Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2010-03-27

2010-03-26: Battus/Abdelnour, Van Hove/Dunmall/Rogers/Lytton, Doubt, Barry Cleveland, Acid Mothers Temple

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-26


PASCAL BATTUS & CHRISTINE SEHNAOUI ABDELNOUR / Ichnites (Potlatch)

Un disque exigeant, mais une écoute intrigante. Christine Sehnaoui Abdelnour adopte une approche pointilliste du saxo alto, qu’elle joue par à-coups, en se concentrant sur le microcosme en-deça des notes. Pascal Battus manipule des “surfaces rotatives,” soit des plateaux mis en mouvement par des moteurs de baladeur à cassette et sur lesquels il place de petits objets. Une musique menue, aux détails mystérieux, mais une belle rencontre, compatible et engageante, même si elle est quelque peu aliénante.

A demanding record, but an intriguing listen. Christine Sehbaoui Abdelnour take a pointillistic approach to the alto sax, which she plays in bursts, focusing on the microcosm lying below the tones. Pascal Battus uses “rotating surfaces,” i.e. trays set in motion by walkman motors and on which he puts various objects. Tiny music with mysterious details. A beautiful meeting of compatible and engaging musicians, even though the music is a bit alienating.


FRED VAN HOVE, PAUL DUNMALL, PAUL ROGERS & PAUL LYTTON / Asynchronous (Slam Productions)

Un solide concert enregistré en mai 2008 au festival de jazz de Le Mans. Que dire d’un tel alignement d’étoiles? Je suis vendu à presque tout ce que font ces trois Paul (Dunmall, saxo ténor; Rogers, conterbasse; Lytton, batterie) et j’aime beaucoup Fred Van Hove. Ils sont tous ici à la hauteur des attentes, sans les surpasser pour autant. C’est à dire que personne ici ne réinvente son jeu, mais tous s’engagent à fond dans l’improvisation collective. De l’impro active et volubile.

A strong concert recorded in May 2008 at the Le Mans Jazz Festival. What can I say about this all-star line-up? I am sold on almost everything the three Pauls do (Dunmall, tenor sax; Rogers, bass; Lytton, drums), and I really like Fred Van Hove. Here, they all meet expectations without exceding them, That is, no one here reinvents their playing, but they all fully engage into teh collective improvisation. Active, talkative free improvisation.



DOUBT / Never Pet a Burning Dog (Moonjune)

Une belle surprise, un pairage inusité et qui remplit ses promesses entre le claviériste fusion/Canterbury Alex Maguire, le guitariste fusion Michel Delville (de The Wrong Object), le batteur free Tony Bianco et, sur trois pièces, le légendaire Richard Sinclair de Caravan et Hatfield and the North. Never Pet a Burning Dog consiste en sept compositions originales (les quatre membres contribuent) et une reprise de Terje Rypdal (“Over Birkerot”). Un très beau disque à l’énergie débridée, où la voix de Sinclair apporte des moments de douceur. Des pièces souples, qui laissent place à des solos qui sont plus que des solos, mais un “crossover” entre le solo fusion et l’improvisation collective. Moonjune s’intéresse depuis quelque temps à cet région mitoyenne entre le jazz fusion d’inspiration Canterbury et l’improvisation libre, approche mi-figue mi-raisin qui peut s’avérer souvent inconfortable. Ce n’est pas le cas ici. En fait, Never Pet a Burning Dog est le disque plus convaincant que j’aie entendu dans cette veine. [Ci-dessous: Sur cette page, vous trouverez plusieurs extraits de l’album.]

A nice surprise, a promise-fulfilling unusual line-up featuring fusion/Canterbury keyboardist Alex Maguire, fusion guitarist Michel Delville (of The Wrong Object), free improv drummer Tony Bianco and, on three tracks, the legendary Richard Sinclair (Caravan/Hatfield and the North). Never Pet a Burning Dog consists of seven original compositions (all four members contribute) and one Terje Rypdal cover (“Over Birkerot”). A very nice let-loose record, where Sinclair’s vocals bring in quieter moments. Flexible pieces with room for solos to stretch, although these are more than solos, they are “crossovers” between fusion solos and collective improvistion. Moonjune has been taking an interest in this half-world between Canterbury-inspired jazz rock and free improv, something that can produce so-so results and often be uncomfortable. However, that is not the case is. Truth is, Never Pet a Burning Dog is the most convincing album in this vein that I have head. [Below: On this page you’ll find several audio clips of the album.]

http://www.moonjune.com/MJR032.htm


BARRY CLEVELAND / Hologramatron (Moonjune)

