Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2014-10-31

2014-10-30: Mostly Other People Do the Killing, Hooker/Mockunas, Red Trio/Stähl, Mathias Delplanque

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-10-30

MOSTLY OTHER PEOPLE DO THE KILLING / Blue (Hot Cup – merci à/thanks to Braithwaite & Katz)
Plongeons dans le scandale. Sur Blue, le quintette Mostly Other People Do the Killing (Peter Evans, Jon Irabagon, Ron Stabinsky, Moppa Elliott, Kevin Shea) recrée à la note près le célèbre album Kind of Blue de Miles Davis, sacré depuis longtemps meilleur album de jazz de tous les temps. C’est dire que MOPDTK ont enregistré le meilleur album de tous les temps. Dans les cercles jazz, le scandale fait rage. Messieurs (et mesdames, mais ce sont surtout des messieurs), calmons-nous. MOPDTK sont des farceurs; ils l’ont toujours été. Qu’on s’intéresse à la pochette de leur disque Slippery Rock! (ou à celle de Foxy d’Irabagon) pour s’en convaincre. Or, la pochette (combien de critiques ont chroniqué ce disque à partir de téléchargements, sans jeter un œil à la pochette?) recèle nombre d’indices qu’il s’agit là d’un canular, comme ce pictogramme ton sur ton d’un homme en flinguant un autre à la tête, ou encore la reproduction intégrale, en guise de notes de livret, de la nouvelle “Pierre Ménard, auteur du Quichotte” de Jorge Luis Borges, fiction camouflée en essai littéraire (bref: canular) qui constitue une réflexion sur le droit d’auteur, la création et la reproduction. La musique? C’est effectivement Kind of Blue interprété le plus fidèlement possible. Est-ce parfait? Je ne sais pas, je n’ai pas comparé côte à côte. D’ailleurs, pourquoi le ferais-je? Est-ce important? Blue est un canular brillant, point final.
Okay, let’s dive into the scandal. On Blue, avant-jazz quintet Mostly Other People Do the Killing (Peter Evans, Jon Irabagon, Ron Stabinsky, Moppa Elliott & Kevin Shea) recreate note for note Miles Davis’s famous Kind of Blue LP, near-unanimously hailed as the best jazz album ever. Which means that MOPDTK have recorded the best jazz album ever. This release has brewed trouble in the jazz world, some critics going to ridiculous lengths in their effort to misunderstand this project. Gentlemen (and ladies, but they’re almost exclusively gents), please calm down. MOPDTK are hoax-pullers; they’ve always been. Just look at the cover of their CD Slippery Rock! (or Irabagon’s Foxy) to get my drift. Actually, Blue’s booklet couldn’t be any clearer about the band’s intent (but how many critics actually looked at the booklet?). For one, there’s this barely legible (tone on tone) pictogram of a man shooting another man in the head. Second, as a parody of lines notes, the band reprint Jorge Luis Borges’s short story “Pierre Menard, Author of the Quixote,” a fiction masquerading as an essay (in other words: a hoax) and a reflection on creation, reproduction, and authorship. The music? It is indeed Kind of Blue performed as closely as possible to the original. Is it note perfect? I didn’t compare the records side by side. Why should I? Sincerely, does it matter? Blue is a brilliant hoax; let’s leave at that.

WILLIAM HOOKER & LIUDAS MOCKUNAS / Live at Vilnius Jazz Festival (No Business)
Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu le batteur William Hooker. Il est en bonne forme dans ce concert en compagnie du saxo Liudas Mockunas. Quatre improvisations en mode free jazz, beaucoup d’énergie, de l’émotion aussi (Mockunas me fait un peu penser à Paul Flaherty). Bonne captation aussi. Ce ne sera pas l’album de l’année, mais je suis heureux de voir que Hooker maintient le cap et content de ce premier contact avec Mockunas.
It’s been a while since I’ve heard drummer William Hooker. He’s in fine form in this concert with sax player Liudas Mockunas. Four improvisations, all in free jazz mode, with lots of energy, and emotions too (Mockunas reminds me, to an extent, of Paul Flaherty). A fine live recording. This won’t be album of the year, but I’m happy to see that Hooker is still towing the line, and satisfied with this first encounter I’ve had with Mockunas.

