2007, ce disque d’Acid Mothers Temple consiste en une longue suite de 65 minutes. Elle met en vedette Kawabata, Atsushi, Higashi et le batteur Koji Shimura, plus Ryoko Ono à la flûte et au saxo (quelques sérieuses envolées free jazz), ainsi que Hao Kitagawa à la voix. Un disque joyeusement excessif mais somme toute bien équilibré entre le jam à fond de train, l’écriture mélodique, le planant psychédélique et la folie pure dont ce groupe est capable. Atsushi pousse une très jolie chanson pastorale vers la fin. La durée en fait une écoute un peu inconfortable, mais c’est un disque solide. Son titre (inhabituel pour AMT) est celui d’une chanson traditionnelle japonaise entonnée à la toute fin de l’album, en guise de coda légèrement absurde.

Released in 2007, this Acid Mothers Temple record features a single 65-minute suite. The line-up is Kawabata, Atsushi, Higashi and drummer Koji Shimura, plus Ryoko Ono on flute and sax (with some serious free jazz blows), plus Hao Kitagawa on vocals. A joyfully excessive record, though well balanced overall between all-out jamming, melodic writing, psychedelic tripping, and pure craziness, all staples of the band. Atsushi throws in a pretty pastoral song toward the end. The duration makes the track a tad uncomfortable to listen to, but it’s a strong album. Its title (unusual for AMT) is that of a traditional Japanese song heard a cappella at the very end in guise of a slightly absurd coda.


WELCOME / Bienvenue (Seventh Records)

Milieu des années 90, les batteurs Simon Goubert et Christian Vander (Magma), réunis par leur dévotion envers John Coltrane, ont formé cet octet à doubles batteries. Bienvenue, seul enregistrement, offre un jazz extatique, entre la complexité du fusion et la transe typique à l’axe Magma-Offering. Et ça tapoche à qui mieux mieux, ce qui me plaît bien. Soulignons la présence du Québécois Yannick Rieu au saxo. Un disque de jazz comme je les aime: passionné et légèrement excessif!

Mid-‘90s, drummers Simon Goubert and Christian Vander (Magma), brought together by their love of John Coltrane, formed this twin-drumkit octet. Bienvenue, their sole recording, delivers ecstatic jazz that combines the complexities of Fusion and the trance typical of the Magma/Offering axis. And, of course, there’s drumming a-plenty, which suits me just fine. Let’s mention the presence of Quebecer Yannick Rieu on sax. A jazz record the way I like them: passionate and slightly excessive.

2010-03-09

Délire actuel, 2010-03-09

DÉLIRE ACTUEL

Édition du 9 mars 2010
Show aired on 9 mars 2010

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Électroacoustique, électronique, collage sonore: Une thématique très lâche, une courbe d'écoute plutôt, motivée par le désir de faire jouer ce soir Sleppet de Marc Behrens D.A.F. de The D.
Electroacoustics, Electronics, Sound Collage: A very loose theme for tonight, more like a listening curve motivated by a desire to spin both Marc Behrens' Sleppet and The D.'s D.F.A.

*MARC BEHRENS / Seagulls and Cattle (10:09) - Sleppet (Crónica)
*DURÁN VÁZQUEZ / Pictures from the Atlantic City of Vigo (15:30) - Home, Sweet Home (Crónica)

NICOLAS BERNIER / Boîte (15:53) - Luigi's Avatar (Ohm éditions)

**DICK RAAIJMAKERS / Piano-Forte (4:57) - Institute of Sonology 1959-1969 (Sub Rosa)
MAX BRAND / Triptych (7:55) - Kabelbrand (Moozak)

*ANDREW PEKLER / Muon Bop - Yafi Loop - The Compound Eye - Hesitant, Punctuated - Dizzy Spells of Summer - Pitch Class Spy Glass - Blip Intervals - Orthodox Modulation and Chimes - Cloud Control (10:18) - Entanglements in the Orthopedic Sensorium (Schoolmap)
***NOAH CRESHEVSKY / Götterdämmerung (4:04) - The Twilight of the Gods (Tzadik)

*The D. / [A] (16:00) - D.A.F. (The D.)