J’avoue candidement ne pas connaître Barry Cleveland… et je ne retrouve plus le communiqué de presse accompagnant ce disque (s’il y en avait un). Cela dit, je vais chercher à mieux le connaître après l’écoute de cet étonnant Hologramatron. Le guitariste est accompagné de Robert Powell à la pedal-steel, Michael Manring à la basse, Celso Alberti à la batterie… et Amy X Neuburg à la voix! En plus, parmi les invités, on compte Harry Manx, Erdem Helvacioglu et le percussionniste-improvisateur Gino Robair. Un solide alignement! La musique propose un métissage entre jazz-rock et rock alternatif. Beau travail de textures, bons arrangements de voix, des mélodies intéressantes. Je ne suis pas du tout convaincu par l’inclusion d’une reprise de “Telstar” (le tube surf des Tornados, repris aussi par les Ventures) en mode disco rétrofuturiste. Par contre, bravo pour l’ajout de trois remixes, dont un très ambiant signé Forrest Fang.

I admit not knowing Barry Cleveland… and I can’t find the press release that came with this record (if there was one). That said, I WILL try to get to know his work better after listening to this surprising Hologramatron. The guitarist is accompanied by Robert Powell on pedal steel, Michael Manring on bass, Celso Alberti on drums… and singer Amy X Neuburg! Add to that a stunning cast of guests that include, among others, Harry Manx, Erdem Helvacioglu, and percussionist/improviser Gino Robair! The music offers a blend between jazz-rock and alt-rock. Nice textural work, good vocal arrangements, interesting melodies. I am not convinced about the inclusion of a retro-futuristic disco cover of “Telstar” (The Tornados’s hit, later covered by The Ventures). On the other hand, kudos for including three strong remixes, including a very ambient one by Forrest Fang.


ACID MOTHERS TEMPLE & THE MELTING PARAISO U.F.O. / Are We Experimental? [LP] (Prophase Music)

J’ai chroniqué ce disque l’an dernier, lors de sa sortie initiale sur CD, mais voici que Prophase Music vient d’en publier une version sur vinyl, alors revisitons-le. En fait, revisitons-le... et plus, puisqu’on y a ajouté une pièce de 20 minutes, “Take Up Thy Kaleidoscope”. C’est ce qui manquait à ce disque qui, autrement, était étonnamment constitué de pièces courtes (onze). Oui, les Acid Mothers Temple sont expérimentaux, et encore plus sur disque que sur scène. Oui, ce disque est déstabilisant, de par la durée et la variété de ses pièces. Non, il n’est pas l’égal de grands crus comme Univers Zen ou Absolutely Freak Out. Mais cet un album audacieux, sympathique, avec quelques moments forts (“Daruma Clause in Opposition”, “Holy Rock’n’Roll Bible” et maintenant “Take Up Thy Kaleidoscope”, malgré une apparition superflue du thème de “Pink Lady Lemonade”). Et comme toujours chez Prophase Music, cette édition vinyle double est d’une grande beauté, avec pochette cartonnée épaisse et deux vinyles bleus à halo orangé.

I reviewed this album last year, when it first came out on CD, but now Prophase Music just released it on LP, so let’s revisit it. In fact, let’s revisit it… and then some, since the 2-LP set includes an extra 20-minute track, “Take Up Thy Kaleidoscope.” And honestly, that’s what this album was lacking, for otherwise it is surprisingly composed of short tracks. Yes, Acid Mothers Temple are experimental, and even more on record than on stage. Yes, this record is destabilizing for its short and varied tracks. No, it doesn’t match the band’s top picks, like Univers Zen or Absolutely Freak Out. But it’s a daring, fun record with a handful of strong moments (“Daruma Clause in Opposition,” “Holy Rock’n’Roll Bible,” and now “Take Up Thy Kaleidoscope,” despite a superfluous appearance of the theme from “Pink Lady Lemonade”). And as always with Prophase Music’s products, this vinyl edition is gorgeous, two blue binyls with an orange halo packaged in a sturdy gatefold cover.

2010-03-26

2010-03-25: Empty Cage Quartet, Le Rex, Greg Morgan, Scott Fields Ensemble, Tony Malaby

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-25


Un avant-midi de quintettes de jazz actuel - j’en ai trois d’aligner. Écoutons voir...

A morning of avant-jazz quintets - I have three of them cued up.