RED TRIO & MATTIAS STÄHL / North and the Red Stream (No Business)
J’aime le Red Trio (Rodrigo Pinheiro au piano, Hernani Faustino à la contrebasse, Gabriel Ferrandini à la batterie). Ici, ce trio portugais d’improvisation rencontre le vibraphoniste Mattias Stähl, dont l’instrument tempère un peu l’ardeur de l’ensemble, pour le meilleur. Bel équilibre des forces, large palette d’intensités, moments de parfaite connivence dans “Red”. On croirait parfois écouter le trio d’Alex Von Schlippenbach plus vibraphone. Enregistré en concert en novembre 2013.
I like Red Trio (pianist Rodrigo Pinheiro, bassist Hernani Faustino, drummer Gabriel Ferrandini), and here the Portuguese free impro unit meets vibes player Mattias Stähl, whose instrument sets a less frantic pace, for the greater good. Wonderful balance of strengths, wide palette of energies, moments of perfect symbiosis in “Red”. At times you could swear this is the Alex Von Schlippenbach trio with added vibes. Recorded live in November 2013.

MATHIAS DELPLANQUE / Transmissions (Crónica – merci à/thanks to Dense Promotion)
Un nouveau CD de l’électroacousticien Mathias Delplanque, cette fois axé sur des sons de machines industrielles – métiers à tisser et machines-outils. Quatre morceaux: trois courts et un de 40 minutes. Les premiers morceaux sont une mise en bouche: élégants, raffinés. “Part 4”, elle, est un monstre. On y entre sans se méfier, puisqu’elle commence un peu comme les morceaux précédents, mais elle dégénère et s’est bientôt une descente, un enlisement dis-je, au cœur de la bête industrielle. Les hautes s’effacent, les basses prennent toute la place, on ne sait plus s’il s’agit de mouvements mécaniques ou de péristaltisme organique. Et je vous le dis tout de suite: il n’y a pas d’issue. Le mouvement est inoxerable et se termine par une extinction pure et simple, lorsque tout est consumé. C’est génial. [Ci-dessous: Tout l’album en écoute libre sur bandcamp.]
A new CD by electroacoustician Mathias Delplanque, based this time on sounds from industrial machines – looms and machine-tools. Four pieces: three short ones and a final 40-minute track. The first three pieces are like hors-d’œuvres: sophisticated and elegant. “Part 4” is a monster. You step inside it unsuspecting, as it starts pretty much like the first three tracks, but soon it degenerates, and we’re caught in a descent, a drowning into the heart of the industrial beast. High frequencies disappear, low frequencies take over, and there’s no way to know if these are mechanical movements or organic peristalsis. And there’s simply no way out. This movement is inescapable and it reaches the only logical conclusion: extinction when everything has been consumed. It’s a work of genius. ∫Below: Listen to the whole album on bandcamp.]


2014-10-29

2014-10-28: Outhead, Ken Thomson and Slow/Fast, Black Givre, Counter/Forrester, Kikagaku Moyo, Gentle Giant

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-10-28

OUTHEAD / Send the Sound to the King (Chahatatadra Music – merci à/thanks to Braithwaite & Katz)
Quatuor de jazz à deux saxos, basse et batterie. Jazz créatif un peu métissé, rappelle Mostly Other People Do the Killing, entre autres, mais l’écriture manque de personnalité. J’écoute beaucoup de jazz ces temps-ci et ce disque-là ne ressort pas du lot.
A jazz quartet with two saxes, bass, and drums. Creative jazz with slight influences from elsewhere, reminiscent of Mostly Other People Do the Killing, among others, but the compositions lacks character. I’ve been listening to a lot of current jazz lately, and this CD simply doesn’t stand out.

