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2013-02-07

2013-02-05/06: Nick Brooke, sroM, Anthony Braxton, Iannis Xenakis, Traces Two, Acid Mothers Temple


Journal d'écoute / Listening Diary 
2013-02-05/06

NICK BROOKE / Border Towns (Innova)
Imaginez un croisement entre les plunderphonics de John Oswald et le projet Say No More de Bob Ostertag (où de vrais musiciens apprenaient les pièces montées par Ostertag à l’aide d’échantillons de leur jeu). Nick Brooke a parcouru l’Amérique profonde (physiquement et culturellement) pour glaner des échantillons sonores, qu’il a ensuite assemblées en pièces complexes qui rappellent People Like Us. Puis, il a demandé à sept chanteurs et chanteuses d’apprendre à marier leurs voix aux échantillons, question de réduire au minimum la distinction entre enregistrement et performance en direct. Le résultat est impressionnant et déroutant. Kitsch et ironie côtoient l’hommage. Le grésillement des sources est doublé de prestations virtuoses, et le tout forme une toile musicale complexe, avec des moments microtonaux troublants et des juxtapositions étonnantes. Une certaine monotonie dans la forme s’installe au fil des 14 pièces, mais ça n’affecte pas trop la qualité du projet.  [Ci-dessous: Un extrait de l’album, “Silver City”.]
Imagine a cross between John Oswald’s plunderphonics and Bob Ostertag’s Say No More project (where real musicians had to learn the pieces created by Ostertag using samples of their own playing). Nick Brooke travelled the deeper recesses of America (physically and culturally) to gather sound samples. Then, he assembled these samples in complex tracks reminiscent of People Like Us. Finally, he asked seven singers, male and female, to learn to blend their voices with the samples in order to minimize the distinction between live performance and sample. The results are impressive and confounding. Kitsch and irony brush elbows with homage. The grating sound of very old samples is paired with virtuoso performances. And the whole thing forms a complex musical web, with troubling microtonal moments and surprising juxtapositions. A certain monotony in form sets in through the 14 tracks, but that doesn’t lessen the quality of the project.  [Below: “Silver City,” the opening track.]

SROM / One (Accretions - merci à/thanks to John Bourke P.R.)
sroM est le pseudo de Stephanie Robinson. Sur One, elle propose huit études sur synthétiseurs analogiques: une pièce, une note, jouée sur des synthés qu’elles manipulent en temps réel. Des musiques qui nous rappellent les possibilités des claviers à boutons et tirettes, ceux qui permettaient toutes sortes de manipulations du son. Cela dit, c’est tout de même un peu limité comme projet. Ce disque est paru sur vinyle et sur disque compact, mais je n’ai vu aucun de ces formats (j’ai eu droit uniquement à des mp3 - et les tags des fichiers ne correspondent pas à l’ordre des pièces sur le communiqué de presse, alors je n’ose pas citer des titres).
sroM is the alias of Stephanie Robinson. On One, she delivers eight analog synthesizer studies: one track, one note, played on synths she fiddle with in real time. Music to remind us of the possibilities these knobs-and-sliders keyboards offered. However, the results are somewhat limited in scope. This album is out on CD and LP, but I haven’t seen either format (I only got mp3s, and file tags don’t match the track list on the press release, so I don’t dare mention actual titles).

ANTHONY BRAXTON / Sax Quintet (New York) 1998 (New Braxton House)
En 1998, la Knitting Factory a présenté un festival Braxton sur trois jours, où tous les ensembles ont interprété la même œuvre,”Composition No. 173.” – question d’illustrer la malléabilité du système de Braxton. Voici ce que cette composition (à l’origine pour 4 acteurs, 2 solistes et ensemble) donne en version quintette de saxophones. En présence: Braxton, James Fei, Chris Jonas, Seth Misterka et Jackson Moore. Un arrangement très vif, au mélodisme complexe, rehaussé de solos enlevants. Emballant. Offert gratuitement en février 2013 aux abonnés de New Braxton House et à la carte aux autres.
In 1998, the Knitting Factory presented a 3-day Braxton festival where all the ensembles performed the same work, “Composition No. 173”, to show off how flexible Braxton’s system is. Here’s what this piece (originally scored for 4 actors, 2 soloists, and ensemble) sounds like in sax quintet version. The players are Braxton, James Fei, Chris Jonas, Seth Misterka, and Jackson Moore. An ultra-vivid rendition, with complex melodicism spiced up by spirited solos. A thrilling listen. A free download for New Braxton House subscribers in February 2013, also available a la carte.

