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2010-06-04

2010-06-04: Magnetic Traces, Viosac, Khatsaturjan, Mentat Routage

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-06-04


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Magnetic Traces (Swarming)

En août 2009, Éric La Casa et Philip Samartzis on présenté à Melbourne (Australie) une exposition d’art sonore français et australien. Magnetic Traces (c’était aussi le titre de cette exposition) regroupe, en format stéréo, les œuvres spatialisées (en quatre, cinq, six, voire sept canaux) présentées alors. Une compilation élégante, une sélection plutôt froide, assez égale, peut-être même un peu trop uniforme. Au menu, entre autres, et outre les deux commissaires: Marc Baron, Jean-Luc Guionnet, Camilla Hannan, Tarab et Cédric Peyronnet. Deuxième parution chez Swarming, et celle-ci beaucoup plus étoffée côté pochette.

In August 2009, Éric La Casa and Philip Samartzis presented a French/Australian sound art exhibition in Melbourne, Australia. Magnetic Traces (also the title of that exhibition) culls, in stereo, the multichannel works (four to seven channels, actually) that were presented. An elegant compilation, a rather cold selection, pretty even, maybe a tad too even. Besides the two curators, contributors include, among others: Marc Baron, Jean-Luc Guionnet, Camilla hannan, Tarab, and Cédric Peyronnet. This is Swarming’s second release, and the cover/packaging is much more elaborate than the first release.


VIOSAC / Dawning Luminosity (Viosac)

Graham Stewart récidive avec un troisième album de Viosac mach 2. Sur Dawning Luminosity, une pièce continue en trois parties, il se concentre sur un ton mélancolique pour étirer des sons synthétiques à la tonalité oscillante, imprécise, dans des jeux de battements et de superpositions délicats. Pas de nausée cette fois-ci, rien d’extrême - du travail tout en subtiilité, avec des moments plus denses et intenses, mais surtout une grande langueur, une lassitude aussi. Ça ne réussit pas tout à fait à conserver l’attention, mais c’est beau.

Graham Stewart delivers a third album from Viosac mach 2. On Dawning Luminosity - a single continuous three-part piece – he focuses on a melancholic mood, stretching synthetic sounds with an imprecise, slightly shifting tone, in flapping games and delicate overlays. No nausea this time, nothing extreme, only very subtle work with moments more dense and intense, but mostly heavy languour and lassitude. It doesn’t quite manages to retain my attention throughout, but it’s beautiful.


KHATSATURJAN / Disconcerto Grosso (Musea)

Un groupe finlandais dont le premier disque m’avait peu impressionné. Celui-ci est mieux, mais pas génial. C’est du rock progressif symphonique assez typique, une suite plutôt complexe, mais qui souffre de plusieurs maux répandus dans le prog d’aujourd’hui: des textes trop volumineux, des développements mal articulés, un manque d’esprit d’ensemble, un chanteur peu charismatique, un certain amateurisme (qui est en fait une tendance à vouloir faire plus que ce dont on est capable).

I hadn’t been impressed by this Finnish band. This second opus is better but still not great. It’s a rather typical brand of symphonic prog rock, and it suffers from many of the ailments of modern prog: too much lyrics, badly-articulated developments, a lack of a “bigger picture”, a charism-less singer, a certain level of amateurism (actually more a tendancy of biting more than the musicians can chew).


MENTAT ROUTAGE / Mentat Routage (Musea Parallele)

Ouh-la! Amateurs de rock progressif complexe, tordu et rigolo - bref, zappaesque - assurez-vous que le nom de Mentat Routage apparaît sur votre radar! Ce premier album, éponyme, propose une pléthore de pièces inventives, audacieuses et déjantées variant entre le Zappa de “RDNZL” et Henry Cow, puis entre Magma et l’improvisation libre hardcore. On pense aussi à Sebkha Chott en mode “soft”, à Hardscore, à Finnegans Wake en plus ludique. Un disque étourdissant de prouesses, de largesses et d’allégresse! [Ci-dessous: Trois extraits de l’album offert en écoute sur cette page.]

