Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2012-07-26

2012-07-25: Elgier/Grinenco/Sahlieh, Vladislav Delay, Konx-Om-Pax, Franck Dervieux


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-07-25

ALEXANDER ELGIER, VICTOR GRINENCO & SAMUEL SAHLIEH / Veiled (Creative Sources)
Trois nouveaux musiciens pour moi. Une seule improvisation de 30 minutes. Du type non idiomatique, restreinte, aux gestes économes, studieuse, posée. Belle palette sonore: Grinenco au violon, objets et électroniques; Sahlieh au synthé, basse électrique et bandes; Elgier au piano (préparé ou non). Dans certains passages, le mélodisme du piano s’intègre mal aux éléments plus abstraits, mais c’est le piano qui fournit la très délicate finale.
Three new musicians in my book. A single 30-minute free improvisation. Non-idiomatic, sparse, economical, serious. A fine sound palette: Grinenco on violin, objects & electronics; Sahlieh on synth, electric bass & tapes; Elgier on piano (prepared or not). In some places, the piano’s melodicism is at odds with the more abstract elements, although the piano is responsible for the very delicate finale.

VLADISLAV DELAY / Espoo (Raster-Noton - merci à/thanks to Dense Promotion)
Un nouveau 12 pouces de Vladislav Delay. Deux pièces de huit minutes suivant un chemin inverse: la première (“Olari”) va du simple au complexe, la seconde (“Kolari”), du complexe au simple. On parle ici dans les deux cas d’une boucle rythmique graduellement modifiée. “Olari” adopte un 5/4 rafraîchissant. Dans les deux cas, la progression est presque impeccable.
A new 12” EP from Vladislav Delay. Two eight-minute tracks based on the same idea: the first one (“Olari”) goes from simple to complex, while the second one (“Kolari”) goes from complex to simple. In both cases, we’re talking about a rhythm loop being gradually filtered and modified. “Olari” takes a refreshing 5/4 stance. In both cases, the progression is near impeccable.

KONX-OM-PAX / Regional Surrealism (Planet Mu - merci à/thanks to Dense Promotion)
Konx-Om-Pax est le projet d’un certain Tom Scholefield de Glasgow, également vidéaste et graphiste. Ceci est son premier album. On y trouve quatorze courtes pièces électroniques faisant penser à Roedelius, Popul Vuh et Asmus Tietchens. Un son très analogique vintage et un ton rêveur, même dans les passages plus bruitistes ou abstraits. Un disque agréable qui fait une bonne entrée en matière, tout en laissant place à l’approfondissement de la démarche.
Konx-Om-Pak is the project of one Tom Scholefield from Glasgow, also a video artist and a graphic designer. This is his debut album. It features 14 short electronic pieces that bring to mind Roedelius, Popul Vuh, and Asmus Tietchens. A very vintage analog sound, and a dreamy atmosphere, even in the noisier/more abstract passages. An enjoyable record that makes a fine debut release while leaving room for improvement.

FRANCK DERVIEUX / Dimension M (ProgQuébec)
37 minutes de pur bonheur et d’étonnement sans bornes. Moi, Québécois et fan de rock progressif de 38 ans, je n’avais jamais entendu Dimension M. J’avais vaguement entendu parler de ce disque de 1971 comme du premier album de rock progressif québécois, voire comme la base de ce qu’allait devenir Contraction. Eh bien, sachez que Dimension M est supérieur aux albums de Contraction: plus avant-gardiste, plus riche, avec une écriture puissante. Plusieurs membres futurs de Contraction et Toubabou participent, plus le guitariste de Robert Charlebois (Michel Robidoux). Rock progressif symphonique encore un peu sale mais pas brouillon, dominé par les claviers de Dervieux et, parfois, la voix sans parole de Christiane Robichaud. Une splendeur. Bravo à ProgQuébec pour cette trouvaille, une autre réédition essentielle.  [Ci-dessous: “Concerto pour des mondes disparus”.]
37 minutes of pure bliss and surprise. I, a 38-year-old Quebecer and prog rock fan, had never heard Dimension M. I was vaguely aware of it and its status as possibly the first Quebec prog rock album (1971) as the springboard for what would become Contraction. Well, let me tell you that Dimension M is better than both Contraction records: more daring, richer, with more powerful songwriting. Many members-to-be of Contraction and Toubabou contribute, and so does Robert Charlebois’ guitarist Michel Robidoux. Symphonic progressive rock with a raw edge, dominated by Dervieux’s keyboards and, at times, Christiane Robichaud’s wordless vocals. Splendid. And another great fine and essential reissue from ProgQuébec.  [Below: “Concerto pour des mondes disparus.”]

