Portail du journalisme et de l'activisme musical de François Couture.

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2009-11-27

2009-11-27: NHK, Grischa Lichtenberger, Aoki Takamasa, Mika Vainio, Hasse Poulsen, Julian Colbeck, Lindsay Cooper, Magma

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-27

NHK / NHK [Unununium] (Raster-Noton - merci à/thanks to Dense Promotion)

L’étiquette d’électro expérimentale Raster-Noton publie depuis le printemps 2009 une série de neuf 12 pouces (une vingtaine de minutes chacun, aussi disponibles en téléchargements) intitulée “Unun”, suivant les numéros atomiques grecs des éléments chimiques 111 à 119. “Unununium” [111] est l’affaire du duo japonais NHK, qui livre six courtes pièces aux pulsations véhémentes, aux mélodies squelettiques et aux bruits galopants. C’est frénétique, presque dansable, dans l’esprit des premiers Pita, avec la facétie des premiers Farmers Manual aussi.

Since sprint 2009, the experimental electro label Raster-Noton is releasing a series of nine 12” EPs (also available as downloads) entitled “Unun”, following the Greek atomic numbers for chemical elements 111-119. “Unununium” [111] features the Japanese duo NHK, who deliver six short high-pulsating pieces, with skeletal melodies and galopping beats. It’s frantic, almost danceable, in the spirit of the first Pita albums and the whimsy of early Farmers Manual.

GRISCHA LICHTENBERGER / Treibgut [Ununbium] (Raster-Noton - merci à/thanks to Dense Promotion)

L’élément 112 (Ununbium) est l’œuvre de Grischa Lichtenberger, un Allemand qui m’est inconnu. Son approche techno-glitch est plutôt crue mais tout à fait en phase avec le son de Raster-Noton, trop peut-être. Ça manque de signes distinctifs, mais ses cinq pièces bougent et se contortionnent à souhait.

Element 112 (Ununbium) is the work of Grischa Lichtenberger, a German artist I didn’t know about. His techno-glitch approach is raw but very attuned to the Raster-Noton sound – too attuned, maybe. It lacks something distinctive, but his five tracks move and twist a lot.

AOKI TAKAMASA / RN-Rhythm-Variations [Ununtrium] (Raster-Noton - merci à/thanks to Dense Promotion)

L’élément 113 (Ununtrium) est l’œuvre d’Aoki Takamasa, un Japonais dont je n’avais jamais entendu parler non plus. Il fait dans la techno minimaliste dansante. Très peu de glitch. Peu de surprises aussi. Variations rythmiques, soit, et certaines sont assez intéressantes, mais ça demeure froid et relativement conventionnel.

Element 113 (Ununtrium) is the work of Aoki Takamasa, a Japanese artists I never heard of either. Danceable minimal techno. Very little glitch. Very little surprises too. Rhythm variations indeed, and some variations are interesting, but the whole remains cold and rather conventional.

MIKA VAINIO / Vandal EP [Ununquadium] (Raster-Noton - merci à/thanks to Dense Promotion)

L’élément 114 (Ununquadium) est l’œuvre de Mika Vaino (Pan Sonic) et, de loin, le meilleur des quatre premiers numéros de la série. Vainio y va de son approche la plus dansante, ce qui ne l’empêche pas de surprendre, de dévier, de manier le rythme comme si c’était quelque chose de sale et de rustre.

Element 114 (Ununquadium) is the work of Mika Vaino (of Pan Sonic fame) and is, by far, the better of the first four installments in the series. Vainio goes for his more danceable approach, which doesn’t prevent surprises and deviations. He handles rhythms as if they were dirty, coarse things.

HASSE POULSEN / L’Art abstrait n’a pas dit son dernier mot (Quark Records)

Le guitariste Hasse Poulsen invité par un festival Danois à composer du matériel pour un sextuor local assemblé pour l’occasion (des membres des groupes Takuan et Trio Trang). Poulsen s’inspire ici de la musique de Louis Sclavis et produit sa propre version d’une musique actuelle légère, tendre, à la fois rigolote et bien sentie. On pense à Sclavis, oui, mais aussi à Derome et Lussier, entre autres. C’est fin, intelligent et agréable. J’aime.

Guitarist Hasse Poulsen was invited by a Danish festival to compose material for a local sextet assembled for the occasion (members of the groups Takuan and Trio Trang). Poulsen drew inspiration from the music of Louis Sclavis to come up with his personal take on light/sweet creative music, both funny and thought-out. I’m thinking Sclavis of course, but also Derome and Lussier. It’s sophisticated, intelligent, and quite enjoyable. I like.

