Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2010-01-15

2010-01-15: Collapse Under the Empire, Lobisomem, Schibbinz, William Nowik, The Ex

2010-01-15

COLLAPSE UNDER THE EMPIRE / Find A Place To Be Safe (Sister Jack - merci à/thanks to Dense Promotion)

Il s’agit d’un duo post-rock. Chris Burda et Matthew Jason en sont à leur deuxième album. Find a Place to Be Safe est bien construit et joliment enregistré. Original? Non, c’est du post-rock relativement prévisible, instrumental, dominé par la guitare texturale et la batterie. La forme courte qu’associe à Mogwai, Explosions in the Sky et Below the Sea. Pas marquant, mais satisfaisant.

This is a post-rock duo formed of Chris Burda and Matthew Jason, and Find A Place to Be Safe is their second full-lenth. It’s nicely constructed and recorded. Original? No. It’s a rather predictable form of post-rock, instrumental, dominated by saturated guitars and drums. The short form of post-rock associated with Mogwai, Explosions in the Sky, and Below the Sea. Not striking, but a satisfying listen.

LOBISOMEM / Brightest Solids EP (Tall Corn Music - merci à/thanks to Dense Promotion)

Un sympathique EP signé Lobisomem (un certain Brad Loving, de Chicago). De l’électronica intelligente, rythmée sans être gaga, expérimentale sans être bruitiste, soignée mais tout de même un peu sale. Un disque qui passe vite, de manière compactée, et qui donne le goût de le relancer immédiatement (ce que j’ai fait, d’ailleurs). Une petite touche dub, des influences disparates qui lui assurent une signature assez originale. À découvrir.

A fun EP by Lobisomem (one Brad Loving of Chicago). Intelligent electronica, beat-driven at times though not insistent on the beat, experimental though not noisy, and sophisticated though a bit dirty-sounding. It goes by quickly and in a compacy way, and pressing play again came naturally. A little touch of dub, eclectic influences that keep things fresh. Worth discovering.

SCHIBBINZ / Livin’ Free (Guerssen Records - merci à/thanks to Forced Exposure)

En 1968, trois jeunes Américains et un Argentin enregistre un disque que publie l’étiquette argentaine Phonexa en tirage privé très limité. Point. Fin de l’histoire. Personne ou presque ne connaissait l’existence de ce disque, même les collectionneurs avertis, jusqu’à ce qu’un CDR doublé d’une cassette se mette à circuler récemment. Voici donc ce disque, le seul de Schibbinz, dûment réédité avec l’autorisation et la participation du batteur original du groupe. La qualité sonore laisse à désirer, mais la musique tient le coup. Il s’agit d’un folk rock de garage à forte inspiration des Beatles et des Rolling Stones à leurs débuts, plus une touche argentaine dans les guitares acoutiques. Des chansons à harmonies vocales sur les plages, le soleil, la joie de vivre la fin de son adolescence. Une jolie reprise de “Lady Jane”, quelques chansons jolies sans être originales. Mais la qualité sonore en fait définitivement un disque à laisser aux collectionneurs.

In 1968, three young Americans and an Argentinian recorded an LP that was released by the Phonexa label in a very limited private pressing. Period. End of story. About no-one knew of this LP, even the top collectors, until a CDR dubbed from a tape started circulating recently. So here is this record, the only one recorded by Schibbinz, duly reissued with the authorization and participation of the band’s original drummer. Sound quality is shaky, but the music holds up. It’s a garage folk rock with a strong Beatles/early Stones influence, plus an Argentinian touch in the acoustic guitars. Harmony-vocal songs about beaches, sunny days, and the pleasures of spending your late teems in that part of the world. A nice cover of “Lady Jane”, a few nice songs, nothing particularly original though. And the sound quality makes this a collector’s item only.