***NOAH CRESHEVSKY / Happy Ending (7:00) - The Twilight of the Gods (Tzadik)

Merci à/Thanks to:
*Dense Promotion
**Forced Exposure
***Mutable Music



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

DURÁN VÁZQUEZ
Pour télécharger gratuitement et légalement l'album Home, Sweet Home, rendez-vous ici.
To freely and legally download the album Home, Sweet Home, click here.

NICOLAS BERNIER
Un extrait vidéo de la prestation diffusée, montrant la "boîte" à bruits qu'utilise Bernier.
A video excerpt from the performance broadcasted - you can see the "noisebox" Bernier is using.


MAX BRAND

La vidéo ci-dessous montre le synthétiseur que Bob Moog a construit pour le compositeur Max Brand.
The video below shows the synthesizer Bob Moog built for composer Max Brand.

Délire musical, 2010-03-09

DÉLIRE MUSICAL

Édition du 9 mars 2010
Broadcast Date: 9 mars 2010

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST


Thème/Theme: *ROOSEVELT FOUNTAIN / Red Pepper Part II - Dr. Boogie presents Heavy Jelly (Sub Rosa)

SYNAESTHESIA / Nomads (extrait/excerpt: 6:30) - Ephemeral (Hypnotic)
**COSMOSOPHY / Afrology (extrait/excerpt: 4:00) - Organic Space Age (Elestial Records)
GONG / Dance with the Pixies (4:37) - 2032 (G-Wave)

MASAL / Intergalactic Tango (5:46) - Galgal (Musea)
***FRED FRITH / Norrgarden nyvla (3:00) - Step Across the Border (Fred Records)
MITCH & IGOR KRUTOGOLOV & MITCH / Cockroach Races (3:37) - Love for Three Cockroaches (Auris Media)

*LIM LING AND THE SILVERTONES / Oh No! (3:28) - Singapore a-go-go (Sublime Frequencies)
*MICKEY KATZ / K'nock Around the Clock (2:05) - Music for Mentalists (Psychic Circle)
*THE RED TOPS / Mustard (2:40) - Dr. Boogie presents Heavy Jelly (Sub Rosa)
SUFJAN STEVENS / Adlai Stevenson (2:32) - The Avalanche (Asthmatic Kitty)

PATRICK WATSON / Gealman (extrait/excerpt: 4:00) - Just Another Ordinary Day (Secret City)


merci à/thanks to:
*Forced Exposure
**John Bourke P.R.
***ReR USA


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS
GONG
"Dance with the Pixies" en concert en novembre 2009 (vidéo très amateure)
"Dance with the Pixies" performed live in November 2009 (very amateur footage)

2010-03-08

2010-03-08: Red Trio, Fight the Big Bull, Kaya Project, Cell, Goodiepal

Journal d'écoute/Listening Diary

2010-03-08


RED TRIO / Red Trio (Clean Feed)

Un solide disque de free jazz d’inspiration américaine, avec Rodrigo Pinheiro (piano), Hernani Faustino (contrebasse) et Gabriel Ferrandini (batterie). Paul Bley semble être une référence. Rapide, énergique, avec de jolis développements tentaculaires en filigrane. Le jeu de Faustino, particulièrement mis en évidence à deux reprises, est sec mais fluide, un alliage intéressant.

A strong record of American-style free jazz featuring Rodrigo Pinheiro (piano), Hernani Faustino (bass) and Gabriel Ferrandini (drums). Paul Bley seems to be a source of inspiration. Fast, energetic, with some nice tentacular developments underpinning it all. Faustino’s playing, particularly highlighted in a couple of spots, is dry yet fluid, an interesting combination.


FIGHT THE BIG BULL / All is Gladness in the Kingdom (Clean Feed)

Ô que je suis emballé par ce disque! Fight the Big Bull est un ensemble - on pourrait le qualifier de big band - de Richmond en Virginie. Pour cet album, son leader, le guitariste Matt White, a invité le trompettiste Steven Bernstein à y faire une sorte de résidence d’artiste. Résultat: un disque où White et Bernstein se partagent la composition. Fight the Big Bull adopte un style hybride qui emprunte à la tradition de Duke Ellington et au big band actuel (je pense en particulier aux ensembles de Fred Ho). Les pièces sont vives, riches, éclatantes, parfois dansantes, fortes en humour et en émotions fortes. “Mothra” de Bernstein ressort du lot, mais il y a beaucoup d’excellents morceaux ici, sur un disque qui fait dépasse les 75 minutes. Un disque confiant qui respire la bonne humeur, la camaraderie et l’audace assumée.

