2012-10-18

2012-10-18: Benoît Albert, Retina.it, Imploded View, Strave


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-10-18

BENOÎT ALBERT / Songes (Clear Note Classics)
Un album solo d’abord paru en 2008 et récemment réédité. Très beau disque de guitare solo, acoustique et électroacoustique. Des compositions aériennes mais complexes, agrémentées ici et là de judicieuses manipulations sonores. L’album se décline en neuf “songes” réunis en trois suites annoncées par un court thème intitué “Où suis-je?”. Fin, efficace, convaincant. Le meilleur disque de la fournée que m’a fait parvenir ce guitariste jusqu’à présent (il en reste un).
A solo album first released in 2008 and recently reissued. Beautiful set of solo guitar pieces, either acoustic or electroacoustic. Aerial yet complex compositions, accompanied by occasional and well thought-out sonic treatments. The album consists of nine “songes” (dreams) grouped into three suites announced by a recurring miniature theme entitled “Où suis-je?” (where am I?). Sophisticated, effective, convincing. The best album from the batch the guitarist sent me at this time (there’s one left).

RETINA.IT / Descending into Crevasse (Glacial Movements - merci à/thanks to John Bourke P.R.)
Ce jeune duo italien (Lino Monaco et Nicola Buono) fait dans l’électronique ambiante isolationniste et, pour cette production pour Glacial Movements, il adopte la thématique glaciaire de l’étiquette. Descending into Crevasse propose des ambiances froides, solitaires, claustrophobes à l’occasion – on se promène dans les fissures de glaciers sonores, à des profondeurs insoupçonnées. Les environnements sonores sont très bien exécutés – ça vrombit, ça scintille. Une belle écoute ambiante.
This young Italian duo (Lino Monaco and Nicola Buono) is playing isolationist ambient electronic music. For this production for Glacial Movements, they have adopted the label’s glacial theme. Descending into Crevasse features cold, solitary atmospheres with a touch of claustrophobia – we’re travelling inside the cracks of sonic glaciers, at unfathomable depths. Sound environments are perfectly executed – they rumble and scintillate. A fine ambient listen.

IMPLODED VIEW / Picnic with Pylons (Psycho Navigation - merci à/thanks to John Bourke P.R.)
Un premier album pour Imploded View (Jerome McCormick), une belle galette en mode électro downtempo rétro – l’homme utilise de vieilles machines pour ajouter un élément d’imprécision dans son travail. Par moment, ça rappelle la palette sonore d’Asmus Tietchens dans ses années Sky Records. Des pièces courtes, la plupart joliment construites.
The debut album from Imploded View (Jerome McCormick). A fine platter of retro downtempo – the man uses old machinery to add an element of imprecision to his work. At times, I’m reminded of Asmus Tietchens’ palette in his Sky Records years. Short tracks, most of them nicely built.

SERGE BRINGOLF'S STRAVE / Vision (Soleil Zeuhl)
Le batteur Serge Bringolf a formé Strave en 1979, un tentet sur le modèle de Magma. Premier album (double) en 1980, puis en 1981 ce court second disque, Vision. Trois pièces de 10 à 13 minutes (l’une se décline en trois parties distinctes): rythmiques démentes, deux basses électriques, beaucoup de place laissée aux cuivres, voix (masculine) sans parole pour rehausser les passages les plus énergiques. Bon enregistrement (meilleur que le premier disque, réalisé sur un 4 pistes), écriture puissante, “Ma-Ho, Penata” n’en finit plus de gagner du momentum. Ouf.  [Ci-dessous: Un extrait de “Vision”.]
Drummer Serge Bringolf formed Strave in 1979, a tentet mimicking Magma’s big band line-up. A debut (double) album in 1980, then in 1981 this short second LP, Vision. Three tracks, 10 to 13 minutes each (one is split into three parts): frantic rhythms, two electric basses, lots of room devoted to the brass section, male wordless vocals in the more energetic passages. Good recording (better than the debut album recorded on a 4-track machine), powerful songwriting, “Ma-Ho, Penata” keeps gaining momentum long after you’d think it couldn’t possibly gain more. Wow.  [Below: An excerpt from “Vision.”]