WILLIAM NOWIK / Pan Symphony in E Minor (Guerssen Records - merci à/thanks to Forced Exposure)

Multi-instrumentiste de session à New York, William Nowik s’est vu offrir, en 1974, l’occasion d’endisquer, mais... Le producteur ne connaissait rien à la distribution, le budget d’enregistrement était ridicule, bref les conditions étaient exécrables. Mais Nowik a fait de son mieux pour profiter de l’occasion et, si l’album a fait chou blanc, il porte en lui une vision artistique étonnamment forte. L’étiquette Guerssen vient de rééditer ce disque sur CD. Il s’agit d’une suite instrumentale en 14 mouvements, certains étant très aériens, voire expérimentaux, d’autres plus conventionnels et bluesés. Malgré le fait que l’album soit essentiellement acoustique (et Nowik y joue de nombreux instruments en multipiste) et que les claviers s’y fassent rares, il me fait beaucoup penser aux deux premiers disques de Jade Warrior: même sérénité, même jeux de sonorités et d’influences, même dédain de la forme commerciale. Un disque qui valait la peine qu’on le dépoussière, même si ce n’est pas une grande révélation.

A session multi-instrumentalist from New York, William Nowik was given, in 1974, the opportunity to make his own album, but… The producer knew nothing about distribution, the production budget was ridiculous – tough working conditions. However, Nowik tried to make the best out of the opportunity and, though the LP was a flop, it carries a surprisingly strong artistic vision. The Guerssen label has just reissued this platter on CD. It’s a 14-movement instrumental suite. Some parts are very ethereal, with an experimental slant, while others are more conventional and bluesy. Despite the fact that the album is mostly acoustic (and Nowik plays a LOT of instruments on it) and keyboards are few, I keep being reminded of Jade Warrior’s first two LPs – the same serenity, plays on sonics and influences, and disdain toward commercial music. This record was worth being dusted down, even though it’s not a revelation.

THE EX / Turn (Ex Records)

La parution de la compilation 30 me pousse à retourner dans la discographie de The Ex... et à compléter les trous. Paru en 2004, l’album double Turn marque un sommet dans la carrière de ce groupe. Moins punk que les premiers disques du groupe, plus accessible que les disques de la période expérimentale (peu d’improvisateurs sur Turn), mais une qualité d’écriture frappante (“Listen to the Painters” est un classique à mon avis), une belle palette d’ambiances, et de beaux échanges entre les chanteurs. Il y a de l’urgence sur Turn, ainsi qu’un côté “prenons la mesure de nos accomplissements et écrivons de bonnes chansons”. Un disque mûr à souhait, d’un groupe qui n’a plus rien à prouver, mais qui se donne tout de même à fond. Superbe.

The release on The Ex’s 2-CD comp 30 has motivated me to revisit their discography… and fill out a few holes. Less punk than their first records, more accessible than their experimental phase, but a striking level of songwriting (“Listen to the Painters” is a classic to me), a nice range of moods, some great trade-offs between the singers. There’s a feeling of urgency on Turn, and something of a “let’s take the measure of what we have accomplished and write good songs” attitude. A mature record from a group who don’t have anything to prove anymore, yet give their all, time after time.

2010-01-14: Circulasione Totale Orchestra, Beppe Crovella, Twisted Cabaret

Journal d'écoute/Listening Diary

2010-01-14

CIRCULASIONE TOTALE ORCHESTRA / Bandwidth (Rune Grammofon - merci à/thanks to Forced Exposure)

Voici un album triple du Circulasione Totale Orchestra, le grand ensemble multigénérationnel du saxophoniste norvégien Frode Gjerstad. Un bel objet (chez Rune Grammofon, c’est toujours la grande classe du design) et un solide contenu musical. Trois prestations en concert, trois improvisations collectives fortes en décibels et en revirements. Ça frôle parfois la catastrophe, mais même dans les moments de chaos, on sent que la plupart des musiciens sont à l’écoute, prêts à rebondir, et le train retombe effectivement sur ses rails. TRÈS divertissant. Et une équipe du tonnerre qui mélange jeunes et moins jeunes, Scandinaves et étrangers, musiciens acoustiques et électroniques. Voyez plutôt: outre Gjorstad, Louis Moholo-Moholo, Morten Olsen (Ultralyd, Moha!), Anders Hana (MoHa!, Noxagt), Nick Stephens, Børre Mølstad, Sabir Mateen, Kevin Norton (avec Anthony Braxton pendant un temps), Bobby Bradford, Lasse Marhaug (JazzKammer) et, sur les deux premiers disques Paal Nilssen-Love et Ingebrigt Haker Flaten (The Thing, Scorch Trio), remplacés sur le troisième par Per Zanussi et Hamid Drake. Ouf! Remarquez, que des gars, et ça s’entend. C’est du free chargé en testostérone. [Ci-dessous: Vidéo professionnelle en concert du CTO.]