Oh am I thrilled by this CD! Fight the Big Bull is an ensemble - you could call it a big band - from Richmond, Virginia. For this album, its leader, guitarist Matt White, called in trumpeter Steven Bernstein as a sort of composer-in-residence guest. The result is a record where White and Bernstein share composition credits. Fight the Big Bull goes for a hybrid sound that owes as much to Ellington’s big band tradition than to avant-garde big bands (like Fred Ho’s ensembles, in particular). The pieces are lively, rich, bursting with arrangements, dancing at times, humorous, and full of rollercoaster-like thrills. Bernstein’s “Mothra” is a highlight, but there’s plenty more excellent stuff on this 75+minute record. A confident album full of good humour, camaraderie, and strong-footed boldness.


KAYA PROJECT / Desert Phase (Interchill - merci à/thanks to John Bourke P.R.)

Ça y est. Seb Taylor a atteint l’équilibre sur ce quatrième album de Kaya Project. Sa recette d’électro-world est maintenant tout à fait au point. Malgré ses plus de 70 minutes, Desert Phase ne contient pas de longueurs (contrairement au disque précédent, ...& So It Goes, qui péchait par excès). Quinze morceaux planants mais rythmés, aux accents dub, arabisants, hindisants, un peu techno, un peu space rock, très chill. On trouve de nombreux musiciens et chanteurs traditionnels parmi les invités, dont l’Indienne Shanin Badar qui ravi sur “Ummah Oum”, qui ferait un excellent simple. Des invités enregistrés sur le terrain, des musiques qui se développent avec amour, une atmosphère qui ne se dément pas tout au long de ce disque-bonbon. Dans le genre “world beat”, on touche ici à la perfection. [Le site d’Interchill propose un lecteur média avec plusieurs extraits de l’album.]

Fourth time’s a charm. Seb Taylor has reached a fine balance on this, Kaya Project’s fourth release. His electro-world recipe is now ripe. Despite its 70+ minutes, Desert Phase doesn’t have the overstretched passages one could still hear on the previous effort ...& So It Goes. Fifteen trippy tracks, with lots of beats and overtones of dub, Arab music, Indian music, a touch of techno, a touch of space rock, and a lot of chill. There’s a hefty list of traditional folk musicians and singers guesting, like Indian singer Shanin Badar on “Ummah Oum,” which would make a great hit single. Guest musicians recorded on location, backing tracks lovingly unfolding around them, a mood that holds up throughout - this one’s a keeper. In the world beat field, this is as close to perfection as you can get, me thinks. [Interchill’s website has a media player loaded with clips from the album.]


CELL / Hanging Masses (Ultimae Records - merci à/thanks to John Bourke P.R.)

Pas mauvais, ce long disque de Cell, alias Alexandre Scheffer, un Français, pas mauvais du tout, mais plutôt générique. Hanging Masses fait dans l’électro ambiante, avec une forte composante analogique, voire musique cosmique allemande. Je pense à Tangerine Dream et Klaus Schulze (surtout en mode Wahnfried), mais en plus convenu. Huit longues pièces bien planantes, un peu longues à développer ou s’enrichir, un peu répétitives d’une pièce à l’autre. Une écoute d’ambiance agréable, par contre.

Not bad, this long long-player by Cell, aka Frenchman Alexandre Scheffer, not bad at all, although a bit generic. Hanging Masses is an ambient electronica affair, with a strong analog component, even a German kosmiche music thing going on. I’m thinking Tangerine Dream and Klaus Schulze (mostly in his Wahnfried guise), although in aseptisized form. Eight long ambient tracks, a tad long to unfold or accrue, a bit repetitive from track to track. But an enjoyable ambient listen.