EMPTY CAGE QUARTET & SOLETTI BESNARD / Take Care of Floating (Rude Awakening présente)

Oups! Pas un quintette mais un sextuor! En voyant “Empty Cage Quartet & Soletti Besnard” j’avais conclu hâtivement à 4 + 1. Il s’agit en fait d’une collaboration franco-américain entre le quatuor Empty Cage et le guitariste Patrice Soletti et le clarinettiste Aurélien Besnard (ce dernier faisant parti du groupe Twits chroniqué hier, 2010-03-24). Empty Cage roule sa bosse depuis quelques années (d’abord sous le nom MTKJ Quartet) et, honnêtement, il gagne en qualité avec le temps. Take Care of Floating est de loin le meilleur disque de ce groupe que j’ai entendu. Les compositions de Jason Mears et de Paul Kikuchi sont particulièrement enlevantes, et la trompette de Kris Tiner brille comme un phare tout au long de l’album. Un jazz actuel mordant, vif, avec des lignes bien serrées. Et les deux Français s’intègrent merveilleusement à l’ensemble. [Ci-dessous: Un extrait de la pièce titre, trouvé sur le site de Rude Awakening présente.]

Oops! This is a sextet, not a quintet! I was fooled by the billing “Empty Cage Quartet & Soletti Besnard” and concluded to 4 + 1. It’s actually a French/US collaboration between Empty Cage and guitarist Patrice Soletti and clarinetist Aurélien Besnard (the latter is in the group Twits reviewed yesterdat, 2010-03-24). Empty Cage have been going at it for a while now (first as MTKJ Quartet) and, honestly, they’re getting better with time. Take Care of Floating is by far the best album I have heard from them. Jason Mears and Paul Kikuchi’s compositions are particularly driving, and Kris Tiner’s trumpet shines throughout. Edgy, lively avant-jazz, with tight heads. And the two Frenchmen are marvelously integrated. [Below: A clip from the title track, found on Rude Awakening présente’s website.]

http://jazzimpro34.free.fr/NU2/mp3/take_care_of_floating.mp3


LE REX / [Le Corse] (Unit Records)

Bon, ça, c’était plus qu’agréable. Le quintette suisse Le Rex fait dans la mini-fanfare - quelque part entre une version réduite de la Fanfare Pourpour et Ceux-qui-marchent-debout, avec une batterie et quatre vents (deux saxos, trombone, tuba). [Le Corse] a été enregistré devant public dans divers lieux de la Corse et l’album est mixé en mélangeant les ambiances. C’est dépaysant, rigolo, sympathique et foutument bien joué, avec beaucoup de pep. Marc Stucki, qui signe la plupart des compositions, a le sens de la ligne mélodique qui frappe et du drum’n’tuba qui danse. Bravo! Seule ombre au tableau, une reprise de “Nothing Compares to You” de Prince qui ne lève pas et qui dégonfle prématurément le ballon. [Ci-dessous: En haut de cette page (sous “Le Rex”), vous trouverez trois extraits de l’album à écouter.]

Okay, now that was fun! Swiss quintet Le Rex is a mini-fanfare of sorts – a drum kit and four horns (two saxes, trombone, tuba) – somewhere between a scaled-down Fanfare Pourpour and Ceux-qui-marchent-debout. [Le Corse] was recorded live in various open spaces in Corsica, and the mix blends these ambiences. It takes you somewhere else, it’s fun, it’s enjoyable, and it’s damn well played with a lot of energy. Marc Stucki, composer of most the tracks, has a keen sense of what makes a hard-hitting melody and a sweaty drum’n’tuba riff. Bravo! This album’s only flaw is the cover of Price’s “Nothing Compares to You” - it simply doesn’t take off, which makes for a bummer of a closer. [Below: At the top of this page [under “Le Rex”] you can stream three tracks from the album.]

http://www.stuckimusic.ch/projekte.html


GREG MORGAN / Domino (Slam Productions)

Un disque plus exigeant par un quintette de jazz plus expérimental, même si la musique demeure écrite en partie. Greg Morgan est saxophoniste (il joue aussi un peu de piano électrique). Il est accompagné du guitariste Dan Haywood, de l’organiste Pete French et des percussionnistes Chas Ambler et Jeff Barnes (mais les deux sont présents seulement sur deux pièces). Un jazz plutôt sombre et plantif, pas toujours clairement orienté, avec des pièces qui s’étirent en longueur. Pas mauvais, mais je ne suis pas impressionné.

A more demanding record, by a more experimental jazz quintet, although the music is still written-down, to an extent. Greg Morgan is a saxophonist (he also plays electric piano on two tracks). He is accompanied by guitarist Dan Haywood, organist Pete French, and percussionists Chas Ambler and Jeff Barnes (but they are featured together on only two tracks). Rather dark and plaintive jazz, not always clearly oriented, with tracks that tend to drag on. Not bad, but I’m not impressed.


