Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2014-07-11

2014-07-10: Dörner/Willers/Kaufmann, Trio Vopá, Signal Problems, Loderbauer/Puntin/Rohrer

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-07-10

AXEL DÖRNER, ANDREAS WILLERS & ACHIM KAUFMANN / .AAA. Live (Creative Sources)
Belle prestation captée en octobre 2012 et présentée en ordre inverse, avec d’abord un trio de 36 minutes, puis un solo chacun d’une dizaine de minutes. Il s’agit d’improvisation à l’européenne, à tendance microsonique. D’ailleurs, Dörner laisse beaucoup de place au silence et aux chuintements délicats dans son solo. Willers (guitare acoustique, électroniques) est beaucoup moins spartiate dans le sien et va jusqu’à s’approcher de l’idiome jazz. La pièce en trio est d’un intérêt soutenu, proposant une synthèse des individualités de chacun. Convaincant.
A fine performance recorded in October 2012 and presented in reverse order: first a 36-minute trio improvisation, followed by a 10-minute solo from each musician. This is European-style free improvisation with a tendancy toward microsonics. Dörner leaves a lot of room to silence and breathing in his solo feature. Willers (acoustic guitar, electronics) is a lot less Spartan and actually comes close to the jazz idiom at times. The trio piece is interesting throughout and offers a convincing synthesis of individualities.

TRIO VOPÁ / Chartreuse (NurNichtNur)
Je connais un seul autre disque du Trio Vopá, et il remonte à 2006. Trio Vopá se compose de Roland Spieth à la trompette, Cornelius Veit à la guitare et Axel Haller à la basse. Ils font dans l’improvisation libre à écoute profonde, à techniques étendues et à interventions mesurées. Quatorze courtes pièces (rien au-delà de six minutes), décrites en un seul mot: “whirr”, “din”, “filtrate”, des titres qui résument l’esprit ou la manière de chaque morceau. Satisfaisant, mais ça manque de signes distinctifs, ça a tendance à se fondre dans le décor trop facilement.
I know of only one other record by Trio Vopá, and it was released in 2006. Trio Vopá consists of Roland Spieth on trumpet, Cornelius Veit on guitar, and Axel Haller on bass. They play free improvisation based on deep listening, extended techniques, and careful interventions. Fourteen short tracks (nothing above six minutes) described in a single word: “whirr,” “din,” “filtrate,” titles that sum up the spirit or approach of each piece. Satisfying, but the music lacks distinguishing signs and it tends to fade into the background too easily.

SIGNAL PROBLEMS / Signal Problems (pfMENTUM)
Le meilleur disque de ma matinée: ce quatuor de jazz actuel dirigé par le trompettiste Danny Gouker. Avec Eric Trudel au saxo ténor, Adam Hopkins à la basse et Nathan Ellman-Bell à la batterie. Aucun de ces musiciens ne m’était familier. Ils gagnent à être connus et on gagne à les connaître. Des compositions qui tirent le meilleur des capacités de chacun, une approche sérieuse mais pince-sans-rire. Certains morceaux m’ont fait pensé à Led Bib ou Gutbucket: rapide, tordu, fou. Des morceaux qui ont de la substance et qui, soudain, se dissolvent pour recristalliser en partie seulement. Recommandé. [Ci-dessous: “Pogo Stick”.]
The best CD I’ve heard today so far: this avant-jazz quartet led by trumpet player Danny Gouker. With Eric Trudel on tenor sax, Adam Hopkins on bass, and Nathan Ellman-Bell on drums. I wasn’t familiar with any of them. Well, they’re definitely worth getting to know. The writing draws the best from them. The music is both serious and tongue-in-cheek. Some pieces reminded me of Led Bib and Gutbucket: fast, twisted, crazy. You have a groove and a head, and suddenly things dissolve and recrystalize, but only in part. Recommended. [Below: “Pogo Stick.”]