Wowie zowie! Fans of complex, twisted and funny – you might say Zappa-esque – prog rock, make sure the name Mentat Routage appears on your radar screens! This eponymous debut proposes a plethora of creative, bold and zany tracks ranging from “RDNZL”-era Zappa to Henry Cow, then from Magma to hardcore free improvisation. I’m also thinking of a “soft” version of Sebkha Chott, Hardscore, or a more playful incarnation of Finnegans Wake. A dizzying record bursting with chills, thrills and spills! [Below: Listen to 3 tracks from the album here.]

http://mentat.routage.free.fr/pages/musiques.html

2010-06-03

2010-06-03: Meloni/Cossu/Dani, Szilárd Mezei Octet, EAM, Klotet, Argos, Acid Mothers Temple

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-06-03


SEBASTIANO MELONI - NICOLA COSSU - ROBERTO DANI / Dialogues (Slam Productions)

Un jazz moderne mais délicat pour commencer la journée. Un trio piano-contrebasse-batterie dirigé par Sebastiano Meloni, dont les compositions rappellent un peu celles de Lennie Tristano. De beaux dialogues (incidemment) avec la section rythmique dans les pièces plus improvisées. Pas hyper-marquant ou distinctif, mais agréable.

Some delicate modern jazz to kick off the day. A piano/doublebass/drums trio led by Sebastiano Meloni, whose compositions are slightly reminiscent of Lennie Tristano. Nice dialogues (incidentally) with the rythm section in the more improvised pieces. Not super-distinctive or striking, but enjoyable.


SZILÁRD MEZEI OCTET / Tönk (Slam Productions)

Ahh, Szilárd Mezei... J’aime, j’aime, j’aime ce que fait cet altiste, particulièrement avec un groupe de cette taille. Enregistré en concert à Budapest en octobre 2007, Tönk présente cinq compositions de Mezei dans un style légèrement plus jazzé qu’à son habitude. C’est à dire que la musique est moins hermétique, plus facile d’approche, même si ça reste du jazz d’avant-garde avec une forte composante improvisée. Une écriture intelligente, imagée, avec un certain humour aussi. Ce disque n’est pas l’égal du splendide Nád / Reed, mais c’est un opus solide. [Ci-dessous: Un extrait de l’album, “Female Boxing”, trouvé sur le site de Mezei.]

Ahh, Szilárd Mezei..., I like I like I like what this guy does, especially with an ensemble of this size. Recorded live in Budapest in October 2007, Tönk features five Mezei compositions in a style slightly jazzier than usual. The music is therefore less hermetic, easier to apprach, but it remains avant-garde jazz with a strong improvisation element. Intelligent, colourful writing with a certain dose of humour. This record doesn’t match the stellar Nád / Reed CD, but it’s a strong opus. [Below: “Female Boxing”, an excerpt from the album, found on Mezei’s website.]

http://www.szilardmezei.net/download/music2009/Szilard Mezei Ensemble - Female Boxing (excerpt) (2007).mp3


EAM / Raft (Unit Records)

EAM = Electro Acoustic Meeting. On s’attendrait à une musique électronique de recherche, ou encore à de l’improvisation libre sur lutherie acoustique et numérique. Mais non. Il s’agit d’un quatuor violon-violoncelle-ordinateur-batterie, mais Roger Stucki utilise son ordi comme un synthétiseur et, dans les faits, la musique sur Raft appratient au jazz-rock, au world-fusion et à rock psychédélique planant. Les lignes de violon de Hans Burgener font parfois penser à Ozone Quartet, alors que les rythmiques et le “synthé” évoquent beaucoup Djam Karet. Viviane Spacek et Philip Clemo offrent deux autres bons points de comparaison. Bref, je ne suis définitivement pas là où je m’attendais. Certains passages sont trop mièvres, d’autres trop longs, mais EAM réussit à trouver un son original, agréable et engageant. J’en diffuserai sur Délire musical prochainement.

EAM = Electro Acoustic Meeting. You’d expect experimental electronic music or free improvisation on acoustic and digital instruments, but that’s not the case. This is a violin/cello/computer/drums quartet, but Roger Stucki uses his laptop as a synthesizer. The music on Raft actually fits somewhere between jazz-rock, world-fusion, and trippy psychedelic rock. Hans Burgener’s violin lines are occasionally reminiscent of Ozone Quartet, while the rhythms and “synth” work bring to mind Djam Karet. Viviane Spacek and Philip Clemo are also good reference points. In other words, I found myself somewhere I didn’t thought I’d be going this morning. Some passages are too sweet, others too long, but EAM managed to lock on an original, enjoyable and engaging sound. I’l surely broaddcast something from this on Délire musical soon.


KLOTET / Det Har Aldrig Hänt Och Kommer Aldrig Hända Igen (Musea)

Un deuxième album signé Klotet, moins de deux ans après le premier. Premier qui était très bien, mais celui le bat à plate couture! Klotet est un quatuor suédois de rock progressif instrumental. Pas pompeux du tout, plutôt rigolo, une complexité légère qui s’apparente à l’avant-prog de Forever Einstein, avec une touche de Sagor & Swing dans l’orgue. Belle diversité des thèmes, enlevants en général, beaucoup de plaisir, et une pochette saisissante. Bravo! [Ci-dessous: Vidéo pour la pièce “Sket Man Väl i” de cet album.]

