Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

Home of François Couture's music journalism and activism.

2013-11-29

Édition spéciale 20e anniversaire de décès de FRANK ZAPPA

Mes deux émissions radiophoniques, Délire musical et Délire actuel, unissent leurs forces et leurs cases horaires pour présenter une édition spéciale de 3 heures, le mardi 3 décembre 2013, afin de souligner le 20e anniversaire de décès du grand FRANK ZAPPA.

Je coanimerai cette émission avec un vieil ami et un grand connaisseur de Zappa, François Bussière.

Joignez-vous à nous! Soyez à l'écoute!

Délire musical / Délire actuel: édition spéciale ZAPPA
CFLX 95.5 FM et www.cflx.qc.ca/en-direct/
Mardi 3 décembre 2013, de 19h à 22h (heure de l'Est)

Page de l'événement sur Facebook/Event Page:
https://www.facebook.com/events/329668043837921

Promo radio en ondes à CFLX/Radio promo currently on the air:


My two radio shows, Délire musical and Délire actuel, are joining forces and time slots to present a special 3-hour edition to commemorate the passing of FRANK ZAPPA, 20 years ago. I will be hosting this show with an old friend and Zappa connoisseur, François Bussière. The show is hosted in French.

Join us! Tune in!

Délire musical / Délire actuel's Special ZAPPA Show
CFLX 95.5 FM (Sherbrooke, Quebec) and www.cflx.qc.ca/en-direct/
Tuesday December 3, 2013, 7-10pm (Eastern)

2013-11-28: Fanny Lasfargues, Radiation 10, Staer, Rom/Schaerer/Eberle, Zevious

Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-11-28

FANNY LASFARGUES / Solo (Coax Records)
C’est ma première rencontre (je crois) avec le travail de la jeune contrebassiste Fanny Lasfargues, qui a tout de même une belle feuille de route. Et ce Solo déjoue toutes les attentes qu’on pourrait avoir envers un album de contrebasse solo. Fanny joue aussi de la basse électroacoustique et utilise beaucoup de pédales, sans oublier des techniques de jeu inusitées. La suite “B7” (33 des 39 minutes de l’album) fait appel à tout ça, d’une manière solidement structurée – les premières dix minutes sont incroyablement enlevantes, chaque changement, chaque nouvelle idée étonne. Le reste de l’album est plus faible, mais rendu là, on s’en fout. J’attends avec impatience la suite que donnera Lafargues à ce premier disque solo.
This is my first time (I think) hearing the work of young bass player Fanny Lasfargues, who already has a solid resume. And this Solo goes against every expectation you may entertain from a solo doublebass record. See, Fanny also plays electro-acoustic bass and uses lots of effects pedals, not to forget extended techniques. The “B7” suite (33 minutes out of the album’s 39) makes use of all that, in well-structured ways – the first ten minutes are incredibly compelling, each change, each new idea managing to surprise the listener. The rest of the album is weaker, but by then I didn’t care. I will be eafgerly awaiting Lafargues’ follow-up.

RADIATION 10 / Bossa Super Nova (Coax Records)
Je ne sais pas si c’est signe que je deviens blasé, mais je m’intéresse plus aux solos et aux grands ensembles qu’aux trios, quatuors et quintettes. Radiation 10 est un nonette (oui, je sais, je m’attendais à dix musiciens moi aussi) qui semble être le fer de lance du collectif Coax – on y trouve des membres de Métal-o-Phone et de 21 (chroniqués dans l’entrée du 2013-11-25/26), entre autres. Il s’agit d’un groupe essentiellement acoustique, sauf pour la guitare et le Fender Rhodes. Cuivres, clarinette, violon, contrebasse, vibraphone et batterie complètent l’instrumentation. Bossa Super Nova propose dix pièces sans titre, des compositions créditées au groupe, de vraies compos, serrées, soignées, souvent puissantes. Ce disque a de la poigne et de la gueule. Les parties 5 et 10 torchent merveilleusement. Y a de quoi rappelé les ensembles similaires du collectif Circum. Bref, c’est un must. Un gros gros must. Sur CD ou vinyle. Et en passant, c’est le quatrième disque Coax Records que j’écoute cette semaine, et ce label commence à afficher une solide moyenne au bâton. Leur site Internet propose plusieurs extraits en écoute libre. Allez-y.  [Ci-dessous: La piste numéro 6.]
I don’t know if it means I’m getting jaded, but it seems that my interests lie more in solos and large ensembles these days – I think I just heard too many trios, quartets and quintets. Radiation 10 is a nonet (yeah, I expected a tentet too). It seems to be the Coax collective’s flagship, with members of Métal-o-Phone and 21 (both reviewed in the 2013-11-25/26 entry), among other projects. A big band if you will, mostly acoustic, except for guitar and Fender Rhodes, with brass, clarinet, violin, doublebass, vibraphone and drum kit rounding up the instrumentation. Bossa Super Nova features ten untitled compositions credited to the whole group, actual compositions, tight, complex ones, and they pack a punch. This record has torque and attitude. Parts 5 and 10 are huge thrill rides. This band reminds me of similar ensembles from the Circum collective. In other words, this one’s a must-have. A big must-have. On CD or LP. And by the way, this is the fourth Coax Records release I review this week, and that label is starting to show a commanding batting average. Their website offers to stream tracks from all their releases. Maybe you should head over there.  [Below: Listen to track 6.]