GOODIEPAL / Mort aux vaches erstra extra (Pork Salad Press/Staalplaat/? - merci à/thanks to Dense Promotion)

Honnêtement, je ne sais pas comment aborder ceci. Je tergiverse depuis des jours. J’ai même contacté mon ami Ed chez Dense Promotion pour lui demander ce qui s’était passé avec mon dernier colis. Il n’a pu que me confirmer que ces quatre articles allaient ensemble, à la demande de Goodiepal, soit: 1) un livre cartonné intitulé Mort aux vaches erstra extra et présentant des artefacts visuels à découper et assembler; 2) un carnet spirale intitulé Radical Computer Music & Fantastisk Mediemanipulation regroupant soi-disant des transcriptions textuelles de diverses versions de la pièce “The Official Mort aux vaches ekstra extra walkthrough” de Goodipal (disponible en mp3 - diverses versions - sur le net); 3) un 7 pouces 33 tours vert translucide ayant la forme d’une pièce de puzzle, et présentant un récitatif étrange sur la composition et l’importance de créer un vacuum; 4) un 7 pouces 45 trs identifié “Krigen/BeDash - Krejan/BeDash”, présentant deux fois la même pièce, une chanson dance plutôt étrange. Que faire de tout cela? En quoi ces éléments sont-ils reliés? S’agit-il d’une réflexion profonde sur la perception artistique/médiatique ou d’une fumisterie particulièrement élaborée? J’hésite encore. Cela dit, j’aime beaucoup ce genre d’énigmes conceptuelles...

Honestly, I’m not sure how to review this. I’ve been sitting on it for days. I even contacted my friend Ed at Dense Promotion to know what had happened with my last package. All he could do was confirm that the four items I had in my hands did belong together, at the request of Goodiepal, and they are: 1) one harcover book entitled Mort aux vaches erstra extra and featuring visual artifacts you can cut out and assemble; 2) one spiral notebook entitled Radical Computer Music & Fantastisk Mediemanipulation culling (or so it says) transcripts of various versions of the track “The Official Mort aux vaches ekstra extra walkthrough” by Goodiepal (various versions of which have been disseminated on the web); 3) a translucent green 33rpm 7-inch record shaped like a puzzle piece and featuring a strange recitation about composition and the need to create a vacuum; 4) a regular 45rpm 7-inch labeled “Krigen/BeDash - Krejan/BeDash” featuring the same track twice, a rather odd dance track. What to make of all this? How are these items related? Is this a deep reflection on artistic/mediatic perception, or just an elaborate hoax? The jury is still out. That said, I love this kind of conceptual enigma...


2010-03-07: Sarah June, Carta, Ward-Fernandez/Collins, Sei Miguel

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-07


Après une semaine de vacances pendant lesquelles je n’ai fait aucune écoute officielle, le moment est venu de reprendre le collier - pour le boulot et pour le blogue. Un dimanche ensoleillé, m’enfin, faut ce qui faut côté boulot, alors autant joindre l’utile à l’agréable, comme à l’habitude...

After a one-week break during which I didn’t listen to anything new, the time has come get back on the saddle - work-wise and blog-wise. Sunny Sunday notwithstanding. Oh well. Since I have to work, I might as well make it enjoyable, as usual, and listen to some of the new arrivals...


SARAH JUNE / In Black Robes (Silber Records)

...et quelle belle manière de reprendre le collier! In Black Robes est un disque délicat et intimiste de chanson folk simple mais intelligente. Sarah June est une jeune gothique qui propose ici son deuxième album (je n’ai pas entendu son premier, This Is My letter To The World, 2008). Elle possède une jolie voix de lutine mutine, qui sussure et fredonne avec justesse, en alliant séduction et naïveté enfantine - je parle ici du ton et du timbre, pas des textes qui sont efficaces et poétiques, malgré leurs thèmes remâchés. June s’accompagne avec simplicité à la guitare acoustique. Honnête et agréable. Certaines mélodies resteront gravées dès la deuxième écoute, j’en suis sûr. [Ci-dessous: “Cowboy”, la première chanson de l’album.]