Klotet’s second album, less than two years after their debut CD. The first one was very nice, but this one beats it by a mile! Klotet is a Swedish quartet of instrumental progressive rock. Not pompous at all, rather silly, with a light-hearted complexity reminiscent of the avant-prog of Forever Einstein, with a dash of Sagor & Swing in the organ. Nice variety of themes, most of them pretty driving; lots of fun, and striking cover artwork. Bravo! [Below: Video for the track “Sket Man Väl i” from this album.]


ARGOS / Circles (Musea)

Je suis agréablement surpris. Je n’ai pas vraiment aimé le premier album d’Argos, un ramassis d’influences progressives mal digérées en pastiches malingres. Mais Circles est une toute autre affaire: voici un groupe de rock progressif (allemand) au son assumé, à l’écriture soignée, avec un chanteur tout à fait décent. On opte pour la forme courte (11 pièces sur ce disque) sans tomber dans la pop raccolleuse. Ça me fait beaucoup penser au groupe Fruitcake pour l’ambiance. Du très beau prog symphonique, d’allégeance vintage sans tomber dans la copie. Recommandé.

I am pleasantly surprised. I didn’t really like Argos’s debut CD, a heap of half-digested prog rock influences. But Circles is a different story. Here is a German prog rock band with a sure-footed sound, refined songwriting, and a more than decent singer. Tracks are short (there’s 11 of them) but they don’t bow to pop diktats. It reminds me a lot of Fruitcake, mood-wise. Beautiful symphonic prog, vintage in allegiance but never a carbon copy. Recommended.


ACID MOTHERS TEMPLE & THE MELTING PARAISO U.F.O. / Crystal Rainbow Pyramid Under The Stars (Important Records)

Enregistré en 2006 avec la chanteuse Hao Kitagawa, le batteur Koji Shimura, Ryoko Ono au saxo et à la flûte, plus le trio habituel (Tsuyama, Higashi, Kawabata). Un disque solide, pas remarquable mais solide. Une surprise: l’album commence par une pièce courte, presque un “single” de pure AMT en mode à fond la caisse. Meilleure pièce: “Electric Psilocybin Flashback”, un mid-tempo où Kitagawa est mise en évidence.

Recorded in 2006 with singer Hao Kitagawa, drummer Koji Shimura, Ryoko Ono on sax and flute, plus the usual trio (Tsuyama, Higashi, Kawabata). A strong but not remarkable record. One surprise: the album kicks off with a short track – almost a single – of pure take-no-prisoners AMT. The best track: “Electric Psilocybin Flashback”, a long suite-like mid-tempo piece where Kitagawa gets to shine.

2010-06-02

2010-06-02: Nick Holmes, Ige*timer, Tape Tum, Philippe Petit, Osiris, CHansons jamais entendues à la radio

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-06-02


NICK HOLMES / Soulful Crooner (Riverman Music - merci à/thanks to Forced Exposure)

Hmm. Je ne connais rien de Nick Holmes, qui a tout de même une carrière bien remplie. Ce premier album solo, d’abord paru en 1973, est ici réédité officiellement pour la première fois (l’artiste a participé au remastering et fourni des pièces boni). C’est de la soul bluesée, avec une touche jazzée. Holmes a une voix quelque part entre Cat Stevens et Shawn Phillips, très agréable, et certaines chansons sont bien réussies (“Oh Picasso,” “The Promise Suite”). Mais ce n’est pas du grand art. Notons la présence de Tony Levin à la basse, à l’époque où il faisait beaucoup de contrats de studio.

Hmm. I don’t know this Nick Holmes, but he seems to have had a rather busy career. This, his debut solo album from 1973, gets its first official reissue (the artist was involved in the remastering and supplied bonus tracks). It’s bluesy soul music with a hint of jazz. Holmes’ voice falls somewhere between Cat Stevens and Shawn Phillips, quite enjoyable per se, and some of the songs are well written (“Oh Picasso,” “The Promise Suite”). But it’s not great. King Crimson-spotters will be interested to know that bassist Tony Levin is on here - this dates from the period where he did a lot of on-call studio gigs.


IGE*TIMER - Ice Cold Pop (Everest Records - merci à/thanks to Dense Promotion)

Ige*timer est un duo: le contrebassiste Klaus Janek (aussi aux électroniques) et Simon Berz aux électroniques et dispositifs maison. Un vinyle d’improvisation bruitiste et crue, de longues pièces aux subtilités camouflées par l’aspect revêche de la contrebasse manipulée numériquement. Pas facile et peu engageant, somme toute. J’ai entendu mieux de la part de Janek.

