Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2014-11-13

2014-11-12: Paul Dolden, Cuch Fest IX, Tricot x2

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-11-12

PAUL DOLDEN / Who Has the Biggest Sound? (Starkland)
Qui a le plus gros son? Paul Dolden, évidemment. Qui pourrait oublier les environnement sonores denses, tentaculaires et implacables de L’Ivresse de la vitesse et de Délires de plaisirs? Dolden est de retour, après huit ans de silence discographique, avec l’un de ses albums les plus étranges, profonds et décalés à ce jour. Ce CD contient deux œuvres. “Who Has the Biggest Sound” est un opus de 52 minutes en 15 movements où des détails minuscules s’empilent (et s’empilent et s’empilent) pour former... des poursuites musicales à haute vitesse... des chansons country et des tangos dysfonctionnels... et des chœurs de voix humaines, mammifères et insectiles. Un maître de cérémonie intervient ici et là pour tenter de mettre un peu d’ordre dans le déroulement – un dispositif humoristique qui fonctionne bien parfois (“More Unanswered Questions”) mais qui tombe à plat ailleurs. C’est le seul point faible de cette œuvre autrement stupéfiante. Et je vous vole le punch: c’est la nature qui a le plus gros son, les plus belles mélodies, et qui joue le plus vite... et de loin. La deuxième œuvre au programme est “The Un-Tempered Orchestra” (18 minutes), une promenade haute en couleurs à travers les systèmes de tempérament (et de détempérament) autres que celui de bach. Impossible de ne pas penser à Harry Partch – un Partch qui aurait eu accès à un orchestre d’une centaine de musiciens. Le travail de Dolden (comme celui de Noah Creshevsky ou de MC Maguire) est si riche en couches qu’une première écoute n’arrive pas à tout révéler. En fait, ce disque est le genre de disque qui vous apportera toujours quelque chose de neuf à découvrir à chaque écoute. Chaudement recommandé. [Ci-dessous: un extrait de “Who Has the Biggest Sound”, soit le mouvement “The Village Wind Orchestra: The Answer is Blowing in the Winds”.]
Who has the biggest sound? Paul Dolden, of course. Who could forget the dense, far-reaching, implacable sonic environments of L’Ivresse de la vitesse and Délires de plaisirs? Dolden, after eight years of silence on record, is back with one of his strangest, deepest, most off-kilter works to date. This CD features two works. “Who Has the Biggest Sound?” is a 15-movement, 52-minute opus where minute details pile up (and up, and up) to form... high-speed musical chases... dysfunctional country songs and tangos... and choirs of human, mammal, and insect voices. A master of ceremony steps in at times to try to put some order in the proceedings – comic relief that works well at times (“More Unanswered Questions”) but falls flat elsewhere. It’s the only weak link in an otherwise astounding work. And spoiler alert: it’s nature who has the biggest sound, the nicest melodies, and who plays the fastest. By a long shot. The second work on this CD is “The Un-Tempered Orchestra”, a highly entertaining ride through non-Bach-approved tuning (and detuning) systems that can’t fail to evoke Harry Partch – if he’d ever had access to a 100+ ensemble. Dolden’s work – like Noah Creshevsky’s or MC Maguire’s – is so rich in layers that a single listen won’t reveal everything. Actually, this is the kind of record that will always give you something more. Strongly recommended. [Below: “The Village Wind Orchestra: The Answer is Blowing in the Winds” from “Who Has the Biggest Sound.”]

