2010-10-01

2010-09-30: Ensemble π, Kate Boyd, Bystrov/Lapin, Atipico Trio

Journal d'écoute / Listening Diary 
2010-09-30

ENSEMBLE π / Keep Going: The Music of Elias Tanenbaum (Ravello Records)
Ensemble π est la créature de la pianiste Idith Meshulam qui figure sur cinq des six compositions d’Elias Tanenbaum présentées ici. Keep Going est un disque d’écoute très agréable, varié, et présentant des musiques engageantes. “Keep Going, by George” est un superbe quintette pour violon, piano, voix, percussion et contrebasse - l’altiste Kristin Norderval y livre une interprétation brillante, entre le jeu et le chant. “Changing Times” pour violon, violoncelle et piano a également beaucoup à offrir, autant dans son architecture que dans ses développements mélodiques. Je suis content d’apprendre à connaître ce compositeur new-yorkais décédé en 2008.
Ensemble π is the creature of pianist Idith Meshulam, who plays on five of the six Elias Tanenbaum compositions features here. Keep Going offers a very enjoyable, diverse listen with engaging music. “Keep Going, by George” is a splendid quintet for violin, piano, voice, percussion, and doublebass - alto singer Kristin Norderval delivers a commanding sing-speech performance. “Chanting Times” for violin, cello and piano also has a lot to offer, in terms of both architecture and melodic developments. I am happy to get to know the work of this recently-deceased New-York composer.

KATE BOYD / Music for the End of Winter: New American Works for Solo Piano (Ravello Records)
Un récital de piano relativement intéressant. Deux pièces à souligner: “Etude 2000” de John Halle, technique et facétieuse. Et la suite “Improvements for Piano” de Daniel Koontz, créative et ludique. J’ai bien aimé. Boyd exécute avec précision, mais manque un peu de chaleur parfois.
A relatively interesting piano recital. Two works worth noting: John Halle’s “Etude 2000”, a whimsical and technical piece; and Damiel Koontz’s “Improvements for Piano”, creative and playful. I liked it a lot. Boyd executes with precision but occasionally lacks warmth.

VLADY BYSTROV & ALEXEY LAPIN / Rimsky-Korsakov. Crosswise (Leo Records)
Une solide séance d’improvisation entre le saxo Vlady Bystrov (qui utilise aussi des électroniques) et le pianiste Alexey Lapin, une récente découverte de Leo Feigin. Pourquoi Rimski-Korsakov? Parce que les deux premiers concerts de ce duo se sont tenus sous l’égide de ce grand compositeur russe, littéralement sous les yeux de son portrait. Et oui, on trouve quelque chose de son mélodisme dans cette musique. Mais surtout de l’improvisation bouillante, où l’EWI vient occasionnellement brouiller les cartes - et où la virtuosité de Lapin nous tient en haleine.
A strong free improvisation session between saxman Vlady Bustrov (who also uses electronics) and pianist Alexey Lapin, Leo Feigin’s latest discovery. Why Rimsky-Korsakov? His portrait loomed over the musicians at their first two concerts. And yes, there is something of his tormented melodicism to be found in the music. But mostly this is ebulliant improvising, where the EWI occasionally reshuffles the deck - and where Lapin’s virtuoso playing keeps you on the edge of your seat.

ATIPICO TRIO / Eqqueqqua’ !!! (Leo Records)
Le trio de saxophones le plus ludique en Italie est de retour avec un nouvel album truffé de délicieuses mélodies, d’échanges trucculents, et de soudaines invectives. Le jeu et l’écriture de Carlo Actis Dato est à la fois si accessible et si exubérant. Cela dit, Atipico Trio est possiblement son projet le plus accessible, le plus gentil. Et “Eqqueqqua’ !!!” a de quoi satisfaire autant l’amateur de jazz festif que le fan de la Fanfare Pourpour. Bravo!  [Ci-dessous: Un extrait de l’album trouvé sur le site de Leo Records.]
The most playful saxophone trio from Italy is back with a new album shockfull of delicious melodies, trucculent exchanges, and sudden rants. Carlo Actis Dato’s playing and writing is both so accessible and so exhuberant. That said, Atipico Trio is probably his most acessible and “gentle” project. And “Eqqueqqua’ !!!” will quench the thirst of the festive jazz afficionado AND fans of Fanfare Pourpour.  [Below: An audio clip from Leo Records’ website.]