JULIAN COLBECK / Back to Bach (Voiceprint)

Je connais surtout Julian Colbeck comme le claviériste de Steve Hackett dans les années 90 et claviériste fantôme de Yes et ABWH. Début des années 90 (1992?), il a commis ce disque, des interprétations des Préludes et Fugues de Bach. Les pièces sont jouées par le pianiste Jonathan Cohen et Colbeck ajoutent des pistes de synthés et de percussions électroniques. Le résultat est lamentable - et présenté en double(!!), avec et sans la piste de piano, pour qui voudra s’accompagner. Avec piano, ça sonne comme une relecture nouvel-âgeuse de Bach. Sans piano, ça sonne comme de la musique générique pour fonds sonores. Et ça sonne TRÈS début 90. J’ai abandonné en cours de route.

I know Julian Colbeck mostly as Steve Hackett’s keyboardist in the ‘90s and the ghost keyboardist for Yes and ABWH. In the early ‘90s (1992?), he released this platter, a set of interpretations of Bach’s Preludes and Fugues. The pieces are performed by pianist Jonathan Cohen, to which Colbeck adds synth tracks and programmed percussion. The results are terrible, and delivered twice (!), with and without the piano track, in case you’d like to play along. With piano, it sounds like a new-agey take on Bach. Without piano, it sounds like generic library music. And it sounds VERY early ‘90s. I gave up after 20 minutes, couldn’t take any more of it.

LINDSAY COOPER / Sahara Dust (Intakt)

Je me suis procuré ce vieux disque (1993) à petit prix dernièrement, parce qu’il est impossible de se tromper avec Lindsay Cooper, encore moins lorsqu’elle confie le chant au grand Phil Minton. Diantre que j’aime Minton! Quelle voix, quelle charge émotive, quel étonnement perpétuel! Mais Cooper est la grande vedette de Sahara Dust; son écriture est ici coulante, poignante, complexe mais si immédiate. De la grande musique actuelle qui a évolué naturellement du Rock-in-Opposition de Henry Cow vers quelque chose de plus musique contemporaine, sans devenir guindée. Sahara Dust est plus “musique actuelle” et moins “rock” que Oh Moscow!, mais tout aussi enlevante. Superbe.

I recently acquired this old CD (1993) at a small price, because you just can’t go wrong with Lindsay Cooper, especially when she entrusts vocal duties to the great Phil Minton. Darn, do I love that guy! What voice, what emotional depth, what endless amazement! Cooper’s the real star though, and her writing flows naturally, poignantly, in a complex yet immediate form. Great musique actuelle that evolves naturally from Henry Cow’s rock-in-opposition toward contemporary classical, without stiffing up in the process. Sahara Dust is more “musique actuelle” and less rock that Oh Moscow!, but just as rapturing. Splendid.

MAGMA / Ëmëhntëhtt-Ré (Seventh)

Je suis complètement séduit et je le répète: meilleur que K.A., que j’ai pourtant encensé profusément à sa sortie en 2004. Ce disque est complètement dément, plus extatique que tout ce que Magma a fait avant. Un rush phénoménal! Viva Magma! Hamataï!

I am totally seduced and I’ll say it again: better than K.A., which I had copiusly lauded upon its release in 2004. This CD is demented, more ecstatic than anything Magma recorded before. A phenomenal rush! Viva Magma! Hamataï!

Critiques AMG Reviews: 2009-11-27

Marina Rosenfeld: Plastic Materials

2009-11-26

2009-11-26: Paul Baran, Broderick/Machiefabriek, Helios

Journal d'écoute / Listening Diary

2009-11-26


PAUL BARAN / Panoptic (Fang Bomb - merci à/thanks to Dense Promotion)

Un disque étrange, hybride de musique acoustique et électroacoustique, musicale et texturale, solitaire et collective. Panoptic se veut “une bande sonore pour la vie de gens créatifs touchés par les concepts de sous-classe, de surveillance et de danger du consensus de masse”. Un programme lourd, mais une musique douce, souvent immatérielle, qui va de la composition contempo-minimaliste à l’improvisation silencieuse. Paul Baran s’est entouré d’une belle brochette d’expérimenteurs, dont Keith Rowe, Werner Dafeldecker (qui fait l’erreur de chanter!), Andrea Belfi et Rhodri Davies. Long mais intrigant. [Ci-dessous: Sur cette page, écoutez “Pomerol”, un extrait de l’album.]