STAER / Daughters (Horse Arm – merci à/thanks to Dense Promotion)
Deuxième album studio du groupe Staer, qui fait dans le brutal prog – un rock fort, complexe, bruitiste, apocalyptique. La guitare est perçante à en faire mal, mais le jeu d’ensemble est précis où il faut et se relâche dans des moments de flottement, comme “One Million Love Units”. Le saxophoniste Kjetil Møster (Ultralyd) fait une apparition surprise.
Second studio album from Staer, a band that delves into brutal prog – loud, complex, noisy, apocalyptic rock. Ear-splitting guitar tone. The band is very tight where it counts and knows how to get looser in moments of near-zero gravity, like in “One Million Love Units.” Sax player Kjetil Møster (of Ultralyd) makes a guest appearance.

ROM • SCHAERER • EBERLE / At the Age of Six I Wanted to Be a Cook (Unit Records)
Deuxième album entre le vocaliste et beat-boxer Andreas Schaerer, le trompettiste Martin Eberle et le guitariste Peter Rom. Chansons sans paroles, exercices de style, jeux d’improvisations étonnament composés. Les discours des trois musiciens se croisent et se suivent sans se fondre, sauf dans des moments bien spécifiques, comme la ballade “Lou”, la pièce la plus orthodoxe de ce disque. Plus satisfaisant que leur premier album, plutôt accessible, avec un bel humour.
Second album between vocalist/beatboxer Andreas Schaerer, trumpeter Martin Eberle, and guitarist Peter Rom. Wordless songs, exercises in style, improvisational games that turn out to be composed (surprisingly). The musicians’ narratives criss-cross and follow rach other without actually melding – and that’s fine – except in very specific moments, like the ballad “Lou”, the most orthodox piece on this record. More satisfying than their debut album, and rather accessible, with a fine dose of humour.

ZEVIOUS / Passing Through the Wall (Cuneiform)
Deuxième album de Zevious pour l’étiquette Cuneiform (leur troisième en tout?). Je suis rendu que je les préfère à Ahleuchatistas: un son plus plein, même en power trio, et une écriture plus facile à suivre (bien que je sois rarement pro-facilité). “White Minus Red” et “Plying the Cold Trade” frappent un bel équilibre entre puissance, lenteur et profondeur.
Second album by Zevious on Cuneiform (their third overall?). I have grown to prefer these guys over Ahleuchatistas: a rounder sound and songwriting that’s easier to follow (though I’m rarely pro-easier). “White Minus Red” and “Plying the Cold Trade” strike a fine balance between power, slowness and depth.