2010-09-29

2010-09-29: Pablo Montagne, Klangquadrat, Sarah Buechi's Thali, The Murder of Amus Ames, Lazaro


Journal d'écoute / Listening Diary 

2010-09-29

PABLO MONTAGNE / Solo Immobile [guitar works] (Setola di Maiale)
Ma première exposition au travail de Pablo Montagne, un guitariste italien qui combine des approches issues de l’improvisation libre à l’européenne, de l’onkyo et d’une certaine forme de blues. Les 14 courtes pièces de ce disque (rien au-delà de cinq minutes) sont faites de gestes mesurés mais parfois brutaux, de jeu de cordes angulaire, de bruits de caisse et de silences lourds de sens. Une approche artistique solide.
My first exposure to Italian guitarist Pablo Montagne. His approach combines elements of European free improvisation, onkyo, and a certain form of blues. The 14 short tracks (nothing over ive minutes) are made of measured – though occasionally brutal – gestures, angular picking, guitar body sounds, and leaded rests. A strong aesthetics.

KLANGQUADRAT / Roaming (Unit Records)
Un quatuor de jazz dirigé par le saxo Cédric Gschwind qui propose un bop ordinaire métissé d’une influence Brubeck. Bof. Trop “mainstream” à mon goût.
A jazz quartet led by sax player Cédric Gschwind, playing run-of-the-mill bop with a touch of Brubeck influence. Too mainstream for me.

Un très beau disque de la chanteuse Sarah Buechi, dans un projet en quintette aux accents indiens. Un tour de chant jazz actuel où elle utilise des techniques étendues. Buechi n’est pas une grande voix, mais elle compense ce qui lui manque en chaleur et en couleur par de l’audace. Et elle est bien épaulée par ses quatre musiciens, dont le pianiste Stefan Aeby et le saxo Matthias Tschopp.
A very fine record by singer Sarah Buechi, a quintet project with Indian accents. An avant-jazz song cycle where she uses extended vocal techniques. Buechi is not a great voice, but what she lacks in warmth and tone she makes up in audacity. And she is well supported by four musicians, including pianist Stefan Aeby and saxman Matthias Tschopp.

FLORIAN EGLI’S THE MURDER OF AMUS AMES / Murderish Good Music... (Unit Records)
Hmm, oui, bon. Rien de si tuant dans la musique de The Murder of Amus Ames, un jazz moderne qui brasse un peu la cage, mais qui sait aussi charmer. Florian Egli est saxophoniste. Le groupe est un trio (saxo contrebasse batterie), auquel s’ajoute un second saxo, Christoph Grab, sur quatre pièces. L’écriture d’Egli puise à plusieurs sources, avec une prédilection pour le jazz à la néerlandaise, semble-t-il (Mengelberg, même un peu de Breuker à l’occasion). Ça s’écoutait trop bien, faudrait une deuxième écoute pour que je remarque plus - ce qui n’est pas nécessairement un défaut, mais la première écoute a laissé peu de traces, outre un sentiment de bien-être.
Hmm, yes, well... There is nothing murderish about the music of The Murder of Amus Ames. Modern jazz that can be slightly raucous but also knows how to charm. Florian Egli is a saxophonist. His band is a trio (sax, doublebass, drums), to which Christoph Grab adds a second sax on four tracks. Egli’s writing draws from various sources, with a predilection for Dutch jazz, or so it seems (I hear Mengelberg and even a touch of Breuker). It went down too easily - I need a second listen to notice it more - which is not necessarily a bad point, but the first listen left little traces except for a general feeling of well-being.