...like this great CD. In Black Robes is a delicate and intimate album of simple yet intelligent folk songs. Sarah June is a young Goth singer-songwriter, and this is her second opus (I havent’ heard her debut This Is My Letter To The World, 2008). She has a pretty pixie voice, and she whispers and sings in tune, with a blend of seduction and childish naivete - tone-wise, not lyric-wise, as her lyrics are efficient and poetic, though the topics are conventional. June accompanies herself simply at the acoustic guitar. Honest and enjoyable. Some of these melodies will etch their path in my brain after only two listens I’m sure. [Below: “Cowboy”, the opening track.]

http://www.silbermedia.com/mp3s/sarahjune-cowboy.mp3


CARTA / An Index of Birds (Silber Records)

Carta a commencé en 2002, mais a traversé une période de réorganisation en profondeur. An Index of Birds est donc le premier album du nouveau Carta réaligné autour de Kyle Monday. Ce groupe mélange post-rock, shoegaze et un certain élément gothique. L’album est riche en arrangements, n’exagère rien côté textures et s’appuie sur une écriture solide bien que lancinante. Je ne peux pas dire que je suis conquis, mais je n’ai pas détesté, au contraire. Notons au passage que l’étiquette Silber Records, avec ces deux références (ses 76e et 77e parutions) passe au format digipak, dont elle fait un superbe usage point de vue graphisme. Deux TRÈS belles pochettes.

Carta formed in 2002, but the band has undergone an extensive overhaul. An Index of Birds is the first album by this new version of Carta realigned around Kule Monday. The group blends post-rock, shoegaze and a light Gothic touch. The album boasts rich arrangements, and it doesn’t overdo textures, relying instead on strong though plaintive songwriting. I can’t say I’m won over, but I sure didn’t dislike it, on the contrary. By the way, I want to point out that Silber Records, with these two releases (their 76th and 77th) has gone digipak, and the graphic design for those two releases is downright GORGEOUS.


BEATRIX WARD-FERNANDEZ & CHARLIE COLLINS / View from the East (Found Property)

Beatrix Ward-Fernandez est l’une des rares musiciennes à faire de l’improvisation libre avec un theremin (outre elle, je connais Frank Martel... et c’est tout?!?) Paru sur la micro-étiquette Found Property, View from the East est une improvisation continue de 53 minutes en duo avec le percussionniste Charlie Collins, que je connais surtout pour son travail dans les projets de Martin Archer. Il s’agit d’une rencontre intéressante mais pas grandiose, dans laquelle Ward-Fernandez déploie une palette impressionnante de sonorités et fait preuve de beaucoup d’adresse, tandis que Collins place des climats d’improvisation, d’une manière parfois trop évidente.

Beatrix Ward-Fernandez is one of the rare musicians doing free improvisation on the theremin (beside her, I know of Frank Martel and… that’s it!?!) Released on the microlabel Found Property, View from the East is a single 53-minute free improvisation with percussionist Charlie Collins, whom I know mostly from his work in Martin Archer’s projects. This is interesting meeting, though not grand. Ward-Fernandez deploys an impressive palette of sonics and proves to be quite agile, while Collins sets improv atmospheres, sometimes in a too obvious way.


SEI MIGUEL / Esfíngico: Suite for a Jazz Combo (Clean Feed)

Un superbe disque signé Sei Miguel, et le premier album du trompettiste portuguais pour l’étiquette Clean Feed. Ici. Miguel s’entoure de la tromboniste Fala Mariam (impressionnante), du bassiste Pedro Lourenço, du percussionniste Cesár Burago et de Rafael Toral au “circuit de larsen à résonance modulée”. Ce quintette interprète une partition de Miguel, qui dirige aussi. Mouvements lents, interactions pointillistes, jeu d’improvisation libre sur canevas, le tout non pas dominé mais encadré, subtilement, par le jeu de trompette fragmenté et doux mais assertif de Miguel. De la superbe, de la classe, une écoute exigente qui récompense l’effort.

A splendid record by Sei Miguel, his first for the Clean Feed label. Here, the Portugese trumpeter is surrounded by trombonist Fala Mariam (impressive), bassist Pedro Lourenço, percussionist Cesár Burago, and Rafael Toral on “modulated resonance feedback circuit.” This quintet is performig a score by Miguel, who is also conducting. Slow movements, punctual interactions, free improvisation over a set canvas, the whole thing framed (not dominated) by Miguel’s fragmented, soft yet assertive trumpet work. This has flare and class. It’s a demanding listen, but the reward is definitely worth it.