A strange record, a hybrid of acoustic and electroacoustic music, musical and textural, solo yet collective. Panoptic is “an attempt to soundtrack the lives of creative people affected by such concepts as underclass, surveillance and the dangers of mass consensus.” Quite a program, but the music proves to be soft, light, often immaterial, and ranges from minimal contemporary composition to quiet improvisation. Paul Baran is surrounded by a near-all-star cast of experimentalists, such as Keith Rowe, Werner Dafeldecker (who sings - he’ll have to apologize for that one), Andrea Belfi, and Rhodri Davies. Long but intriguing. [Below:On this page you can listen to “Pomerol”, a track from the album.]

http://soundcloud.com/fang-bomb/paul-baran-pomerol


PETER BRODERICK & MACHINEFABRIEK / Blank Grey Canvas Sky (Fang Bomb - merci à/thanks to Dense Promotion)

Décidémment, 2009 aura été l’année de Peter Broderick, du moins dans mon livre, avec TROIS disques remarquables. Blank Grey Canvas Sky entre dans la catégorie “musique ambiante et expérimentale” de Broderick (qui fait aussi de la chanson folk et des musiques cinématiques). Cette collaboration avec Machinefabriek est un petit bijou de textures zen, de mélodies au vernis antique et de recherches sonores qui grattent mais apaisent. Les fans de Broderick entendront ici plus de pollutions numériques qu’ils en ont l’habitude, sans pour autant se sentir perdus. Les univers de ces deux artistes s’intersectent bien. [Ci-dessous: Sur cette page, écoutez “Kites”, un extrait de l’album.]

2009 definitely has been the Year of Peter Broderick, at least in my book, with THREE remarkable records. Blank Grey Canvas Sky fits in Broderick’s “ambiant experimental music” body of work (he also does alt-folk and film music). This collaboration with Machinefabriek is a little gem, full of zen textures, antiquated melodies, and audio research that grates yet calms. Broderick’s fans will be treated to a little more digital pollution than what they’re used to, but they won’t feel lost. The soundworlds of these two artists intersect in very nice ways. [Below: On this page you can listen to “Kites”, a track from the album.]

http://soundcloud.com/fang-bomb/peter-broderick-machinefabriek-kites


HELIOS / Unleft (Circle into Sqaure Records)

J’aime, à des degrés divers, les trois disques d’Helios parus chez Type Records ces dernières années. Celui-ci vient de sortir sur un autre label. Et il est encore plus doux et ambiant que les précédents. À la limite du nouvel âge, dans ce cas-ci. Peut-être un peu trop mou. Je préfère Caesura, ou même celui qui présentait des chansons (Ilyos?). Tout de même de belles musiques instrumentales ambiantes, carressantes, embrumées.

I like, at various degrees, Helios’s three CDs for Type Records. This one just came out on a different label, and it’s even quieter and more ambiant than his previous efforts. Borderline New Age music, in fact. A tad too soft, me thinks. I prefer Caesura, or even the one that featured songs (Ilyos?). Still, some pretty instrumental ambiant music, caressing and foggy.

2009-11-25

2009-11-25: Dante's Purgatorio, Bill Dixon Orchestra

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-25

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Dante’s Purgatorio - The Divine Comedy, Part II (Musea)

De tous les projets conjoints entre Musea et le magazine Colossus, cette série sur La Divine Comédie de Dante est de loin le plus… colossal. Trois coffrets, un pour chaque livre de l’œuvre (l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis), chaque coffret comptant quatre disques, chaque chant du livre étant interprété par un artiste différent. Le deuxième volet vient de paraître (Dante’s Purgatorio) et comporte 36 pièces, soit les 33 chants (poèmes) de Dante, plus une intro et une conclusion, plus une pièce boni. Les règles habituelles de Colossus s’appliquent: compositions dans le style rock progressive symphonique des années 70 avec instruments analogiques et paroles dans la langue d’origine du groupe. Comme pour le tome 1, le livret livre un résumé de chaque chant de Dante pour contextualiser. C’est solide, c’est très dense, c’est une somme. La sélection d’artistes recoupe beaucoup celle du tome précédent et des projets Colossus antérieurs. Parmi les “usual suspects”, Nemo, Nexus, Mad Crayon et Yesterdays livrent de solides pièces. Parmi les quelques nouveaux venus, je suis heureux de voir Raimundo Rodulfo et Phideaux. Évidemment, j’ai fait l’erreur de tout écouter d’une traite, ce qui est beaucoup trop - les chansons et les artistes se mélangent dans ma tête. J’y reviendrai à petites doses. Cela dit, Dante’s Purgatorio n’est pas du grand rock progressif, il n’y a rien ici, à premier abord, d’inoubliable. Mais c’est tout de même un sacré projet.