2012-10-17: Anthony Braxton, Ensemble 5, 2kilos & More, Corima


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-10-17

ANTHONY BRAXTON / Silence/Time Zones (Black Lion)
J’ai trouvé ce disque sur eMusic listé au nom d’Anthony Braxton, mais, bien qu’il y figure, il n’en est pas la vedette. Silence/Time Zones est la réédition sur CD (chez Black Lion) de deux vinyles. Le premier, Silence, propose une composition de Leroy Jenkins et une autre de (Wadada) Leo Smith, enregistrées en trio avec Braxton en 1969. Le second, Time Zones, consiste en deux compositions de Richard Teitelbaum, enregistrées en duo avec Braxton en 1976. Les pièces du premier disque sont minimalistes, fortes en temps morts et en gestes musicaux isolés. Celles du second mettent en vedette les électroniques de Teitelbaum dans des pièces complexes et plus volubiles. Dans les deux cas, la qualité sonore est plutôt faible. Une écoute ardue.
I have found this CD listed on eMusic under Anthony Braxton’s name. However, although he plays on it, he is not the star. Silence/Time Zones is a CD reissue (on Black Lion) of two old LPs. The first one, Silence, features one composition by Leroy Jenkins and one by (Wadada) Leo Smith, both recorded in trio with Braxton in 1969. The second LP, Time Zones, consists of two Richard Teitelbaum compositions recorded in duo with Braxton in 1976. The first album’s pieces are minimalistic, heavy with silence and isolated musical gestures. The second album features Teitelbaum’s electronics in complex and more talkative pieces. In both cases, sound quality is rather poor. A hard listen.

ENSEMBLE 5 / Solstice (Leo Records)
Le percussionniste Heinz Geisser est à la tête d’Ensemble 5, un groupe d’improvisation libre qui et en fait la suite logique du défunt Collective 4tet. À l’instrumentation du quartette (trombone, piano, contrebasse, percussions) s’ajoute le saxo – et tout le personnel a changé, Geisser ayant déménagé ses pénates de New York à Zurich. Un groupe tissé serré, à l’improvisation volubile, véhémente, mais bien contrôlée, comme le démontre la pièce d’ouverture, une explosion de deux minutes et demie. Fort convaincant. Avec Fridolin Blumer, Reto Staub, Robert Morgenthaler et Vincent Daoud.
Percussionist Heinz Geisser leads Ensemble 5, a free improvisation group following-up in the footsteps of Collective 4tet. Ensemble 5 adds a sax player to the quartet’s original instrumentation (trombone, piano, doublebass, percussion) – and it features a whole new line-up, since Geisser has moved from New York to Zurich. A tightly-knit group playing dynamic, talktative improvisations with lots of control, as testified by the one-two punch two-and-a-half-minute opener “In short.” Quite convincing. With Fridolin Blumer, Reto Staub, Robert Morgenthaler, and Vincent Daoud.

2KILOS & MORE / kurz vor5 (Audiophob - merci à/thanks to John Bourke P.R.)
Un duo parisien qui publie un album (son troisième) sous étiquette allemande et demande l’aide d’un poète new-yorkais. Vive le village planétaire! D’autant plus que le poète en question est nul autre que Black Sifichi, dont la présence mettait le feu aux poudres sur Our Moon is Full, le premier disque de Strings of Consciousness. Les deux pièces auxquelles il participe sur kurz vor5 sont les plus réussies – et s’approchent BEAUCOUP de SoC, mais le reste de l’album est solide: electronica sombre avec des touches de post-rock, un univers sonore bien défini, mélodique à ses heures. J’aime beaucoup et j’y reviendrai avec plaisir. [Ci-dessous: Écoutez avant d’acheter. Je vous recommande “User ok feelings rejected”.]
A Parisian duo releasing an album (their third) on a German label and enlisting a New York-based spoken-word artist. Global village galore! And said poet is none other than Black Sifichi, whose presence set on fire Strings of Consciousness’ debut album Our Moon is Full. The best tracks on the album are the two where he weaves his stories – and these two tracks get VERY close to SoC. The rest of the album is strong: dark electronica with hints of post-rock, a well-defined soundworld that doesn’t shy away from melodies. I like it a lot, and I’ll be giving this one more spins in the next few days.  [Below: Listen before you buy. I recommend “User ok feelings rejected.”]

