Journal d'écoute / Listening Diary
2012-07-24
6IX / Almost Even Further (Leo
Records)
Enfin! 6ix, le groupe d’improvisation co-dirigé par
Jacques Demierre (piano) et Urs Leimgruber (saxo) publie un premier disque. On
se rappellera le passage remarqué de ce groupe au FIMAV en 2010. Depuis,
l’alignement s’est quelque peu modifié: Dorothea Schürch (voix, scie musicale)
et Roger Turner (percussions) sont toujours là, mais exit François Houle et
Charlotte Hug, remplacés ici par Okkyung Lee (violoncelle) et Thomas Lehn
(synthé). L’alto si particulier de Hug me manque sur Almost Even Further,
disque qui, néanmoins, propose une musique improvisée riche, subtile,
nécessitant une écoute approfondie. Une économie de gestes, mais un maximum de
pertinence dans les interactions.
Finally! 6ix, the free improvisation project co-led
by Jacques Demierre (piano) and Urs Leimgruber (sax), has released its debut
album. Some of you will remember this group’s concert at FIMAV 2010. The
line-up has slightly changed since then: Dorothea Schürch (voice, singing saw)
and Roger Turner (percussion) are still in, but François Houle and Charlotte
Hug are out and have been replaced by Okkyung Lee (cello) and Thomas Lehn
(synth). I miss Hug’s special viola playing on this record, but Almost
Even Further remains a strong proposition of rich, subtle improvisation that
demands a deep listen. Sparse gestures maximize the relevance of all
interactions.
KIKO C. ESSEIVA / Drôles d’oiseaux (Hinterzimmer Records - merci
à/thanks to Dense Promotion)
Je ne connaissais pas du tout ce compositeur suisse. Drôles
d’oiseaux est un disque audacieux qui revient à la base de la
musique concrète: l’art de juxtaposer des sons sans lien entre eux afin d’en
tirer une poésie différente. Mission accomplie, car ce disque rappelle à la
fois Luc Ferrari et Ghédalia Tazartès: un cinéma pour l’oreille absurde – et je
ne suis pas décidé à savoir si “absurde” qualifie ici “cinéma” ou “oreille”.
“Je vole” est particulièrement (et agréablement) source de perplexité. [Ci-dessous: Un extrait de “Safe’n’Sound”.]
This is my first contact with the work of Swiss
composer Kiko C. Esseiva. Drôles d’oiseaux (“Strange Birds”) is a
bold record that takes us back to the roots of musique concrète: the art of
aligning sounds that have no relation between them and draw a different kind of
poetry out of that juxtaposition. Mission accomplished, for this CD reminds me
both of Luc Ferrari and Ghédalia Tazartès: either absurd cinema for the ear or
cinema for the absurd ear, I’m nore sure yet. “Je vole” is particularly (and
delectably) perplexing. [Below: An excerpt from “Safe’n’Sound.”]
GRYPHON / Treason (Talking
Elephant)
J’aime beaucoup les trois premiers albums de Gryphon,
et j’ai entendu quelques extraits satisfaisants du quatrième. Mais je ne
connaissais pas du tout leur ultime opus, Treason
(1977). L’élément médiéval est relégué à quelques passages, l’approche est
résolument plus rock, et même plus rock progressif, particulièrement dans
“Spring Song” (10 minutes), qui porte une forte influence de Yes. Cela dit, les
mélodies sont fort jolies et, si on ne parle pas ici d’une œuvre de la trempe
de Red Queen to Gryphon Three, un disque plus faible de Gryphon
demeure un fort bon disque. Et malgré ce qui précède (et malgré bien des
commentaires sur les forums de rock progressif), je retrouve sur ce disque
l’esprit, l’âme de Gryphon, unique en son genre. [Ci-dessous: “Spring Song”.]
I love Gryphon’s first three LPs, and I’ve heard
strong bits of their fourth, but I didn’t know their ultimate album Treason
(1977) at all. The medieval element has been pushed aside and is now found only
in bridges (though Brian Gulland’s oboe is still everywhere on the record, just
less prominent), the music is more rock oriented, and prog rock at that, with a
strong Yes influence in the opening 10-minute track “Spring Song.” Melodies are
fine and, although this is no Red Queen to Gryphon Three, a
so-so Gryphon album is still a pretty good album. And despite what I’ve just
said (and despite what many prog forum commentators say), I can hear the unique
soul of Gryphon on this album. [Below:
“Spring Song.”]
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