IANNIS XENAKIS / GRM Works 1957-1962 (Recollection GRM - merci à/thanks to Forced Exposure)
La collection vinyle Recollection GRM consacre un volume aux travaux de Iannis Xenakis au sein du GRM – ce ne sont pas ses meilleurs, il y a quelque chose de très cru dans ces pièces, mais certaines ont un intérêt historique. Comme “Concret PH” présentée à l’Exposition universelle de Bruxelles. “Orient-Occident”, une musique de film, est une œuvre polysémantique intéressante à déconstruire. La face B propose “Bohor” (1962) dans une version remaniée en 1968 par le compositeur et jamais publiée à ce jour. Or c’est une pièce trop longue, au mixage inélégant. Je n’ai reçu que des mp3 pour cette critique, mais le volume consacré à Ivo Malec était un objet fort élégant et bien conçu.
The LP series Recollection GRM devotes a volume to Iannis Xenakis’ GRM-based works. They are not his best works – there’s a crude side to them – but some have historical significance. Like “Concret PH” presented at the Brussels World Fair. And the film music “Orient-Occident” is a polysemantic work that’s fun to deconstruct. Side B features “Bohor” (1962) in a version revised by the composer in 1968 and never released before. But it’s a very long track, with inelegant mixing. I only got mp3s for this review, the volume devoted to Ivo Malec was a classy, well-designed object.

ARTISTES VARIÉS - VARIOUS ARTISTS / Traces Two (Recollection GRM - merci à/thanks to Forced Exposure)
Toujours dans la collection vinyle Recollection GRM d’editions Mego, voici une compilation de quatre œuvres de la première moitié des années 70, puisées dans les archives du Groupe de recherches musicales (GRM). Elles sont signées Dominique Guiot, Pierre Boeswillwald, Rodolfo Caesar et Denis Smalley. Le Guiot (“L’oiseau de paradis”) est une créature étrange et aguichante, qui laisse plusieurs questions sans réponse – c’est la raison principale pour se procurer ce disque. “Pentes” de Smalley est l’autre grande attraction – une pièce délicate hantée par la cornemuse – mais celle-ci est déjà disponible sur le CD Sources/scènes de Smalley (empreintes DIGITAles, 2000).
Still in editions Mego’s Recollection GRM series, here’s an LP compiling early-to-mid-‘70s works taken from the Groupe de recherches musicales’ archives. They are by Dominique Guiot, Pierre Boeswillwald, Rodolfo Caesar, and Denis Smalley. Guiot’s “L’oiseau du paradis” is a strange and enticing creature that leaves several questions unanswered – it’s the main reason to get this LP. Smalley’s “Pentes” is the other one – a delicate piece haunted by Northumbrian pipes – but it’s already available on Smalley’s CD Sources/scènes (empreintes DIGITALes, 2000).

ACID MOTHERS TEMPLE & THE MELTING PARAISO U.F.O. / Son of a Bitches Brew (Important)
Deux raisons justifient d’attirer particulièrement votre attention sur ce nouvel opus d’AMT: il marque le retour de Casino Cotton (woo-hoo!) et, pour une fois, le jeu de mot de son titre traduit un réel hommage. L’album démarre doucement en mode jazz électrique. “Son of a Bitches Brew” est l’une des pièces les plus étonnantes du répertoire d’AMT: elle est profondément inspirée par l’ambiance du classique de Miles Davis. C’est sidérant. Puis, au fil des pièces, l’album redevient plus classiquement du AMT, gagnant du volume et de la vitesse. J’en aurais pris plus dans la veine des trois premières pièces, mais tout de même, c’est différent, et c’est très réussi.  [Ci-dessous: La pièce titre.]
Two reasons for you to pay special attention to this new AMT opus: Casino Cotton is back (woo-hoo!) and, for once, the pun-like title is paralleled by an actual homage in the music. The album kicks off slowly in electric jazz mode. “Son of a Bitches Brew” is one of the most surprising tracks in AMT’s repertoire: it is deeply inspired by the mood on Miles Davis’ classic album. It’s stunning. Then, track by track, the music gains volume and speeds and turns into a more classic AMT sound. I would have taken more like the first three tracks, but it’s still a very different and highly successful album.  [Below: The title track.]


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