Of all the joint ventures between Musea and the Colossus magazine, this series about Dante’s Divine Comedy is by far the most… colossal. Three box sets, one of each book of the work (Inferno, Purgatorio, Paradiso), each set comprising four CDs, each canto in the book being performed by a different artist. This second installment just came out (Dante’s Purgatorio) and consists of 36 tracks, i.e. Dante’s 33 cantos (poems), plus an intro and outro, plus a bonus track. Colossus’s usual rules apply: compositions in the ‘70s symphonic progressive rock style using analog instruments and sung in the artist’s native tongue. As with Part I, the booklet gives a synopsis of each canto to help contextualize the music. It’s a strong album, very dense, a summary of sorts. The artists line-up intersects often with Part I and with previous Colossus projects. Among the usual suspects, Nemo, Nexus, Mad Crayon, and Yesterdays deliver strong contributions. Among the handful of newcomers, I’m pleased to see Raimundo Rodulfo and Phideaux. Of course, I made the mistake of listening to the whole thing at once, which is way too much – songs are artists are now all mixed up in my head. I’ll come back to it in smaller doses. That said, Dante’s Purgatorio is not great prog rock, there’s nothing here that sounds unforgetable at first listen. But it’s still one heck of an ambitious project.

THE BILL DIXON ORCHESTRA / 17 Musicians in Search of a Sound: Darfur (AUM Fidelity)

Après avoir entendu Tapestries, paru tout récemment chez Firehouse 12, j’ai voulu me procurer ce disque remontant à 2008 et mettant en vedette un ensemble semblable mais plus imposant en nombre. Quel beau disque, une musique riche, si bien agencée, aux mouvements si souples. On l’a dit à plusieurs moments de sa carrière, mais Bill Dixon pourrait bien être en train d’écrire ses plus belles et audacieuses musiques.

After listening to the recently released Tapestries (on Firehouse 12), I just had to get this CD from 2008 – it features a similar though larger ensemble. What a nice album, music so rich, so well organized, with such smooth movements. It has been said a few times in his career, still Dixon might just be writing some of his most beautiful and daring music yet.

2009-11-24: Hildegard Lernt Fliegen, Jason Adasiewicz, Mai Lev, Gong

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-24


HILDEGARD LERNT FLIEGEN / ...vom fernen Kern der Sache (Unit Records)

Wow! Quelle surprise! Hildegard lernt fliegen est un groupe dirigé par le chanteur Andreas Schaerers. Chanteur, groupe et musique ressemblent beaucoup à Friendly Rich & The Lollipop People: mélange de musique de cirque, de klezmer, de skronk, de musique actuelle des années 80-90 (l’école RecRec et Ambiances Magnétiques). TRÈS convaincant. Un chant puissant, des arrangements solides, des solos inventifs. Et un livret et pochette superbes signés Peter Baeder, qui avait signé la pochette du mémorable Kleinzeit de No Secrets in the Family (oui, j’ai reconnu son style immédiatement). Et avec la déception qu’est le nouveau disque de Friendly Rich (avait-on vraiment besoin d’une AUTRE relecture de Pictures at an Exhibition?), cet album suisse arrive à point nommé! -- Après une seconde écoute aujourd’hui, je tempère la comparaison à Friendly Rich: la voix de Schaerers est plus douce et sensuelle, la musique a des moments d’une grande douceur. [Ci-dessous: Une de ces pièces plus douces, “A Tale from the Forest”, trouvée sur le site du groupe.]