LAZARO / Vision (Musea Parallele)
Pompeux, prétentieux, un son gros comme le bras pour cacher une absence totale de nuance et d’originalité. Cela dit, s’il y a un sous-genre dans le rock progressif que je n’aime pas (et même: que je déteste), c’est la branche prog-hard rock ou d’aréna. Et dans le genre, j’imagine que Vision est pas mal (quoi que remâché). Mais personnellement, je n’y trouve rien d’intéressant. J’aime encore mieux les excès d’un Derek Sherinian. En passant, Jordan Rudess ne contribue qu’un solo sur tout l’album.
Pompous, pretentious, a big ballsy sound hiding a total lack of nuance and creativity. That said, if there is one prog rock substyle I can’t stomach, it’s hard/arena prog rock. Vision might be a fair effort in that vein (although it sounds reheated). But personally, I find nothing redeeming in it. I’d rather listen to Derek Sherinian’s antics. By the way, Jordan Rudess contributes only one solo.

2010-09-28: New Hudson Saxophone Quartet, Lerouge


Journal d'écoute / Listenin Diary 
2010-09-28

THE NEW HUDSON SAXOPHONE QUARTET / Quartet at the Crossroads (Ravello Records)
Un quatuor de saxophones, musique contemporaine - on en trouve beaucoup. Ce disque propose cinq compositeurs américains de trois générations. Le “Saxophone Quartet” de Lukas Foss (décédé l’an dernier) ouvre le bal de manière cérébrale et rondement menée. Pour le reste, c’est plutôt moyen, à part le “Parquet Deformation” du jeune Michael Veloso, une pièce angulaire qui rappelle le répertoire du ROVA.
A sax quartet - not a scarce resource in contemporary classical. This CD features five American composers spanning three generations. Recently-deceased Lukas Foss’ “Saxophone Quartet” opens the proceedings in a cerebral yet engaging manner. The rest of the disc is average, except for “Parquet Deformation” by young composer Michael Veloso, a jagged piece reminiscent of ROVA’s repertoire.

LEROUGE / Un peu plus de noir (Gazul)
Il se présente uniquement sous ce patronyme et il fait de l’électroacoustique ambiante. Un peu plus de noir me fait beaucoup penser aux univers sonores d’Artemiy Artemiev, de Philip B. Klingler, voire de Peter Frohmader ou de Brume. Des ambiances électroniques troubles, aux rythmiques quasi-industrielles parfois, des apparitions vocales inquiétantes, des concoctions à la frontière des textures synthétiques et du bruitisme esthète. Un peu monocorde à la longue, mais réussi, et certaines pièces sont frappantes (dont “Spiritualité sans Dieu”).
He goes only by this surname, Lerouge, and he makes ambient electroacoustic music. Un peu plus de noir brings to mind the soundworlds of Artemiy Artemiev, Philip B. Klingler, and even Peter Frohmader and Brume. Troubled electronic moods with occasional quasi-industrial rhythms, disquieting vocal appearances, assemblages on the fence between synthesized textures and aesthetic noise. A tad monotonous in the long run, but well done, and some tracks are striking (“Spiritualité sans Dieu” being one).

2010-09-28

Délire actuel, 2010-09-28


DÉLIRE ACTUEL

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You can listen (stream or download) to the latest Délire Actuel broadcast HERE (look for Délire Actuel on the list of shows).

Édition du 21 septembre 2010 (rediffusion le 27 septembre)
Show aired on September 21, 2010 (repeated on September 27)

DESCRIPTION
DESCRIPTION
La NYFA / Non-Visual Objects 2010 : 1re heure: The NYFA Collection, un coffret de 5 CD consacré aux artistes boursiers de la New York Foundation for the Arts (et un survol intéressant des musiques nouvelles new yorkaises). 2e heure: Trois nouveautés de l’étiquette d’art sonore Non-Visual Objects.
The NYFA / Non-Visual Objects 2010: 1st hour: The NYFA Collection, a 5-CD set devoted to fellows of the New York Foundation for the Arts (and a fine overview of New York new music). 2nd hour: Three new releases from the sound art label Non-Visual Objects.