This is a 3-CD set by the Circulasione Totale Orchestra, Norwegian saxman Frode Gjerstad’s large multi-generational ensemble. A nice object (you always get top graphic design from Rune Grammofon) and solid music within. Three live performances, three decibel-heavy collective improvisations full of twists and turns. At times it border on a catastrophy, although even in the midst of chaos, you can feel how acutely the musicians are listening to each other, ready to bounce back and get the train back on its rails. VERY entertaining. And a stunning cast that mixes up-and-comers with seasoned musicians, Scandinavians with foreigners, acoustic musicians with electronicians. See for yourself: beside Gjerstad, there’s Louis Moholo-Moholo, Morten Olsen (Ultralyd, Moha!), Anders Hana (MoHa!, Noxagt), Nick Stephens, Børre Mølstad, Sabir Mateen, Kevin Norton (with Anthony Braxton for a while), Bobby Bradford, Lasse Marhaug (JazzKammer) and, on the first two discs, Paal Nilssen-Love and Ingebrigt Haker Flaten (The Thing, Scorch Trio), replaced on disc three by Per Zanussi and Hamid Drake. Phew! And please do note that there’s not a single female on board, and it shows. This is testosterone-loaded free jazz. [Below: Professional live video of the CTO.]


BEPPE CROVELLA / What’s Rattlin’ On The Moon? A personal vision of the music of Mike Ratledge (Moonjune)

Beppe Crovella est le claviériste du groupe prog-fusion italien Arti & Mestieri. À l’invitation de Leonardo Pavkovic, directeur de l’étiquette Moonjune, le voici qui propose un disque hommage à la musique de Mike Ratledge, claviériste légendaire de Soft Machine. Crovella a travaillé seul, sur des pianos électriques, des orgues, un clavinet et un mellotron, tous instruments “vintage” (pas d’émulateurs!). Ses réinterprétations sont très libres, franchement étonnantes, et très belles. Elles font ressortir l’originalité de l’audace de l’écriture de Ratledge. L’approche est si personnelle que j’avais parfois l’impression d’écouter un disque du jeune Klaus Schulze plutôt que du Ratledge - c’est dire! Après une dizaine de titres, Crovella ajoute six courtes pièces de son crû, inspirées par ce projet. Bravo.

Beppe Crovella is the keyboardist for Italian prog-fusion band Arti & Mestieri. On an invitation from Moonjone owner Leonardo Pavkovic, he delivers a tribute record to legendary Soft Machine keyboardist Mike Ratledge. Crovella worked alone on a range of electric pianos and organs, plus a clavinet and a mellotron (all actual vintage machines, no emulators). His reinterpretations are freeform, extremely personal, downright surprising, and beautiful. They highlight how original and bold Ratledge’s writing was. Crovella’s take on the material is so personal that at times I could have been fooled into believing I was listening to some early Klaus Schulze instead of Ratledge-inspired music. After ten Ratledge titles, Crovella adds six short pieces of his own, all inspired by this project. Bravo.


ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Twisted Cabaret, Vol. 1 (Volvox Music - merci à/thanks to Dense Promotion)

Quelle compilation agréable! L’étiquette VolVox Music publie Twisted Cabaret, Vol. 1, un survol des artistes actuels s’inspirant ou détournant le style cabaret de Weimar. L’album est publié sous deux formes: CD seul et CD+DVD. Le CD propose 18 chansons dans le style cabaret, soit du swing tordu à la torch song sulfureuse, chaque chanson étant glorifiée par ses propres excès. Dix-huit artistes, dont certains inconnus, mais d’autres au profil important: The Legendary Pink Dots (une chanson exclusive), The Residents et The Dresden Dolls, entre autres. Le DVD présente des vidéos de pièces différentes de la même brochette d’artistes. Le contenu du DVD est TRÈS inégal, autant en qualité créative qu’en qualité technique - les deux vidéos en concert des Dots sont filés à une caméra et le transfert est douteux. Et ce n’est qu’un exemple. Optez pour la version CD seulement, elle vaut vraiment la peine. [Ci-dessous: La bande-annonce de l’album.]

What a nice comp! The VolVox Music label releases Twisted Cabaret, Vol. 1, an overview of current artists drawing inspiration or deconstructing Weimar cabaret. The album is being released in two editions: a CD and a CD+DVD deluxe package. The CD includes 18 songs in the cabaret style ranging from twisted swing to scorching torch song, all performances being glorified by their own excesses. Eighteen artists, some unknown, others much better known, such as The Legendary Pink Dots (an exclusive song), The Residents, and The Dresden Dolls. The DVD features videos of different tracks by the same selection of artists. The DVD’s contents are VERY uneven, both in creative and technical quality - the two live Dots videos are filmed with a single camera and the transfer qualityis dubious at best. And that’s only one example. Go for the CD-only version, it’s worth it. [Below: Official trailer of the album.]

2010-01-13

2010-01-13: Kraabel/Weston/Sanders, Amp2/Hodgkinson, Iron Kim Style, The Third Eye, Edward Ka-Spel

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-01-13

CAROLINE KRAABEL, VERYAN WESTON & MARK SANDERS / Playtime (Mass Producers)

Un trio d’improvisation un peu inhabituel, en ceci que Caroline Kraabel chante presque autant qu’elle joue du saxo, et pas des vocalisations. Non, des chansons en bonne et due forme, avec des textes en français et anglais. Son approche mélodique fait penser à Dagmar Krause. Et cela convient très bien au style d’impro très anglais développé par Mark Sanders (batterie) et Veryan Weston (piano), ce dernier, par sa longue association avec Phil Minton, étant habitué à improviser en mode chanson. Un beau disque qui surprend et décontenance quelque peu.

An unusual free improvisation trio, for Caroline Kraabel sings almost as much as she plays saxophone, and I’m not talking about vocalization. She sings actual songs, in both French and English. Her approach to melody is somewhat akin to Dagmar Krause’s. And that agrees very well with the very English type of free improvisation performed by Mark Sanders (drums) and Veryan Weston (piano) – the latter is used to improvising in song mode, thanks to his long-standing association with Phil Minton. A fine record, surprising and slightly destabilizing.


AMP2 + TIM HODGKINSON / Hums (Bowindo Recordings)

Impossible de ne pas faire une comparaison entre ce disque et la collaboration du milieu des années 90 entre Tim Hodginson (de Henry Cow) et Ossatura. On peut tisser plusieurs parallèles entre AMP2 (Advanced Music and Mixed Media Pool Palermo) et Ossatura. Tous deux sont Italiens, tous deux sont des groupes d’improvisation électroacoustique. Et tous offrent un solide alignement de musiciens. Dans le cas d’AMP2: Dario Sanfilippo, Marco Pianges, Antonino Secchia, Gandolfo Pagano et Domenico Sciajno, pour une lutherie combinée incluant portables, électroniques, guitare préparée et percussions. À cela s’ajoute la lapsteel, les électroniques et les clarinettes de Hodgkinson, qui plongent dans le bain avec un plaisir évident. La musique de ce projet est bruyante, sonore, multitexturale, multidirectionnelle aussi, et diantrement captivante. Ce n’est pas une écoute facile, mais c’est du solide.