SCOTT FIELDS ENSEMBLE / Samuel (New World Records)

Quittons les quintettes, tout en restant (partiellement) dans le jazz, avec Samuel du guitariste Scott Fields. J’apprécie le travail de Fields, je reconnais l’audace de certains de ses concepts, mais ses disques ne m’ont jamais vraiment touché ou enthousiasmé. Jusqu’à celui-ci, un tour de force réalisé en compagnie du batteur John Hollenbeck, du violoncelliste Scott Roller et du saxo ténor Matthias Schubert. Samuel propose trois compositions très complexes qui se fondent sur trois pièces de théâtre de Samuel Beckett. Fields applique divers procédés pour utiliser les mots de Beckett afin de générer des paramètres musicaux. C’est hermétique, mais vous n’y verrez que du feu. Par contre, vous entendrez une musique riche, dense, qui flirte souvent avec le jazz, qui se rapproche aussi de la complexité de la série “Compilation” de Simon H. Fell, voire du sens de l’aventure des œuvres à grand déploiement de Jean Derome. De la grande musique actuelle. [Ci-dessous: Un extrait de “Not I”. Vous trouverez d’autres extraits sur cette page du site de New World.]

Let’s leave the quintets behind while staying (in part) in jazz, with guitarist Scott Field’s Samuel. I appreciate Fields’ work, and I acknowledge the boldness in some of his ideas, but his records had yet to move or thrill me. Until this one, that is, a tour de force. He is accompanied by drummer John Hollenbeck, cellist Scott Roller, and tenor saxman Matthias Schubert. Samuel features three very complex compositions based on three plays by Samuel Beckett. Fields applies various processes to turn Beckett’s words into musical parameters. It’s hermetic, but it doesn’t matter: what you will hear is rich, dense music that often flirts with jazz, music that gets close to the complexity found in Simon H. Fell’s “Compilation” series, and the sense of adventure heard in Jean Derome’s large-scale works. Excellent creative music. [Below: An excerpt from “Not I.” You can listen to more excerpts on this page from New World’s website.]

http://www.newworldrecords.org/media/file4lDnA.wav


TONY MALABY / Paloma Recio (New World Records)

Fatigue mentale? Le menu d’aujourd’hui est particulièrement relevé. Toujours est-il que j’ai trouvé Paloma Recio long et lourd. Je ne suis pas familié avec le travail du saxophoniste Tony Malaby. Ici il est accompagné du guitariste Ben Monder (que j’aime beaucoup), du bassiste Eivind Opsvik et du batteur Nasheet Waits. J’ai trouvé son ton lancinant et sa musique inutilement touffue. Je lui donnerai une autre chose dans les prochains jours...

Mental fatigue? Perhaps, since today’s menu was particularly heady. But I found Paloma Recio to be long and tiresome. I am not familiar with saxman Tony Malaby’s work. Here he is accompanied by guitarist Ben Monder (whom I really like), bassist Eivind Opsvik, and drummer Nasheet Waits. I found Malaby’s tone plaintive and his music needlessly busy. I’ll give this CD a second chance within the next few days...

2010-03-25

2010-03-24: Blastula, Lenoci/Mimmo, Twits, Braagas, Al-Yaman

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-24


BLASTULA / Scarnoduo (Amirani)

Je suis sans voix, entièrement conquis par ce disque, réduit à l’état de petit tas informe de plaisir consumé. Blastula est un duo italien formé du percussionniste Cristiano Calcagnile et de la chanteuse Monica Demuru. Scarnoduo présente 16 courtes pièces, des chansons improvisées, articulées autour de jeux de langue et de bouche, jeux d’expressions multiples, entre le mélodisme folklorique et l’art lyrique italien. Ça me rappelle surtout Anna Homler, mais ce disque a sa propre identité, et Calgacnile et Demuru font la paire. Leur interaction est fascinante. Ce disque est sans prétention et ne propose aucune innovation frappante, mais la musique qu’il renferme est fraîche, touchante, stimulante, foncièrement honnête. Et la pochette exquise. Chaudement recommandé.

I’m speechless, totally won over by this record. I’m down to a puddle of consumated joy. Blastula is an Italian duo consisting of percussionist Cristiano Calcagnile and singer Monica Demuru. Scarnoduo features 16 short tracks, improvised songs articulated around tongue and mouth plays, plays on multiple expressions, on traditional folk melodicism and Italian opera. I’m mostly reminded of Anna Homler, but this record has its own personality, and Calcagnile and Demuru make quite a pair. They have a fascinating level of interaction going on. This unpretentious record has no strikingly innovative feat to offer, but the music it holds is fresh, moving, stimulating, and honest. And the packaging’s pretty nice too. Warmly recommended.