CORIMA / Quetzalcoatl (Soleil Zeuhl)
Faire de la zeuhl, c’est s’inspirer de Magma, chercher à perpétuer l’héritage de ce groupe français qui a changé beaucoup de choses. Or, Corima fait plus que s’inspirer de Magma, ils DEVIENNENT Magma. Ça en devient hallucinant. “Corima Iss de Hündin!” (regardez-moi ce titre!) est du pur Magma, kobaïen inclus, ou disons un variante du kobaïen, un dialecte mexicain du kobaïen. Car oui, ce jeune groupe est mexicain. Voix (masculine et féminine), claviers, saxo, violon, basse, batterie. Et le violon joue un rôle primordial. Quatre pièces dont deux longues suites, une écriture vive, folle, qui nous ramène à la jeunesse déjantée de Magma (je n’ai rien contre l’écriture plus mûre de Vander aujourd’hui, c’est simplement autre chose). Chaudement recommandé.  [Ci-dessous: “Wlakezz Fhunder”, un extrait de la suite “Corima iss de Hündin!”.]
Being a zeuhl is drawing inspiration from Magma, trying to perpetuate the legacy of this French band who changed a lot of things. But Corima does more than drawing inspiration from Magma, they BECOME Magma. It’s hallucinating. “Corima Iss de Hündin!” (look at that title!) is pure Magma, Kobaian included, or say a regional dialect of Kobaian – a Mexican dialect of Kobaian. For yes, this band of youngsters comes from Mexico. Vocals (male and female), keys, sax, violin, bass, drums. And the violin plays a major part in the thrill of this music. Four pieces, including two multi-part suites. Lively, craxy songwriting that takes us back to Magma’s youth follies (I have nothing against Vander’s more mature writing of late, it’s just something else). Strongly recommended. [Below: “Wlakezz Fhunder,” a movement from the suite “Corima iss de Hündin!”]

2012-10-17

2012-10-16: Weird Beard, TwinKeys, The Complainer, Future Sounds of Buenos Aires


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-10-16

WEIRD BEARD / Away (Unit Records)
Jazz atmosphérique avec des teintes de post-rock. Un quatuor dirigé par le saxophoniste suisse Florian Egli. “Feeling Weird” se scinde étrangement en deux; “Meaning Of...” développe de beaux thèmes sur une rythmique joliment souple. Le guitariste Dave Gisler passe aisément d’un jeu ambiant (avec des relents de Robert Fripp) à un picking avant-jazz qui rappelle parfois Ben Monder.
Atmospheric jazz with hints of post-rock. A quartet led by Swiss sax player Florian Egli. “Feeling Weird” is made of two oddly unrelated halves, and “Meaning Of...” develops pretty themes over an enjoyably supple beat. Guitarist Dave Gisler switches easily from ambient mode (with whiffs of Robert Fripp) to Dave Monder-like avant-jazz picking.

TWINKEYS / Tarkus and Other Live Stories (Leo Records)
Bordel, par où commencer... Bon, TwinKeys est un duo formé de deux fabuleux pianistes créatifs: Esther Flückiger et John Wolf Brennan (de Momentum, Triangulation, etc.). Tarkus and other live stories documente un concert en duo construit autour de leur amour partagé du rock progressif britannique des années 70. On a droit à des relectures de “Larks’ Tongues in Aspic, Part Two”, “Tarkus”, “Think of Me with Kindness”, “I Know What I Like” et “Jeremy Bender” (déjà là, il y a matière à débattre...et douter). Celles-ci s’inscrivent dans des suites où alternent exposition pure (les pièces susmentionnées), variations et improvisations. Dans le plus pur esprit du rock progressif, les pianistes réintègrent des citations détournées dans leurs propres pièces et vont même jusqu’à intégrer un thème de Ligeti (Keith Emerson d’ELP était friand de ce genre de chose). Voilà pour le contexte et le contenu. Et la valeur? C’est là que ça se corse. En fait, l’ensemble est fort agréable - j’aime beaucoup John Wolf Brennan, et ici il déploie ses techniques étendues (jeu à l’intérieur du piano). “Spiders” de Flückiger est splendide - beaucoup de pièces se distinguent. Là où le bât blesse, c’est dans les interprétations des classiques du rock progressif – chacune a un côté mocheton au niveau des arrangements: solo d’orgue trop fort et déconnecté dans “Larks’ Tongues”, mélodica mal avisé dans “Think of Me with Kindness”, etc. Seule “Tarkus” est réussie à ce chapitre.
Oh man, where to start... TwinKeys is a duo consisting of two virtuoso creative pianists: Esther Flückiger and John Wolf Brennan (of Momentum, Triangulation, etc.). Tarkus and other live stories documents a duo concert program built around the musicians’ shared love of ‘70s British progressive rock. Here they perform rereadings of “Larks’ Tongues in Aspic, Part Two”, “Tarkus”, “Think of Me with Kindness”, “I Know What I Like” and “Jeremy Bender” (there’s already plenty of matter for debate here... and doubt). These rereadings are integrated in suites of pure expositions, variations, and improvisations. True to the prog rock spirit, the pianists weave in quotes from said songs into their own pieces, and go as far as incorporating a theme by Ligeti (ELP’s Keith Emerson was very fond of this kind of thing). That’s for the context and contents. Now, what about the value? That’s where things get difficult. For the most part, the album as a whole is enjoyable – I love John Wolf Brennan, and here he makes use of all of his extended techniques, playing inside the piano, bowing strings, etc. And Flückiger’s “Spiders” is a gorgeous (and frantic) composition. Where the album hurts is in the actual prog rock covers: there is something tacky about almost each of them – the organ solo being too loud and tacked on in “Larks’ Tongues”, an ill-advised melodica in “Think of Me with Kindness”, etc. “Tarkus” is the only track that comes out of that treatment glorified.