2012-07-25

2012-07-24: 6ix, Kiko C. Esseiva, Gryphon


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-07-24

6IX / Almost Even Further (Leo Records)
Enfin! 6ix, le groupe d’improvisation co-dirigé par Jacques Demierre (piano) et Urs Leimgruber (saxo) publie un premier disque. On se rappellera le passage remarqué de ce groupe au FIMAV en 2010. Depuis, l’alignement s’est quelque peu modifié: Dorothea Schürch (voix, scie musicale) et Roger Turner (percussions) sont toujours là, mais exit François Houle et Charlotte Hug, remplacés ici par Okkyung Lee (violoncelle) et Thomas Lehn (synthé). L’alto si particulier de Hug me manque sur Almost Even Further, disque qui, néanmoins, propose une musique improvisée riche, subtile, nécessitant une écoute approfondie. Une économie de gestes, mais un maximum de pertinence dans les interactions.
Finally! 6ix, the free improvisation project co-led by Jacques Demierre (piano) and Urs Leimgruber (sax), has released its debut album. Some of you will remember this group’s concert at FIMAV 2010. The line-up has slightly changed since then: Dorothea Schürch (voice, singing saw) and Roger Turner (percussion) are still in, but François Houle and Charlotte Hug are out and have been replaced by Okkyung Lee (cello) and Thomas Lehn (synth). I miss Hug’s special viola playing on this record, but Almost Even Further remains a strong proposition of rich, subtle improvisation that demands a deep listen. Sparse gestures maximize the relevance of all interactions.

KIKO C. ESSEIVA / Drôles d’oiseaux (Hinterzimmer Records - merci à/thanks to Dense Promotion)
Je ne connaissais pas du tout ce compositeur suisse. Drôles d’oiseaux est un disque audacieux qui revient à la base de la musique concrète: l’art de juxtaposer des sons sans lien entre eux afin d’en tirer une poésie différente. Mission accomplie, car ce disque rappelle à la fois Luc Ferrari et Ghédalia Tazartès: un cinéma pour l’oreille absurde – et je ne suis pas décidé à savoir si “absurde” qualifie ici “cinéma” ou “oreille”. “Je vole” est particulièrement (et agréablement) source de perplexité.  [Ci-dessous: Un extrait de “Safe’n’Sound”.]
This is my first contact with the work of Swiss composer Kiko C. Esseiva. Drôles d’oiseaux (“Strange Birds”) is a bold record that takes us back to the roots of musique concrète: the art of aligning sounds that have no relation between them and draw a different kind of poetry out of that juxtaposition. Mission accomplished, for this CD reminds me both of Luc Ferrari and Ghédalia Tazartès: either absurd cinema for the ear or cinema for the absurd ear, I’m nore sure yet. “Je vole” is particularly (and delectably) perplexing. [Below: An excerpt from “Safe’n’Sound.”]

GRYPHON / Treason (Talking Elephant)
J’aime beaucoup les trois premiers albums de Gryphon, et j’ai entendu quelques extraits satisfaisants du quatrième. Mais je ne connaissais pas du tout leur ultime opus, Treason (1977). L’élément médiéval est relégué à quelques passages, l’approche est résolument plus rock, et même plus rock progressif, particulièrement dans “Spring Song” (10 minutes), qui porte une forte influence de Yes. Cela dit, les mélodies sont fort jolies et, si on ne parle pas ici d’une œuvre de la trempe de Red Queen to Gryphon Three, un disque plus faible de Gryphon demeure un fort bon disque. Et malgré ce qui précède (et malgré bien des commentaires sur les forums de rock progressif), je retrouve sur ce disque l’esprit, l’âme de Gryphon, unique en son genre. [Ci-dessous: “Spring Song”.]
I love Gryphon’s first three LPs, and I’ve heard strong bits of their fourth, but I didn’t know their ultimate album Treason (1977) at all. The medieval element has been pushed aside and is now found only in bridges (though Brian Gulland’s oboe is still everywhere on the record, just less prominent), the music is more rock oriented, and prog rock at that, with a strong Yes influence in the opening 10-minute track “Spring Song.” Melodies are fine and, although this is no Red Queen to Gryphon Three, a so-so Gryphon album is still a pretty good album. And despite what I’ve just said (and despite what many prog forum commentators say), I can hear the unique soul of Gryphon on this album.  [Below: “Spring Song.”]