It’s hard not to draw parallels between this record and the mid-‘90s collaboration between Tim Hodgkinson (of Henry Cow fame) and Ossatura. Like Ossatura, AMP2 (Advanced Music and Mixed Media Pool Palermo) is an Italian electroacoustic improvisation group with a solid line-up: Dario Sanfilippo, Marco Pianges, Antonino Secchia, Gandolfo Pagano, and Demenico Sciajno. The instrumentation includes laptops, electronics, prepared guitar, and percussion, to which Hodgkinson adds his lapsteel, electronics, and clarinets. And Hodgkinson really dives in with gusto, clearly having fun. The music is noisy and moise-based, multi-textural, multi-directional, and darn captivating. It’s not an easy listen, but it’s definitely strong.


IRON KIM STYLE / Iron Kim Style (Moonjune)

Iron Kim Style est un projet d’improvisation rock/avant-prog mettant en vedette Dennis Rae (guitariste de Moraine), plus Bill Jones (trompette), Jay Jaskot (batterie), Thaddaeus Brophy (guitare) et Ryan Berg (basse). Dix pièces variant entre deux et dix minutes, propulsées par une forme d’improvisation complexe mais puissante, puisant dans le fusion et le rock-in-opposition. De manière un peu simpliste, on pourrait dire qu’il s’agit d’une version non structurée (soit sans matériel composé) de Moraine. On pourrait aussi dire que c’est Bitches Brew passé dans le tordeur. [Ci-dessous: Plusieurs extraits de l’album sur cette page.]

Iron Kim Style is a rock/avant-prog improvisation project featuring Moraine guitarist Dennis Rae, plus Bill Jones (trumpet), Jay Jaskot (drums), Thaddaeus Brophy (guitar), and Ryan Berg (bass). Ten tracks ranging between two and ten minutes, all driven by a complex and powerful form of improvisation that draws from fusion and rock-in-opposition. In simplistic terms, I could describe it as an unstructured Moraine. Or as a warped take on Bitches Brew. Not always subtle, but impressive. [Below: Several audio clips on this piage.]

http://www.moonjune.com/MJR031.htm


THE THIRD EYE / Searching (Shadoks - merci è/thanks to Forced Exposure)

Deuxième album de ce groupe de rock psychédélique sud-africain, paru en 1969 comme leur premier (Awakening…) – leurs trois disques viennent d’être réédités par Shadoks (avec les mêmes notes de livret pour chaque disque). Il s’agit cette fois d’un disque de chansons originales. L’écriture de Maurice Saul est intéressante, puissante, quoique très naïve au chapitre du message politique. Malheureusement, ses prouesses vocales sont beaucoup moins impressionnantes. Cela dit, “A Sad Tale” est une chanson solide et “Awakening” (une suite de 14 minutes) a un certain charme naïf. [Ci-dessous: un extrait de la chanson “Awakening”.]

The second LP by this South-African psychedelic rock band, first released in 1969 like their debut (Awakening...) – all three have just been reissued by Shadoks (with the same liner notes reprinted in all three booklets). This one contains only original material. Maurice Saul’s songwriting is interesting, powerful, though extremely naive in the political messages it conveys. Sadly, his vocal prowess is a lot less impressive. That said, “A Sad Tale” is a strong song and “Awakening” (a 14-minute suite) has its campy charm. [Below: An excerpt from the song “Awakening.”]


THE THIRD EYE / Brother (Shadoks - merci è/thanks to Forced Exposure)

Troisième et dernier disque du groupe, paru en 1970. Celui-ci comporte deux chansons écrites par Maurice Saul, trois créditées au groupe, plus une lecture plutôt épique (huit minutes) du classique “Fire” d’Arthur Brown -- l’occasion pour l’organiste Dawn Selby de briller. C’est le disque le plus satisfaisant du groupe, le plus excitant aussi. Ici, on a droit à du bon rock psychédélique, avec plus de profondeur et de viande.

The Third Eye”s third and final LP, this one originally released in 1970. It contains two songs written by Maurice Saul, three credited to the whole band, plus a rather epic (eight-minute) cover of Arthur Brown’s classic hit single “Fire”, a showpiece for organist Dawn Selby. This is this band’s most satisfying and exciting record. A good slab of psychedelic rock, with some depth and meat around the bone.