MAX LODERBAUER, CLAUDIO PUNTIN & SAMUEL ROHRER / Ambiq (Arjunamusic – merci à/thanks to John Bourke P.R.)
Collaboration étonnante entre l’électroniciste Max Loderbauer et deux musiciens du jazz actuel/improvisé: le clarinettiste Claudio Puntin et le percussionniste Samuel Rohrer. La clé de voûte de ce disque: le synthétiseur Buchla 200e qu’explore à fond Loderbauer sur ces onze titres. Éléments d’électronica rétro, de free jazz, de grooves déconstruits. Je craignais quelque chose de trop monochorde, mais non, ça plane, ça bataille, ça funk même ici et là.
A surprising collaboration between electronicist Max Loderbauer and two avant-jazz/free improvisation musicians: clarinet player Claudio Puntin and percussionnist Samuel Rohrer. The main reason for this album is the Buchla 200e synthesizer that Loderbauer is using throughout these eleven tracks. Elements of retro electronica, free jazz, deconstructed grooves. I feared it would all tracks would sound the same, but no, the music trips, fights, even funks out here and there.


2014-07-10

2014-07-09: Creative Music Studio, The Awakening Orchestra

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-07-09

CREATIVE MUSIC STUDIO / Archive Selections Vol. 1 (Innova)

Co-fondé en 1971 par Ornette Coleman, Karl Berger et Ingrid Sertso, le CMS a été au centre d’un courant d’exploration et de métissage musical depuis ses installations à Woodstock (New York). Moins connu que l’AACM ou d’autres collectifs américains du genre, le CMS a récemment mis de l’ordre dans ses archives; Innova promet quelques volumes comme celui, un triple CD qui ratisse large. Disque 1: duos et trios, surtout dans une veine jazz, dont je retiens particulièrement quatre pièces d’Ed Blackwell et Charles Brackeen, ainsi que le trio du contrebassiste David Izenson, que je ne connaissais pas. Disque 2: œuvres avec orchestre signées Olu Dara, Oliver Lake et Roscoe Mitchell; le Mitchell est digne de mention. Disque 3: musiques métissées de la Turquie, du Brésil et du Ghana, avec Ismet Siral (et un groupe qui comprend Steve Gorn), Nana Vasconcelos, et le joueur de kora Foday Suso accompagné d’Adam Rudolph, Hamid Drake et John Marsh. Tout ce troisième disque est délectable. Enregistrements de 1976 à 1980, qualité sonore acceptable mais ce sont des archives. Il y a là des choses dignes de paraître. Voyons ce que nous réservera la suite. [CI-dessous: Une des pièces d’Oliver Lake avec le CMS Orchestra.]
Cofounded in 1971 by Ornette Coleman, Karl Berger, and Ingrid Sertso, the CMS was at the heart of a movement of musical exploration and crossbreeding. Based in Woodstock (New York), it is less known than the AACM and other US collectives of the same ilk. CMS recently opened its vaults, and Innova has announced that there will be a few of these Archive Selections volumes. Volume 1 is a 3-CD set, and it covers a lot of ground. Disc 1: duos and trios, mostly in a jazz vein, the best ones being the set by Ed Blackwell and Charles Brackeen, and bassist David Izenson’s trio (I didn’t know him, gorgeous sound). Disc 2: works with the CMS orchestra by Olu Dara, Oliver Lake, and Roscoe Mitchell; the Mitchell piece is definitely noteworthy. Disc 3: World music featuring Ismet Siral (ney player from Turkey), Nana Vasconcelos (Brazil, two solo pieces), and Foday Suso (kora player from Ghana). Suso is accompanied by Adam Rudolph, Hamid Drake, and John Marsh. His set is wonderful, but the whole third disc is a keeper. Recordings from 1976-1980, sound quality okay for archive recordings that weren’t made with an intent to publish. Some of this stuff truly deserved to be let out of the vault. Curious to see what the next volumes have in store. [Below: One of Oliver Lake’s pieces with the CMS Orchestra.]