Wow! What a surprise! Hildegard lernt fliegen is a band led by singer/composer Andreas Schaerers. Singer, group, and music are all reminiscent of Friendly Rich & The Lollipop People: same blend of circus music, klezmer, skronk, ’80-‘90s creative rock (the RecRec and Ambiances Magnétiques stables). VERY convincing. Powerful singing, strong arrangements, creative solos. And a cover/booklet drawn by Peter Baeder, who had done such a great job on No Secrets in the Family’s Kleinzeit (yes, I actually recognized his style instantly). And considering how disappointing Friendly Rich’s latest CD is (who actually needed yet another rereading of Pictures at an Exhibition?), this Swiss platter is more than welcome! -- After listening a second time today, I want to tone down the comparison with Friendly Rich: Schaerers’s voice is much smoother and sensual than Rich’s, and the music can grow very quiet at times. [Below: One of those quieter tracks, “A Tale from the Forest,” found on the band’s website.]

http://www.hildegardlerntfliegen.ch/MUSIC/03%20a%20tale%20from%20the%20forest.mp3


JASON ADASIEWICZ’S ROLLDOWN / Varmint (Cuneiform)

Décidemment, l’étiquette Cuneiform a surpris avec sa fournée de l’automne 2009 (voir aussi ma chronique sur Ergo). Cela dit, j’étais emballé l’idée que la valeureuse Cuneiform publie ce second disque de l’ensemble de Jason Adasiewicz. À Chicago, ce vibraphoniste est en train de remettre son instrument sur la carte du jazz. Son quintette est solide en talent (Josh Berman au cornet, Aram Shelton au saxo, Jason Roebke à la contrebasse, Frank Rosaly à la batterie) et ses compositions fortes en thèmes évocateurs. Évidemment, le vibraphone est à l’honneur partout, mais on a droit aussi à de jolis échanges entre les cuivres. Adasiewicz n’est pas un compositeur particulièrement novateur, mais ses pièces portent bien son instrument, et son jeu à cet instrument mérite définitivement qu’on y porte attention. [Ci-dessous: La pièce “Hide”, trouvée sur le site de Cuneiform.]

The Cuneiform label sure had a surprising batch of releases this Fall (see also my comment on Ergo). However, I was thrilled to learn that the notable label was releasing the second CD by Jason Adasiewicz’s ensemble. In Chicago, this vibes player is putting his instrument back on the jazz map. His quintet is talent-heavy (Josh Berman, trumpet; Aram Shelton, sax; Jasno Roebke, bass; Frank Rosaly, drums), and his compositions are loaded with evocative themes. Obviously, the vibraphone is the star of the show, but there are also some beautiful exchanges between horns. Adasiewicz is not a particularly innovative composer, but his pieces carry his instrument well, and his playing on saif instrument is definitely worthy of your attention. [Below: The track “Hide”, found on Cuneiform’s website.]

http://www.cuneiformrecords.com/realaudio/Adasiewicz_Hide.mp3


MAI LEV / Birthday (Off - merci à/thanks to Forced Exposure)

Mai Lev est une jeune chanteuse pop israélienne. Sur son premier disque solo, elle offre une jolie brochette de chansons coquines avec orchestrations. Lesdites orchestrations font plus d’une fois penser à celles de Van Dyke Parks pour Joanna Newsom (d’ailleurs, le communiqué de presse mentionne que Parks est un fan de Mai Lev et qu’ils travailleront ensemble...). Il y a du Kate Bush là-dedans aussi, ainsi qu’une certaine légèreté française. Tout n’est pas merveilleux sur ce disque, deux ou trois chansons franchement banales, mais ce qui marche marche très bien, en particulier les quatre ou cinq premières pièces, où on se croirait dans le premier disque de Björk vu à travers le prisme de Newsom... ou quelque chose du genre. À surveiller.

Mai Lev is a young Israeli singer. Her solo debut delivers a string of quirky orchestrated songs. Said orchestrations often remind me of what Van Dyke Parks did for Joanna Newsom (incidentally, the press release mentions that Parks has become a fan of Mai Lev and that they should be working together soon…). There’s some Kate Bush in here, and some of that light French chantuse ouch too. It’s not all good, with two or three tracks being downright trite, but the album works out pretty well as a whole, especially the first four or five songs, where you could be tricked to think you stumbled back into Björk’s first, seen through Newsom’s prism… or something like that. Keep an eye on her.


GONG / 2032 (G-Wave)

J’ai entendu une partie du nouveau disque de Gong, en concert, au NEARFest 2009. Et ça augurait bien. Pourtant, même si je savais à quoi m’attendre, je suis surpris par la qualité de ce Gong nouveau: écriture, interprétation, production, tout me ravis. J’irai même jusqu’à dire que c’est le meilleur disque de Gong depuis la sacro-sainte tétralogie. Fermement ancré dans l’héritage du groupe (certains thèmes classiques font de brèves apparitions sous formes de variantes, une stratégie qu’applique Daevid Allen depuis... Camembert électrique!), 2032 va de l’avant, intégrant un son moderne et développant l’histoire des Pothead Pixies - 2032 est l’année à laquelle ils doivent revenir sur Terre, tel qu’indiqué dans les notes originales du disque Angel’s Egg. Un space rock qui n’a pas peur du ridicule et qui le porte très bien... tout comme moi, d’ailleurs! “Would you like some tea?”