EDWARD KA-SPEL / Melancholics Anonymous (Beta-lactam Ring)

D’abord paru en édition limitée, maintenant disponible en version numérique, Melancholics Anonymous est une compilation de pièces rares (surtout des pièces boni des éditions vinyle de O’er a Shalabast’r Tyde Strolt Ay et Pieces of Eight, plus un 10 pouces). Pas du grand Ka-Spel (leader des Legendary Pink Dots, au cas où vous ne le sauriez pas), mais tout de même du bon Ka-Spel, avec un récitatif rigolo, une ou deux chansons et des pièces plus ambiantes et expérimentales (collage sonore).

First released in a limited edition, now widely available as a digital download, Melancholics Anonymous is a compilation of rare tracks (mostly bonus tracks included on the vinyl versions of O’er a Shalabast’r Tyde Strolt Ay and Pieces of Eight, plus a 10” EP). This is not great Ka-Spel (he’s the leader of The Legendary Pink Dots, in case you didn’t know), but good Ka-Spel nonetheless, with a funny recitation, a couple of songs, and more ambiant/experimental tracks (sound collages).

2010-01-12: Jacques Demierre

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-01-12


JACQUES DEMIERRE / Pièces sur textes (Éditions Héros-limite)

Jacques Demierre est pianiste, mais aussi poète sonore. Pièces sur textes réunit dont un coffret sobre et élégant trois oeuvres dans cette veine, toutes enregistrées récemment. Chaque oeuvre est présentée sous forme de disque inséré dans un livre qui contient le texte intégral. Trois livres-disques, quoi. Le texte de Save Our Ship (70 minutes) s’inspire des exercices d’apprentissage du code morse. Les courtes successions de lettres, de points et de respirations ont une allure plus qu’étrangère, extra-terrestre, mais la livraison (par Christian Kesten) est si convaincante qu’on croit à ce language fragmentaire. Chaque poème est d’abord lu-interprété par Kesten, puis par la clarinettiste Isabelle Duthoit, suivant un processus de transcription qui m’échappe pour l’instant mais qui donne des pièces tout aussi étranges. Un excellent disque, troublant, long, mais à l’intérêt soutenu. The Languages Came First, The Country After (70 minutes) est une autre histoire. Ici, une poignée de mots tiré du vocabulaire elfique développé par Tolkien sont arrangés pour trois voix (Anne Cardinaud, Vincent Barras, Jacques Demierre) qui récitent ces litanies de mots sur un ton neutre, précis, martelé... pendant plus d’une heure. Même approchée comme une œuvre minimaliste, aux répétitions hypnotiques, celle-ci devient rapidement lassante. Le dernier disque, 17 (43 minutes) est tout autre chose. Les textes sont issus de la réduction et de la distillation de la partition vocale “Play” de Christian Wolff, mais interprétés par deux musiciens: Laurent Estoppey (saxo, objets) et Anne Gillot (flûte à bec, objets). Cela donne de courtes pièces qui semblent improvisées (et le sont dans une large mesure, j’imagine). Ainsi, trois approches bien différentes de la relation mot-son, aux résultats variables, mais le tout présenté en un beau coffret économe d’espace et riche en matières à réflexion.