THE AWAKENING ORCHESTRA / Volume 1: This Is Not The Answer (Innova)
Très étrange, cet album double du Awakening Orchestra, un ensemble de 18 musiciens (et 2 chanteurs) dirigé par Kyle Saulnier, qui est aussi son compositeur et son arrangeur. En deux heures, on a droit à une solide pièce à grand déploiement (la pièce titre), quelques autres compositions originales, et des relectures de Radiohead, Low, Brahms, Barber et de standards du jazz. Ouf. Si Saulnier voulait démontrer la polyvalence de son ensemble, mission accomplie. Cela dit, certaines choses marchent mieux que d’autres. Comme son approche de Radiohead (“Myxomatosis”, sensible, originale, riche) et, surtout, ses propres compositions, particulièrement “Protest” et “This Is Not The Answer”, où il construit un univers sonore plus grand que nature en puisant à toutes les sources d’inspiration possibles et impossibles. Pris dans sa totalité, ce disque est déstabilisant, mais ses moments forts, une fois isolés, sont très enthousiasmants. [Ci-dessous: Le troisième mouvement de “This Is Not The Answer”.]
Very strange, this 2-CD set by the Awakening Orchestra, an 18-piece ensemble (plus 2 singers) conducted by Kyle Saulnier, who’s also its composer and arranger. Over two hours, we are treated a strong large-scale work (the title track), a handful of other original compositions, and rereadings of Radiohead, Low, Brahms, Barber, and the Great American Songbook. Phew. If Saulnier’s intention was to showcase his orchestra’s versatility, mission accomplished. That being said, some things work out better than others. Like his take on Radiohead (a sensitive, rich, and original version “Myxomatosis”) and, most of all, his own pieces, especially “Protest” and the commanding “This Is Not The Answer” where he builds a soundworld larger than life by drawing from every possible (and impossible) source of inspiration. This album is destabilizing taken as a whole, but its highlights, once isolated, are a great source of excitement. [Below: The third movement of “This Is Not The Answer.”]


2014-07-09

2014-07-08: Glue, Richard Glover, Nico Huijbregts, Drake/Stewart

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-07-08

GLUE / Chats with the Real McCoy (Creative Sources)
Un autre groupe avec le merveilleux contrebassiste Miles Perkin (cf. Sequoia, chroniqué hier), qui divise son temps entre Montréal et Berlin. Le voici dans un trio berlinois aux côtés du trompettiste Tom Arthurs et du batteur Yorgos Dimitriadis. On s’approche, sur Chats with the Real McCoy, de la beauté profonde du Miles Perkin Quartet, même si ici tout est improvisé. Huit morceaux courts, 42 minutes en tout. Écoute, mesure, danse de séduction complexe. Meilleur que Sequoia.
Another band featuring the wonderful doublebassist Miles Perkin (see Sequoia reviewed yesterday). Perkin splits his time between Montreal and Berlin. Here he is in a Berlin-based trio alongside Tom Arthurs on trumpet and Yorgos Dimitradis on drums. Chats with the Real McCoy comes close to the deep-running beauty of the music of the Miles Perkin Quartet, although here everything is freely improvised. Eight short pieces, 42 minutes in all. Deep listening, measure, a complex dance of seduction. Better than Sequoia.

RICHARD GLOVER / Logical Harmonies (Another Timbre – merci à/thanks to Dense Promotion)
Beau disque consacré au compositeur Richard Glover, dont la musique, ici, est issue de procédés compositionnels en lien avec (surprise!) les harmonies. L’album commence et se termine par deux “Logical Harmonies” interprétées au piano par Philip Thomas. Il s’agit de très belles séquences d’accords délicats développant des relations harmoniques progressives qui pourraient être infinies. “Imperfect Harmony”, elle, demande au contrebassiste Dominic Lash de trouver des microtonalités qui s’entrechoquent. “Contracting Triads in Temperaments from 12 – 24” pour clavier (Bob Gilmore) mélange ces deux approches. Il y a aussi deux trios (Ensemble Portmantô) et un septette (musikFabrik), ce dernier explorant des nuages microtonaux nettement moins agréables à l’oreille. Très belle réalisation, alignement de musiciens relevé, résultats dont l’intérêt (plus souvent qu’autrement) est à la hauteur de la démarche.
A fine CD devoted to composer Richard Glover whose music, here, results from processes related to (surprise!) harmonies. The album is book-ended by the two-part “Logical Harmonies” performed at the piano by Philip Thomas. This is a gorgeous series of delicate chords that gradually develop harmonic relations – it feels like it could go on endlessly. “Imperfect Harmony” has bassist Dominic Lash playing clashing microtonalities. “Contracting Triads in Temperaments from 12 – 24” for keyboard (Bob Gilmore) blends these two approaches. There is also two trios (Ensemble Portmantô) and a septet piece (musikFabrik), the latter exploring much less enjoyable microtonal clusters. Very good production, impressive line-up of talents, and, most of the time, the results are as worthy as the process (which is rarely the case with process-generated music).