ARTISTES VARIÉS - VARIOUS ARTISTS / Cuch Fest IX (aka CUCH-2014) (Cuchabata Records)
Permettez-moi de prêcher partiellement pour ma paroisse. L’étiquette montréalaise Cuchabata Records – qui fait dans le rock garage et la musique expérimentale – organise un petit festival annuel pour son écurie. La neuvième édition du Cuch Fest aura lieu les 29 et 30 novembre 2014 à la Brasserie Beaubien de Montréal et, pour souligner l’événement, Cuchabata a publié aujourd’hui une compilation gratuite de 104 minutes. Cette compil propose uniquement du matériel inédit et exclusif. Oui, j’y figure, et deux fois plutôt qu’une: un solo bruitiste en ouverture (drôle de choix, d’ailleurs, d’ouvrir la compil avec mes feedbacks), et une improvisation de 17 minutes de La Forêt rouge. Cela dit, il y a plein d’autres projets sur cette compil que vous ne voudrez pas manquer, comme un morceau torride de free jazz/punk signé Shining Wizard, une longue composition de David and the Mountain qui oscille entre ambiant et maximalisme, ainsi qu’un hommage a cappella hilarant au directeur de Cuchabata, David Dugas Dion, signé Maxime Gervais. Aussi au programme: Crabe, Pop Goes, Odd Limbs, Gens Chrétiens, Leftovers Diable, ++. Vivez l’autre underground montréalais : téléchargez au lien ci-dessus ou écoutez ci-dessous et amusez-vous. La Forêt rouge jouera un set de 30 minutes le 30 nov et je profiterai de l’occasion pour lancer mon nouvel album solo Natures mortes.
Let me be parochial for a minute. Montreal’s Cuchabata Records – a label focusing on garage rock and experimental music – presents an annual festival to showcase its roster. The ninth edition of Cuch Fest will take place Nov. 29-30 at Brasserie Beaubien (Montreal) and to celebrate the event Cuchabata just released a free 104-minute compilation of previously unavailable and exclusive material. Yes, I’m on it, and twice: with a noise solo (and I admit the label made the weirdest choice by using my track as the compilation opener), and a 17-minute improvisation by my band La Forêt rouge. That being said, there’s plenty of other bands and projects on this comp that you won’t wannna miss, like a scorching free jazz/punk number by Shining Wizard, a long David and the Mountain track that goes back and forth between ambient and maximalism, and Maxime Gervais’ hilarious a capella tribute to Cuchabata labelhead David Dugas Dion. Plus tracks by Crabe, Pop Goes, Odd Limbs, Gens Chrétiens, Leftovers Diable, ++. Experience the other Montreal underground: download the comp for free at the link above or stream it below, and have fun. La Forêt rouge will perform a 30-minute set on Nov. 30, and I’ll take the opportunity to officially release my new solo album Natures mortes.

TRICOT / T H E (Bakuretsu Records)
C’est le groupe facebook avant-progressive qui a attiré mon attention sur ce groupe de jeunes japonaises qui font dans le rock alternatif complexe – oui, du math-rock. Sympa, bien écrit, belles mélodies, belles harmonies, des changements de chiffres indicateurs audacieux, un batteur hyperactif. Difficile de résister à ce premier album très efficace. Paru l’an dernier.
I’ve been tipped to this band by the avant-progressive facebook group. Tricot is a quartet of young Japanese musicians – mostly female – who play complex alternative rock. Call it math rock if you must. Fun, well written, nice melodies, nice harmonies, bold time signature changes, and a hyperactive drummer. Hard to resist to a debut album this effective. Released last year.

TRICOT / Bakuretsu Tricot San (Bakuretsu Records)
Leur premier mini-album (2011), beaucoup moins complexe, donc plus alt rock que math-rock. Sympathique, mais beaucoup moins singulier ou réussi que T H E.
Their first EP (2011). The music is much more simpler, so more on the alt-rock side than on the math-rock side of things. Nice, but a lot less unique and successful than T H E.