RAPHAEL MOSTEL / Night and Dawn (8:38) - The NYFA Collection (Innova)
ANNEA LOCKWOOD / RCSC (2:45) - The NYFA Collection (Innova)
ANNIE GOSFIELD / Don’t Bite the Hand That Feeds Back (3:23) - The NYFA Collection (Innova)

BORA YOON / g i f t (4:31) - The NYFA Collection (Innova)
PAULINE OLIVEROS / Sound Patterns and Tropes (13:06) - The NYFA Collection (Innova)

ERIC JOHN EIGNER / Music for Faucets (2:15) - The NYFA Collection (Innova)
JOHN LINDBERG / Skip (8:12) - The NYFA Collection (Innova)
BLOB / Mire (3:24) - The NYFA Collection (Innova)


I8U / Montag (5:53) + Dienstag (5:33) - und transit (Non-Visual Objects)
CHRISTOPHE CHARLES / Unter den linden (extrait/excerpt: 10:30) - unter den linden (Non-Visual Objects)

TIM BLECHMANN & SEIJIRO MURAYAMA / 347 (extrait/excerpt: 12:40) - 347 (Non-Visual Objects)
ASHER / Untitled Passage V (5:41) - selected passages (Non-Visual Objects)

FOURM / set.grey 001 (5:41) - set.grey (Non-Visual Objects)


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

I8U
Un projet multidisciplinaire.
A multidisciplinary project.

Délire musical, 2010-09-28


DÉLIRE MUSICAL
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Édition du 28 septembre 2010   (rediffusion le 3 octobre)
Broadcast Date: September 28, 2010  (rebroadcasted on Oct. 3)

LISTE DE DIFFUSION
PLAYLIST

Thème/Theme: JAGA JAZZIST / Book of Glass - One-Armed Bandit (Ninja Tune)

ETRON FOU LELOUBLAN / Gifle Hubert (6:40) - Etron Fou Leloublan à Prague (Gazul)
ZU / Beata Viscera (3:59) - Carboniferous (Ipecac)
THE EX / The Lawn of the Limp (4:04) - 30 (Ex Records)

*NOW / The Hands on My Clock Stand Still (3:23) - Piccadillly Sunshine, Part Four (Past & Present)
PFM / Cerca la Lingua (5:34) - Jet Lag (Cherry Red Records)
THE CONSPIRATORS OF THE OCCULT / Yell (3:51) - Cani Arrabbiati (Musea)

KINSKI / Newport (5:02) - Be Gentle with the Warm Turtle (Strange Attractors Audio House)
FOND OF TIGERS / Soheb (4:27) - Continent and Western (Drip Audio)
ELEPHANT9 / Fugl Fønix (3:43) - Walk the Nile (Rune Grammofon)

OZONE QUARTET / Mutoid Man (extrait/excerpt: 3:00) - Nocturne (Flat Five Records)

merci à/thanks to:


COMPLÉMENTS
SUPPLEMENTS

THE CONSPIRATORS OF THE OCCULT / GOBLIN
Voici la version originale de “Yell” by Goblin (dont nous avons fait joué la reprise par The Conspirators of the Occult)
This is the original version of  “Yell” by Goblin (tonight’s show featured a cover version by The Conspirators of the Occult)

FOND OF TIGERS
Un concert de Fond of Tigers avec Mats Gustafsson résumé en cinq minutes, sauce psychédélique.
A full concert by Fond of Tigers with guest Mats Gustafsson summed up in five minutes, psychedelic-style.

2010-09-27: Yochk'o Seffer, Barton McLean, Charlemagne Palestine, Idée Manu, Marc Lohr,


