Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2011-07-02

2011-07-01: Rodrigues/Valente, VioSac, The Nerve Institute


Journal d'écoute / Listening Diary
2011-07-01

ERNESTO RODRIGUES & JORGE VALENTE / Self Eater and Drinker (audEo)
Ce disque est antérieur à la création de l’étiquette Creative Sources d’Ernesto Rodrigues. D’ailleurs, en 1999, Ernesto jouait du violon plutôt que de l’alto. Mais son approche originale de la musique improvisée était déjà fort développée. Cette session studio en duo avec le claviériste-informaticien Jorge Valente propose une longue improvisation divisée en huit sections, où le violoniste utilise des sons-bruits courts et ciblés, tandis que Valente ajoute des transformations électroacoustiques et des sons de synthèse. Plus mouvementé que les improvisations très délicates auxquelles participera Rodrigues par la suite, ce disque est néanmoins réussi. Il constitue aussi une fenêtre intéressante sur une période charnière dans l’évolution de l’improvisateur singulier qu’est Rodrigues.
This record predates the inception of Ernesto Rodrigues’ Creative Sources label. Back in 1999, Ernesto wasn’t even playing viola, but violin. Yet, his original take on free improvisation was already in full development. This studio session in duo with keyboardist/computer musician Jorge Valente features a single long-form improvisation split into eight sections. The violinist uses short and targeted noise-based sounds, while Valente adds electroacoustic treatments and synthesized sounds. More busy than the ultra-delicate improvisations Rodrigues will take part to later on, this record is nevertheless successful. And it offers an interesting window on a pivotal period in the evolution of a unique improviser.

VIOLENCE AND THE SACRED / Scarcely a pause in the process of butchering + The True Poison (Viosac)
J’aime les artistes excessifs : The Legendary Pink Dots, Merzbow, Peter Hammill, Evan Parker, Anthony Braxton ont tous d’énormes discographies. J’ai du respect pour l’artiste qui voit dans la quantité le moyen d’établir, de maintenir ou de dérouter sa qualité. Voilà qu’après avoir ressuscité son projet Violence and the Sacred (ou Viosac) sous forme solo avec trois solides disques ces dernières, le Toronto Graham Stewart commence une série de 15 CDr (à 250 exemplaires chacun) réunissant les archives du groupe Violence and the Sacred (au début Stewart, Scott Kerr, Ted Wheeler et St. Deborah). Les deux premiers volumes réunissent des enregistrements en concert et en studio remontant à 1986. Ici, Viosac se révèle un ensemble protéiforme mélangeant à la volée instruments acoustiques (violoncelle, entre autres), synthétiseurs, sons trouvés (enregistrements divers sur bande) et lectures (St. Deborah dégote des textes joyeusement déjantés, comme “The Correct Sadist” de Terence Sellers et “Anal Pleasure & Health” de Jack Morin). Scarcely a pause in the process of butchering est un disque cru à tous les niveaux: le son sur scène, les propos de St. Deborah, l’enregistrement, le montage de l’album. Intéressant, mais loin d’être abouti. The True Poison est nettement plus satisfaisant: quatre pièces en studio qui synthétisent l’ethos du groupe à ce moment dans le temps (“Thank Goodness the System Works” en impose en mode improvisation post-industrielle), et des extraits de deux performances de quelques mois postérieures à celle du premier tome, dont un set aux Foufounes électriques de Montréal qui constitue un must. “Sincerity” mélange noirceur, humour, bruitisme et faux-funk.  [Ci-dessous: Écoutez tout l’album The True Poison. Et téléchargez tous les albums sur Bandcamp pour une bouchée de pain.]
I like excessive artists: The Legendary Pink Dots, Merzbow, Peter Hammill, Evan Parker, Anthony Braxton, they all boast huge discographies. I respect artists who see in quantity a means to establish, maintain or destabilize their quality. Now, after reviving Violence and the Sacred (or Viosac) as a solo project with three strong albums these last few years, Toronto-based Graham Stewart is starting to release a series of 15 CDRs (each in a run of 250 copies) culling the archives of Viosac (which at first consisted of Stewart, Scott Kerr, Ted Wheeler, and St. Deborah). The first two volumes gather studio and live recordings from 1986. Here, Viosac proves to be a soundshifting ensemble that pits together on the fly acoustic instruments (cello, for instance), synths, found sounds (tape recordings), and readings (St. Deborah selects from strange and underground works like Terence Sellers’ “The Correct Sadist” and Jack Morin’s “Anal Pleasure & Health”). Scarcely a pause in the process of butchering is raw on every level: live mix, St. Deborah’s words, recording quality, editing. Interesting, but far from a fully-formed sound. The True Poison is a lot more satisfying: four studio tracks that boil down the ethos of the band at the time (“Thank Goodness the System Works” is an impressive post-industrial improvisation), and excerpts from two performances a few months after the material on Vol. 1, including a set at Montréal’s Les Foufounes électriques that’s a must-hear. “Sincerity” blends darkness, humour, noise, and faux-funk.  [Below: Listen to the whole album The True Poison. And download all the albums on Bandcamp for next to nothing.]