Ige*timer is a duo consisting of doublebassist Klaus Janek (also on laptop) and Simon Berz on home-made electronics and devices. An LP of noisy and crude free improvisation, long pieces whose detailes are buried inside the rough exterior of a digitally-trated bass. Not easy, not really engaging. I have heard better from Janek.


TAPE TUM / The Night We Called It A Day (Kimi Records - merci à/thanks to Forced Exposure)

Un duo belge dont ceci est le premier album. Une pop indie fort sympathique, avec un bon apport en textures bruitistes, de belles tendances expérimentales. Ça fait beaucoup penser à certains artistes sous étiquette Tapete, tout particulièrement Jack Beauregard. Voix discrètes, ambiances floues, beaucoup d’électronica, mais une musique bien “groundée”.

A Belgian duo, this is their debut album. Very good indie pop with a strong contribution from noisy textures and pretty experimental leanings. It makes me think of some of the acts signed on Tapete Records, especially Jack Beauregard (although noisier). Quiet voices, shady atmospheres, lots of electronica, though the music is well grounded.


PHILIPPE PETIT / Henry: The Iron Man (Beta-lactam Ring Records)

Paru l’an dernier, enregistré “live” en studio en mai 2008, Henry: The Iron Man est l’album le plus “solo” à ce jour de Philippe Petit, lui qui s’entoure habituellement de nombreux collaborateurs sur disque. Ici, on remarque seulement la présence du saxo Perceval Bellone (de Strings of Consciousness) sur deux des trois pièces et l’utilisation d’échantillons chinois fournis par FM3 sur l’autre. Un disque plus ambiant que la musique des SoC, une musique qui procède avec lenteur mais qui multiplie les couches, les boucles et les textures. Très immersif, captivant dans “Salaryman’s Dream”, perd de sa dynamique et s’étire en longueur dans “Lady in the Radiator Meets the Fetishist.” [Ci-dessous: Un extrait de “Salaryman’s Dream” trouvé sur le site de BLRR.]

Released last year, recorded live in the studio in May 2008, Henry: The Iron Man is Philippe Petit’s most solo “solo” album to date – the man usually surrounds himself with collaborators on record. For this one, there’s only Strings of Consciousness’ Perceval Bellone (sax) on two of the three tracks, and Chinese samples provided by FM3 on the other one. More ambient than SoC, the music unfolds slowly through several layers, loops and textures. Highly immersive and captivating in “Salaryman’s Dream”, but it looses some of its momentum and drags on in “Lady in the Radiator Meets the Fetishist.” [Below: An excerpt of “Salaryman’s Dream” found on BLRR’s website.]

http://www.blrrecords.com/samples/petit_philippe_-_salarymans_dream-49d52df156dd6.mp3


OSIRIS / Tales of the Divers (Musea)

Originaire de Baihrein, Osiris a été l’un des rares groupes de rock progressif arabe. Écrit et joué sur scène en 1985, Tales of the Divers n’a jamais été endisqué. Voici que, pour rendre hommage au bassiste maintenant disparu, on publie un enregistrement en concert de cet “album” concept. Six musiciens plus un ensemble rythmique traditionnel, dans une œuvre qui mélange musique arabe et progressif planant de type Pink Floyd, autour du thème des pêcheurs de perle. Pas mal du tout, malgré la qualité sonore “réchappée” d’une bande en mauvais état.

Hailing from Bahrein, Osiris was one of the rare Arab prog rock bands. Written and presented on stage in 1985, Tales of the Divers was never recorded in the studio. And now, as a tribute to the band’s bassist, now deceased, here is a live recording of this concept “album”. Six musicians on stage plus a traditional rhythm band, in a work blending Arab music and Pink Floyd-type trippy progressive rock, around the theme of pearl divers. Not bad at all, despite the shaky sound of a salvaged 8-track tape.


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Chansons jamais entendues à la radio (Gazul/Musea)

Dans la collection Les Zutopistes paraît cette compilation regroupant des chansons d’artistes français inclassables, surtout associés au rock-in-opposition et à la musique de jouet. Au menu: une inédite d’Albert Marcœur, une poignée de courtes vignettes inédites signées Joseph Racaille, et des pièces récupérées d’albums d’Etron Fou Leloublan, Ferdinand Richard, Toupidek Limonade, Klimperei, David Fenech et Frédéric Le Junter. Dadaïste, déglingué, merveilleusement ridicule!