Jacques Demierre is best known as a pianist, but he is also a sound poet. Pièces sur textes culls in a sober and elegant box set three sound poetry works, all recently recorded. Each work is included as a CD inserted in a book that contains the text. The text for Save Our Ship (70 minutes) was inspired by Morse code exercises. The short strings of letters, dots, and breaths have an extremely strange feel, almost alien, but the delivery (by Christian Kesten) is so convincing that you actually believe in this fragmentary language. Each short poem is first read/performed by Kesten, then by clarinetist Isabelle Duthoit following a transcription process that I don’t quite understand but retains the alien factor. An excellent, troubling record, a bit long but it sustained my interest. I can’t say the same about The Languages Came First, The Country After (70 minutes). Here, a handful of words taken from Tolkien’s elvin language are arranged for three voices (Anne Cardinaud, Vincent Barras, Jacques Demierre) that recite in a neutral, precise, rhythmical tone… for over an hour. Even approached as a minimalist work with hypnotic repetitions, this gets tiresome quickly. Disc 3, 17, (43 minutes) is a different beast. The text is a reduction and distillation of Christian Wolff’s vocal score “Play”, here performed by two musicians: Laurent Estoppey (sax, objects) and Anne Gillot (recorder, objects). The music consists of short pieces that sound improvised (and probably are to a large extent). So here you go: three very different takes on the relationship between word and sound, with variable results, all presented as a space-efficient box set that’s shock-full of ideas.


Et quelques deuxièmes écoutes pour le Délire musical de ce soit (JackOut: Saturnalia; Umberto Echo: Dub the World; [na]palmt[h]ree: CPACQVER)

I’ll be spending the rest of the day giving second spins to material for possible airplay on Délire musical tonight (JackOut: Saturnalia; Umberto Echo: Dub the World; [na]palmt[h]ree: CPACQVER).

2010-01-12

Délire actuel, 2010-01-12

DÉLIRE ACTUEL

Édition du 12 janvier 2010
Show aired on 12 January 2010

DESCRIPTION
DESCRIPTION


(Surtout du) jazz actuel: Les éditions de fin d'année sont terminées, retour au menu régulier. Et les nouveautés se sont empilées! Commençons donc à les éplucher par genre, en partant du jazz actuel. Nouveautés et rééditions récentes.
(Mostly) Avant-Jazz: The year-end shows are over, so let's get back to our regular menu. And since new releases have piled up since December, let's embark on a genre-by-genre journey for the next few weeks, starting with avant-jazz. New releases and recent reissues.

*SUN RA / This Song Is Dedicated to Nature's God (3:57) + The Ridiculous *I* and the Cosmos Me (4:42) - The Antique Blacks (Art Yard)
*SUN RA / Dance of the Cosmo Aliens (11:04) - Disco 3000 (Art Yard)

**WADADA LEO SMITH / South Central L.A. Kulture (12:37) + Pacifica (5:49) - Spiritual Dimensions (Cuneiform)

ARAM SHELTON'S FAST CITIZENS / In Cycles (9:09) - Two Cities (Delmark)

***NO ZEN / Live! au Upstairs (Malasartes)
DANA REASON TRIO / Transition (5:43) - Revealed (Circumvention Music)
**MINAMO / Akai Kaze - Red Wind (10:01) + Suiheisen - Between Sky and Water (3:56) - Kuroi Kawa - Black River (Tzadik)

THE NECKS / Silverwater (extrait/excerpt: 14:00 - 27:00 = 13:00) - Silverwater (ReR Megacorp)

ERIC WATSON / Midnight Torsion (4:03) + Nevermore (5:01) - Midnight Torsion (Émouvance)


Merci à/Thanks to:
*ReR Megacorp
**Braithwaite & Katz
***DAME


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

WADADA LEO SMITH
En concert avec son Golden Quartet (court extrait).
Live footage with his GOlden Quartet (short clip).


THE NECKS
En concert.
Live performance.

Délire musical, 2010-01-12

DÉLIRE MUSICAL

Édition du 12 janvier 2010
Broadcast Date: 12 January 2010

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST


Thème/Theme: GABBY LA LA / Pirates - Be Careful What You Wish For (Prawn Song)

CASPIAN / Malacoda (5:04) - Tertia (The Mylene Sheath)
THE BANJO CONSORSIUM / Grinkler (4:16) - A Turning One (ind.)
SLEEP WHALE / Still Drumming (4:49) - Houseboat (Western Vinyl)
SAGOR & SWING / Flicken och jäffen (3:13) - Melodier och faglar (Häpna)

*UMBERTO ECHO / I Do Voodoo Dub (5:29) - Dub the World (Echo Beach)
AMON TOBIN / Like Regular Chickens (5:16) - Permutation (Ninja Tune)
JACKOUT / In Me (4:02) - Saturnalia (Slam Productions)