KEN THOMSON AND SLOW/FAST / Settle (NCM East - merci à/thanks to Braithwaite & Katz)
Voilà: l’audace qui fait toute la différence entre le disque d’Outhead et ce nouveau Slow/Fast. Une écriture audacieuse qui mêle jazz et avant-prog, des solos déjantés, un mélodisme de bon aloi, un bel équilibre d’ailleurs entre moments frénétiques et moments où on laisse chaque note chanter. J’avais bien aimé le premier disque de ce quintette de Ken Thomson (saxophoniste de Gutbucket) – et on remonte en 2010 – mais celui-ci est encore plus réussi. J’aime les passages aux thèmes très rapides, mais cet ensemble est à son meilleur dans des morceaux doux-amers comme ”Welding for Freedom”. Bravo. [Ci-dessous: “Settle”.]
There: the boldness that makes all the difference between the Outhead CD above and this new opus from Slow/Fast. Bold compositions than blend jazz and avant-prog, off-the-wall solos, thoughtful melodicism, and a great balance between frenetic bits and moments where each note is allowed to sing. I like the previous album (2010) by Gutbucket saxman Ken Thomson’s quintet, but this one really ups the ante. I enjoy the rapid-fire passages, but this band truly shines in sweet-and-sour compositions like “Welding for Freedom”. Recommended. [Below: “Settle.”]

BLACK GIVRE / Explosion Therapy (Small Scale Music/Beaver Club Records)
La toute première production de l’étiquette Small Scale Music est en fait une coproduction avec Beaver Club. Cette cassette de 33 minutes présente le projet Black Givre de Samuel Bobony. Batterie, échantillonneur et pédales d’effets, tous simultanés je présume. Un travail impressionnant et efficace, quelque part entre l’improvisation libre et des duos comme Lightning Bolt ou MoHa. Énergique, puissant, virtuose à sa manière.
The Small Scale Music label’s first production is actually a co-release with Beaver Club. This 33-minute tape features Samuel Bobony’s project Black Givre. Drum kit, sampler, and effects pedals, all used simultaneously I believe. Impressive work, somewhere between free improvisation and duos like Lightning Bolt and MoHa. Energetic, powerful, virtuoso in its own way.

BRYAN COUNTER & SATCHEL FORRESTER / Twice Stopped (Small Scale Music)
Dernière cassette de la première fournée de Small Scale Music. Bryan Counter à la batterie, Satchel Forrester au saxo alto, dans une improvisation continue de 45 minutes, séparée en deux parties en un endroit judicieusement choisi. Feu roulant d’échanges entre les deux musiciens, qui sont souvent en mode “fire music”, mais qui savent aussi en sortir, ici pour pousser une mélodie spontanée plus réfléchie, là pour se lancer dans un rock ‘n’ roll impromptu. Dommage que ce voyage se termine en queue de poisson – fin de bande?
The last of Small Scale Music’s first batch of cassettes. Bryan Counter on drums, Satchel Forrester on alto sax, in a continuous 45-minute free improvisation split in two at a well-chosen place. A rollercoaster of exchanges between the two, often in Fire Music mode, though they also step out of that mood to push a more thoughtful melody here and get into an impromptu rock ‘n’ roll tune there. Too bad this trip ends abruptly end-of-tape style.

KIKAGAKU MOYO / Forest of Lost Children (Beyond Beyond is Beyond)
Un bon quintette japonais qui fait dans le folk rock-hard rock psychédélique. Ceci est leur deuxième album, un CD (aussi disponible sur vinyle) que j’ai ramassé chez Wayside. Court (31 minutes) mais bien tassé. Écriture simple mais agréable, beaucoup de sitar, une palette qui va de l’Incredible String Band à Acid Mothers Temple en passant par le désert du Sahara (la guitare dans “Smoke and Mirrors” fait très Tinariwen). Très satisfaisant et chaudement recommandé. [Ci-dessous: “Smoke and Mirrors”.]
A good Japanese quintet that plays psychedelic folk/hard rock. This is their second album, a CD (also available on vinyl) I bought from Wayside. Short at 31 minutes, but well packed. The writing is simple but enjoyable, and there’s lots of sitar playing, and the palette ranges from The Incredible String Band to Acid Mothers Temple by way of the Sahara – the guitar in “Smoke and Mirrors” has strong Tinariwen undertones. Highly satisfying and strongly recommended. [Below: “Smoke and Mirrors.”]