In the Les Zutopistes collection, Gazul releases a compilation of songs by unclassifiable French artists mostly associated with Rock-in-Opposition and toy music. The tracklist includes a previously unreleased song by Albert Marcœur, a handful of unreleased vignettes by Joseph Racaille, and tracks culled from albums by Etron Fou Leloublan, Ferdinand Richard, Toupidek Limonade, Kliperei, David Fenech, and Frédéric Le Junter. Dada, walloping, and marvelously ridiculous!

2010-06-01

2010-06-01: Greie Gut Fraktion, RM74, Donna Regina, Cosa Brava

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-06-01


GREIE GUT FRAKTION / Baustelle (Monika Enterprise - merci à/thanks to Dense Promotion)

Une collaboration entre Antye Greie (anciennement AGF) et Gudrun Gut, sur le thème du chantier de construction (“baustelle”, le titre de l’album). Greie chante et sussurre des textes en anglais et en allemand, sur des musiques électro-pop beaucoup plus électro que pop. Le chantier fournit des échantillons sonores, mais Baustelle n’est pas un album de musique industrielle ou même post-industrielle. C’est de la techno expérimentale bien tournée, plus accessible et rythmé qu’Einzelkämpfer, le dernier disque solo de Greie, plus prévisible aussi.

A collaboration between Antye Greie (aka AGF) and Gudrun Gut on a construction site theme (“baustelle” in German, the album’s title). Greie sings and murmurs lyrics in English and German over electro-pop music that leans a lot more toward electronica than pop. The construction site has been ploughed for audio samples, but Baustelle is not an album of industrial or post-industrial music. It’s well-done experimental techno, slightly more beat-driven and accessible than Greie’s latest solo effort Einzelkämpfer, somewhat more predictable too.


RM74 / Reflex (Utech Records - merci à/thanks to Dense Promotion)

Peu après la sortie du premier disque d’Ural Umbo, dont il fait partie, voici que Reto Mäder offre un nouveau disque solo sous son alias RM74. Orné d’une chauve-souris à l’aspect menaçant, Reflex est un disque alliant électronique expérimentale et instruments (guitare, codes, piano, synthé, même du kalimba). Onze pièces formant un paysage sonore sombre, pas tout à fait mélancolique mais clairement pas jojo. C’est talentueux mais un peu trop cantonné dans une zone grise, entre le circonspect et le viscéral, pour marquer. J’aurais aimé un peu plus d’excès, de risque.

Shortly after the release of Ural Umbo’s debut CD, of which he is one half, Reto Mäder is back with a new solo effort under his RM74 moniker. With a threatening-looking bat on the cover, Reflex pairs experimental electronics with real instruments (guitar, strings, piano, synth, even a kalimba). Eleven tracks painting a dark landscape, not quite melancholic but definitely not a sunny place. It’s talented, but a little too limited to a grey area between carefulness and viscerality to leave a lasting impression. I would have liked a little more excessiveness and risk-taking.


DONNA REGINA / The Decline of Female Happiness (Karaoke Kalk - merci à/thanks to Forced Exposure)

Numéro six pour ce duo de Cologne, mais c’est le premier à croiser mes oreilles. The Decline of Female Happiness (un titre inquiétant!) propose de la pop moderne, avec des accents électro, folk et post-rock, trip-hop aussi, plus une touche de musique de jouet. Disons un croisement entre les Fiery Furnaces, CocoRosie et Toupidek Limonade? Non, ça ne marche pas. Il y a du glockenspiel, il y a une voix de femme agréable mais discrète, il y a des musiques simples aux textures joliment travaillées, il y a un air post-moderne allié à une certaine légèreté contenue. Très agréable.

Number six for this Cologne-based duo, but it’s the first one to cross my ears. The Decline of Female Happiness (what a worrying title!) delivers modern pop music, with dashes of electronica, folk, and post-rock, some trip-hop too, plus a touch of toy music. Say, a blend between The Fiery Furnaces, CocoRosie, and Toupidek Limonade? Nan, that’s not it. There’s some glockenspiel, an enjoyable but quiet female singer, simple backing tracks with nicely-tailored textures; there’s a post-modern feel paired with restrained lightness. Quite enjoyable.


COSA BRAVA / Ragged Atlas (Intakt)

Ça faisait longtemps que Fred Frith ne s’était pas payé le luxe d’avoir un groupe rock. Et quel groupe! Carla Kihlstedt et Matthias Bossi de Sleepytime Gorilla Museum, Zeena Parkins, et The Norman Conquest au son, pour une poignée de compositions et chansons qui mettent à jour l’évolution de Frith dans ce domaine. Non ce n’est plus du rock-in-opposition (quoi que), non ce ne sont plus des chansons expérimentales commes sur Prints (oui, mais). Une écriture vive et riche, un groupe bourré de talent, un leader qui devrait faire ça plus souvent! Du grand Frith pour les amateurs de Gravity ou Keep the Dog. [Ci-dessous: Cosa Brava en concert, vidéo professionnelle.]