THE NERVE INSTITUTE / Architects of Flesh-Density (altrOck)
The Nerve Institute est le projet d’un seul homme, Mike Judge, qui joue guitares, claviers et percussions en plus de chanter sur ce disque. Un disque étonnant et très probant. Six longues pièces (et une très courte) qui dépeignent un rock progressif d’avant-garde singulier, à la fois lyrique et complexe, mélodique et atonal. Les surprises abondent, les bons coups aussi, le repiquage d’une extrait du roman “La Jalousie” d’Alain Robbe-Grillet n’étant pas le moindre. Règle générale, je n’aime pas les albums de one-man-band, mais celui-ci sonne naturel, on y trouve un esprit de groupe. Judge a réussi à conférer de la spontanéité à des pièces montées à coup de multipistes. Bravo.
The Nerve Institute is the project of one Mike Judge who plays all guitars, keys and percussion, in addition to singing. A surprising and highly convincing record. Six long tracks (and one very short one) painting a singular form of avant-garde progressive rock, both lyrical and complex, melodic and atonal. There’s plenty of surprises and great ideas, stealing a bit from Alain Robbe-Grillet’s novel “La Jalousie” not being the least of them. I usually don’t like one-man-band records, but this one sounds natural, it has a group feel. Judge managed to retain a feeling of spontaneity despite the fact that the album was put together one track, one overdub at a time. Bravo.

2011-07-01

2011-06-30: Jeremy Beck, Ostravaská Banda, Jóhann Jóhannsson


Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-06-30

Bon, le déménagement est terminé (ou presque), je peux recommencer graduellement à écouter de la nouvelle musique!
Okay, so the move to a new house in a new area of Quebec is done, the unpacking is almost over, and I can start listening to some new music again!

JEREMY BECK / IonSound Project (Innova)
Un quatrième album pour le compositeur américain Jeremy Beck, qui combine complexité moderne et mélodisme intemporel. Je ne suis pas un fan de ses œuvres, mais la plupart sont à tout le moins agréables, sinon intrigantes. IonSound Project propose sept pièces composées pour le sextette de chambre IonSound Project de Pittsburgh. Une seule des pièces fait usage des six musiciens - c’est d’ailleurs la meilleure. Notons aussi une belle chanson intitulée “In February” pour soprano, clarinette, violon et piano, ainsi qu’un tryptique pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano intitulé “September Music”. Le reste est ordinaire, mais ces trois sélections judicieusement espacées font de ce disque une écoute satisfaisante.
A fourth one for US composer Jeremy Beck, whose writing combines modern complexity with timeless melodicism. I’m not a fan of his works, but most are at least enjoyable, and some can prove to be intriguing. IonSound Project features seven pieces written for Pittsburgh-based chamber sextet IonSound Project. Only one of these pieces makes use of all six musicians, and it is the highlight of the CD. Also worth a mention are a beautiful song called “In February” for soprano, clarinet, violin and piano, and a triptych for flute, clarinet, violin, cello and piano called “September Music.” The rest of the disc is mediocre, but these three selections, judiciously sequenced, makes the whole thing a satisfying listen.