GIANNI LENOCI & GIANNI MIMMO / Reciprocal Uncles (Amirani / Long Song)

Une belle collaboration entre le pianiste Gianni Lenoci et le saxo soprano Gianni Mimmo, deux Italiens. Même en mode improvisation libre, le jeu de Lenoci demeure étonnamment mélodique et fluide. Étrangement, c’est ce qui m’avait déplu sur son disque avec Joëlle Léandre chez Ambiances Magnétiques, mais c’est ce qui m’attire ici, peut-être à cause de ce pairage particulier avec Mimmo. Pas de facilité mais de l’élégance et de la pertinence dans cette séance d’improvisation.

A nice collaboration between pianist Gianni Lenoci and soprano saxman Gianni Mimmo, two Italians. Even in free improv mode, Lenoci’s playing remains surprisingly melodious and fluid. Strangely, that’s what had turned off on his Ambiances Magnétiques CD with Joëlle Léandre, but that’s what turns me on here, maybe because of that specific pairing with Mimmo. Elegant music, not easy-listening music. And relevant music.


TWITS / Dispositifs de tension (Rude Awakening présente)

Twits? Ça doit être le pire nom de groupe que j’ai croisé (faut être Québécois pour y voir quelque chose de très péjoratif..., désolé, lecteurs européens). Cela dit, ce quatuor (Aurélien Besnard, clarinette; Jonathan Fenez, tourne-disque; Julien Mauri, batterie; Marc Siffert, basse) fait dans l’improvisation légèrement terroriste - rythmes pesants, clarinette hurlante, un peu de post-punk, beaucoup de skronk, du rock-in-opposition aussi. “L’axe tord en périphérie” a carrément un air de Painkiller - ce qui n’est pas une mauvaise chose! Les tourne-disque sont utilisés intelligemment, autant pour du scratching bruitiste que pour de la citation inusitée. Du beau travail prometteur, j’aime. Ça va tourner bientôt sur Délire actuel. [Ci-dessous: “Chroniques d’une élongation”, depuis le site de Rude Awakening présente.]

Twits? That’s got to be the worst band name I’ve ever seen (you might have to be a Quebecer to see it like that, though). That said, this quartet (Aurélien Besnard, clarinet; Jonathan Fenez, turntables; Julien Mauri, drums; Marc Siffert, bass) delivers slightly terrorist improvisations - heavy beats, screaming clarinet, a bit of post-punk, lots of skronk, a touch of rock-in-opposition. “L’axe tord en périphérie” sounds downright like Painkiller - and that’s not a bad thing! The turntables are put to good use for some noisy scratching and unexpected quoting. Fine promising work, I like. This will get a spin or two on Délire actuel soon. [Below: “Chroniques d’une élongation,” from Rude Awakening présente’s website.]

http://jazzimpro34.free.fr/NU2/mp3/twits_chroniques-d-une-elongation.mp3


BRAAGAS / Tapas (Indies Scope)

Il fut un temps où l’étiquette Indies était le porte-étendard de la scène alternative tchèque. C’est là qu’on trouvait la folk complexe et originale de Brno, l’avant-rock angulaire de Prague. C’était dans les années 90, alors qu’Iva Bittova, Pavel Fajt et Uz Jsme Doma faisaient la pluie et le beau dans la république fraîchement libérée. Depuis, Indies s’est terriblement ordinairisée et ne fait plus que de la musique du monde et du rock sans originalité ni âme. Ils y réussissent bien, obtiennent des hits planétaires et gagnent des floppées de prix, mais où est passée la scène tchèque? Tout ça pour dire qu’il est difficile de trouver à redire d’un disque comme Tapas de Braagas, un quatuor féminin qui touche à toutes les musiques traditionnelles européennes, instruments d’époque compris, et qui chantent avec justesse des chansons d’un autre temps, revampées par la fusion des lieux et des époques. Talent? Oui. Qualité? Oui. Originalité? Non. Quelque chose de tchèque là-dedans? Du tout. On peut trouver quelque chose de très semblable en France, au Québec, aux États-Unis, en Australie.

There once was a time when the Indies label was the flagship of the Czech Republic’s alternative scene. That’s where you’d find the complex and quirky folk from Brno and the angular avant-rock from Prague. That was in the ‘90s, when Iva Bittova, Pavel Fajt and Uz Jsme Doma ruled the recently-liberated republic’s music scene. Since, Indies has become terribly mediocre and focused on washed-down world music and formulaic ready-to-export rock. They do it well, and they score international hits and garner awards, but where’s the innovative Czech scene I was knew? Anyway, all this to say that there’s hardly anything wrong with Tapas by Braagas, an all-female quartet that touches bases with most European forms of traditional folk music, with period instruments, and skillfully sing songs from another time, redressed by mixing eras and locations. Talent? Yes. Quality? Yes. Originality? No. Something Czech in there? Not at all; you could find something very similar in France, Quebec, the US, or Australia.