It had been a long while since Fred Frith hadn’t allowed himself the luxury of having a rock band. And what a band! Sleepytime Gorilla Museum’s Carla Kihlstedt and Matthias Bossi, Zeena Parkins, and The Norman Conquest at the sound desk, for a handful of songs updating Frith’s evolution in that particular field of composition. No, it’s not rock-in-opposition (although), and it’s not experimental songwriting like on Prints either (yes, but). Lively, rich songwriting, a band bursting with talent, and a leader who should definitely do this more often! Fantastic Frith for fans of albums like Gravity and Keep the Dog. [Below: Cosa Brava live, professional footage.]


Pour le reste, de la réécoute en vue du Délire musical de ce soir...

And for the rest of day, I’m revisiting some records from last week for tonight’s Délire Musical…

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 1er juin 2010 (rediffusion le 6 juin)
Show aired on 1 June 2010 (repeated on June 6)

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Electroshock Records, version 2010 : Après une pause de cinq ans, l'étiquette russe Electroshock Records se réactive et revient, avec douze nouveautés, sa direction artistique à cheval entre l'électroacoustique de recherche et l'électronique ambiante.
Electroshock Records, 2010 vintage: After a five-year hiatus, Russian label Electroshock Records is back with 12 new releases at once and resumes its unusual artistic direction on the fence between experimental electroacoustics and ambient electronica.

ALEXANDER VOLODIN / Different Things (20:33) - Unfinished Journey (Electroshock)

SIMON WICKHAM-SMITH / A Piece on DeFoe (4:44) - Multiple Tongues (
Electroshock)
GARY DIBENEDETTO / Oh, You're So Adollarable (4:02) - Twin Towers (
Electroshock)
DMITRY MAZUROV / Sistes of Gloom (5:33) - Creature on a Lavatory Pan (
Electroshock)

ANTANAS JASENKA / In/Out: b) Input 2 (6:24) + e) Output 2 (6:37) - Point Circle (
Electroshock)

ANATOLY PERESLEGIN / Heteroemergency (20:53) - Xenophobia (
Electroshock)
J.C. COMBS / Dispatch (2:37) - Safe Passage (
Electroshock)

YNEY / Assymetry (10:00) - Micro Macro (
Electroshock)
ROMAN STOLYAR / Agnus Dei (9:30) - Missa Apocryph (
Electroshock)

MILICA PARANOSIC / Kisa Pada (3:00) - Give to Grow (
Electroshock)



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

Rien cette semaine / Nothing this week

Délire musical, 2010-06-01

DÉLIRE MUSICAL
Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire musical ICI (cherchez Délire Musical dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire musical broadcast HERE (look for Délire Musical on the list of shows).

Édition du 1er juin 2010 (rediffusée le 6 juin)
Broadcast Date: June 1, 2010 (repeated June 6)

LISTE DE DIFFUSION

PLAYLIST


Thème/Theme: *THE ELECTRIC TOMORROW / Sugarcube - Mindexpanders, Vol. 3 (Past & Present)


*RIMINGTON / Dragon Child (2:50) - Mindexpanders, Vol. 3 (Past & Present)
ARBOURETUM / False Spring (5:51) - Song of the Pearl (Thrill Jockey)
*BUSHMAN'S REVENGE / Damage Case (2:59) - Jitterbug (Rune Grammofon)

TULSA DRONE / Chiaroscuro (4:43) - No Wake (Dry County Records)
*DUB SPENCER & TRANCE HILL / Man With a Harmonica (3:52) - Riding Strange Horses (Echo Beach)
**THE EMBASSADORS / Makena (3:44) - Nonplace: 10th Anniversary Edition (Nonplace)

GABRIEL YACOUB / Il aurait dû (3:18) - De la nature des choses (Le Roseau)
BIRCH BOOK / Feet of Clay (3:30) - A Hand Full of Days (helmet r00m)
*MEG BAIRD, HELENA ESPVALL & SHARON KRAUS / Fortune My Foe (3:40) - Leaves From Off The Tree (Bo'Weavil)

YAMATO ENSEMBLE / Midare (extrait/excerpt: 3:30) - The Art of the Japanese Koto, Shakuhachi & Shamisen (ARC)

merci à/thanks to:
*Forced Exposure
**John Bourke P.R.



COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

TULSA DRONE
Vidéo promotionnelle de "Medusa Bloom", un extrait d'un disque plus récent.
Promotional clip for "Medula Bloom", a track from a more recent record.