Journal d'écoute / Listening Diary 
2010-09-27

YOCHK’O SEFFER / Condor (Musea Parallele)
Membre fondateur de Magma et de Zao, le saxophoniste Yochk’o Seffer a bâti une carrière solo vénérable, même si elle est restée en grande partie à l’abri des projecteurs. L’étiquette Musea s’affaire dernièrement autour de sa personne (parution d’un document d’Ethnic Duo et d’un documentaire sur Seffer). Voici rien de moins qu’un album triple, Condor, qui présente Seffer sous divers angles (y compris son art pictural dans le généreux livret). Disque 1: des duos plutôt free jazz (quoique qu’en partie écrits) avec le batteur Jean-Pascal Molina et résolument improvisés avec la contrebassiste Joëlle Léandre. Disque 2: travail d’écriture musicale dans un duo avec le saxo Sylvain Miller - ici Seffer est strictement au piano. Disque 3: une pièce à grand déploiement d’une demi-heure, “Trabla n° 12” pour trois saxos solistes (Seffer, Jean-Michel Goury et Laurent Matheron), steel-drums (François Causse) et ensemble de saxophones (Ensemble CRRBB); plus “Ima” (22 minutes) pour saxo et bande, en format vidéo. Évidemment, il reste peu de l’élan zeuhl de Zao ou Magma dans ces musiques, mais Seffer développe au fil de ces trois disques un style musical unique, entre la fougue de la “Fire Music” américaine et une exploration plus méticuleuse d’harmonies jazz explosées.
A founding member of Magma and Zao, saxman Yochk’o Seffer has built a noteworthy solo career, although it has remained mostly out of the limelight. The Musea label has been busy releasing more of his music (an archival document from Ethnic Duo and a French documentary). Here is a triple set entitled Condor featuring Seffer in various guises (including as a painter throughout the generous booklet). Disc 1: free jazz duos with drummer Jean-Pascal Molina and free improvisation duos with bassist Joëlle Léandre. Disc 2: his composition work with saxman Sylvain Miller - here Seffer plays piano throughout. Disc 3: a large-scale 30-minute work, “Trabla n° 12” for three solo saxes (Seffer, Jean-Michel Goury and Laurent Matheron), steel-drums (François Causse) and saxophone ensemble (Ensemble CRRBB); plus “Ima” (22 minutes) for sax and tape, as a bonus video file. There is little left of Magma or Zao’s zeuhl impetus in Seffer’s music, but the man develops throughout this set a unique music style that taps into American “Fire Music” and yet explores more meticulously exploded forms of jazz harmonies.


BARTON MCLEAN / Soundworlds (Innova)
Un disque consacré aux compositions et au travail électroacoustique de Barton McLean, solo et au sein de McLean Mix, son duo avec sa conjointe. J’ai écouté ce disque, mais je l’ai peu remarqué. Pourquoi au juste? Je ne sais trop. C’est un peu convenu, ça manque de punch. Par contre, j’ai apprécié les jeux de field recordings et de superpositions d’instruments dans “Rainforest Images II”.
A record of acoustic and electroacoustic compositions by Barton McLean (solo and with McLean Mix, his duo with his wife). I listened to this record, but it didn’t register. Why, exactly? I’m not sure. It’s a little predictable, and it lacks some punch. However, I did appreciate the field recordings and instruments overlays in “Rainforest Images II.”


CHARLEMAGNE PALESTINE / Strumming Music: For Piano, Harpsichord and String Ensemble (Sub Rosa  - merci à/thanks to Forced Exposure)
On ne saurait résumer la carrière et l’œuvre de Charlemagne Palestine à son “strumming”, mais cette approche novatrice du piano (qui consiste à répéter inlassablement les même notes, en complexifiant graduellement les accords, afin de générer toujours plus d’harmoniques et d’atteindre un état de conscience altéré) compte pour beaucoup dans l’aura qui l’entoure. L’étiquette belge Sub Rosa propose un triple saut dans cette Strumming Music, à travers des enregistrements inédits des années 70. D’abord “Strumming Music” pour piano, interprétée par Palestine sur un Bösendorfer - splendide orgie d’harmoniques où se confondent ce que le pianiste joue et ce que le piano joue de lui-même. Ensuite, une version pour clavecin interprétée par Betsy Freeman - plus sèche, évidemment; très différente. Enfin, une version pour cordes enregistré en 1977 au Conservatoire de musique de San Francisco - encore là une refonte importante de l’œuvre, adaptée au quatuor à cordes. Chaque pièce est présentée sur son propre disque (même “Strumming for Strings” qui, à 24 minutes, aurait pu être ajoutée à l’un ou l’autre des deux premiers disques), pour préserver l’unicité de chacune. [Ci-dessous: Trois extraits de l’album à écouter.]
Strumming should not be used to sum up a career and body of work the size of Charlemagne Palestine’s. However, this innovative piano technique (consisting in repeating tireleslly the same notes while gradually adding intervals in order to generate ever more harmonics and reach an altered state of consciousness) accounts for much of this composer’s aura. Belgian label Sub Rosa proposes a three-fold immersion in Palestine’s Strumming Music through previously unavailable recordings from the 1970s. First up is “Strumming Music” for piano, performed by Palestine on a Bösendorfer - a splendid orgy of harmnics where you end unable to differenciate between what the pianist plays and what the piano plays on its own. Then comes a version for harpsichord performed by Betsy Freeman - drier, of course, and very different. Finally, another version of the piece for strings, recorded at the San Franscisco Music Conservatory in 1977 - again deeply rearranged and adapted. Each piece gets its own CD (even the 24-minute “Strumming for Strings” which could have easily been included on one of the first two CDs). This reinforces the singularity of each piece.  [Below: Three sound clips from the album.]