AL-YAMAN / Insanyya (Indies Scope)

Tchèque ou pas, ce nouveau disque d’Al-Yaman (cinq ans après le premier) tape fort. Il s’agit d’un très bon dub-pop fusion arabe. La chanteuse Ashwaq a une voix fort agréable, les arrangements sont inventifs - très rock, avec parfois une saveur presque progressive. “Makhatir” et “Qodum al Rasul” sont toutes très solides. Pour une référence québécoise, je penserais à Bambara Trans où l’élément afro-funk serait remplacé par de l’arabo-dub. Très convaincant.

Well, Czech or not, this second CD by Al-Yaman (five years after their debut) hits hard. This is very good Arab fusion dub-bop. Female singer Ashwaq has a very enjoyable voice, and the arrangements are innovative - with strong rock leanings, and even the occasional near-progressive flavour. “Makhatir” and “Qodum al Rasul” are both very good songs. If you allow me a Quebecois reference, I would compare them to Bambara Trans, minus the afro-funk element, plus an Arab-dub element. Quite convincing.

2010-03-23

Délire actuel, 2010-03-23

DÉLIRE ACTUEL

Édition du 23 mars 2010
Show aired on 23 March 2010

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Jazz actuel: En toute simplicité, deux heures de nouveautés en jazz actuel, avec, entre autres, trois nouveautés de Satoko Fujii et quelques big bands.
Avant-Jazz: Simply two hours of new avant-jazz releases with, among other things, three new CDs by Satoko Fujii and a handful of big bands.

NEW YORK ART QUARTET / Old Stuff (7:18) - Old Stuff (Cuneiform)
*DECOY / Decoy (10:35) - Vol. 1: Spirit (Bo'Weavil)

[NA]PALMT[H]REE / You! (5:19) - CPACQVER (Unit)
RED TRIO / Flat (13:45) - Red Trio (Clean Feed)

**SATOKO FUJII MA-DO / February - Locomotive - February (8:54) - Desert Ship (Not Two)
**FIRST MEETING / Flashback (4:22) - Cut the Rope (Libra)

**SATOKO FUJII ORCHESTRA TOKYO / Zakopane (7:49) - Zakopane (Libra)
FIGHT THE BIG BULL / Mothra (9:35) - All is Gladness in the Kingdom (Clean Feed)

FRED HO + THE GREEN MONSTER BIG BAND / The Struggle for a New World Suite: Guerillas Gone Wild (9:13) - Celestial Green Monster (Mutable Music)
IVO PERELMAN TRIO / Mind Games (8:40) - Mind Games (Leo)

***DAVID S. WARE / Anthe (10:16) - Saturnian (Solo Saxophones, Volume 1) (AUM Fidelity)


Merci à/Thanks to:
*Forced Exposure
**Braithwaite & Katz
***Improvised Communications


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS
Lien
SATOKO FUJII MA-DO
Une pièce du premier disque.
A track from the first record.


DAVID S. WARE
Un concert classique, en quatuor avec Matthew Ship, William Parker et Guilhermo Brown.
A classic performance, in a quartet featuring Matthew Ship, William Parker and Guilhermo Brown.

Délire musical, 2010-03-23

DÉLIRE MUSICAL
Réécoutez (streaming ou téléchargement) la dernière édition de Délire musical ICI (cherchez Délire Musical dans la liste).
You can listen (stream or download) to the latest Délire musical broadcast HERE (look for Délire Musical on the list of shows).

Édition du 23 mars 2010
Broadcast Date: 23 mars 2010

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST


Thème/Theme: ZEVIOUS / Come Cluster - After the Air Raid (Cuneiform)

THE AMERICAN ANALOG SET / We're Computerizing and We Just Don't Need You Anymore (5:50) - Know By Heart (Tigerstyle)
THE SAMUEL JACKSON FIVE / Counting Sheep (4:16) - Same Same, But Different (Honest Abe)
ALGERNON / The Briefing (4:24) - Ghost Surveillance (Cuneiform)

UNIVERS ZERO
/ Apesanteur (3:40) - Clivages (Cuneiform)
OVALE / Dessert (2:13) - Slalom (Great Winds)
ANEKDOTEN / King Oblivion (5:02) - A Time of Day (Virta)

*CHOOK / Tables Turn (3:13) - Psych Bites (Past & Present)
*AMANAZ / I Am Very Far (3:25) - Africa (Q.D.K. Media)
BLKTOP PROJECT / Keep on Pushin' (3:41) - Lane Change
AMON DÜÜL II / Deutsch Nepal (3:02) - Wolf City (Revisited)

RADIO MASSACRE INTERNATIONAL / Aeon (extrait/excerpt: 5:00) - Time & Motion (Cuneiform)

merci à/thanks to:
*Forced Exposure


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

AMON DÜÜL II
La même chanson, "Deutsch Nepal", en concert plus de 30 ans plus tard!
The same song, "Deutsch Nepal", performed live some 30 years later!