THE COMPLAINER / Saint Tinnitus is My Leader (Mik Musik - merci à/thanks to John Bourke P.R.)
Wojciech Kucharczyk, leader du groupe Molr Drammaz et mieux connu sous le nom de projet The Complainer. Saint Tinnitus is My Leader est un disque solo de A à Z, sans instruments acoustiques: que des machines et des échantillons. Ça brasse beaucoup, entre une techno industrielle déjantée et du collage sonore presque abstrait – Entre la scène expérimentale berlinoise et les collages de Christopher Penrose, en fait. Étrange, décontenançant, avec probablement assez de bagout pour bien survivre à quelques écoutes. Fait à signaler: ce disque est publié dans une édition luxueuse: coffret cartonné renfermant une kyrielle de petits machins – autographe, photos, imprimés, coupures de journaux, un vrai fourre-tout. [Ci-dessous: Écoutez librement l’album.]
Wojciech Kucharczyk, leader of Molr Drammaz and better known as The Complainer. Saint Tinnitus is My Leader is a solo record from A to Z. No acoustic instruments, only machines and samples. There’s a lot happening in this cross between deconstructed industrial techno and near-abstract sound collage – between the Berlin experimental scene and Christopher Penrose’s collages, actually. Strange, disorienting, and with probably enough gusto to resist to a few listens. Worth noting: this is a deluxe release, with the CD packaged in a cardboard box full of knicknacks – autograph, photos, printed material, press clippings, etc. [Below: Stream the album for free.]

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Future Sounds of Buenos Aires (ZZK Records - merci à/thanks to Forced Exposure)
Cette compilation paraîtra en novembre. Elle me sert d’introduction à l’étiquette ZZK Records, qui s’intéresse à la scène électronica underground brésilienne. Ses artistes ont en commun le désir de métisser styles traditionnels brésiliens et lutherie électronique. On a droit à un peu de tout: la cumbia minimaliste de King Coya, du 8-bit latino (Super Guachin), de la musique des Andes revue et corrigée par Tremor et, règle générale, des rythmes qui décapent. J’aime particulièrement “Guacha”, la production rétrofuturiste des Frikstailers.
This comp will come out in November. It served as my introduction to ZZK Records, a label focusing on the Brazilian experimental electronica underground. The artists on the roster share a desire to blend traditional Brazilian styles with electronic instruments. There’s a little bit of everything here: minimalist cumbia from King Coya, latino 8-bit from Super Guachin, updated Andean music from Tremor, etc. I am particularly fond of “Guacha,” a retrofuturistic anthem by Frikstailers.

2012-10-16

2012-10-15: Nabatov/Wogram/Rainey, Fiuum Shaarrk, Unit Wall, Cumbia Beat 2


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-10-15

SIMON NABATOV, NILS WOGRAM & TOM RAINEY / Nawora (Leo Records)
Enregistrée en 2009 et tout juste publiée, voici la dernière partie d’un projet amorcé avec Roundup, puis poursuivi dans Square Down – le premier un disque de Nabatov en quintette, le second un trio entre Nabatov et deux membres du quintette (Matthias Schubert et Ernst Reijseger). Nawora place le pianiste dans un second trio avec les deux derniers membres du quintette. Improvisation libre entre piano, trombone et batterie. Des pièces plutôt denses qui multiplient les pistes et les approches. “Persistence is a Virtue” atteint un très bel équilibre des forces en présence.
Recorded in 2009 and just out, this is the last installment in a series that started with Roundup and continued in Square Down – the first one being a quintet led by Nabatov, the second a trio featuring Nabatov and two members from the same quintet (Matthias Schubert and Ernst Reijseger). Nawora puts the pianist in a second trio with the last two members of his quintet. Free improvisation between piano, trombone and drum kit. Rather dense tracks exploring multiple directions and approaches. “Persistence is a Virtue” reaches a very fine balance between all three musicians.