2014-11-12

2014-11-11: Steve Lacy, Spontaneous Music Ensemble, François Bayle

Journal d'écoute / Listening Diary 
2014-11-11

STEVE LACY / Cycles (Emanem)
Il y a tant de groupes hommages à Steve Lacy ces temps-ci qu’on ne saurait oublier l’importance qu’a eu et qu’a toujours le répertoire de ce très grand jazzman. Or, à mon avis, c’est dans ses albums solo qu’il révèle toute sa grandeur, toute la finesse de son mélodisme, toute l’importance de ses techniques étendues (pionnières à l’époque, monnaie presque courante aujourd’hui). Frais paru, Cycles est un album double qui présente trois grands cycles compositionnels de Lacy, plus quatre autres morceaux. La pièce de résistance est le cycle “Shots”, 65 minutes, colligé à partir de trois sources de 1976-1977. C’est Lacy à son meilleur: tendre, inventif, humoristique aussi. “The Kiss” et “The Wire” en sont les morceaux les plus connus; quatre morceaux sont très rares. “Sands” est pour moi la grande découverte de cet album: une suite de 21 minutes d’un grand lyrisme, d’une beauté toute Lacyienne, enregistrée en 1980. “Hedges” (36 minutes), un duo avec un danseur dont entend parfois les pas, est plus aride; elle a l’expérimentation plus revêche. Ce double me semble plus important, historiquement et musicalement, que les deux volumes d’Avignon and After, quoi qu’on n’aura jamais trop de Lacy seul au saxo soprano.
There are so many Steve Lacy tribute bands making the rounds these days that one could hardly ignore the importance his repertoire had and still has. However, for me, the best place to experience all his grandeur, the finesse of his melodies, and the importance of his extended techniques (revolutionary at the time, almost commonplace now) is on his solo albums. Just released, Cycles is a 2-CD set featuring three of Lacy’s compositional cycles from the ‘70s plus four other pieces. The piece the resistance is the 65-minute cycle “Shots”, culled from three different sources from 1976-1977. This is Lacy at his best: moving, inventive, witty. “The Kiss” and “The Wire” are the best-known pieces from this cycle, but four more are very rare. In my view “Sands” is the major discovery on this set: a 21-minute suite of great lyricism and the incarnation of Lacyian beauty recorded in 1980. “Hedges” (36 minutes), a duo with a dancer whose steps can be heard in the background, is a more arid affair, its experiments having a coarser quality. I find this double CD set more important, historically and musically, than the two volumes of Avignon and After, although we’ll never have too much solo soprano sax music from the Steve Lacy archives.

SPONTANEOUS MUSIC ENSEMBLE / Oliv & Familie (Emanem)
La réédition tant attendue du troisième album (éponyme) du SME, enregistré en 1969 par Eddie Offord et réalisé par Giorgio Gomelsky (étonnant, non?). À l’origine, ce disque proposait deux réalisations d’une même composition, “Oliv”, d’abord en ensemble étendu (Wheeler, Bailey, Watts, trois voix, Lemer, Dyani et Stevens), puis en quartet (Watts, Dyani, Stevens et Maggie Nicols dans sa toute première session studio). La version grand ensemble est agréable mais étrange et présente des contrastes très saisissants – c’est un projet spécial développé pour la session, peu représentatif du SME de l’époque. La version en quatuor, par contre, est sincèrement magique, un des meilleurs moments sur disque du SME, d’autant plus qu’après le thème composé suit une improvisation magnifique qui se résout en deux canevas de Stevens, “Sustained Piece” et “Click Piece”. Ce matériel, réédité ici pour la première fois sur CD, est complété par une session de janvier 1968 qui propose le premier enregistrement connu de “Familie”, très différent de la version sur Frameworks (beaucoup plus lent aussi), avec un ensemble qui inclut deux voix (pas Nicols), Watts, Bailey, Evan Parker, Dave Holland et quelques autres. La deuxième prise est particulièrement jouissive. Merci, Emanem.
The anticipated reissue of the SME’s eponymous third LP, recorded in 1969 by Eddie Offord and produced by Giorgio Gomelsky (surprising, not?). The original LP featured two performances of a single composition called “Oliv”, first as a large ensemble (Wheeler, Bailey, Watts, three vocalists, Lemer, Dyani, Stevens), then with the then-regular SME line-up (Watts, Dyani, Stevens, and Maggie Nicols in her first studio session). The large ensemble version is enjoyable but weird, with sharp contrasts the likes of which are found nowhere else in the SME’s oeuvre – it was a special projet designed especially for that studio session. The quartet version, however, is magical, honestly one of the SME’s finest moments on record: the composed theme is followed by a gorgeous free improvisation that resolves in two of Stevens’ improvisation canvases: “Sustained Piece” and “Click Piece”. This material, reissued on CD for the first time here, is complemented by a session from January ’68 featuring the firat known recording of “Familie”, very different from (and much slower than) the version found on Frameworks, with an esenble that includes two vocalists (sans Nicols), Watts, Bailey, Evan Parker, Dave Holland and a few more. The second take is particularly delectable. Thank you, Emanem.

