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2009-12-28

2009-12-27/28: Rothkamm, Akiyama/Nakamura, Richard Barrett, Berg-Und Talfahrt, Heavy Jelly

Journal d'écoute/Listening Diary

2009-12-27


FRANK ROTHKAMM / Zahra Fugues (Flux Records)

Une autre proposition incongrue de Frank Rothkamm, second volet de sa Tetralogy. Zahra Fugues est son premier disque entièrement acoustique (mais doit-on le prendre au mot?) depuis des lustres. Il s’agit d’une série de 26 courtes pièces pour piano à huit mains, toutes les siennes (par la magie du multipiste), toutes s’inspirant de ce qu’il a retenu de l’art de la fugue. La facture est classique en surface, beaucoup plus schizophrénique en profondeur (influences éclectiques), occasionnallement carrément étrange (le décalement des parties dans “Zahra Fugue 21”, à la limite de l’accidentel et de l’intentionnel. Par le style et l’instrument, Zahra Fugues est à rapprocher d’Opus Spongebobicum, mais c’est une autre bête, qui peut être agréable et douce à l’écoute si vous connaissez peu la musique classique, et s’avérer troublante, voire dérangeante, si vous êtes versé dans la fugue.

Another odd proposition from Frank Rothkamm, the second installment in his Tetralogy series. Zahra Fugues is his first all-acoustic release in a long time (or so he says, should we believe him?). This is a sequence of 26 short pieces for eight-hand piano (all his, thanks to multitracking), all inspired by what he has retained from his studying the fugue. The format is superficially classical, and a lot more schizophrenic when you dig deeper (eclectic influences), or downright strange (the off-time playing in “Zahra Fugue 21”, on the border between accidental and intentional). By the style and featured instrument, Zahra Fugues is to be put alongside Opus Spongebobicum, but it’s a different beast, one that can be enjoyable and sweet to listen to if you don’t know much about classical music, troubling or disturbing if you’re well versed in the art of the fugue.



2009-12-28


TETUZI AKIYAMA & TOSHIMARU NAKAMURA / Semi-Impressionism (Spekk - merci à/thanks to Dense Promotion)

La délicate guitare acoustique de Tetuzi Akiyama, qui s’exprime par phrases fragmentaires et évasives, mise en duo avec les fréquences arides mais douces du pupitre de mixage sans entrée de Toshimaru Nakamura. Trois pièces captées au fil d’une tournée en mai 2008, trois moments d’improvisation abstraite mais engageante, relativement calme, jamais stridente, mais pourtant grossièrement équarrie. L’impressionnisme est une notion bien relative, somme toute, mais le sérieux de la démarche de ce duo est, lui, incontestable. [Ci-dessous: Un extrait de l’album.]

The delicate acoustic guitar of Tetuzi Akiyama, who expresses himself throgh fragmented, fleeting phrases, duetting with the arid yet sweet frequencies from Toshimary Nakamura’s no-input mixing board. Three pieces captured during in a tour in May 2008, three moments of abstract yet engaging abstract improvisation - relatively quiet, never ear-splitting, yet somewhat roughly shaped. Impressionism can be a relative notion, but the seriousness of this duo’s artistic endeavor makes no doubt. [Below: An excerpt from the album.]

http://www.spekk.net/sounds/KK020_m1.mp3


RICHARD BARRETT / Adrift (Psi)

Richard Barrett du duo Furt a connu une grosse année discographique en 2009: un nouveau Furt, le dernier Evan Parker, et maintenant ce disque solo, qui présente trois longues pièces enregistrées en concert en 2007-2008. Ces trois pièces explorent des structures improvisationnelles, des canevas dont le but consiste à faciliter la collaboration multiniveaux entre plusieurs improvisateurs. Trois pièces dédiées à Mauricio Kagel, Paul Rutherford et Vinko Globokar, entre 20 et 37 minutes chacune. La première et la dernière mettent en vedette un grand ensemble, la seconde se limite à la pianiste Sarah Nicolls. Dans chacune Barrett est aux électroniques. Une musique aux avenues multiples, aux procédés parfois arcanes, généralement vivante mais parfois appesantie, semble-t-il. Surtout, un disque long, à écouter en deux séances, ou même une pièce à la fois. Parce que l’interaction entre les musiciens requiert une attention soutenue.

Richard Barrett (of the duo Furt) has had a big release schedule in 2009, with a new Furt, the latest Evan Parker CD, and now this solo album featuring three long works recorded live in 2007-2008. These three pieces explore improvisation structures, compositions designed to facilitate a multilevel collaboration between several improvisers. Three pieces dedicated to Mauricio Kagel, Paul Rutherford, and Vinko Globokar, all between 20 and 37 minutes. The first and last ones feature large ensembles, while the second one sticks to pianist Sarah Nicolls. Barrett plays electronics in all of them. Music with multiple directions, occasionally arcane processes, usually lively though occasionally leaden. A long album best listened to in two or even three sittings. Because the interaction between the musiciens requires your whole attention.


BERG-UND TALFAHRT / A Night in Sana’a: Live at Deutsches Haus (Arm)

Berg-und Talfahrt, c’est le grand saxophoniste allemand Peter Brötzmann et son bras droit, le batteur Michael Zerang, en visite à Sana’a, au Yémen, en décembre 2004, pour un concert en compagnie de musiciens locaux. Toutes les pièces interprétées sur ce disque, sauf deux traditionnels, sont signées Brötzmann et font ample usage de l’instrumentation arabe classique (violon, violoncelle, darbuka, ney, kanun). Ceci n’est pas ce que vous attendez de Brötzmann. Ce n’est pas de l’impro free jazz tonitruante. Il s’agit plutôt d’un jazz fortement arabisé, à peine jazz dans sa facture en fait, très écrit, contenu et élégant, vibrant à l’occasion aussi. Malheureusement, c’est aussi un peu guindé, et la qualité de l’enregistrement laisse à désirer. Pour les complétistes de Brötzmann ou les irréductibles des musiques arabes.

Berg-und Talfahrt is German sax giant Peter Brötzmann and his swingman drummer Michael Zerand visiting Sana’a, Yemen, in December 2004 for a performance with local musicians. All the pieces appearing on the CD save two traditionals are penned by Brötzmann and make ample use of Arab classical music instrumentation (violin, cello, darbuka, ney, kanun). This is not what you expect from Peter. This is not testosterone-driven free jazz improv, but a highly Arabicized form of jazz, written-down, contained, elegant, and occasionally vibrant. Sadly, it’s also a bit stuck-up and the recording quality is sub-par. For Brötzmann completists and Arab music fans only.

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Dr. Boogie presents Heavy Jelly: Essential Instrumentals (Sub Rosa, merci à/thanks to Forced Exposure)

Depuis quelques temps, l’étiquette belge Sub Rosa s’amuse en compagnie de Dr. Boogie, un collectionneur qui a le tour de compiler des raretés. Son dernier fait d’armes, Heavy Jelly, s’intéresse aux instrumentaux des années 50 et 60 mettant en vedette le saxo ou l’orgue. Une jolie sélection, des plages bien nettoyées, beaucoup de grooves, certains mémorables, d’autres moins.

For a while now, Belgian label Sub Rosa has been hanging out with Dr. Boogie, a rarities-compiling collector. His latest feat is this Heavy Jelly, a comp focusing on ‘50s/’60s instrumentals featuring sax or organ. Nice selection, good audio clean-up, and lots of grooves, some memorable, some not.

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