2013-11-28

2013-11-27: Gallio/Streuli, Dusan Jevtovic, Dewa Budjana

Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-11-27

CHRISTOPH GALLIO & BEAT STREULI / Road Works (Percaso)
Collaboration multimédia entre le saxophoniste-compositeur Christoph Gallio et le cinéaste Beat Streuli, livrée ici sous la forme d’un combiné CD+DVD (la piste audio est la même sur les deux). La partie musicale est conçue comme une seule pièce de 49 minutes constituée de 72 fragments très courts (de quelques secondes à deux minutes). Il s’agit d’une forme compositionnelle dans laquelle Gallio excelle (cf. les deux disques de son projet Mösiöblö). Il est accompagné par Andrea Neumann (cadre de piano), Ernst Thoma (synthé), Dominique Girod (contrebasse) et Julian Sartorius (batterie) – une excellente équipe. On entend aussi plusieurs événements sonores préparés (échantillons). La partie cinématographique est elle aussi conçue comme une succession de courts moments: des scènes filmées en ville, aux abords de chantiers de la voirie, en cadrage très rapproché. On voit donc des détails, des fragments de voitures à l’arrêt, de vitrines, de passants. Le découpage de l’audio et du visuel ne concordent pas – les deux éléments suivent leur propre voie, mais leur rapprochement est intrigant. Cela dit, la musique se suffit parfaitement à elle-même. D’ailleurs, son côté fragmentaire et les nombreuses surprises qu’elle réserve font penser à la musique actuelle québécoise (les suites de Jean Derome, de Robert Marcel Lepage ou même de Michel F. Côté). [Ci-dessous: un extrait du DVD.]
A multimedia collaboration between sax player/composer Christoph Gallio and filmmaker Beat Streuli, delivered as a CD+DVD package (CD and DVD have the same audio track). The music is designed as a single 49-minute piece made of 72 very short fragments (a few seconds to a couple of minutes). This form of composition is something Gallio excells at – see the two CDs from his project Mösiöblö. Gallio’s group here includes Andrea Neumann (inside piano), Ernst Thoma (synth), Dominique Girod (double bass), and Julian Sartorius (drums) – a stellar team. There are also several samples. The film part adopts a similar form: a series of short moments: raw footage filmed in the city, near roadwork sites, in extreme close-ups. We see details of idling cars, building windows, and passers-by. The audio and the video fragments don’t sync – both strings follow their own path, but their being together forms an intriguing proposition. However, the music stands perfectly well on its own. In fact, since it is fragmentary in nature and has many surprises in store for the listener, it could be compared to Québécois musique actuelle – I’m thinking of suites by Jean Derome, Robert Marcel Lepage, or even Michel F. Côté.  [Below: An excerpt from the DVD.]

DUSAN JEVTOVIC / An I Walking Wrong? (Moonjune)
Le guitariste espagnol Dusan Jevtovic est un nouveau chez Moonjune. Cet album en trio (avec Bernat Hernandez à la basse et Marko Djordjevic à la batterie) se confine largement au jazz-rock format power trio. Sauf qu’il y a “Embracing Simplicity”, un morceau à la mélodie très simple, d’une grande intensité émotionnelle. Pour le reste, Jevtovic propose un bon équilibre entre dextérité et intelligence. L’album n’est pas dénué d’humour, non plus, mais j’ai peu d’intérêt pour ce type de jazz-rock.
Spanish guitarist Dusan Jevtovic is a newcomer on Moonjune Records. This trio CD (with Bernat Hernandez on bass and Marko Djordevic on drums) sticks mostly to the jazz-rock power trio formula. Except for “Embracing Simplicity,” a stunning piece where a very simple, yearning melody takes us on a highly emotional ride. On the rest of the album, Jevtovic strikes a sound balance between prowess and intelligence. The album also shows a sense of humour, but I don’t have much interest for this brand of jazz-rock.

DEWA BUDJANA / Joged Kahyangan (Moonjune)
Deuxième album solo du guitariste indonésien Dewa Budjana chez Moonjune (son quatrième en tout). Il est à nouveau accompagné de musiciens américains (Larry Goldings, Bob Mintzer, Jimmy Johnson, Peter Erskine), mais, cette fois, aucun musicien indonésien ne vient élargir la palette (il y en avait une vingtaine en tout sur Dawai in Paradise). Ainsi, pas d’élément “exotique” sur ce nouvel opus. Dommage. Cela dit, Budjana a une belle écriture et un jeu joliment coulant. La section rythmique l’appuie plutôt bien, et Goldings demeure un organiste de jazz de première. Les saxos et les clarinettes de Mintzer sont trop sirupeux à mon goût. Quant à la présence de la chanteuse Janis Siegel sur “As You Leave My Nest”… beaucoup trop sentimentale, même si son texte (sur le départ d’un enfant du nid familial) est bien tourné. Impressions mitigées, donc, qui viennent surtout de ce désir que semble avoir Budjana de sonner américain…
Second solo album by Indonesian guitarist Dewa Budjana on Moonjune (his fourth overall). Once again backed by American musicians (Larry Goldings, Bob Mintzer, Jimmy Johnson, Peter Erskine), but no Indonesian musicians to expand the sound palette this time (there were 20 in all featured on Dawai in Paradise). So this one doesn’t have the “exotic/world music” element. Too bad. That being said, Budjana has fine compositional skills and a nicely flowing playing style. The rhythm section supports him rather well, and Goldings remains a top jazz organist, but Mintzer’s saxes and clarinets are too shmaltzy for my taste. As for singer Janis Siegel’s guest appearance on “As You Leave My Nest”… way too sentimental for me, even though her lyrics are moving. So I have mixed feelings about this CD, mostly because of Budjana’s insistence on sounding like an American jazzman…