I have heard part of this material at Gong’s live set at NEARFest 2009. And I had liked it back then, and was looking forward to the new studio album. And even though I knew what to expect, I’m still surpried by the quality of this Gong nouveau: the writing, the performances, the production – I’m pleased by every aspect of it. I’ll go as far as saying that this is Gong’s best studio album since the classic tetralogy. Firmly rooted in the band’s heritage (some well-known themes pop up as variations, a strategy Daevid Allen has been using since… Camembert électrique!), 2032 moves forward, integrating a modern sound and developing further the story of the Pothead Pixies – 2032 is the year they plan to come back on Earth, as stated in the original liner notes to Angel’s Egg. This space rock is not afraid of ridicule, which it wears well… just like I do! “Would you like some tea?”

2009-11-24

Délire actuel, 2009-11-24

DÉLIRE ACTUEL

Édition du 24 novembre 2009
Show aired on 24 November 2009

DESCRIPTION
DESCRIPTION


Avant-prog: Entre la parution d'un nouveau disque studio de Magma et d'un nouveau disque studio de Present, plus d'autre choix que de faire une édition de Délire actuel consacré aux nouveautés en avant-prog! Deux grands disques, en passant. Et Susan Fancher là-dedans? Écoutez bien la pièce de Morton Subotnick qu'elle interprète; j'y entends des prémisses fortes de rock progressif.
Avant-Prog: Between the release of new studio albums by Magma AND Present, I had no choice but to do a two-hour show on new avant-prog releases! Two great records, by the way. And what about Susan Fancher, you ask? Listen carefully to the Morton Subotnick composition she's playing; I hear in it strong prog rock premisces.

MAGMA / Ëmëhntëtt-Ré III (13:07) + Ëmëhntëtt-Ré IV (3:54) - Ëmëhntëtt-Ré (Seventh Records)
MIRIODOR / Insomnie prémonitoire (6:45) - Live 89 (ProgQuébec)

PRESENT / Vertiges (16:25) - Barbaro (ma non troppo) (Ad Hoc)

LED BIB / Call Centre Labyrinth (7:07) - Sensible Shoes (Cuneiform)

BLAST 4TET / Sift (12:03) - Sift (ReR Megacorp)
BRATKO BIBIC & THE MADLEYS / Labis Carniolus 1-2-3 (9:39) - Live at Alpentöne (Bergtöne)

SUSAN FANCHER
/ In Two Worlds [comp.: Morton Subotnick] - In Two Worlds (Innova)

MORAINE / Middlebräu (6:46) - Manifest Density (Moonjune)


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

PRESENT
Extrait de "Promenade au fond d'un canal", grand classique de Present, tiré du DVD accompagnant le nouvel album Barbaro (ma non troppo).
An excerpt from Present's classic song "Promenade au fond d'un canal", from the DVD included with their new CD Barbaro (ma non troppo).


BLAST 4TET
En concert l'an dernier, vidéo amateure.
Live amateur footage from 2008.

Délire musical, 2009-11-24

DÉLIRE MUSICAL

Édition du 24 novembre 2009
Broadcast Date: 24 November 2009

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST


Thème/Theme: *CLUSTER / Oh Odessa - Curiosum (Bureau B)

SLOCHE / La Baloune de Varenkurtel au Zythogala (4:54) - Stadaconé (ProgQuébec)
BRUFORD / Beelzebub (3:27) - Feels Good to Me (Winterfold/Voiceprint)
CABEZAS DE CERA / Corazón Alegre (4:28) - Hecho en México (ind.)

*HEARTS NO STATIC / Fashion Death (4:25) - Motif (Bureau B)
THE SAMUEL JACKSON 5 / Locust Lowtalker (5:34) - Same same, but different (Honest Abe Records)
AARKTICA / I Am (The Ice) (3:54) - In Sea (Silber Records)

PERE UBU / Caligari's Mirror (2:53) - London Texas (ReR Megacorp)
VAN DER GRAAF GENERATOR / A Place to Survive (6:53) - Live at the Paradiso (Voiceprint)

MR. TUBE AND THE FLYING OBJECTS / Todos los noches (3:21) - Listen Up! (Sweet Nothing/MT Records)


merci à/thanks to:
*Forced Exposure


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

THE SAMUEL JACKSON 5
Extrait en concert l'an dernier.
Live footage from last year.