FIUUM SHAARRK / No Fiction Now! (Not Applicable Recordings)
Hé! Belle surprise, ce disque! Un trio batterie/électroniques/percussions, Humcrush en (encore) plus dément, mélange d’avant-rock, d’impro bruitiste et de musique contemporaine. Une pointe d’humour, beaucoup de folie, le tout réfléchi et maîtrisé. Avec Rudi Fischerlehner (Blisk), Isambard Khroustaliov (Icarus) et Maurizio Ravalico. Une production à petit budget (parue sur CDR), mais qui a beaucoup de punch.  [Ci-dessous: Écoutez la pièce “We Advance Covered”.]
Hey! This one’s quite a nice surprise! A drums/electronics/percussion trio, a crazier take on Humcrush, a blend of avant-rock, noisy free improvisation, and contemporary music. A dash of humour, a helping of zaniness, over a well thought-out and mastered foundation. With Rudi Fischerlehner (Blisk), Isambard Khroustaliov (Icarus), and Maurizio Ravalico. Punch-packing low-budget production (on CDR).  [Below: Listen to “We Advance Covered.”]

UNIT WALL / Pangeae Proxima (Soleil Zeuhl)
Le communiqué de presse parle de post-rock zeuhl et ça tient le coup. En fait, Unit Wall est proche de l’univers de Guapo, à une différence près: la brièveté. Aucune des douzes pièces du disque ne fait plus de 5 minutes. Projet dirigé par le claviériste Vincent Sicot Vantalon (de 000, dont ce groupe est la continuité), avec entre autres le guitariste Franck-William Fromy (ex-Shub Niggurath). Pesant, puissant, précis, très belle production.
The press release calls it post-rock zeuhl, and that’s close enough. Actually, Unit Wall gets very close to Guapo’s universe, with one distinction: track duration. None of the twelve tracks is longer than five minutes. The band is led by keyboardist Vincent Sicot Vantalon (of 000, of which Unit Wall is a continuation) and features, among other members, ex-Shub Niggurath guitarist Franck-William Fromy. Heavy, powerful, precise music. And excellent production to boot.

ARTISTES VARIÉS-VARIOUS ARTISTS / Cumbia Beat, Vol. 2 (Vampi Soul - merci à/thanks to Forced Exposure)
Enfin, le deuxième volume dans cette réjouissante série qui s’intéresse à la cumbia péruvienne, métissage entre rythmes sud-américains et guitare fuzz (on parle ici de la fin des années 60 au début des années 80). Ce volume est plus généreux que le premier, les notes de livret sont fouillées, et on a droit à une instrumentale ensoleillée après l’autre. Irrésistible.
Finally, the second installment in this enjoyable series devoted to Peruvian cumbia, a infusion of fuzz guitar in South-American rhythms (we’re talking late ‘60s to early ‘80s here). This volume is more generous than the first one, liner notes are informative, and we are treated to one sunny instrumental tune after another (vocal tracks are the exception). Irresistible.

2012-10-14

2012-10-12: Cooke/Wiens, Cooke/Poole, Paul Giallorenzo's Gitgo, Ana Never, Rialzu


Journal d'écoute / Listening Diary 
2012-10-12

COAT COOKE & RAINER WIENS / High Wire (NOW Orchestra Records)
Un CDR professionnel documentant une session entre le saxophoniste vancouvérois Coat Cooke et le guitariste montréalais Rainer Wiens, qui joue aussi du kalimba sur une pièce. Une belle rencontre d’improvisation libre, particulièrement lorsque Wiens multiplie les textures lancinantes. Cela dit, le haut fait de ce disque est “Elevation”, avec kalimba et Cooke au saxo soprano, en mode Steve Lacy.
A professional CDR documenting a session between Vancouver sax player Coat Cooke and Montréal guitarist Rainer Wiens, who also plays kalimba on one track. A fine free improvisation meeting, especially when Wiens unfolds bow-like guitar textures. However, the highlight is the kalimba track, “Elevation,” with Cooke on soprano sax and in full Steve Lacy mode.