2013-11-27

2013-11-25/26: Copernicus, The Claudia Quintet, Chrome Hoof, 21, Metal-o-Phone, Brigitte Fontaine

Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-11-25/26

COPERNICUS / L’Éternité immédiate (Nervermore – merci à/thanks to Moonjune)
J’aime bien Copernicus – son personnage, ses musiques, son propos. Or, avec L’Éternité immédiate, c’est la débandade. Je m’explique: en 2001, Copernicus enregistre Immediate Eternity en Équateur, avec des musiciens équatoriens, en espagnol et en anglais. Il considère encore aujourd’hui qu’il s’agit de son meilleur album en carrière. Au cours des deux années suivantes, il a réenregistré des paroles en fançais et en allemand. En 2013, à l’occasion d’une longue entrevue dans un magazine français, son étiquette Nervermore a réédité L’Éternité immédiate pour les marchés européen et québécois. Bon. Musicalement, c’est très enlevé comme disque, et les paroles compteraient parmi les meilleurs textes de Copernicus – qui, à l’aide de notions de physique quantique, cherche à nous convaincre que la réalité n’existe pas. Le problème, c’est que ces textes français sont très mal traduits. Un exemple: la première phrase de “Libre de moi”: “J’ai fermé les yeux au bruit environ de moi et J’ai couvri à la noire tachée avec ma connaissance élémentaire de l’atome.” Maintenant, ajoutez à ce type de traduction le fait que Copernicus ne maîtrise pas la prononciation du français (un exemple récurrent: le mot “sens”, dans sa bouche, sonne comme “sang”). C’est malheureux, parce que “Le bâton” est un groove monstrueux au texte décapant, entre autres moments forts. Je vais me trouver un exemplaire de la version anglaise.
I really like Copernicus – his character, his music, his discourse. But L’Éternité immédiate is a misstep. In 2001, Copernicus recorded Immediate Eternity in Equator, with local musicians, in both Spanish and English. He still calls it his best album ever. In the next two years, he recorded French and German versions of the same material. In 2013, in conjunction with the publication of a lengthy interview in a French magazine, Copernicus’s imprint Nevermore reissued L’Éternité immédiate for the European and Quebecois markets. It’s a good record musically, quite gripping, and the texts are very strong indeed, but the French translations are of very poor quality, and Copernicus’ often ill-advised pronunciation makes his lyrics even harder to decipher. It just doesn’t work out in French. Too bad, because “Le bâton” (“The Stick”) is one phenomenal groove, among other highlights. Guess I’ll just have to find me a copy of the English version.

THE CLAUDIA QUINTET / September (Cuneiform)
Il y a une lenteur suave à la musique du Claudia Quintet. September regorge de pièces longues, mais aussi de longueurs, peut-être parce que l’instrumentation du groupe (accordéon, clarinette, vibraphone, basse acoustique, batterie) limite la palette sonore. Une suavité qui plonge souvent dans la mélancolie automnale. Belle écriture tout de même, appartenant à un jazz créatif mais accessible associé à l’étiquette Songlines. Mais ce disque me convainc moins que les albums précédents du groupe de John Hollenbeck.
There is a suave slowness to The Claudia Quintet’s music. September is full of long pieces and overlong passages – perhaps because the instrumentation (accordion, clarinet, vibes, acoustic bass, drums) reduces the scope of the sound palette. Autumnal melloncholy. Very fine writing though, belonging to a creative yet accessible form of jazz reminiscent of the Songlines label. But I find this opus from John Hollenbeck’s group definitely less convincing than their previous titles.