GENTLE GIANT / The Power and The Glory [Steven Wilson remix] (Alucard)
Steven Wilson revisite The Power and The Glory pour nous livrer un mix ambiophonique plutôt bien réussi. Je ne m’étendrai pas sur la musique elle-même, connue de la plupart de mes lecteurs, archiconnue de moi – c’est un de mes disques préférés à vie. J’ai trouvé Wilson timide dans la première moitié de l’album: hauts-parleurs arrières peu utilisés, saxos gardés en tas dans “So Sincere”. Or, dans la seconde moitié, le son s’éclate et on se met à entendre des choses, à comprendre la mécanique de Gentle Giant, particulièrement dans “Cogs in Cogs” (les instruments) et “No God’s a Man” (les voix disséminées aux quatre vents). Quant au nouveau mix stéréo, il ne dévoile rien de transcendant – mais l’original était déjà très réussi. Je suis donc un tantinet déçu. Pendant l’album 5.1, on a droit à des animations pour chaque chanson, avec paroles à l’écran. Elles sont amusantes et souvent pertinentes, en plus de faire ressortir le thème de cet album concept (le pouvoir, la politique, la manipulation de masse). DVD+CD (aussi en édition Blu-Ray+CD).
Steven Wilson revisits The Power and The Glory to deliver a rather well executed surround sound remix. I won’t discuss the music itself – most of you probably know this album already, and it’s one of my favourite records of all times. I found Wilson shy in the first half: back speakers seldom used, saxophones kept in a bunch in “So Sincere.” But the sound explodes in the second half, letting you understand the mechanics of Gentle Giant, especially in “Cogs in Cogs” (the instruments) and “No God’s a Man” (the voices coming from everywhere). As for the new stereo mix, it has nothing transcendent to unveil, which just shows how strong the original mix was, me thinks. Therefore, I’m a little bit disappointed. The 5.1 album is accompanied by on-screen animations with lyrics. They are entertaining and often relevant, as they highlight the overarching theme of this concept album, which power, politics, and mass manipulation. CD+DVD ou CD+Blu-Ray.


2014-10-28

Délire actuel, 2014-10-28

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 28 octobre 2014
Broadcast of October 28, 2014

Extrêmes: Je ne sais trop comment expliquer l’émission de ce soir, si ce n’est que je nourris un goût particulier pour les extrêmes, les contraires, les contradictions.
Extremes: I’m not sure how I could explain tonight’s show, except for my peculiar taste for extremes, contraries, and contradictions.

(8:00 pm)




Moiréstudie für Chiyoko Szlavnics
Augmented Studies
21:26

(8:30 pm)




*RICHARD GLOVER
Logical Harmonies 2
Logical Harmonies
03:50
Deepwater Horizon
The Dark Side of Success
06:27
Fostex
Chromdioxidgedächtnis
04:51
*FELIX KUBIN
Sounds from the archive [extrait/excerpt]
Chromdioxidgedächtnis
09:34

(9:00 pm)




JASON KAHN
Warning Tone
Noema
01:19
JASON KAHN
Haunted House
Noema
02:09
JASON KAHN
Hara
Noema
02:11
*RUDOLF EB.ER
Yellow smell of death
Brainnectar
02:36
*RUDOLF EB.ER
Psychic Heat Rising - Piercing the Midbrain
Brainnectar
02:53
*RUDOLF EB.ER
Chöd - Cutting the Ego
Brainnectar
05:01
*RUDOLF EB.ER
Burning the Ego
Brainnectar
00:49
*RUDOLF EB.ER
Touching Totality / Exploring Death
Brainnectar
03:29

(9:30 pm)




*DAVE PHILLIPS
Humanimal B
Homo Animalis
20:05
*ZEITKRATZER & KEIJI HAINO
Smashine
Zeitkratzer + Keiji Haino
06:11
Zeitkratzer
merci à/thanks to:


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

RUDOLF EB.ER
Prestation solo de 15 minutes.
Live 15-minute performance.