2010-03-22

2010-03-22: Dawn of Midi, No More Shapes, Tommy Babin's Benzene, Denis Fournier 4tet+, Rova/Nels Cline Singers, Copernicus, Robert Musso

Journal d'écoute / Listening Diary

2010-03-22


DAWN OF MIDI / First (Accretions - merci à/thanks to: John Bourke P.R.)

Un joli disque d’improvisation, inspiré et rondement mené par des musiciens de talent qui m’étaient inconnus: Qasim Naqvi (percussioniste pakistanais), Aakaash Israni (bassiste indien) et Amino Belyamani (pianiste marocain). Une musique tendre, fortement ancrée dans le jazz, avec des éléments expérimentaux. J’ai surtout accroché sur “In Between”, pièce qui conclue le disque sur un mode approchant beaucoup The Necks. À réécouter pour voir si ce ne serait pas une perle discrète, à tout hasard.

A fine record of inspired improvisation by three musicians I didn’t know before: Pakistani percussionist Qasim Naqvi, Indian bassist Aakaash Israni, and Moroccan pianist Amino Belyamani. Sweet music deeply rooted in the jazz idiom, with experimental leanings. I was mostly taken by “In Between,” the past piece, because of its Necks-like feel. Could this CD be an unsuspected gem? I’ll have to listen again, just in case.


NO MORE SHAPES / Creesus Crisis (Drip Audio/Darker Mythology)

Un sympathique trio de Calgary: Jay Crocker (guitare et électroniques), J.C. Jones (trombone), Eric Hamelin (batterie et percussion). Un jazz moderne métissé d’indie rock, Fond of Tigers en mode trio jazz. Des moments intenses, mais avec beaucoup de finesse (ce qui n’est pas toujours évident avec un trombone). Ça me fait un peu penser au NOMA de Tom Walsh, mais encore plus aux projets de Jesse Zubot - un trio qui a clairement sa place chez l’étiquette Drip Audio.

A fun trio from Calgary: Jay Crocker (guitar and electronics), J.C. Jones (trombone), and Eric Hamelin (drums, percussion). Modern jazz with indie rock elements, like Fond of Tigers in jazz trio mode. Some bits are intense, but there’s a lot of finesse (something not that easy with a trombone), I’m reminded of Tom Walsh’s NOMA and Jesse Zubot’s projects. This trio is clearly at home on Drip Audio.


TOMMY BABIN’S BENZENE / Your Body Is Your Prison (Drip Audio/Fontana North)

Le contrebassiste vancouverois Tommy Babin (anciennement de Montréal) a un joli pedigree (Jorane, Jesczce Raz, entre autres). Voici son premier disque à titre de compositeur et leader, et c’est une réussite. Il se présente sous la forme d’une suite continue de 50 minutes, Your Body Is Your Prison, interprétée par un quatuor (le saxo baryton Chad Makela, le guitariste Chad MacQuarrie, le batteur Skye Brooks de Fond of Tigers, plus Babin). Le solo de Babin en ouverture donne le ton: souple, dansant, mais chargé, avec beaucoup de viande sonique autour de l’os conceptuel. Un disque enlevant, qui m’a plu instantanément et auquel je reviendrai avec plaisir.

Vancouver-based bassist Tommy Babin (who used to live in Montréal) has a quite a track record (with Jorane and Jesczce Raz, among others). This is his first album as a composer/leader, and it’s a resounding success. Your Body Is Your Prison consists of a single 50-minute suite performed by a quartet (baritone sax Chad Makela, guitarist Chad MacQuarrie, drummer Skye Brooks of Fond of Tigers, and Babin on doublebass). Babin’s opening solo sets the tone: flexible, dancing, with a phat, loaded tone - lots of sonic meat around the conceptual bone. An uplifting record that got me interested from the start. I’ll be gladly getting back to this one.