OSTRAVSKÁ BANDA / On Tour (Mutable Music)
Un disque double mettant en vedette l’ensemble de musique contemporaine tchéco-new-yorkais Ostravaská Banda sous la direction de Petr Kotík. On Tour propose surtout des enregistrements en concert réalisés pendant une tournée tchèque en 2009. Du répertoire de l’ensemble (qui incluait aussi du Ligeti, du Berio, du Feldman et du Wolff), on a retenu pour l’album des compositeurs moins connus, à l’exception de John Cage (un long “Concerto for Piano and Orchestra” qui m’a laissé froid). La pièce maîtresse est la “Passion” de Somei Satoh, une poignante demi-heure d’opéra métissé (influences occidentales et orientales), avec les barytons Thomas Buckner et Gregory Purnhagen. À noter aussi le “Riti Neurali” de Luca Francesconi et le trio de percussions “Monadologie IV” de Bernhard Lang. Mais le Satoh vole facilement la vedette.
A double CD featuring Czech/New-York contemporary music ensemble Ostravaská Banda, conducted by Petr Kotik. On Tour contains mostly live recordings made during a 2009 tour of the Czech Republic. Out of the ensemble’s repertoire at the time (which also included works by Ligeti, Berio, Feldman and Wolff), we are presented with less known composers, with the exception of John Cage (a long “Concerto for Piano and Orchestra” that didn’t do much for me). The magnum opus here is Somei Satoh’s “The Passion,” a poignant half-hour of cross-bred opera (Western and Eastern influences), with baritones Thomas Buckner and Gregory Purnhagen. Also worth noting is Luca Francesconi’s “Riti Neurali” and Bernhard Lang’s percussion trio “Monadologie IV.” But the Satoh steals the show hands down.

JÓHANN JÓHANNSSON / The Miners’ Hymns (FatCat)
Absolument splendide! La carrière de Jóhann Jóhannsson est faite de hauts et de bas, et The Miners’ Hymns est sommet vertigineux. Une œuvre orchestrale en six parties, très Mahlerienne par moments, carrément religieuse à d’autres endroits, avec une utilisation sublime des cuivres - les trompettes tout particulièrement. La finale “The Cause of Labour is the Hope of the World” rappelle Sigur Ros en mode grandiose. Très chaudement recommandé. Il s’agit de la trame sonore d’un film de Bill Morrison.  [Ci-dessous: La bande annonce.]
Absolutely gorgeous! Jóhann Jóhannsson’s career is a series of highs and low, and The Miners’ Hymns is a dizzying peak. An orchestral piece in six parts, very Mahlerian at times, downright religious at others, with a splendid use of brass instruments - especially the trumpets. The finale “The Cause of Labour is the Hope of the World” is reminiscent of Sigur Ros in full-blown mode. Very strongly recommended. This is the soundtrack for a film by Bill Morrison.  [Below: The trailer.]

2011-06-28

Bientôt de retour / Back soon

Monsieur Délire a déménagé ses pénates à trois heures de route plus au nord. Le nombre de boîtes diminue lentement mais sûrement, et je devrais pouvoir reprendre mon journal d'écoute d'un jour à l'autre. À bientôt...

Monsieur Délire has moved a three-hour drive to the north. The number of boxes around me is decreasing slowly but surely. I should be able to resume my listening diary in a day or two or three. Stay tuned...

Monsieur Délire