GABRIEL YACOUB
La même chanson ("Il aurait dû") interprétée en direct à la radio.
The same song ("Il aurait dû") performed live on the radio.


2010-05-31

2010-05-30/31: Richard Chartier, Michael Ellison, Zeitgeist, Lepage/Lussier, Cumbia Beat 1, THe Ingoes, Jóhann Jóhannsson

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-05-30


2e écoute/2nd listen: RICHARD CHARTIER / A Field for Mixing (Room40)

(D’abord chroniqué dans l’entrée du 2010-05-27.) Un très beau travail, à écouter fenêtres fermées, sans bruits extérieurs, mais pas nécessairement en lui consacrant toute son attention. “Fields for Recording 1-8”, très délicate, offre une série de longues ambiances spatiales, statiques ou non (on entend même de la musique dans l’une d’elles). “A Desk for Mixing” tient du génie: un assemblage si ténu mais si solide, de doux moments de son ambiant, qui s’effacent lentement, avec de longues pauses qui chaque fois semblent indiquer une fin toujours plus loin repoussée. La meilleure pièce de Chartier depuis quelque temps.

[First reviewed in journal entry 2010-05-27.] Some very fine work, worth listening with all windows closed, no outside noise, but you don’t have to devote all your attention to it. “Fields for Recording 1-8”, very delicate, features a series of long spatial ambiances, some static some not (you can even hear some music in one of them). “A Desk for Mixing is pure genius: an extremely frail assemblage of quiet moments of ambient sound, yet so strong, with pregnant pauses that each time lure you to think it’s over. Chartier’s best composition in a while.


2010-05 31


MICHAEL ELLISON / Invocation (Innova)

Compositeur américain, Michael Ellison réside à Istanboul. Invocation propose trois œuvres très différentes. D’abord un quatuor à cordes vif , presque “new complexity” dans sa facture, interprété par le Borromeo String Quartet. Puis un très beau triptyque pour flûte solo (Helen Bledsoe, tout à fait convaincante). Enfin, “Elif” pour hafiz et ensemble de chambre, mettant en vedette le hafiz Kâni Karaca, dont c’est le dernier enregistrement (il est décédé quatre mois plus tard). Il s’agit d’une complainte atmosphérique et monotone, intéressante sur papier, mais qui tombe plutôt à plat. Le reste est bien, le solo de Bledsoe étant particulièrement réussi.

American composer Michael Ellison now resides in Istanbul. Invocation features three very different works. First up is a lively string quartet, almost “New Complexity”-styled, performed by the Morromeo String Quartet. Then, a beautiful triptych for solo flute (Helen Bledsoe, totally convincing). Finally, “Elif” for hafiz and chamber ensemble, featuring hafiz singer Kâni Karaca in his last recording (he died four months later). This one is a monotonous dirge, interesting on paper but rather flat-sounding. The rest of the album is fine, with Bledsoe’s solo performance being the highlight.


ZEITGEIST / In Bone-Colored Light (Innova)

Un solide disque de musique contemporaine, j’aime beaucoup. Faut dire que Zeitgeist est un quatuor pas comme les autres: piano, vents et deux percussionnistes. L’accent est donc placé sur la rythmique. Œuvres d’Anthony Gatto, Ivo Medek, Jerome Kitzke, Kathy Kackanich et Ethan Wickman. Le Gatto, “Lucky Dreams” développe une complexité rythmique zappesque qui m’a parlé immédiatement. Le triptyque “Angles of Repose” de Wickman offre une musique étoffée et éminemment complexe, qui frôle Rock-in-Opposition.

A strong contemporary music record, I like it a lot. Then again, Zeitgeist is not your usual quartet: piano, woodwinds, and two percussionists. So the focus is on rhythm. Works by Anthony Gatto, Ivo Medek, Kerome Kitzke, Kathy Kackanich and Ethan Wickman. The Gatto piece, “Lucky Dreams”, unfolds in a Zappa-esque rhythmical complexity that immediately talked to me. Wickman’s triptych “Angles of Repose” offers sophisticated and highly complex music that verges on rock-in-opposition.