DENIS FOURNIER 4TET + / La Conférence des oiseaux (Rude Awakening présente)

Un quintette miroir français centré sur le batteur Denis Fournier, avec deux cuivres (le trompettiste Jean Luc Cappozzo et le saxophoniste Lionel Garcin) et deux contrebasses (Bernard Santacruz et Guillaume Séguron). La Conférence des oiseaux est une séance d’improvisation collective dirigée par Fournier. On y trouve de tout: des pièces énergéiques d’inspiration free jazz et des morceaux plus pointillistes. L’interaction des contrebasses apporte beaucoup de mouvement. Une session vive et riche en belles surprises.

A French mirror quintet with drummer Denis Fournier in the center spot, two horns (trumpeter Jean Luc Cappozo and saxman Lionel Garcin) and two doublebasses (Bernard Santacruz and Guillaume Séguron). La Conférence des oiseaux is a collective improvisation session led by Fournier. There’s a little of everything: dynamic free jazz-like tracks and more delicate pieces. The interaction between the doublebasses contributes a lot of movement. A vivid session, full of nice surprises.


ROVA & NELS CLINE SINGERS / The Celestial Septet (New World Records)

Splendide, splendide, splendide! Une collaboration de premier plan entre le quatuor de saxophones ROVA et le trio Nels Cline Singers (Cline, Devin Hoff, Scott Amendola). Plus que la rencontre de deux mondes, une écriture musicale synergétique qui fait un usage brillant des talents et idiosyncrasies de ces deux ensembles. Cinq pièces, dont quatre font plus de 12 minutes, chacune proposant un jazz actuel mordant et angulaire, quelque part entre Sun Ra, Ornette Coleman, Henry Cow et le 21e siècle. Chaudement recommandé! [Ci-dessous: Un extrait de “The Buried Quilt”. D’autres extraits ici.]

Splendid, splendid, splendid! A first-rate collaboration between the ROVA sax quartet and the Nels Cline Singers trio (Cline, Devin Hoff, Scott Amendola). More than the encounter between two universes, this is synergetic wrtiting making brilliant use of the talents and idosyncrasies of both groups. Five pieces, four of which are over 12 minutes long, each one offering cutting-edge, angular avant-jazz that lies somewhere between Sun Ra, Ornette Coleman, Henry Cow, and the 21st century. Highly recommended! [Below: An excerpt from “The Buried Quilt.” More audio clips here.]

http://www.newworldrecords.org/media/fileInvTB.mp3


COPERNICUS / Nothing Exists (Nevermore / Moonjune)

À la suite de la parution de Disappearance en 2009, il semble que Moonjune s’embarque dans un programme de réédition de la discographie de Copernicus. Nothing Exists remonte à 1984 et porte les marques de son époque, particulièrement sur “I Won’t Hurt You”, pénible par son côté pop. Autrement, il s’agit d’un disque intéressant, puissant même (“Let Me Rest” très convaincante, “Nagasaki” effrayante). La fin du monde, la destruction par la bombe H - les thèmes n’ont rien de rigolo, mais la musique d’ensemble, fortement improvisée, qui accompagne les textes déclamés de Copernicus, lui va comme un gant.

Following the release of Disappearance in 2009, it seems that Moonjune is embarking on a Copernicus reissue program. Nothing Exists is an album from 1984, and it shows, especially on the hurtful “I Won’t Hurt You” (it sounds WAY too 1984, if you know what I mean). Otherwise, it’s a fine record, powerful at times (“Let Me Rest,” “Nagasaki”). The end of the world, destruction by the H bomb - no light topics here, but the band’s music, largely improvised, is a perfect fit to Copernicus’ spoken words.


ROBERT MUSSO / Active Resonance (MussoMusic)

J’avais cet album de 1992 en cassette (acheté à très petit prix) et je n’ai pu résister à me le reprocurer, maintenant qu’il est disponible en format numérique. Musso est un guitariste jazz-funk avec une légère tendance expérimentale. Un fusion ethno-funk qui réunit sur un même disque chanteur arabe, percussions indiennes, Bill Laswell, le saxo Thomas Chapin, ainsi que Bernie Worrell et Bootsy Collins de Parliament. Ce disque a quelques longueurs, quelques moments mièvres aussi, mais c’est généralement du bon jazz-rock instrumental hors-norme.

I used to have this 1992 album on cassette (bought for a very low price), and I couldn’t resist buying it again now that it’s available from download merchants. Musso is a jaz-funk guitarist with a slight experimental leaning. Ethno-funk fusion that brings together an Arab singer, Indian percussionists, Bill Laswell, avant-jazz saxman Thomas Chapin, and Parliament’s Bernie Worrell and Bootsy Collins. This album is a bit overlong and holds a few cheesy moments, but it’s usually good unusual yet accessible instrumental jazz-rock. Fun stuff.