CHROME HOOF / Chrome Black Gold (Cuneiform)
C’était quoi, ça?!? Chrome Hoof, la créature de Leo Smee, est un groupe de métal/funk/disco/prog/techno/ska. Oui. “Knopheria” est la seule chanson de tout le catalogue de l’étiquette Cuneiform dont on pourrait tirer un 12 pouces avec deux ou trois “extended mixes” pour le plancher de danse. Chaque chanson développe son propre style en empruntant à des sources différentes. Les seuls à s’être approchés d’une telle diversité de palette (en excluant le genre-zapping, ce que ceci n’est pas) sont… les Mothers of Invention… Ping… c’est à peu près tout. L’attitude fait penser à Shining, à Goat, mais ne vous fiez pas à ces repères. Saisissant, stupéfiant et très entraînant. Je n’aime pas tout sur ce disque, mais j’aime que ce disque contienne tout ça.  [Ci-dessous: Trois extraits de l’album sur bandcamp.]
What the #$&% was that?!? Chrome Hoof, Leo Smee’s creature, is a metal/funk/disco/prog/techno/ska band. Yep. And “Knopheria” is the only track in all of Cuneiform’s vast catalog that could be released as a dance-floor extended-mix 12”. Each song develops its own style(s) and borrows from different sources. The only bands to have had such a large palette (excluding genre-zapping, which this is not) are… The Mothers of Invention… Ping… that’s about it. Their attitude reminds me of Shining, and Goat, but don’t zoom in on those markers please. Stunning, stupefying, and quite entertaining. I don’t like all that’s on this record, but I love the fact that this record contains it all.  [Below: Listen to three songs on bandcamp.]

21 / 21 (Coax Records)
21, c’est un trio à deux guitares et batterie dirigé par Philippe Gordiani (l’autre guitariste: Julien Desprez; le batteur: Emmanuel Scarpa). Et ce disque éponyme évoque un croisement entre le King Crimson de Thrak et le jazz actuel suisse. Le côté poli, esthète du second, plus le côté in-your-face et imbriqué du premier – parce que plusieurs des douze morceaux se répondent de manière non séquentielle: par exemple, “258 A” et “258 B”, entre lesquelles intervient “Bzz (suite)”. Ou “Fenêtre droite” qui surgit cinq pistes plus loin que sa “Fenêtre gauche”. C’est dès “Siècle 21” que l’analogie crimsonienne s’impose: le crunch du riff, la complexité de l’écriture, l’élan. On s’ennuie peu sur ce disque rondement mené et fort concluant.  [Ci-dessous: Écoutez tout l’album sur bandcamp.]
21 is a trio, two guitars and drums, led by guitarist Philippe Gordiani (the other axe-wielder is Julien Desprez, with Emmanuel Scarpa at the drumkit). And this eponymous debut evokes a cross between Thrak-era King Crimson and Swiss avant-jazz. The well-mannered refinement of the latter, and the in-your-face and intertwined aspects of the former – because several of these 12 tracks answer each other in a non sequential manner: for instance, “258 A” and “258 B”, in between which the conclusion of “Bzz” gets slipped. Or “Fenêtre droite” (“right window”), appearing five tracks later than its sister “Fenêtre gauche” (“left window”). The Crimsonian analogy appears right in the opening cut “Siècle 21”: the crunchy riff, the complex writing, the drive. There’s little off time on this tightly sequenced album. Very convincing and highly addictive.  [Below: Stream the whole album on bandcamp.]

METAL-O-PHONE / Kosmos (Coax Records)
Un autre trio chez Coax Records, mais pas de guitares cette fois: vibraphone (Benjamin Flament), contrebasse (Joachim Florent) et batterie (Elie Duris). Les trois musiciens participent à la composition du répertoire du groupe. Un jazz créatif sympa, avec des influences plus rock et un peu d’improvisation libre, mais je m’attendais à quelque chose de plus mordant à l’écoute de “Playtime”. Tout de même un beau disque, et le vibraphone continue de s’installer pour de bon comme instrument soliste dans la nouvelle génération de jazzmen.
Another trio on Coax Records, though no guitars this time: vibraphone (Benjamin Flament), doublebass (Joachim Florent), and drums (Elie Duris). All three musicians contribute to the band’s repertoire. Fun creative jazz, with some rock influences and a dash of free improvisation, but I was expecting more bite after listening to “Playtime” on the label’s website. Still a nice record, and clearly the vibraphone continues to settle in as a solo instrument among the new generation of jazzmen.

