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2011-05-26

2011-05-26: Mark Fell, Gebrüder Teichmann, Jason Robinson, Carlo de Rosa, Wadada Leo Smith

Journal d'écoute / Listening Diary 
2011-05-26

MARK FELL / Manitutshu (Editions Mego - merci à/thanks to Forced Exposure)
Un double maxi (2x12”) qui paraît peu après Multistability (chez Raster-Noton) et qui recycle deux projets parallèles: les avancées de l’album UL8 et une série de sons qu’a conçu Mark Fell pour un synthétiseur virtuel de Native Instruments (et ultimement rejetés). Trois pièces principales (“Acid In The”, “Manitutshu” et “Occultation”) présentées en diverses versions, soit avec divers assemblages de sons et une voix d’ordinateur qui introduit lesdites variations. Bref, un mélange étrange entre un disque de techno minimaliste (chose que Fell fait très bien, voir encore une fois Multistability) et une démo. Après une demi-heure d’expositions, on a droit à un interminable remixage signé Mat Steel, qui allonge une pièce de 2 minutes sur 15 minutes. Bref, ça manque de viande en tant qu’album et, approché comme un maxi, c’est déstabilisant.
A double 12” released soon after Multistability (that one is on Raster-Noton) and recycling two parallel projects: the forays made on the album UL8 and a series of sounds designed by Mark Fell for a software synthesizer from Native Instruments (and ultimately rejected). Three main pieces (“Acid In The,” “Manitutshu” and “Occultation”) in several versions, i.e. with different sets of sounds and a computer voice announcing sounds as they come in. In other words, a strange blend between a minimal techno record (something Fell does very well, see again Multistability) and a synthesizer demo record. After a half hour of exhibitions comes a tiresome remix by Mat Steel who turns a two-minute track into 15 minutes of near-pointless repetitions. Approached as an album, this release lacks meat around the bone; as a 12”, it’s still destabilizing.

GEBRÜDER TEICHMANN / Kraut und Rüben: Gebrüder Teichmann Play Staubgold (Staubgold - merci à/thanks to Forced Exposure)
Quatrième volume de la série de mixes …Plays Staubgold. Après Peter Grummich, Alec Empire et Markus Detmer, c’est au tour du duo Gebrüder Teichmann de produire un mix d’une heure à partir du catalogue de l’étiquette Staubgold. Ils se concentrent surtout sur la seconde moitié du catalogue, mais couvrent une bonne partie du spectre musical de l’étiquette, de la techno minimaliste d’Institut fuer Feinmotorik au dub de Mapstation, en passant par la chanson électro de Jasmina Maschina et le rock actuel de Heaven And et Kammerflimmer Kollektief. Cela dit, la formule a fait son temps et la quasi-absence de nouveau matériel rend l’exercice plutôt inutile, mais si l’album s’écoute bien.
The fourth volume in the …Plays Staubgold series. After Peter Grummich, Alec Empire and Markus Detmer, it’s now duo Gebrüder Teichmann’s turn to produce a one-hour DJ mix out of Staubgold’s catalogue. They focus mostly on the second half of the label’s output, but cover a respectable chunk of its large stylistic palette, from the minimal techno of Institut fuer Feinmotorik to Mapstation’s dub, by way of electro singstress Jasmina Maschina and the avant-rock stylings of Heaven And and Kammerflimmer Kollektief. That being said, the formula has run its course and the near-absence of new material makes the exercise rather pointless, even though the album flows nicely.

JASON ROBINSON / The Two Faces of Janus (Cuneiform)
Certains ont critiqué la récente réorientation partielle de Cuneiform vers le jazz actuel. Pourtant, difficile de trouver à redire sur la sélection jazz de cette étiquette, comme l’atteste ce disque. Le saxo Jason Robinson présente ici un disque à l’écriture fine et aux prestations solides. Je préfère d’ailleurs ce projet au groupe Cosmologic. Un groupe souple, des thèmes mélodiques, des solos bien sentis – et la présence de Marty Ehrlich sur la moitié des pièces. Un bémol: la présence de fondus en sortie, chose regrettable en jazz actuel (quoi, le solo suivant était pourri?) et particulièrement décevante dans la pièce-titre.
Some have critiqued Cuneiform’s recent partial reorientation toward crewative jazz. Yet, it’s hard to critique the label’s actual jazz selection, as this disc shows. Saxman Jason Robinson presents here a finely composed album featuring strong performances. I prefer this to the output of Cosmologic. A supple band, good melodies, heartfelt solos – and the presence of Marty Ehrlich on half of the tracks. One sour note: some tracks fade out, something I find regretable in creative jazz (what, the next solo stunk?) and particularly disappointing in the title track.

CARLO DE ROSA’S CROSS-FADE / Brain Dance (Cuneiform)
Plus jazz fusion que le disque de Jason Robinson, Brain Dance met en vedette le bassiste Carlo de Rosa entouré du saxo ténor Mark Shim, du batteur Justin Brown et du jeune pianiste vedette Vijay Iyer (de Fieldwork, entre autres). Une écriture complexe mais vive, qui demande beaucoup de technique sans tout reporter sur la virtuosité pour autant. Très agréable.
More fusion jazz than Jason Robinson’s record, Brain Dance showcases bassist Carlo de Rosa surrounded by tenor sax Mark Shim, drummer Justin Brown and young star pianist Vijay Iyer (of Fieldwork, among other groupings). Complex yet lively writing, music that required a lot of proficiency without relying solely on virtuosity. Very enjoyable.

WADADA LEO SMITH’S ORGANIC / Heart’s Reflections (Cuneiform)
La perle parmi les récentes parutions jazz de Cuneiform, un monument de jazz fusion créatif, actuel et groovy. Ici, Organic (présenté sur une moitié de Spiritual Dimensions) prend la forme d’un big band de 14 musiciens, dont quatre guitares électriques (mais pas de Nels Cline cette fois-ci), deux basses et deux électroniciens. Le cœur de ce disque double consiste en la suite “Heart’s Reflections”, 11 parties, environ une heure, une œuvre dense dans son écriture, enlevante dans ses solos. Le reste de l’album consiste en hommages à Don Cherry, Tom Morrison et Leroy Jenkins – “Leroy Jenkins’s Air Steps” (22 minutes) termine l’album en lion: groove infectieux et une séquence de solos époustouflants, dont celui du guitariste Brandon Ross. [Ci-dessous: Un extrait de la suite, gracieuseté de Cuneiform.]
The gem out of Cuneiform’s recent jazz-related releases, a monument of creative, contemporary and groovy fusion jazz. Here, Organic (featured on one half of Spiritual Dimensions) takes the form of a 14-piece big band that includes, among others, four electric guitarists (no Nels Cline this time, though), two bassists and two electronicians. The heart of this double CD set is the 60-minute, 11-part suite “Heart’s Reflection,” a work dense in writing but uplifting in its solos. The rest of the album consists in homages to Don Cherry, Tom Morrison and Leroy Jenkins – “Leroy Jenkins’s Air Steps” (22 minutes) concludes the album with a roar: infectious groove and a stunning sequence of solos, including a ripper from guitarist Brandon Ross.  [Below: An excerpt from the suite available on Cuneiform’s website.]

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