2012-07-24

2012-07-19/20: Rodrigues/Abdelnous/Dörner, Rich Halley 4, Surkalén, Actis Dato Quartet


Journal d'écoute / Listening Diary  
2012-07-19/20

ERNESTO RODRIGUES, CHRISTINE ABDELNOUR & AXEL DÖRNER / Nie (Creative Sources)
Un enregistrement studio fait à Lisbonne en 2008. Trois improvisations assez nues, bruitistes, arides. Une performance convaincante, particulièrement pour la saxophoniste Christine Abdelnour, mais au vu (et à l’écoute) de Fabula hier (un enregistrement de 2011 qui met en présence Rodrigues, Dörner et deux autres improvisateurs), force est de constater que Nie est moins inspiré.
A studio recording made in Lisbon in 2008. Three rather stark, noise-based, arid free improvisations. A convincing performance, especially for alto sax player Christine Abdelnour, but after listening to Fabula yesterday (a 2011 recording featuring Rodrigues, Dörner, and two other improvisers), Nie comes off as less inspired.

RICH HALLEY 4 / Back from Beyond (Pine Eagle Records)
Moins vif et divertissant que Requiem for a Pit Viper, Back from Beyond présente le même quartet (Halley au saxo, Michael Vlatkovich au trombone, le contrebassiste Clyde Reed et le batteur Carson Halley) dans un répertoire un peu plus “laid back”, même si on a encore droit à quelques bons grooves (“Section Three”), à des échanges soutenus et à un hommage à Sun Ra.
Less lively and entertaining than Requiem for a Pit Viper, Back from Beyond features the same quartet (Halley on sax, Michael Vlatkovich on trombone, bassist Clyde Reed and drummer carson Halley) in a more laid-back set of compositions, even though there’s still a few strong grooves (“Section Three”), some fine exchanges, and a short tribute to Sun Ra.

SURKALÉN / Essence de lumière (ind.)
Surkalén est un quatuor montréalais de musique du monde – ils qualifient leur musique d’ethno-fusion. Des musiciens solides sur une vaste gamme d’instruments provenant de traditions diverses: violon tzigane, charango et berimbau sud-américains, percussions indiennes et tibétaines, etc. Ce métissage se reflète dans l’écriture musicale, qui s’avère d’ailleurs fine dans les pièces instrumentales. Les chansons ont tendance à être plus simples et leurs textes naïfs, voire nouvel-âgistes – c’est le point faible d’Essence de lumière (le titre est déjà un bon indicateur). Or, les instrumentales valent le détour et l’album est séquencé serré, les pièces s’enchaînant les unes aux autres au fil d’une écoute quasi-continue qui forme un tout agréable.
Surkalén is a Montréal-based world music quartet. They call what they do ethno-fusion. Strong musicianship and a wide range of instruments from various traditions: Gipsy violin, South-American charango and berimbau, Indian and Tibetan percussion, etc. This cross-cultural blending is also featured in the compositions, with sophisticated arrangements in the instrumental pieces. Songs tend to be simpler, with naive lyrics that border on New-Ageism – that’s the weakest side of Essence de lumière (“Essence of Light,” already a strong indicator). However, the instrumental tracks are worth the price of admission, and the album is tightly sequenced, most tracks being segued to provide a continuous and quite enjoyable listening experience.

ACTIS DATO QUARTET / Sin Fronteras (Leo Records)
Parlant de fusion, la musique du saxophoniste italien Carlo Actis Dato ne connaît aucune frontière; elle voyage partout et s’abreuve de tout, du moment que c’est ensoleillé... et exhubérant. Je l’aime comme ça, mon Carlo, et je l’aime beaucoup. Ce nouveau disque de son quartet ne réinvente rien, mais il ajoute dix compositions dansantes au vaste répertoire du groupe. Un jazz festif, rassembleur, mais tout de même créatif, avec ce saxo baryton qui joue occasionnellement les animaux de cirque. Musique d’été.  [Ci-dessous: “Dakhla”, une des pièces de l’album, ici interprétée en concert.]
Speaking of fusion, the music of Italian sax player Carlo Actis Dato knows no frontiers; it travels everywhere and draws inspiration from anything, as long as it is sunny and exhuberant. That’s how I like my Dato, and I like him a lot. This new CD by his quartet offers nothing new, except ten upbeat compositions that grow the already large repertoire of this band. Festive, federative jazz, still creative though, and that baritone sax can imitate any animal you want, even humans. Great summer music. [Below: Live performance of “Dakhla”, one of the pieces featured on the album.]