FRANÇOIS BAYLE / Les Couleurs de la nuit (Sub Rosa)
Dans les archives des pionniers de l’électroacoustique, il y a les morceaux sans intérêt, les morceaux obscurs mais intéressants et les bijoux méconnus. Les Couleurs de la nuit (38 minutes, 1982) est un bijou méconnu. Suite électroacoustique en neuf parties enchaînées, on se compare aisément – en portée, en palette, en profondeur et en maîtrise – à Sous le regard d’un soleil noir de Francis Dhomont. La différence, c’est qu’elle est moins sombre que cette dernière et plus vive. L’attention est constamment sollicitée, sans qu’on atteigne le point de saturation. Il y a dans Les Couleurs de la nuit tout ce que j’aime de l’électroacoustique: l’objet sonore qu’on étudie, l’histoire qu’on raconte (une histoire sans programme, narrée par le son), la logique interne qui se construit, indescriptible et pourtant incontournable. Un must.
In the archives of the electroacoustic pioneers, you have your unworthy bits, your obscurte but interesting pieces, and your little-known (or circulated) gems. Les Couleurs de la nuit (38 minutes, 1982) is a little-known gem. This electroacoustic suite in nine segued movements compares easily – in scope, palette, depth, and mastery – to Francis Dhomont’s Sous le regard d’un soleil noir. Except that it’s less claustrophobic and livelier. Your attention is constantly being sollicited, but Bayle never crosses the threshold of saturation. Les Couleurs de la nuit has everything I expect and love in electroacoustic music: studies of sound objects, a tale (an abstract tale told only through sound), internal logical that builds itself between your ears in ways undescribable yet unavoidable. This is a must-have.


2014-11-11

Délire actuel, 2014-11-11

DÉLIRE ACTUEL

Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire actuel ICI (cherchez Délire actuel dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 11 novembre 2014
Broadcast of November 11, 2014

Musique contemporaine, accordéon, ensemble et séparément: Le titre dit tout!
Contemporay Classical, Accordion, Together and Apart: The title says it all!

(8:00 pm)




MICHAEL JON FINK
Invocation
From a Folio
02:13
MICHAEL JON FINK
Hieroglyph
From a Folio
02:01
JEROME KITZKE
Winter Count [1re moitié/1st half]
The Paha Sapa Give-Back
20:15

(8:30 pm)




JEROME KITZKE
Winter Count [2e moitié/2nd half]
The Paha Sapa Give-Back
17:13
MICHAEL JON FINK
From a Folio
From a Folio
03:08
MICHAEL JON FINK
Over
From a Folio
02:22
MICHAEL JON FINK
Exit
From a Folio
03:20

(9:00 pm)




FRODE HALTLI
Flashing [comp.: Arne Nordheim]
Vagabonde Blu
14:11
*NICO HUIJBREGTS
Farfánesque
Hoe alles oplost
09:44

(9:30 pm)




RAPOON
I Saw a Man
Cultural Forgeries
07:23
**KALLE KALIMA & K-18
The Milky Way
Buñuel de jour
11:15
***ENSAMBLE POLIFÓNICO VALLENATO
Merengue [extrait/excerpt]
Fiesta, que viva la
05:30
merci à/thanks to:
*Toondist


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

JEROME KITZKE
Belle entrevue de 2013 avec Kitzke, à l’occasion de la sortie de son disque précédent.
A fine interview with Kitzke from 2013, for the release of his previous album.