IDÉE MANU / Water Chute (Unit Records)
Idée Manu est un quatuor dirigé par la pianiste-compositrice Manuela Keller. Water Chute offre un jazz actuel tout ce qu’il y a de plus suisse: réjouissant sans excès, méticuleux sans devenir pointilleux, créatif mais élégant - certains jugeraient le résultat froid, mais cette retenue me plaît lorsqu’elle est bien assumée, et c’est le cas ici. Le tromboniste Nick Gutersohn occupe beaucoup de place dans les arrangements (il semble y avoir beaucoup de trombonistes en Suisse). Jan Schlegel est à la basse électrique et Marco Käppeli tient la batterie, à mon grand plaisir. L’album propose un joyeux (oui, joyeux) amalgame de compositions originales de Keller et de reprises incongrues de Messiaen (deux extraits du “Quatuor pour la fin du temps”) et de Satie (deux “Sports et divertissements”). “Le Yachting” du dernier et la “Danse de la fureur” du premier constituent les moments forts de ce disque surprenant.
Idée Manu is a quartet led by pianist/composer Manuela Keller. Water Chute delivers typical Swiss avant-jazz: joyful but not too much, meticulous without getting ridiculous, creative though elegant - some would qualify the result as being cold, but I like this kind of restraint when it is well carried, and this is the case here. Trombonist Nick Gutersohn seems to be the key figure in the arrangements (trombonists seem to be a big thing in Switzerland jazz). Jan Schlegel is on electric bass, and Marco Käppeli handles the drums - I’m fond of that guy. The album features a cheerful (yes, cheerful) blend of Keller originals and unusuak covers from Messiaen (two movements from “Quartet for the End of Time”) and Satie (two of his “Sports et divertissements”). The latter’s “Le Yachting” and the former’s “Danse de la fureur” are the highlights on this surprising CD.

MARC LOHR & GERÄT7 / Stick No Bill (Unit Records)
Sur ce disque mordant, le batteur-compositeur Marc Lohr est solidement encadré. Outre deux saxos, un trombone, une guitare et une basse, on trouve l’accordéoniste Camilla Barratt-Due qui fait office de facteur X, son instrument faisant régulièrement sortir la musique de ce qui aurait pu être la voie prévisible. L’écriture de Lohr est guillerette, un jazz actuel qui ne craint pas les dissonances et qui semble même puiser son inspiration en partie dans le Rock-in-Opposition ou King Crimson circa 1973-1974. Convaincant et enthousiasmant.
This CD has bite, and drummer/composer Marc Lohr is strongly supported by a cast of six: Two saxes, a trombone, a guitar, a bass, and Camilla Barratt-Due’s accordion - the X factor, as her instrument regularly pushes the music out of the predictable rut. Lohr’s writing is cheerful - avant-garde jazz unafraid of dissonances and potentially drawing some of its inspiration from Rock-in-Opposition or even King Crimson circa 1973-1974. Convincing. I’m won over.