BRIGITTE FONTAINE / Brigitte Fontaine est… folle! (Superior Viaduct)
Superior Viaduct réédite le 10 décembre, sur CD et sur vinyle, Brigitte Fontaine est… folle! (1968), premier album de la chanteuse iconoclaste (en fait, celui qu’elle juge être son premier, il y a eu d’autres trucs moins intéressants avant). Perle de la chanson française – parce que ça n’en est pas, tout en faisant semblant d’en être. La légèreté des musiques cache des paroles cyniques, ludiques, carrément surréalistes parfois, comme “Cet enfant que je t’avais fait”, dialogue de sourds (avec Jacques Higelin) au propos fort inquiétant (l’enfant en question est sérieusement en danger). “Il pleut” est un bijou, autant dans le texte que la musique et l’arrangement (de Jean-Claude Vannier). “Blanche Neige” est une charge féministe décapante. Du bonbon.  [Ci-dessous: deux chansons de l’album.]
Superior Viaduct is reissuing on December 10 Brigitte Fontaine est… folle! (1968) on CD and LP. This is the iconoclastic singer’s self-defined debut (she did released less interesting material before that). This is French chanson gem, because it is not French chanson, it only masquerades as such. The lightness of the music hides lyrics that are cynical, playful at times, and occasionally downright surrealistic, like “Cet enfant que je t’avais fait”, a dialogue of the deaf (with Jacques Higelin) about a child who seems to be in real danger. “Il pleut” is a wonderful pop song with strong lyrics and a strong arrangement (by Jean-Claude Vannier, the arranger for the whole album). And “Blanche Neige” is an acidic Feminist song. Ear candy, but the language barrier will lessen your pleasure.  ∫Below: Two songs from this album.]

BRIGITTE FONTAINE / Comme à la radio (Superior Viaduct)
Simultanément, Superior Viaduct réédite aussi Comme à la radio (1970), l’album de Fontaine le plus connu à l’extérieur de la France. Splendide et déroutante collaboration entre la chanteuse, Areski Belkacem, Wadada Leo Smith et l’Art Ensemble of Chicago. Mélange de chanson, de spoken word, de free jazz et de musique arabe. Encore une fois, les textes sont souvent surréalistes, déconnectés (dans “Leo”: “Mon mari a été exécuté ce matin. J’ai pris ça très mal. Question: qu’est devenu mon sens de l’humour?”). Les musiques valdinguent un peu partout et sont agrémentés de montages brusques, d’enchaînements par collages qui étaient avant-gardistes à l’époque et qui prennent encore par surprise aujourd’hui. La version CD inclut deux chansons boni (“Le goudron” et “Le noir c’est mieux choisi”).
Simultaneously, Superior Viaduct also reissues Comme à la radio (1970), Fontaine’s best known album outside of France. Gorgeous and destabilizing collaboration between the singer, Areski Belkacem, Wadada Leo Smith, and the Art Ensemble of Chicago. A mix of songs, spoken word, free jazz, and Arabic music. Once again, Fontaine’s lyrics often border on surrealism, alienation even (in “Leo”: “My husband was executed this morning. I took it very badly. Question: What happened to my sense of humour?”). The music covers a lot of ground, and some tape splicing adds to the strangeness of the album as a whole – avant-gardist back in 1970, still surprising today. The CD version includes two bonus songs (“Le goudron” and “Le noir c’est mieux choisi”).


2013-11-26

Délire actuel, 2013-11-26

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 26 novembre 2013
Broadcast of November 26, 2013

DESCRIPTION
DESCRIPTION
Garder le rythme et le perdre : 1re heure: deux compositions contemporaines très rythmées. 2e heure: des percussionnistes qui égarent le rythme pour s’intéresser aux textures, entre autres choses.
To keep and loose the beat : 1st hour: two beat-driven contemporary music pieces. 2nd hour: percussionists who loose sight of the beat to focus on other things, like textures.

(8:00 pm)




Harmonie du soir
Harmonie du soir
22:30


(8:30 pm)





NEIL ROLNICK
Gardening at Gropius House
Gardening at Gropius House
*30:02


(9:00 pm)





JASON KAHN
Dreaming Of
Things Fall Apart
03:36
JASON KAHN
Last Drum
Things Fall Apart
05:58
*ØYVIND SKARBØ
Bibliotek
Die, Allround Handwerker!
04:42

*HATI & Z'EV
IV
Collusion
06:48

*HÅKON STENE [comp.: Alvin Lucier]
Silver Streetcar for the Orchestra
Etude Begone Badum
11:03
GINO ROBAIR
Wound String
sol o drum s wit h ebo w
06:31
Bug Incision

WILL GUTHRIE
Sticks [extrait/excerpt]
Sticks, Stones & Breaking Bones
5:19

merci à/thanks to:

COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

WILL GUTHRIE
Très belle vidéo qui présente brièvement le travail de ce percussionniste très créatif.
Professional video briefly presenting the work of this very creative percussionist.