GOGOL BORDELLO / Let's Get Radical (3:59) - Multi Kontra Culti vs Irony (Rubric Records)
**THE EX / Listen to the Painters (4:15) - 30 Years of The Ex (Ex Records)

MAHAVISHNU ORCHESTRA / Miles Beyond (4:47) - Birds of Fire (Legacy)
Lien

merci à/thanks to:
*Forced Exposure
**Dense Promotion


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

SAGOR & SWING
Vidéo officielle d'une autre chanson du même album.
Official video of another track from the same album.



MAHAVISHNU ORCHESTRA
En concert, 1972.
Live 1972.

2010-01-11

2010-01-11: Circle & Line, Superimpose, Martin Streule Jazz Orchestra

Journal d'écoute/Listening Diary

2010-01-11

CIRCLE & LINE / 2 (Leo Records)

Il y a une dizaine d’années, le saxophoniste Donat Fisch et le percussioniste Christian Wolfarth publiait un premier disque en duo sous le titre Circle & Line. Leo Records vient de produire une nouvelle session entre ces deux jazzmen. Les compositions de Fisch sont simples, avec des thèmes sentis et langoureux. Mais l’improvisation domine dans ce duo, une improvisation vive et branchée dans le moment présent. Un beau disque. J’étais moins familier avec Fisch, plus avec Wolfarth (dont le plus grand fait d’armes, dans mon livre, est sa participation au groupe Momentum de John Wolf Brennan).

Ten years ago, saxophonist Donat Fisch and percussionist Christian Wolfarth released their first duo CD under the title Circle & Line. Leo Records has just produced a new session. Fisch’s compositions are simple and feature soulful themes. But improvisation prevails in this duo, a lively form of improvisation that’s anchored in the here and now. A fine record. I was less familiar with Fisch, more with Wolfarth (whose career highlight, at least i my book, is his playing in John Wolf Brennen’s Momentum).

SUPERIMPOSE / Talk Talk (Leo Records)

Beaucoup de duos dans cette dernière fournée de l’étiquette Leo Records (le Maneri/Harada aussi). Celui-ci met en scène le tromboniste Matthias Müller et le batteur Christian Marien, dans une session en studio d’improvisation libre. Un disque relativement court (43 minutes) composé de six improvisations énergiques et occupées, une musique volubile et expressive. Pas remarquable, mais honnête et bien fait.

Lots of duo CDs in Leo Records’s latest batch of releases (there’s also the Maneri/Harada CD). This one features trombonist Matthias Müller and drummer Christian Marien in a free improv studio session. A rather short record (43 minutes) consisting of six driving and busy improvisations. Talkative and expressive music. Not remarkable, but honest and well done.

MARTIN STREULE JAZZ ORCHESTRA / Fire (Unit Records)

Troisième d’une série de Martin Streule sur les quatre éléments (malheureusement, j’ai manqué Water et Earth, respectivement en 2005 et 2007). Un jazz actuel d’ensemble élégant, racé, poignant parfois (comme dans “Going Down”). Un ensemble de 17 musiciens (plus Streule à la direction) dans une instrumentation “stage band” (que des cuivres, plus section rythmique). Quatre pièces de 17 à 18 minutes, aux mouvements amples et gracieux. Des solos intelligents sans être mirobolants, des mélodies aguichantes sans être putatives. Du très très beau travail, pertinent, moderne, mais résolument jazz.

The third album in a series on the four elements (sadly, I seem to have missed Water and Earth, respectively released in 2005 and 2007). Elegant, sophisticated, occasional poignant (as in “Going Down”) big band modern jazz. A 17-piece ensemble (plus Streule conducting) in a “stage band”-type instrumentation (only brass instruments, plus a rhythm section). Four 17-to-18-minute pieces full of gracious movements. Intelligent though not stunning solos, catchy though not putative melodies. Very very nice work, relevant, modern, though resolutely jazzy.