ROBERT MARCEL LEPAGE & RENÉ LUSSIER / Chants et danses du monde inanimé (Ambiances Magnétiques)

J’avais le vinyle depuis des lustres, mais pas la réédition CD de 1996. J’ai profité du passage de René Lussier au FIMAV pour me la procurer. Ce disque de 1984, le tout premier oficiellement paru chez Ambiances Magnétiques, est un excellent exemple de ce qu’on appellera “musique actuelle” québécoise. Lepage aux clarinettes multiples, souvent multipistes; Lussier à la guitare et la podorythmie, un peu de daxophone aussi je crois. Une séquence de courtes pièces semi-improvisées aux textures rêches comme le béton, dissonantes comme le trafic en ville, mais pleines de vie, une vie résolument urbaine. La réédition rajoutait une nouvelle séance enregistrée en 1996 (au prix d’éliminer une pièce de l’album original, “Beyrouth, à défaut d’être mort” - pourquoi diantre je ne sais pas), tout aussi folle et créative. Du grand art, du grand Lussier et possiblement le disque le plus exigeant de Lepage, au style habituellement plus léger.

I have had the LP for ages, but not the 1996 CD reissue. So I grabbed at FIMAV, where René Lussier performed. From 1984, the very first official Ambiances Magnétiques release is an excellent example of what would be called Quebec “musique actuelle”. Lepage on multiple, often multitracked clarinets; Lussier on guitar, foot-tapping, and I think some daxophone. A sequence of rather short semi-improvised pieces with rough textures like concrete, dissonances like a trafic jam, and very lively, like a bustling city. The reissue added a new session recorded in 1996 (9 tracks, at the cost of eliminating “Beyrouth, à défaut d’être mort” from the original LP, don’t know why). These are just as creazy and creative as the original pieces. Great music, a great Lussier record, and Lepage’s most demanding album - his music is usually somewhat lighter and more accessible.


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Cumbia Beat, Vol. 1 (Vampisoul - merci à/thanks to Forced Exposure)

Woo-hoo! 80 minutes (sur deux disques) de “sons tropicaux du Pérou dominés par la guitare expérimentale, 1966-1976”! En clair, 25 chansons et pièces instrumentales qui mélangent cumbia et guitare fuzz, un joyeux mélange de rythmes latinos et d’énergie rock. Oui, on pense à Santana, évidemment, mais il y a plus ici: de la musique des Andes, du kitsch, du go-go, de la guitare surf et même de la grosse distortion. Beaucoup de plaisir, peu de prétention, et des airs que vos amis n’ont jamais entendu auparavant, c’est garanti!

Woo-hoo! 80 minutes (over two CDs) of “experimental guitar-driven tropical sounds from Perú 196-1976”! In other words, 25 songs and instrumentals blending cumbia and fuzz guitar, a festive blend of Latin rythms and rock drive. Yes, Santana comes to mind, but there’s more: music from the Andes, kitsch, go-go, surf guitar, and even some thick distortion guitar. Lots of fon, very little pretension, and tunes your friends have never heard before, it’s guaranteed!


THE INGOES / Before We Were Blossom Toes (Sunbeam - merci à/thanks to Forced Exposure)

L’étiquette Sunbeam continue de gratter tous les fonds de tiroirs des Blossom Toes. The Ingoes était le groupe antérieur aux Blossom Toes, 1964-1966, produit à l’époque par le grand Giorgio Gomelsky. Ils ont connu le sort de nombreux autres groupes pop britanniques de l’époque: inconnus chez eux, populaires à l’étranger, au point de passer plusieurs mois à Paris. Le succès (relatif) de Blossom Toes a éclipsé les réalisations de ce groupe, qui a produit quelques 45 tours, colligés ici à côté de démos et d’une chanson en concert. Sympathique, très dérivatif des Beatles première époque - même une version française et une autre italienne de “Help”! Mais peu d’intérêt somme toute, autre qu’historique, et même là.

Sunbeam Records keep on ploughing the bottom drawers of The Blossom Toes. The Ingoes were the band that preceded the Toes, 1964-1966. They were managed by the great Giorgio Gomelsky. Like many other British acts, they were unknown at home, popular abroad, enough to land a residency in Paris for a while. The (relative) success of Blossom Toes has eclipses their achievements, but they did record a few 45s, culled here alongside demos and one live song. Enjoyable, highly derivative of early Beatles - there’s even a French and an Italian version of “Help!” But little interest over all, beside a historical one.


JÓHANN JÓHANNSSON / And in the Endless Pause There Came the Sound of Bees (NTOV / Cobraside)

D’abord paru l’an dernier sous forme de vinyle en édition limitée, maintenant disponible au grand public. Superbe album, une trame sonore, typiquement Jóhannssonesque: des tonnes de cordes langoureuses, des mélodies minimalistes mais évocatrices. Pas super-marquant, mais rien à redire sur le fond ou la forme. Un disque de fin de soirée.

First released last year as a limited-edition vinyl, now available to the masses. Splendid album, a soundtrack, typically Jóhannssonian: tons of languid strings, minimalistic but highly evocative melodies. Not stunning, but I got nothing to criticize about the form or content of this album. A late evening record.