PERE UBU
Tant qu'à avoir parlé du nouveau disque studio de Pere Ubu (Long Live Pere Ubu), en voici un extrait.
Since we mentioned Pere Ubu's latest studio CD on the air (Long Live Pere Ubu), here's a track from it.

2009-11-23: Rothkamm, R. Stevie Moore, Ivo Perelman, The Fall, J21, Acid Mothers Temple

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-11-23


ROTHKAMM / ALT (Baskaru)

Déclaration volontaire: Depuis quelques années, l’étiquette française Baskaru m’embauche pour rédiger les communiqués de presse qui accompagnent les exemplaires promotionnels de ses disques. Ces textes non signés ont pour but de vendre et de convaincre. Cela dit, dans le cas précis d’ALT de Frank Rothkamm, je pense chaque mot que j’ai écrit sur ce communiqué. L’album devait paraître au printemps, mais Baskaru a connu des retards, et voilà que le disque est lancé alors que Rothkamm publie à son compte (sur son étiquette Flux) sa tétralogie Tetralogy, trois CD et un DVD échelonnés entre octobre 2009 et janvier 2010. (D’ailleurs, le second volet intitulé Zahra Fugues est disponible en téléchargement gratuit jusqu’à Noël). ALT est, et de loin, le disque le plus accessible de Rothkamm et, ce, pour deux raisons: 1) l’aspect mystification, toujours important chez cet artiste conceptuel, adopte une forme plus subtile et non-instrusive; 2) la musique s’apparente tout à fait à l’électronique ambiante. Il s’agit d’un groupe de courtes pièces électroniques, douces et mélodiques, très belles. Chaudement recommandé. Un drôle de contraste dans une œuvre déjà fort contrastée. [Ci-dessous: La pièce “GUI”.]

Full disclosure: For the past few years, the French label Baskaru has been hiring me to write the press releases sent out with promo copies of their releases. These unsigned papers are designed to sell and convince. That being said, in the specific case of Frank Rothkamm’s ALT, I mean every single word I wrote on that press release. The album was meant to come out last spring, but there have been delays at Baskaru, and now it comes out just as Rothkamm is self-releasing (on his own Flux imprint) his Tetralogy - three CDs and one DVD coming out between Oct ’09 and Jan. ’10. (In fact, the second installment, Zahra Fugues, is available for download FOR FREE, but only until Christmas.) ALT is, by far, Rothkamm’s most accessible record yet, and for two main reasons: 1) the mystification side of the album – always important in Rothkamm’s works – is downplayed and more subtle than usual; 2) the music is akin to ambiant electronica. It consists in a set of short electronic pieces, soft and melodic, very pretty. Highly recommended. A strange contrast in a body of work already full of contrasts. [Below: the track “GUI”.]

http://www.baskaru.com/audio/ROTHKAMM_ALT_02.mp3


R. STEVIE MOORE / Phonography (ReR Megacorp)

Un original s’il en fut un, R. Stevie Moore fait des musiques hors normes, inclassables et parfois saugrenues et, ce, depuis ses débuts, comme en témoigne son premier long-jeu, paru à titre indépendant en 1977. Phonography a été réédité à quelques reprises depuis. Dernière réédition en lice, celle de ReR Megacorp, dûment remasterisée. Mais n’attendez pas des merveilles audiophiles: ce disque a été enregistré à l’aide de deux enregistreurs à bandes domestiques, il est donc lo-fi par définition. Cela dit, il FAUT l’entendre pour la folie créatrice qu’il contient. Pensez au Lumpy Gravy de Frank Zappa, aux Residents, à Eugene Chadbourne. Divertissant, étonnant, multiforme.

An original if there ever was one, R. Stevie Moore makes music outside the box, uncategorizable, and occasionally downright zany. And it all started with his very first LP, the self-released 1977 opus Phonography. It has been reissued a few times since, and the latest reissue comes from ReR Megacorp. It has been duly remastered, but don’t expect an audiophile miracle; after all, it was recorded on a couple of consumer open-reel tape recorders, so it’s lo-fi by design. That said, you NEED to hear the mad creativity this album holds. Think of Frank Zappa’s Lumpy Gravy, The Residents, Eugene Chadbourne. Entertaining, surprising, shapeshifting.