COAT COOKE & JOE POOLE / Conversations (NOW Orchestra Records)
Le même saxophoniste, cette fois en duo avec le batteur Joe Poole, dans une session aux accents free jazz – disons de l’improvisation libre plus américaine qu’européenne. Et un petit moment de valse dans “Morning Story”. De l’impro inspirée.
The same sax player, this time with drummer Joe Poole, in a session with a stronger free jazz flavour – more American than European free improvisation. And an unexpected waltzing episode in “Morning Story.” Inspired improvising.

PAUL GIALLORENZO’S GITGO / Emergent (Leo Records)
La musique du pianiste Paul Giallorenzo est dansante, tordue, joviale. Dans ses notes de livret, Andrew Choate dit qu’elle “bondit”. C’est exactement ça. Gitgo est un quintette avec Jeb Bishop au trombone, Mars Williams au saxo et la section rythmique d’Anton Hatwich et Marc Riordan. “On Your Marks” est pleine de rebondissements. “Obelaskism” est également très réussie. Un petit côté big band américain, à travers la lentille du jazz actuel italien et l’esprit de Fred Anderson. [Ci-dessous: Gitgo en concert.]
Pianist Paul Giallorenzo’s music is swinging, twisted, and playful. In his liner notes, Andrew Choate writes that it “bounces.” Bingo. Gitgo is a quintet also featuring Jeb Bishop on trombone, Mars Williams on saxes, and the rhythm section of Anton Hatwich and Marc Riordan. “On Your Marks” is full of surprises. “Obelaskism” is also a very fine piece. There’s a little US big band feel to this music, as seen through the lens of Italian creative jazz, and imbued with the spirit of Fred Anderson.  [Below: Live Gitgo footage.]

ANA NEVER / Small Years (Fluttery Records)
Quintette rock, quatre pièces 75 minutes. Prog ou post, vous vous dites? Post. Définitivement. D’ailleurs, Small Years représente tout ce qui marche ET ne marche pas dans le post-rock. On y trouve du pathos (bien), des cordes (cool), de longs crescendos (ça me va), mais aussi beaucoup de longueurs et une certaine obstination à poursuivre constamment sur la même voie. Ce qui faisait le charme de Godspeed You Black Emperor, c’était les changements de thèmes, la manière dont les parties disjointes d’une suite enrichissaient la signification des unes et des autres. Or, dans les deux longues pièces de 30 minutes de ce disque, on n’a droit qu’à un thème. Joué doux, joué fort, joué seul, joué en groupe, mais tout de même.
A rock quintet, four tracks, 75 minutes. You’re asking yourself: prog or post? Post. Definitely. And Small Years embodies the best and the worst of the post-rock genre. There’s pathos (fine), strings (cool), long crescendos (I’m good with that), but also overlong passages, and a certain one-track-mindedness. You see, what made Godspeed You Black Emperor so endearing was the theme shifts, how separates parts of a suite seemed to enrich the meaning of the whole. Both half-hour long tracks on this album have only one theme. Played softly, played loudly, played solo, played in group, but still, only one.

RIALZU / U Rigiru (Soleil Zeuhl)
Du rock progressif corse? Non seulement, mais de la ZEUHL corse! Un album publié en 1978, au terme de l’aventure de Rialzu, dont l’influence première était sans conteste Magma – “U rigiru”, une des deux pièces maîtresses, s’inspire beaucoup de “Köhntarkösz”. Enregistré avec les moyens du bord, l’album a plutôt mal vieilli, mais l’écriture est solide, suffisamment pour justifier cette réédition qui, en plus des trois pièces du disque original, ajoute deux pièces inédites (qualité sonore inférieure mais écoutable). Pour le plaisir d’entendre du rock progressif chanté en corse avec, parfois, des chœurs quasi-traditionnels.
Corsican prog rock? Not only that, but Corsican ZEUHL! An album released in 1978, at the end of Rialzu’s journey. This band’s prime influence clearly was Magma – “U rigiru”, one of the two main tracks on this album, draws a lot from “Köhntarkösz.” Recorded on a shoestring budget, the album has not aged well, but the songwriting is strong enough to justify this reissue which adds, to the original LP’s three tracks, two previously unreleased compositions (inferior sound quality, though listenable). And it’s quite pleasing to hear progressive rock sung in Corsican with, at times, traditional-like vocal arrangements.