NICO HUIJBREGTS / Hoe alles oplost (Vindu Music – merci à/thanks to Toondist)
Nouveau disque de Nico Huijbregts, comme compositeur de musique de chambre, cette fois, plutôt qu’en qualité de pianiste. L’album s’ouvre et se conclue sur deux solides solos: “Katatatatonie” pour clarinette (Tui Clark) et “Hoe alles oplost” pour violon (Kees Hilhorst). Ce dernier, d’une durée de 15 minutes, est le moment fort de l’album, une pure splendeur aux accents romantiques tout en demeurant résolument moderne. On a aussi droit à un quatuor à cordes (interprété par l’Alauda Quartet) à la fois sérieusement complexe et ridiculement kitsch, comme le laisse croire son titre: “Only you” (oui, cette chanson-là). Un duo flûte-clavecin et un quintette à l’instrumentation très étrange (flûte, flûte de pan, alto, accordéon, percussions). Tout de même dommage que Huijbregts ne joue pas du tout sur ce disque, mais il s’avère un compositeur de premier plan. [Ci-dessous: “Katatatatonie”.]
A new record from Nico Huijbregts, as a chamber music composer rather than as a pianist. The album is book-ended by very strong solo pieces: “Katatatatonie” for clarinet (Tui Clark) and “Hoe alles oplost” for violin (Kees Hilhorst). The latter, 15 minutes long, provides the album’s highlight; it is a gorgeous run through the Romantic era seen from a modernist’s point of view. There is also a string quartet (performed by the Alauda Quartet) that’s both seriously complex and ridiculously kitsch, as announced by its title: “Only you” (yes, that song) – I love it. A flute/harpsichord duet and a quintet with very strange instrumentation (blockflute, pan flute, viola, accordion, percussion) round up the album. I’m still disappointed that Huijbregts doesn’t play a single note throughout, but he proves to be a first-rate composer. [Below: “Katatatatonie.”]

HAMID DRAKE & JESSE STEWART / Timelines (Art Stew)
Un délice pour fana de percussions. Très belle rencontre en studio entre le Canadien Jesse Stewart and l’Américain Hamid Drake. Des improvisations qui dansent et qui tourbillonnent, une musique qui s’appuie sur la virtuosité et les techniques étendues pour faire vivre des émotions. Drake entonne un chant tibétain dans ”Lotus”; on a droit à des pièces thématiques sur le hi-hat et les cymbales; mais pour le reste ce sont des duos enlevants tous azimuts entre deux maîtres. Recommandé.
A drummer’s delight! Very fine studio encounter between Canadian Jesse Stewart and American Hamid Drake. Improvisations that dance and tumble, music resting on virtuosity and extended techniques to make you feel. Drake sings in Tibetan on “Lotus”, and there’s a couple of thematic pieces about hi-hats and cymbals, but the rest is all-out duets between two masters. Recommended.


2014-07-08

Délire actuel, 2014-07-08

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 8 juillet 2014
Broadcast of July 8, 2014

On aime ça en grand : Nouveautés de grands ensembles et, dans un cas, gros coffret d’un trio. La grandeur, ça compte parfois.
We Like ‘Em Big: Recent releases by large ensembles or, in one case, a big set by a trio. Yes, sometimes, size matters.

(8:00 pm)




AUDIO ONE
Theme de Yoyo
The Midwest School
10:44
SZILÁRD MEZEI INTERNATIONAL IMPROVISERS ENSEMBLE
Kéreg/Bark
Karszt
14:29

(8:30 pm)




Part Two (The Crying of Lot 49)
...Awaits Silent Tristero's Empire
15:00
MATTHIAS SCHUBERT
Anthonykowski
9 Compositions for The Multiple Joy[ce] Ensemble
05:34

(9:00 pm)




ANTHONY BRAXTON
Composition No. 364a (+227, 367f, 367h) [extrait/excerpt: 41:17 - fin/end]
Trio (New Haven) 2013
14:45
IKB
(ikb2)
Monochrome bleu sans titre
13:04

(9:30 pm)




*SATOKO FUJII ORCHESTRA NEW YORK
Shiki [extrait/excerpt]
Shiki
18:00
merci à/thanks to:


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

KYLE BRUCKMANN’S WRACK
Première sur scène du répertoire du disque ...Awaits Silent Tristero’s Empire.
Live premiere of ...Awaits Silent Tristero’s Empire.