IVO PERELMAN TRIO / Mind Games (Leo Records)

Le saxophoniste Ivo Perelman célèbre ses 20 ans de carrière discographique en publiant ce nouveau disque sous étiquette Leo Records. Mind Games le présente accompagné du contrebassiste Dominic Duval (un vieux compagnon d’armes) et du batteur Brian Wilson. Il s’agit d’une bonne, voire d’une très bonne session studio enregistrée en novembre 2008 et notable surtout pour “G.S. Farewelll”, une pièce épique de 26 minutes (Perelman fait rarement dans ce type de longueur). Perelman approche toujours le free jazz avec beaucoup de feeling.

Saxman Ivo Perelman is celebrating his 20 years of recording activity with this new CD on Leo Records. Mind Games features him with bassist Dominic Duval (a longtime partner) and drummer Brian Wilson. It’s a good, even very good studio session from November 2008, mostly notable for “G.S. Farewell,” a 26-minute epic (the man rarely goes to that kind of length). Perelman always approaches free jazz with lots of feeling.


THE FALL’S MARK E. SMITH AND ED BLANEY / The Train, Part Three (Voiceprint)

Mark E. Smith est le leader incontesté du groupe The Fall; Ed Blaney en a été le guitariste au début des années 2000. Ensemble, depuis l’an dernier, ils ont commis trois disques (je crois). The Train, Part Three (je n’ai pas entendu les deux autres) consiste en une pièce continue de 40 minutes. En fond sonore, un mélange d’ambiances sonores enregistrées dans diverses gares et à bord de divers trains européens. Par-dessus cette toile, la guitare électrique de Blaney tisse une narration rock variant entre le rockabilly et la noise; enfin, troisième couche, le discours mi-narré mi-chanté de Smith, ponctué d’un refrain simpliste mais qui lie le tout. Smith aborde ses thèmes habituels... et parle même un peu de trains. Pas inintéressant comme projet, mais seulement à moitié abouti. Je n’arrive pas à me défaire de l’impression qu’il s’agit d’une version free-punk du fabuleux projet Locomotive d’André Duchesne.

Mark E. Smith is the undisputed leader of the band The Fall; Ed Blaney was their guitarist in the early 2000s. Together, since last year, they’ve committed three records (i think). The Train, Part Three (the only one I’ve head) consists of a single 40-minute piece. In the background, a mix of field recordings made in various trains and trains stations across Europe. On a mid-level, Blaney’s electric guitar weaves a rock narrative that ranges from rockabilly to noise; in the foreground, Smith’s sung-said narrative, paired to a simple chorus/leitmotiv that ties the whole thing together. Smith touches bases with his usual topics, and even gets around talking about trains. Not uninteresting, but only half-developed. And I can’t shake off the feeling that I’m hearing a free-punk take on André Duchesne’s glorious Locomotive project.


J21 / Yellow Mind : Blue Mind (Voiceprint)

Premier abum solo de J21, guitariste qu’on pourrait qualifier de Joe Satriani qui prend son temps. Disons simplement que l’homme accorde plus de valeur à la musicalité et aux arrangements qu’aux prouesses m’as-tu-vu. C’est un bon disque de rock moderne, sur lequel on trouve des collaborateurs de valeur, surtout Trey Gunn (King Crimson) et Ed Mann (Zappa). Je me serais passé des miaulements rauques de Graham Bonnet (Rainbow, Alcatrazz). Recommandé aux amateurs du groupe Gordian Knot.

A first solo album by J21, a guitarist I could describe as a Joe Satriani taking his time. Let’s say the man value musicality and arrangements over sheer prowess. This is a good modern rock record, with a nice cast of guests – mostly Trey Gunn (King Crimson) and Ed Mann (Zappa). I could have done without the gruff cat wails of Graham Bonnet (Rainbow, Alcatrazz). Recommended to fans of Gordian Knot.


ACID MOTHERS TEMPLE & THE MELTING PARAISO U.F.O. / Does the Cosmic Shepherd Dream of Electric Tapirs? (Space Age Recordings)

Paru en 2004, mais je viens tout juste de me le procurer. Superbe, parmi les meilleurs Acid Mothers Temple de cette époque. Cotton Casino et Aum Gigi toujours à bord, beaucoup de folie planante, voix accélérées, chuchotements spaciaux, énergie vitale.

Released in 2004, but I just acquired it. Splendid, among the best Acid Mothers Temple albums of that time. Cotton Casino and Aum Gigi are still on board. Lots of trippy craziness, sped-up vocals, space whisper, and vital energy.

2009-11-22

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